Donc, vraiment pas d'accord avec Guthrie sur le parallèle entre Onfray et Finkielkraut. Quand Onfray aura produit quelque chose d'aussi éclairant sur l'époque et d'aussi personnel que "La défaite de la pensée", il aura gagné une profondeur, une crédibilité, et des galons d'essayiste qui, à mon sens, lui font défaut et que Finkie a sur ses manches depuis un sacré bail. Pour ne pas alourdir le présent fil avec une déviation Finkielkrautienne, je préfère dire ce que j'en pense
dans cet autre post.
Et ici, dans ce fil dévolu aux conférences enregistrées de Michel Onfray ? Eh bien, à quelque chose malheur est bon : c'est en lisant les délires d'Uleski que je découvre l'affaire Soler et la
volée de bois vert que reçoit notre romantique échevelé (oui c'est Michel Onfray / non c'est pas Gonzague St Bris). Mais une fois passé les effets de manche un peu ridicules dont il a bourré sa réponse sur le mode du
penseur debout, comment savoir le vrai ? Onfray et derrière lui les Uleski en manque d'idées (pardon pour le pléonasme) se spécialisent dans le rentré-de-chou puisque c'est un procédé qui permet de brasser de l'air. Enfin, un air qui sent le chou. Mais dans cette querelle entre le chou à la crème et les choux farcis , qui devons nous croire, et comment savoir qui dit le vrai ? Il faudrait lire le texte qui occasionne le procès en sorcellerie. Ca veut dire l'ouvrir, puis tenir le coup devant une avalanche de ratiocinations "romantique et échevelée". Ah bon vraiment ? Il faut vraiment lire ça ? Mais comment démêler cette pelote ? Par quel bout la prendre ? Et si on n'a pas le temps ? Si on n'en a pas le goût, ni l'envie ? En ce cas on est condamné à assister au débat entre les pros et les antis, entre des révolutionnaires en pantoufle et des révolutionnaires établis dans la fonction publique. De l'extérieur on remarque que la controverse met face à face la solidarité de quelques issus du sérail, et la finesse du petit malin qui sait fort bien où appuyer pour qu'on parle de lui. Pour disqualifier les précédents, il dit "mais ils ne sont que 4" et pour se légitimer il se place sous la protection de 4 grands frères, pensez : il en appelle seulement à Spinoza, Bossuet, Voltaire et Descartes. Sauf qu'on pourrait chercher pendant longtemps quelque chose qui, chez lui, rappelle ces grands personnages auxquels il s'assimile, tandis qu'il renvoie Heidegger dans les dents de ses adversaires et tac prenez donc ce Godwin dans les gencives mes cocos. Avis personnel : au vu des deux articles lientés en début de ce paragraphe, ma sympathie va plutôt aux 4 pontes vivants qui fusillent le petit colonel Tapioca de Caen, et plutôt pas à ce dernier avec ses 4 marionnettes un peu démesurées pour lui. Quand on veut faire parler les morts, encore faut-il leur faire dire quelque chose...
Tout ça sent fort l'événement parisien qui tente désespérément de se faire passer pour un événement de la pensée. Mais que restera-t-il de la querelle ou peut-être du spectacle qui se donne à voir dans les deux articles ? Il en restera peut-être la même chose que des messes enregistrées par le rigolo de Caen et d'une certaine émission quotidienne de France Culture : le constat que la philosophie, quand elle est conduite par des éthérés, elle court toujours le risque de s'enliser dans le marécage du jeu gratuit (merci de remarquer cette image à faire pâlir d'envie Martin Quénéhen). Bah, est-ce bien nouveau ? Cet enlisement qui guette le philosophe ou plutôt le prof de philo, on a pu le constater pendant 5 années au fil des émissions de Raphaël Enthoven : de la philosophie qui tourne au jeu abstrait, donc dans le meilleur des cas un maniement artistique des idées, et dans le pire des cas une production de salmigondis. Eh non c'est pas nouveau ça fait longtemps que ça dure tiens avec Bergson on avait déjà reçu notre dose. De salmigondis. Et en plus il fallait avaler ça en terminale ! Qu'on y songe : "Le rire" est le seul livre de philo qui aura été lu in extenso par des armées de lycéens. Il y a de quoi se marrer ou bien pleurer. Alors on aurait pu passer au moins la moitié de l'été sur Bergson, et là le titre d' 'université populaire' aurait été mérité. Le hic : pour ça notre Tapioca de Caen aurait du le lire avec autant d'application que savait le faire par exemple un Enthoven. Et ça, faut pouvoir. Onfray tout à ses croisades, il n'a pas le temps de tout lire car dégommer déjà ça prend du temps alors si en plus il faut lire non c'est pas possible quoi, 'comprenez...
Michel Onfray gagnerait à remiser un temps son jeu stérile de l'indignation morale, pour se concentrer sur les idées elles-mêmes . Faute de quoi il nous fatigue avec sa chanson de celui qui ne sait plus s'il a perdu le cortège de la manife ou s'il fait sa manife tout seul. Voila un conseil pour Onfray, s'il tient vraiment à passer pour un philosophe, car franchement il n'en donne guère l'impression. Et on peut envoyer un message identique à Serge Uleski dans le cas où ce dernier voudrait passer pour un journaliste.
Et quant à faire oeuvre utile, oeuvre d'essayiste au moins sinon de philosophe, donc oui oeuvre utile à l'époque, comment faire ? Ben par exemple, lire "La défaite de la pensée" et prendre exemple. Ah la la au milieu de ces rigolos, heureusement qu'on a un
Finkielkraut.