Pantoufle a écrit:Il remet ça ce soir, le Onfray. Et pour moi, qui suis ignorant sur ce point (i.e. Sartre résistant ou pas), et pour tout dire tout à fait indifférent, je le trouve assez convainquant.
La conférence de Michel Onfray du 7 août dans laquelle il a pour ainsi dire réglé son compte à Jean-Paul Sartre n’était pas un grand moment de philosophie, elle était fichtrement intéressante.
Michel Onfray commence par se tromper complètement sur les mots (les mots de Sartre). Les mots n’est en aucun cas une auto-célébration, c’est une auto-flagellation. L’adulte n’a pas de mots (c’est le cas de le dire) assez durs pour le gosse qu’il était. Il se présente comme un épouvantable petit cabotin qui ne songe qu’à épater son milieu familial avec des histoires ridicules, un enfant trouillard et sans caractère coupé du monde et qui s’effondre dès qu’il est en présence des enfants du jardin du Luxembourg un peu bagarreurs qui n’en font qu’une bouchée. Michel Onfray peut dire ce qu’il voudra, c’est un admirable livre.
Que Sartre n’ait pas été résistant, on l’a assez dit. Mais qu’il ait essayé de faire croire qu’il l’avait été, je ne le savais pas, je suis intéressé de l’apprendre et j’en suis choqué.
Sartre n’était pas tellement sympathique, certes, il avait cela de bien qu’il ne passait jamais à la télévision. Il s’en faisait une règle. Il ne nous dérangeait pas avec ça. Pas comme Cocteau qu’on voyait au moins toutes les semaines.
Ce qui m’avait déplu chez Sartre, c’est quand il a reçu le Prix Nobel. Qu’il l’ait refusé, ça avait de l’allure. Ce que je n’ai pas accepté, c’est qu’il ait stupidement insulté le jury, il s’est alors comporté en mufle de la pire espèce. Il a dit : je ne vois pas pourquoi je serais distingué par des gens qui écrivent de mauvais livres. Premièrement : les gens qui écrivent de mauvais livres ou pas de livres du tout peuvent très bien reconnaître le talent de ceux qui en écrivent de bons. Deuxièmement, Sartre peut-il certifier qu’il a lu tous les livres de tous les membres du jury de Stockholm ?
Je suis d’accord avec Michel Onfray quand il dénonce les errements politiques de Sartre, sa complaisance pour la violence, que prônait Franz fanon, pour les régimes les plus sanguinaires du monde. Mais il s'est rattrapé à la fin quand il est intervenu avec Raymond Aron pour les réfugiés de l'Indochine.
Michel Onfray a l'air de vouloir excuser Camus d'avoir voté pour Pierre Mendès-France. Il ne l'a fait qu'une fois, dit-il et répète-t-il. Mais c'est très bien d'avoir voté pour Pierre Mendès-France. Si Pierre Mendès-France avait pu se maintenir au pouvoir, beaucoup de désastres auraient été évités.
C’est intéressant d’apprendre que pour Camus, l’Algérie était le pays de la joie de vivre. C’est devenu un des pays les plus sinistres du monde, un des pays qui accumulent le plus de frustrations en tous genres. Il y a quelque temps que je n’y suis pas allé, je ne pense pas que ça se soit amélioré.
Dernière édition par Henry Faÿ le Jeu 09 Aoû 2012, 09:51, édité 1 fois (Raison : ajouts)