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France Culture les jours de grève    Page 7 sur 18

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Nessie 


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Re: France Culture les jours de grève - Jeu 26 Mar 2015, 08:02

./...

Et j'ajoute ce commentaire de Brice Couturier. Oui le Brice Couturier qu'il est de bon ton de piétiner sous prétexte qu'il n'adhère que très modérément (euphémisme) au paradigme dominant de la maison, et qu'il commet la faute morale impardonnable de s'afficher Libéral (mais de gauche, ouf !).

Voici ce qu'écrit Couturier en commentaire de l'article ci-dessus :

<< C'est une affaire dégueulasse : on a laissé pourrir la situation financière de l'entreprise - en particulier à cause de l'envolée du coût des travaux de réaménagement. Je ne vous parle pas de nos studios détruits aussitôt que construits au 10 ° pour cause "d'inversion de phase".... Le nouveau PDG est le premier à proposer un plan d'économie. Et on lui tombe dessus. Dans un jeu de billard à plusieurs bandes - puisqu'il s'agit, en fait de faire pression sur le CSA au moment de la nomination du patron de France Télévision.>>

Nessie 

Nessie

62
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Messieurs pour convaincre il nous faut du conditionnel, encore le conditionnel, toujours le conditionnel - Jeu 26 Mar 2015, 09:04

Anattendant la revue de 10h, voici encore une information quelque peu spéculative, dont je donne seulement le lien qui contient en clair le titre. Oui rien que ça parce que l'article référencé en dit fort peu :

http://www.forumopera.com/breve/mathieu-gallet-aurait-envisage-la-fermeture-de-france-musique

Mais s'il faut faire fermer une chaîne, pourquoi liquider France Musique alors que c'est (le) Mouv' qui ne cesse de tousser avant de s'immobiliser puis de redémarrer ? Probablement parce que le budget "de" Mouv' n'est pas un poste budgétaire assez important pour que sa suppression rétablisse l'équilibre ?

Et pourquoi ne pas fermer France Culture ? Là au moins on a la réponse : parce que c'est la radio du PS et qu'il ne faut surtout pas que les classes cultivées aillent chercher ailleurs leur information dans la perspective des scrutins..


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Philaunet 

Philaunet
Admin

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France Musique - Jeu 26 Mar 2015, 09:31

Nessie a écrit:(...) pourquoi liquider France Musique  (...) ?

Parce que c'est la seule chaîne culturelle publique et celle dont tous les ignares voulant se distraire avec le Boléro en twittant disent qu'elle est farcie de "bavardages insipides". Oui, quelques paroles de musicologues ou musiciens, réduites, sur instruction, à quasi rien depuis deux ou trois ans,  voilà les bavardages insipides...  Remplacer FM par Radio Classique pourrie de pub et de tubes, FC par BFM, les bibliothèques municipales par des Kindle d'Amazon subventionnées pour nos plus chers démunis ?

Qui refera jamais une série d'émissions comme le Fauteuil de Monsieur Dimanche de Dominique Jameux, il y a vingt ans ?

Au programme "inculturel" contemporain, consommation de clips youtube de 3 minutes (France Musique s'est d'ailleurs mise à en produire), de tweets et de commentaires de deux mots ou de trois lignes bien envoyés, parce qu'au-delà, c'est prise de tête.  Il faut que les produits de la culture se succèdent en confettis à la vitesse de photos glissées du doigt à toute vitesse sur le smartphone... Voilà l'horizon culturel des pseudo élites.



Dernière édition par Philaunet le Sam 16 Jan 2016, 15:54, édité 1 fois

Nessie 

Nessie

64
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Bilan des parutions pour les journées du Lundi 23 au Jeudi 25 - Jeu 26 Mar 2015, 10:00

En ratissant assez large mais j'ai pu en louper (vous pouvez compléter Wink) , voici ce qu'on peut trouver depuis dimanche soir jusqu'à ce matin dans le podcast ou dans l'écoute en ligne :

- Atelier de la création : soirée du 25 mars Ca c'est l'amour avec Anna Schygulla (rediffusion du 29 septembre 2002 )
- Un autre jour est possible : dans la série Polar, les deux numéros diffusés et eux seuls : le 1 et le 3 on les trouvera dans le podcast et aussi à cette page
- Pour l'Eloge du savoir avec Roger Chartier, c'est moins clair : on trouve en podcast l'émission de mercredi et celle de ce jeudi. Mais à la page du site chez FC  on trouve les numéros 9, 10 et 11 de la série "La plume, l'atelier typographique et la scène". Rien pour lundi dernier (?)
- Carnets de l'économie : je ne sais pas s'ils ont été diffusés, mais les 3 numéros de cette semaine accueillant Anton Brender sont présents en podcast et à la page de l'émission
- Il y a un Salon noir : la cité de Karma, en Nubie. Ne pas se fier ni au podcast, ni à l'annonce de non diffusion sur le site de FC, car l'émission est bel et bien présente à cette adresse


Dans Hors-champs : on ne sait pas très bien ce qui se passe chez la Comtesse Frapadingue de Thérémine : la page de l'émission et le podcast semblent balbutier des hors-tours et des hors-sujet puisées dans le lot des rediffusions et des à-venir, en l'occurrence Philippe Sollers parle de Roland Barthes avec son ton habituel j'en ai entendu 5 minutes j'ai coupé c'était très con désolé. Le lendemain, un entretien avec Jean-Pierre Filiu a peut-être été diffusé ou bien seulement été mis en écoute, mais n'apparait pas en podcast.

Je termine avec le plus délicat : les deux séries hebdomadaires préférées des auditeurs fidèles, ceux qui se souviennent de ce qu'était France Culture quand on y trouvait de la culture, je veux dire A voix nue et Le feuilleton :
- Les 3 premiers "A voix nue" avec Volker Schlondorff quoique probablement non diffusés, sont tout de même présents pour deux d'entre eux en podcast et tous trois disponibles à la page de l'émission
- Feuilleton : après Jim Morrisson qui a été livré en entier, les 3 premiers épisodes du feuilleton de la semaine "Frida kahlo" sont disponibles en Podcast, deux seulement à la page du feuilleton sur le site mais on peut penser que ça va tomber dans la journée. A défaut, penchez vous sur le podcast, où l'on trouve pour cette émission comme pour quelques autres des numéros qui n'apparaissent pas sur le site de FC.

J'en ai fini. La livraison est un peu plus tardive que prévu. Je répèterai l'opération samedi matin pour les deux dernier jours de la semaine.



Dernière édition par Nessie le Mar 31 Mar 2015, 09:39, édité 1 fois


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Nessie 

Nessie

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Le point de vue de Philippe Meyer - Ven 27 Mar 2015, 15:00

Philippe Meyer signe une tribune dans Le monde : "Il faut stopper la dérive de Radio France". Hélas réservée aux abonnés.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/27/philippe-meyer-il-faut-stopper-la-derive-de-radio-france_4602473_3232.html


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Redoble por Finkielkraut - Ven 27 Mar 2015, 22:07

ADADA
IMAMI
ANONA



Dernière édition par Antoine Arnoux le Ven 12 Mai 2017, 16:44, édité 4 fois

munstead 


67
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France-culture-de-la grève - Sam 28 Mar 2015, 07:31

9ème jour. Je serais gréviste, je m'inquiéterais un peu de voir que cette grève reste inconnue du grand public et certainement pas soutenue par lui. Aujourd'hui, bref point sur l'actualité à 7 H, qui se termine par le Premier ministre qui veut mettre la direction devant ses responsabilités et la ministre de tutelle qui a sommé le président de FR de soumettre, bla bla bla. L'hypocrisie gouvernementale se poursuit et Valls déçoit. La stratégie est donc de tout mettre sur le dos de M. Gallet, le chien galeux qui se prélasse sur une moquette neuve. L'essentiel est de le jeter en pâture à 180 grévistes pour dénouer la crise. On nommera un autre président qui se trouvera confronté au même problème : diminution des crédits versés par le ministère, restructuration/suppression de stations, réorganisations internes diverses touchant au droit du travail. Mais on aura donné un os à la gauche du PS, ce qui l'essentiel en cette période remaniement gouvernemental et de tractations diverses qui s'annoncent à la suite de la claque + fessée + coup de pied au c. des départementales.
Au passage, hier sur le site du Monde ou du N Obs, on ne sait plus parfois, entretien avec des grévistes, il en ressort que Mathieu Gallet "humilie le personnel". La raison ? Des femmes et hommes de ménage , "dont certains travaillent là depuis 25 ans", ont été relégués du 5ème étage au sous-sol (?), une partie de leur travail a été externalisée. On voit que ce conflit vol haut, qu'il fallait bien 9 jours de grève pour dénoncer cet horrible abus de pouvoir. Et dire que je vais voter à gauche demain (pas le choix)!

Nessie 

Nessie

68
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Le communiqué des grévistes - Sam 28 Mar 2015, 08:29

Il en faudrait du courage pour soutenir cette grève qui se vend ainsi :

<< Cette grève est pour vous - Lettre ouverte aux auditeurs de Radio France,

Nous sommes les voix qui, chaque jour, s’adressent à vos oreilles. A travers nos émissions, nos interviews, chroniques, reportages, documentaires, nous tentons au mieux de faire vivre les missions de la radio publique : "informer, éduquer, divertir". Nous, équipes de production des émissions de Radio France (animateurs, reporters, collaborateurs, chroniqueurs…) partageons les inquiétudes de l’ensemble des personnels de Radio France mobilisés depuis le 19 mars.

Ce mouvement de grève a pour objet de défendre les radios de service public, et non des intérêts particuliers ou corporatistes. L’engagement budgétaire non tenu par l’Etat entraîne aujourd’hui un déficit grave qui menace l’existence de la radio telle que vous l’aimez et que vous la financez à travers la redevance audiovisuelle.

Nous sommes consternés de voir les travaux de rénovation de la Maison de la radio si mal encadrés et si mal gérés, occasionnant le surcoût exorbitant que vous connaissez. Vos impôts, vos programmes et vos oreilles, doivent-ils payer pour cette incompétence? Le service public n’a ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable. Or, cela semble être aujourd’hui la logique insidieuse de la présidence de Radio France et, au-delà, celle de sa tutelle, le ministère de la Culture.

Conscients du contexte de crise économique et des efforts nécessaires, nous soulignons que de lourds sacrifices ont déjà été réalisés (en témoigne la baisse de 87,5 millions d’euros du budget entre 2010 et 2014).Une idée fausse voudrait que Radio France soit un lieu de gabegie, de privilèges et d’intérêts corporatistes. Savez-vous pourtant que la majorité des voix que vous entendez quotidiennement travaille dans le cadre de contrats saisonniers et précaires?

Comment continuer à produire de la radio de qualité quand les moyens matériels (studios, salles de montage, camions-régie…) sont constamment rognés? Comment faire entendre les réalités d’un pays quand la plupart des émissions ne peuvent plus, faute de budget, envoyer de reporters au-delà du périphérique parisien?

Comment conserver notre indépendance –celle à laquelle vous avez droit– quand se multiplient sur les antennes des partenariats ou des publicités plus ou moins déguisées? Si l’on suit la logique actuelle, la radio de demain ce sera: moins de reportages, moins de documentaires, moins de débats vraiment critiques, moins de concerts… Bref, une radio standardisée, calquée sur l’actualité ou sur les goûts majoritaires, une radio au rabais.

Nous aimons passionnément nos métiers et, au nom de la confiance que vous nous témoignez, nous nous efforçons de travailler avec le plus de sérieux et d’esprit de responsabilité. Toutefois, dans ce climat de travail en constante détérioration, nous estimons de notre devoir de vous informer des risques qui pèsent sur la radio publique française. >>

Signé : Les sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique

Cette lettre ouverte a été diffusée par Libération (entre autres)
http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2015/03/25/lettre-ouverte-aux-auditeurs-de-radio-france-cette-greve-est-pour-vous_1228340



Commentaires : les auditeurs n'en ont rien à foutre de vos camions-régie. Ce sont des outils pour les marchands d'info, pas pour les marchands de culture. Et bravo pour le déni de corporatisme au 2e paragraphe. Quant au style général, on ne fait pas mieux comme langue de bois.


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Nessie 

Nessie

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Ma parole mais voila que ça tombe comme à Gravelote - Sam 28 Mar 2015, 11:04

Voici le texte publié par Le Monde : la tribune d'hier vendredi, signée Philippe Meyer

Il faut stopper la dérive de Radio France

Les informations publiées semaine après semaine par Le Canard enchaîné ne sont pas pour rien dans la grève de Radio France, mais on aurait tort de croire qu’elles en sont la cause unique ou même principale. D’ailleurs, lorsque, il y a un an, le même hebdomadaire révéla que le premier geste du PDG fraîchement nommé à l’unanimité par le CSA avait été de réclamer à sa tutelle une substantielle augmentation de salaire, aucune vague d’indignation, de réprobation ou même de simple déception ne parcourut la Maison ronde.

C’est qu’en 2014, après cinq ans d’une gouvernance médiocre, à la fois indolente et brutale, confiée par Nicolas Sarkozy à des amis ou à des complaisants, les personnels de Radio France n’accordaient d’importance qu’à une chose : avoir enfin un projet et un patron. Lors de l’arrivée de leur nouveau président, la plupart des collaborateurs avaient, comme ils l’ont aujourd’hui, conscience de l’importance des défis à relever.

Le premier de tous est de demeurer un service public dans un monde où l’on fait bon marché de l’intérêt général, dans un domaine, celui de l’audiovisuel, où la spécificité des programmes proposés par les sociétés nationales n’a fait qu’aller en s’érodant, et dans un secteur d’activité, celui de la culture, d’autant plus difficile à faire vivre qu’il est devenu une auberge espagnole en même temps qu’une variable d’ajustement budgétaire.

DES TALENTS RÉVÉLÉS

A ceux qui doutent de la nécessité d’un service public, il faut rappeler que, tout au long de son histoire, Radio France a justifié son existence en inventant des émissions et en révélant des talents. Pour les talents, il suffit de parcourir les grilles des radios commerciales : on y verra défiler des noms d’animateurs ou de producteurs dont les premiers pas ont été faits sur les antennes du service public, alors que la situation inverse est inexistante ou exceptionnelle. Quant aux programmes, où, ailleurs que sur nos antennes, aurait pu trouver place Pierre Desproges, où pourrait-on entendre aujourd’hui les feuilletons de France Culture, les comparaisons en aveugle de « La Tribune des critiques de disques », tant de programmes de reportage, tant d’entretiens préparés, tant de portraits fouillés ?

Maintenir et orienter cette spécificité en période d’austérité demande plus que jamais une vision, une volonté et le sens du risque. Ce sont cette vision, cette volonté, ce sens du risque qui ont été si fortement attendus et dont le défaut, pour l’essentiel, explique la grève. « Certaines méthodes couramment utilisées feraient même rougir dans des entreprises dont le profit est le seul but affiché »

Non qu’il n’y ait pas de raisons matérielles à ce mouvement : d’abord parce que les personnels ont le droit de savoir quel avenir leur est réservé, plutôt que d’en être réduits depuis un an à interpréter des bruits de couloir, des déclarations dans des antichambres, des confidences à des journalistes médias, démenties dès qu’elles soulèvent une difficulté. Ensuite parce que la « gestion des ressources humaines » de Radio France n’est pas digne d’un service public. Certaines méthodes couramment utilisées feraient même rougir dans des entreprises dont le profit est le seul but affiché. Certains manquements, s’ils n’étaient pas le fait d’une société dont l’Etat est l’actionnaire principal, conduiraient leurs responsables devant les tribunaux.

Chacun sait que nous sommes entrés dans une période de vaches maigres. Raison de plus pour apporter des réponses stratégiques aux problèmes économiques. Supplier l’Elysée et Matignon de donner à la Caisse des dépôts l’ordre d’acheter l’un de nos deux orchestres pour alléger le budget de la musique entre-t-il dans cette catégorie ? Les musiciens du National ou du Philharmonique n’ignorent pas que, en Allemagne, 37 formations symphoniques professionnelles ont disparu ou ont été contraintes de fusionner depuis 1992, entraînant la disparition d’environ 2 500 emplois de musicien dans un pays qui les protège mieux que beaucoup d’autres.

Mais ne brandir cette réalité que comme une menace ou une fatalité constitue-t-il une politique ? Pourquoi les formations musicales de Radio France sont-elles aussi gravement sous-utilisées, et pourquoi, hors de France Musique, leur travail est-il pratiquement absent des antennes ? On imagine pourtant quels services pourraient rendre ces orchestres et leurs musiciens dans des programmes d’ouverture et d’initiation à la musique classique, au jazz, à la musique contemporaine. On médite l’exemple donné par le travail approfondi et de long terme de l’Orchestre national de Lille auprès des populations les moins instruites de sa région. Plutôt que de les vendre, pourquoi ne pas associer les musiciens à une redéfinition de leurs missions ?

Maison mère de deux orchestres symphoniques, Radio France est aussi le premier employeur de comédiens du pays. Y a-t-il secret mieux gardé ? Au lieu d’être mise en avant comme l’un de nos atouts, la fiction souffre d’être considérée comme une inévitable obligation de notre cahier des charges, alors qu’une vision dynamique de ces programmes permettrait de leur donner toute la place que nous sommes seuls à pouvoir offrir.

Radio France s’est taillé une place particulière dans le domaine de la chanson. En matière d’interprétation, d’écriture, de composition, la période est foisonnante. Or le nombre de salles ouvertes à cet art est, lui, en diminution constante, et les quelques petits lieux qui demeurent en activité sont presque tous des parkings dont l’accès est payant. Si l’on ajoute que l’industrie du disque et le show-biz ont mis la main sur la plupart des radios commerciales, on mesure l’importance et l’utilité qu’aurait, à travers l’ensemble du réseau de Radio France, le développement d’une politique d’accueil et de rendez-vous. Or France Inter – dont Jean-Louis Foulquier avait fait la chaîne de la chanson – a supprimé trois des quatre émissions qui lui étaient consacrées et faisaient connaître les talents nouveaux.

UNE AMBITION À CONSERVER

En matière d’affaires publiques, nos antennes généralistes se perdent dans la multiplication d’émissions de plateau bavardes, dont les invités sont en général vus et entendus dans tous les médias, alors que notre force est de pouvoir produire des émissions de reportages et d’enquêtes approfondis, susceptibles d’informer intelligemment nos auditeurs sur le monde dans lequel ils vivent, de les aider à le connaître et à le comprendre.

« Notre force est de pouvoir produire des émissions de reportages et d’enquêtes approfondis »

Ces émissions sont dans notre ADN. Cela est vrai pour toutes les chaînes. Elles ont émaillé aussi bien les productions des rédactions que celles, plus légères, diffusées sous l’étiquette des « programmes ». On les a évoquées glorieusement lors du cinquantenaire, tout en continuant à en contredire ou même à en fouler aux pieds l’esprit et les ambitions. Nous disposons, pour relancer de telles émissions, d’un personnel capable, tant à l’antenne que dans les services techniques ; j’ajouterai même que le savoir-faire de cette dernière catégorie de collaborateurs, véritables travailleurs du son, est gravement sous-employé, et qu’on les cantonne à relayer des bruits de bouche alors qu’ils sauraient saisir et retransmettre les rumeurs du monde et en permettre l’analyse.

Les dernières années ont vu les chaînes, et notamment France Inter et France Culture, se livrer à une concurrence absurde, exacerbée par des rivalités et des ambitions subalternes. Faute de pouvoir justifier cette rivalité par une politique de programmes, chaque direction s’est arc-boutée sur des sondages dont la moindre variation à la hausse, le plus souvent inférieure à la marge d’erreur de ce type de mesure, est célébrée comme un Austerlitz, à grand renfort de trompette.

Radio France ne peut pas se payer de cette fausse monnaie, ni se complaire dans cette autosatisfaction ampoulée, ni se replier dans une crainte frileuse. Son mérite a toujours été de proposer à ses publics – je tiens au pluriel – des émissions dont ils ne savaient pas encore avoir envie. C’est ce qui a toujours donné une saveur particulière à son succès. Nous sommes une radio d’offre, avec les risques que cela comporte, pas une radio de marketing, même si le savoir-faire de ceux qui étudient les audiences peut nous aider à placer au mieux nos propositions dans la grille des programmes. Au lieu de cela, les rares facilités budgétaires actuelles sont attribuées à une entité dite « multimédia » dont la mission semble être de soulager la présidence de toute responsabilité éditoriale en la gavant de sondages dont les réponses sont induites par les questions, tout en professant que l’avenir de la radio est dans la vidéo !

Enfin la rénovation du bâtiment a été conduite avec une irresponsabilité ubuesque. Elle ajoute à l’appauvrissement des moyens de reportages et d’émissions à l’extérieur une raréfaction des studios et des moyens internes qui met en péril la production et laisse craindre que nous n’entrions dans la situation que connaît la télévision publique, dont les producteurs privés ont fait leur vache à lait, tout en exploitant éhontément le statut de l’intermittence et les ressources de Pôle emploi.

Interrogé sur son projet lors d’une récente assemblée générale, le président de Radio France a répondu que, faute de moyens, il lui était impossible de présenter une ambition. Je crains que ce ne soit là que l’on doit trouver la raison la plus forte d’une déception devenue désarroi avant de tourner à la colère.

Philippe Meyer

In Le Monde - 27.03.2015 à 08h48


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du meyer pour le pire - Sam 28 Mar 2015, 12:08

chers lecteurs lisez  attentivement le post précédent et merci à Ness de l'avoir transcrit . En blague à 2 balles je dirais que c'est tellement bien qu'on le croirait écrit par le posteur même dans ce milieu d'imposteurs.
La prochaine fois vous nous le chanterez .
La grève vous tienne en joie   sunny

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

71
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Re: France Culture les jours de grève - Sam 28 Mar 2015, 12:20

Et à présent, Marie-Hélène Fraïssé :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/27/refusons-l-asservissement-de-la-radio-publique_4602885_3232.html

Par Marie Hélène Fraïssé
« Voici donc où nous en sommes… », gémit Iago, avec une délectation secrète, en découvrant que ses insinuations ont poussé Othello au meurtre, plus vite qu’il ne l’espérait. J’ai repensé à cette phrase, ces derniers jours, dans la Maison Ronde. Antennes muettes, dialogues de sourds. Que s’est-il donc passé pour qu’on en soit là ?
Pas facile de réécrire le scénario, pas facile de comprendre l’enchaînement des faits. Essayons.
Radio France ressemble étrangement à notre société française. Bilan contrasté, comme on dit pudiquement. Elle n’a pas toujours vu le temps défiler tandis que le monde changeait autour d’elle. Elle a su faire son autocritique, dans la douleur souvent. Elle a su attirer des talents exceptionnels, elle en a bêtement découragé d’autres. Elle a su prendre des virages, négocier le grand écart numérique, mais il lui est arrivé de traîner les pieds, se croyant meilleure par nature et par définition, face à une concurrence plus réactive.
Aujourd’hui, alors qu’on lui demande de renier ce pour quoi elle est faite et de devenir une pure entreprise de spectacle offerte au mieux disant, elle se réveille. Elle s’aperçoit que la somme des incompétences de certains de ses dirigeants, la combinaison des opportunismes et des rigidités, la poussent au bord du gouffre.

MAUVAISE LANGUE
Rubrique incompétence : un chantier interminable, utilisant des matériaux toxiques, explosant ses budgets, enchaînant les dérapages financiers et techniques. On construit des studios et des cabines de montage, puis on défait, on refait, on redéfait… Pendant tout ce temps la production radio est sommée de s’adapter, entre les coups de marteau. Et comme le bâtiment ne va pas, rien ne va plus. Où sont les responsabilités ? Où sont les évaluations impartiales de ce chantier dément qui fait réviser en baisse toutes les ambitions culturelles dont il était censé fournir l’écrin ?
Rubrique opportunisme : rentabilisons la valeur locative de nos espaces, disent nos dirigeants actuels, faisons de l’évènementiel, multiplions les partenariats. Infléchissons nos programmes pour plaire aux bailleurs de fonds, aux fournisseurs d’espace et de visibilité. Vous avez dit « pub » ? Mauvaise langue… Vous avez dit « dépendance », « asservissement » : il est l’heure de prendre votre retraite, les temps ont changé.
Rubrique rigidités : faire évoluer les méthodes de travail, certes. On l’a fait. On le fera. Il faut le faire. Mais pas avec une direction qui ligue contre elle la quasi totalité des corps de métier. La grève est massive, cette fois. La preuve : même ceux qu’on appelle producteurs, les saltimbanques, qui conçoivent les émissions, les préparent, intermiteux à vie, stars de l’antenne, grandes voix et petites, électrons libres par vocation, se rassemblent et rejoignent le mouvement initié le 19 mars.

PETITS AVANTAGES ET GRANDES MALTRAITANCES
Quelles solutions ? Comment redonner un peu de souffle à cette notion de service public, si galvaudée, si instrumentalisée ? D’abord en affirmant haut et fort qu’un service public, par définition, n’a pas pour vocation d’être rentable. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’œuvrer avec talent, intégrité, au plus juste des moyens qui lui sont donnés. Exit le business plan forcené. L’Etat doit prendre ses responsabilités. En coupant les vivres, comme il le fait depuis 2010, il nous oblige à nous vendre au plus offrant. Non, nous ne coûtons pas trop cher. Radio France, c’est moins de 20 % d’une redevance annuelle de 136 euros.
Ensuite, en balayant devant nos portes. Toutes les portes. En arrachant les masques. Tous les masques. Ceux des petits avantages et des grandes maltraitances. Cela peut faire mal, quand les masques, au fil du temps, ont fini par attacher à la chair…
Mettons-nous au travail et - pourquoi pas ? - acceptons la transparence de tous nos salaires, toutes nos dépenses… rien moins que ce qui se pratique dans une moitié de l’Europe, celle du nord, quand il s’agit d’argent public. L’usure n’est pas fatale. Il faut juste commencer à parler vrai.

Marie Hélène Fraïssé est productrice radio, écrivain, présidente de la Société des producteurs de France Culture.

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Re: France Culture les jours de grève -

France Culture les jours de grève     Page 7 sur 18

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