Chez Frédéric Mitterrand, la valse des conseillers
Depuis que l'homme de cinéma et de télévision Frédéric Mitterrand s'est installé rue de Valois, le ministère de la culture ne cesse de recruter de nouveaux conseillers. Non que le ministre ait décidé de se dispenser de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui réduit le nombre de fonctionnaires. Simplement, il lui faut combler la fuite de ses collaborateurs. En treize mois, la moitié de son cabinet est partie. De l'équipe de 20 conseillers annoncée en août 2009, 10 ont quitté la maison.
Un petit exode lancé en novembre par le départ d'Olivier Henrard. Directeur adjoint du cabinet, cet ancien de l'équipe de Christine Albanel avait vite émis le souhait de quitter le premier cercle. Pressenti pour occuper la nouvelle direction de la création, il avait été éconduit. Il avait choisi de retourner au Conseil d'Etat.
Dans la foulée, plusieurs conseillers ont saisi l'occasion de postes libres dans des établissements publics. Arnaud Roffignon, le conseiller budgétaire, est allé diriger l'Institut national de recherches archéologiques préventives. Sophie Durrleman, chargée des musées et du patrimoine, gère la Bibliothèque nationale de France. Maylis Roques, ex-conseillère sociale, est secrétaire générale du Centre national de la cinématographie.
Le chef de cabinet Lucien Giudicelli est retourné chez Eric Besson, où M. Mitterrand était allé le chercher. Le conseiller diplomatique Valéry Freland a retrouvé les joies de la vie d'ambassade, à Tunis, et la " plume " du ministre, le normalien Guillaume Métayer, les plaisirs de la recherche universitaire. L'historienne de l'art Annick Lemoine, chargée des enseignements artistiques, exerce son talent à la Villa Médicis, à Rome. Quant à Mathieu Gallet, l'autre directeur adjoint du cabinet, il a profité de la nomination d'Emmanuel Hogg à la tête de l'Agence France Presse (AFP) pour remplacer celui-ci à la direction de l'Institut national de l'audiovisuel. Dernière partante, Olivia Bozzoni-Fringant, chargée du spectacle vivant, s'est vu offrir la direction déléguée du Théâtre national de Chaillot.
" Des postes plus sûrs "
Dix sur vingt, donc. On est loin des 40 conseillers consommés par Fadela Amara en trois ans ou de la trentaine partis de chez Rachida Dati en deux ans. Mais le rythme habituel de rotation est largement dépassé. Au cabinet, on n'y voit rien d'alarmant. " C'est la marche normale des choses, indique-t-on. Le cabinet, ça peut s'arrêter du jour au lendemain, certains veulent des postes plus sûrs, d'autres saisissent des occasions. Et puis nous avions gardé beaucoup de membres du cabinet précédent. "
Une moitié des partants travaillaient effectivement déjà avec Christine Albanel. Souvent issus des grands corps, ces " technos " ont mal supporté le régime Mitterrand. " Il a de bonnes intuitions, le suivi est plus... disons difficile, ose un ancien. Enthousiaste un jour, il lui faut tout, tout de suite. Le lendemain, il est ailleurs. " Les mêmes ont mal accepté l'influence des amis du ministre, le conseiller spécial Jean-Pierre Biron et le conseiller chargé des arts plastiques, Francis Lacloche.
Malaise ? Danger pour le suivi des dossiers ? " La continuité est assurée, jure-t-on dans l'entourage du ministre. Les dossiers se transmettent. " Ouf, nous voilà rassurés. Et cela vaut mieux, car au cabinet on nous avertit : " Des départs, il y en aura d'autres. "
Nathaniel Herzberg
© Le Monde
31 décembre 2010
Depuis que l'homme de cinéma et de télévision Frédéric Mitterrand s'est installé rue de Valois, le ministère de la culture ne cesse de recruter de nouveaux conseillers. Non que le ministre ait décidé de se dispenser de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui réduit le nombre de fonctionnaires. Simplement, il lui faut combler la fuite de ses collaborateurs. En treize mois, la moitié de son cabinet est partie. De l'équipe de 20 conseillers annoncée en août 2009, 10 ont quitté la maison.
Un petit exode lancé en novembre par le départ d'Olivier Henrard. Directeur adjoint du cabinet, cet ancien de l'équipe de Christine Albanel avait vite émis le souhait de quitter le premier cercle. Pressenti pour occuper la nouvelle direction de la création, il avait été éconduit. Il avait choisi de retourner au Conseil d'Etat.
Dans la foulée, plusieurs conseillers ont saisi l'occasion de postes libres dans des établissements publics. Arnaud Roffignon, le conseiller budgétaire, est allé diriger l'Institut national de recherches archéologiques préventives. Sophie Durrleman, chargée des musées et du patrimoine, gère la Bibliothèque nationale de France. Maylis Roques, ex-conseillère sociale, est secrétaire générale du Centre national de la cinématographie.
Le chef de cabinet Lucien Giudicelli est retourné chez Eric Besson, où M. Mitterrand était allé le chercher. Le conseiller diplomatique Valéry Freland a retrouvé les joies de la vie d'ambassade, à Tunis, et la " plume " du ministre, le normalien Guillaume Métayer, les plaisirs de la recherche universitaire. L'historienne de l'art Annick Lemoine, chargée des enseignements artistiques, exerce son talent à la Villa Médicis, à Rome. Quant à Mathieu Gallet, l'autre directeur adjoint du cabinet, il a profité de la nomination d'Emmanuel Hogg à la tête de l'Agence France Presse (AFP) pour remplacer celui-ci à la direction de l'Institut national de l'audiovisuel. Dernière partante, Olivia Bozzoni-Fringant, chargée du spectacle vivant, s'est vu offrir la direction déléguée du Théâtre national de Chaillot.
" Des postes plus sûrs "
Dix sur vingt, donc. On est loin des 40 conseillers consommés par Fadela Amara en trois ans ou de la trentaine partis de chez Rachida Dati en deux ans. Mais le rythme habituel de rotation est largement dépassé. Au cabinet, on n'y voit rien d'alarmant. " C'est la marche normale des choses, indique-t-on. Le cabinet, ça peut s'arrêter du jour au lendemain, certains veulent des postes plus sûrs, d'autres saisissent des occasions. Et puis nous avions gardé beaucoup de membres du cabinet précédent. "
Une moitié des partants travaillaient effectivement déjà avec Christine Albanel. Souvent issus des grands corps, ces " technos " ont mal supporté le régime Mitterrand. " Il a de bonnes intuitions, le suivi est plus... disons difficile, ose un ancien. Enthousiaste un jour, il lui faut tout, tout de suite. Le lendemain, il est ailleurs. " Les mêmes ont mal accepté l'influence des amis du ministre, le conseiller spécial Jean-Pierre Biron et le conseiller chargé des arts plastiques, Francis Lacloche.
Malaise ? Danger pour le suivi des dossiers ? " La continuité est assurée, jure-t-on dans l'entourage du ministre. Les dossiers se transmettent. " Ouf, nous voilà rassurés. Et cela vaut mieux, car au cabinet on nous avertit : " Des départs, il y en aura d'autres. "
Nathaniel Herzberg
© Le Monde
31 décembre 2010