L'Institut national de l'audiovisuel veut s'ouvrir au grand public
Le nouveau président a présenté sa stratégie sur fond de contestation de sa nomination
Nommé le 26 mai 2010, à 33 ans, à la présidence de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) par le conseil des ministres, Mathieu Gallet, ex-directeur de cabinet adjoint de Frédéric Mitterrand au ministère de la culture, devait présenter, mardi 8 février, les nouvelles orientations stratégiques de l'entreprise.
Avec 805 000 heures d'archives (images et sons) numérisées depuis dix ans disponibles sur le Web, le mobile et les télévisions connectées, l'INA a su s'imposer comme une référence et un outil de travail pour tous les professionnels de l'audiovisuel. Son site Ina.fr revendique 1,2 million de visiteurs uniques par mois et 50 000 vidéos sont disponibles sur la plate-forme de partage de vidéos Dailymotion grâce à un partenariat signé entre les deux entreprises.
Aujourd'hui, M. Gallet veut développer cette diffusion vers le grand public en faisant de l'INA " une entreprise culturelle de l'audiovisuel ". " Les images de l'INA doivent servir à favoriser la diffusion d'une véritable culture audiovisuelle pour tous et donner un sens à notre monde, mais aussi à l'histoire passée ", précise-t-il.
L'entreprise, qui dispose d'un budget de 130 millions d'euros (dont une partie issue de la redevance audiovisuelle et 40 millions de ressources propres), va renforcer son centre de formation INA Sup, créé en 2007, en développant une grande école au sein même de l'Institut. Celle-ci sera structurée autour d'un campus de 7 000 mètres carrés à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) et comprendra huit studios, dix laboratoires et une régie en haute définition. 5 000 étudiants et stagiaires devraient y être accueillis chaque année.
Par ailleurs, des contrats devraient être signés avec les entreprises de presse qui souhaitent enrichir leurs sites multimédias. " Nous sommes les seuls à posséder des archives du monde entier et elles pourraient contribuer, par exemple pour la Tunisie ou l'Egypte, à une meilleure compréhension pour les lecteurs ", souligne M. Gallet.
Prise illégale d'intérêts
Ces nouveaux développements sont toutefois suspendus à la plainte de l'association de lutte contre la corruption Anticor. Celle-ci conteste les conditions de nomination de M. Gallet à la tête de l'INA. Le parquet de Créteil, qui a été saisi par le Service central de prévention de la corruption (SCPC) dépendant du ministère de la justice, pourrait ouvrir une enquête sur une éventuelle prise illégale d'intérêts.
Selon l'association, la loi du 2 février 2007 interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu'il a notamment surveillée, conseillée ou contrôlée durant les trois années précédant son départ de la fonction publique. La commission de déontologie aurait donc dû être saisie. " Je pense avoir respecté les règles et j'attends sereinement les conclusions de l'enquête du parquet ", affirme M. Gallet.
Daniel Psenny
© Le Monde, 9 février 2011
Le nouveau président a présenté sa stratégie sur fond de contestation de sa nomination
Nommé le 26 mai 2010, à 33 ans, à la présidence de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) par le conseil des ministres, Mathieu Gallet, ex-directeur de cabinet adjoint de Frédéric Mitterrand au ministère de la culture, devait présenter, mardi 8 février, les nouvelles orientations stratégiques de l'entreprise.
Avec 805 000 heures d'archives (images et sons) numérisées depuis dix ans disponibles sur le Web, le mobile et les télévisions connectées, l'INA a su s'imposer comme une référence et un outil de travail pour tous les professionnels de l'audiovisuel. Son site Ina.fr revendique 1,2 million de visiteurs uniques par mois et 50 000 vidéos sont disponibles sur la plate-forme de partage de vidéos Dailymotion grâce à un partenariat signé entre les deux entreprises.
Aujourd'hui, M. Gallet veut développer cette diffusion vers le grand public en faisant de l'INA " une entreprise culturelle de l'audiovisuel ". " Les images de l'INA doivent servir à favoriser la diffusion d'une véritable culture audiovisuelle pour tous et donner un sens à notre monde, mais aussi à l'histoire passée ", précise-t-il.
L'entreprise, qui dispose d'un budget de 130 millions d'euros (dont une partie issue de la redevance audiovisuelle et 40 millions de ressources propres), va renforcer son centre de formation INA Sup, créé en 2007, en développant une grande école au sein même de l'Institut. Celle-ci sera structurée autour d'un campus de 7 000 mètres carrés à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) et comprendra huit studios, dix laboratoires et une régie en haute définition. 5 000 étudiants et stagiaires devraient y être accueillis chaque année.
Par ailleurs, des contrats devraient être signés avec les entreprises de presse qui souhaitent enrichir leurs sites multimédias. " Nous sommes les seuls à posséder des archives du monde entier et elles pourraient contribuer, par exemple pour la Tunisie ou l'Egypte, à une meilleure compréhension pour les lecteurs ", souligne M. Gallet.
Prise illégale d'intérêts
Ces nouveaux développements sont toutefois suspendus à la plainte de l'association de lutte contre la corruption Anticor. Celle-ci conteste les conditions de nomination de M. Gallet à la tête de l'INA. Le parquet de Créteil, qui a été saisi par le Service central de prévention de la corruption (SCPC) dépendant du ministère de la justice, pourrait ouvrir une enquête sur une éventuelle prise illégale d'intérêts.
Selon l'association, la loi du 2 février 2007 interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu'il a notamment surveillée, conseillée ou contrôlée durant les trois années précédant son départ de la fonction publique. La commission de déontologie aurait donc dû être saisie. " Je pense avoir respecté les règles et j'attends sereinement les conclusions de l'enquête du parquet ", affirme M. Gallet.
Daniel Psenny
© Le Monde, 9 février 2011