Il a été décrété en haut lieu que pour lutter contre l'élitisme ambiant qui pourrit tout, il fallait confier des émissions cucurelles à des producteurs néophytes, afin de se mettre au niveau de l'auditeur ignare. L'auditeur est ignare, c'est le postulat de départ de base posé par la brigade anti-élite.
Donc, "La Scierie Muzikal", une émission qui passe des bouts de disk et des bouts d'archives avec des bouts de textes wikipédiens. La muzik de la s'maine est donnée à découvrir aux auditeurs, ignares d'un jour, ignares toujours, comme elle a été découverte dans la s'maine par la productrice durant la préparation de l'émission. Le résultat est un bout à bout de bouts de fiches wikipédiennes, agrémentées de superlatifs creux qui en jettent mais dont l'imprécision fondamentale indiquent la méconnaissance et l'absence totale de passion pour le sujet.
Ce serait la série muzikal ou une série sur la botanik, ce serait du kif.
Personne ne peut en vouloir à sa productrice de patauger dans la s'moule s'maines après s'maines, se raccrochant aussi souvent que possible à la sainte muzik pop, la seule qui puisse sauver le monde de l'élitisme.
Elle n'est pas la seule à ne pas y connaître bezef à la muzik, et en soi ce n'est pas grave, car qui peut se vanter de tout connaître, de se passionner pour tous les domaines ?
Il y a quand même une différence entre elle et nous, c'est que nous les vilains, nous ne sommes pas producteurs de scierie muzikal sur France Cu.
La scierie du 5.
Hommage à Wayne Shorter. Il y eut un temps où ce genre d'hommage aurait été rendu sur cette même chaîne par des spécialistes du sujet (ceux-là même qu'on a virés pour cause d'élitisme), plus aptes à transmettre leur savoir aux auditeurs. Citons Alain Gerber, mais aujourd'hui gageons qu'il existe sur cette planète plusieurs personnes suffisamment qualifiées et passionnées pour prendre le relais.
Relais qui finalement est assuré par un passe-plat, qui peut-être dans un an ou deux pourrait être à la tête d'un magazine d'actu internationale, d'une chronique culinaire, ou d'une émission d'entretiens avec des artiss' en promo, peu importe, le passe-plat passe partout.
Alors reviendons à cet hommage, parfait exemple du vide qui a envahi cette chaîne.
Une partie du texte est reproduite sur la page de l'émission. Passons les fautes sur les noms propres (Art Blackey... décidément, ça rentre pas).
Sur le plan commentaires, le vide au cube pointe aux abonnés présents. Il paraît que cette émission se veut "subjective". J'en connais au moins une qui ajouterait "mon cul".
Plus impersonnel, plus creux, impossible.
Les commentaires pourraient se trouver dans un dépliant touristique, ou une pub pour lessive.
La preuve, voici le portrait de Wayne Shorter dressé dans la Scierie Muzikal. Les clichés, à mon commandement ! Marche !
"immense, hors pair, figure tutélaire, membre essentiel, il passa sa vie à essayer de comprendre et de sentir tous les possibles de la musique, mais aussi du vivant (Bruno Latour Tribute), talentueux, images puissantes qu'il essayait de convier, albatros du jazz, le dernier album qu'on n'attendait plus, qu'on ne pensait même pas mériter (!), assez impressionnant (c'est la partie analyse muzikal non élitiste), musicien de l'imaginaire, un télépathe (re-!), c'est un mage, pour qui le connait il n'est pas la peine d'en parler (oui, toujours : !)...".
La productrice suit parfaitement la Ligne Générale imposée par l'ex et sans doute future direction : sourire radiophonique à tous les étages, comme les vendeurs de tapis Saint Maclou.
Évidemment.