Je vous propose un nouvel extrait:
Le gai savoir livre cinquième 349
Edition Bouquins Laffont p. 214
Encore d'origine des savants
Vouloir se conserver soi-même, c'est l'expression d'un état de détresse, une restriction du véritable instinct fondamental de la vie qui tend à l'élargissement de la puissance et qui, fort de cette volonté, met souvent en question et sacrifie la conservation de soi. Il faut voir un symptôme dans le fait que certains philosophes, comme par exemple Spinoza, le poitrinaire (!!!), ont dû justement considérer ce que l'on appelle l'instinct de conservation comme cause déterminante: - c'est qu'ils étaient des hommes en plein état de détresse. Si nos sciences naturelles modernes se sont à un tel point engagées dans le dogme spinoziste (en dernier lieu et de façon la plus grossière avec le darwinisme et sa doctrine incompréhensiblement unilatérale de "lutte pour la vie") - c'est probablement l'origine de la plupart des naturalistes qui est en cause: en cela ils appartiennent au "peuple", leurs ancêtres étaient de pauvres et petites gens qui connaissaient de trop près les difficultés qu'il y a à se tirer d'affaire. Le darwinisme anglais tout entier respire une atmosphère semblable à celle que produit l'excès de population des grandes villes anglaises, l'odeur des petites gens, misérablement à l'étroit. Mais lorsqu'on est naturaliste, on devrait sortir de son recoin humain, car dans la nature règne, non la détresse, mais l'abondance, et même le gaspillage jusqu'à la folie. La lutte pour la vie n'est qu'une exception, un restriction momentanée de la volonté de vivre; la grande et la petite lutte tournent partout autour de la prépondérance, de la croissance, du développement et de la puissance, conformément à la volonté de puissance qui est précisément la volonté de vie.
Dernière édition par Nessie le Lun 08 Nov 2010, 10:03, édité 3 fois (Raison : correction)