Refermons discrètement la parenthèse « L'Univers symphonique » du Centre national des Arts du Canada. L'écoute (partielle) de la dernière émission diffusée,
Wilhelm Richard Wagner : Tristan und Isolde, permet de faire quelques observations générales sur la pratique radiophonique.
En 2009 Marjolaine Fournier joue à l'intervieweuse de celui avec qui elle forme tandem pour l'émission, le journaliste musicologue Jean-Jacques van Vlassellaer. Elle cherche ses mots, énonce des banalités, affiche une ignorance assez étonnante pour une musicienne d'orchestre. Le musicologue, pour ne pas trop trancher avec son interlocutrice, émaille son discours intelligent de rires brefs, de halètements, et de fausses hésitations (phénomène bien décrit par Nessie dans ce forum). C'est irritant, mais ça passe quand on découvre le duo pour la première fois.
En 2016, le tandem est toujours là. On se dit que l'intervieweuse a dû gagner en maîtrise de la parole radiophonique après sept ans de pratique. Non, c'est même pire. Et personne n'a dit à Jean-Jacques van Vlassellaer que ses tics étaient ridicules (un émule de Proust ferait rire en les décrivant).
À France Culture et à France Musique qui a-t-on vu se bonifier au micro ces dix dernières années ? Quel producteur (h/f) a réécouté ses émissions, soumis celles-ci à des collègues ou auditeurs pour retour qualité et amélioration de sa pratique ? On peut accepter qu'un débutant soit quelque peu emprunté ou maladroit lors de ses premières émissions (et encore, la formation au métier devrait permettre d'être opérationnel immédiatement), mais après plusieurs années ?
Notons que l'expérience ne garantit pas automatiquement une amélioration, ce peut être le contraire, comme on l'a vu avec Laure Adler. La confiance peut devenir excessive et faire croire au producteur que tout lui est permis, langue débraillée, questions indécentes, propagande idéologique.
Dans l'entreprise privée, il est souvent question de formation. Qu'en est-il à la radio publique française ? Quelle est la formation professionnelle offerte aux producteurs ?
Les émissions de Marie Richeux, par exemple, sont-elles décortiquées en groupe avec un formateur pour réfléchir avec elle* aux bonnes pratiques radiophoniques de la chaîne qui l'emploie ?
*Elle qui dit refuser de s'écouter car elle n'aime pas sa voix...(cf.
interviews dans les Inrocks et dans Télérama, les thuriféraires le Marie Marelle).