Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

De ces éprouvantes 48h je retiens deux sommets de la connerie radiophonique. L'une est la facon dont France Info a couvert les événements, si je parviens à en parler sur notre forum ça sera dans une section différente. L'autre c'est la matinale du 8 qui fut immonde au-delà de ce que je redoutais. J'y ai entendu la comédie médiatique dans toute sa veulerie, le bonheur dans l'affliction pourvu qu'elle valorise l'affligé, le numéro des charognards de toute la maison de la radio, et l'obscène récupération de l'événement au service de l'anti-racisme.Comme si c'est le racisme qui était en cause dans cette tuerie. Conjointement, la récupération au service du droit-de-l'hommisme, avec la tribune une fois de plus donnée à Plenel, orfèvre des propos convenus  sans lien réel avec le véritable problème que pose cette affaire. Car contrairement à ce qui a été ressassé à l'envi, le véritable danger ne saurait être celui que court la liberté d'expression. Le problème -quand il y en a un- de la liberté d'expression c'est celui de sa répression par le pouvoir légal, et certainement pas le danger que courent le journal et ses journalistes du fait d'exaltés hors-la-loi, ou de commandos manoeuvrés plus ou moins directement depuis l'extérieur du pays. Le malentendu a donc été général sur l'antenne de France Culture pendant toute la journée de mercredi, avant de culminer pendant les 2heures de cette matinale immonde.

"Le malentendu a donc été général sur l'antenne de France Culture"

Hélas ! Je crois plutôt que l'entente fut parfaite. Entente pour faire croire que FC défendait Charlie Hebdo en 2012. Entente pour faire croire que FC défend une liberté d'expression qui ne correspond pas à leurs dogmes.

Avec la fermeté des grands jours et une assurance réitérée, l'éditorialiste politique de FC, nous a rappelé ce matin que le terme islamiste ne devait pas être utilisé "est-ce qu'on parle de catholicistes?" nous demande-t-il finement, et que de toutes façons la dimension religieuse n'avait pas grand chose à voir avec ce qui s'est passé, qu'il n'y a pas d'Islam de France (en France?), qu'il n'y a pas d'interlocuteurs (oui, certes, et alors?), bref que les causes de tout cela sont sociales (il a oublié d'ajouter "et économiques"). Il rejoint les prêcheurs de Mediapart (qu'il cite), d'ASI (Judith Bernard etc.) et autres hauts lieux de la pensée correcte. Nier ou réduire la dimension religieuse de ce qui s'est passé, de ce qui se passe ,est aussi dramatiquement stupide que de nier ou réduire sa dimension économique et sociale. On a vraiment l'impression que ces gens n'ont jamais parlé avec un musulman de la rue, encore moins avec un fanatique, jamais mis les pieds dans un pays musulman. Non seulement leur analyse est objectivement fausse, mais elle est dangereusement fausse et renvoie toute solution à une évolution hypothétique, idéaliste et idyllique de la société à 20 ans, 30 ans, bref à des lendemains qui chantent. Ils n'imaginent quand même pas que les sociétés occidentales et moyen-orientales vont changer radicalement du jour au lendemain après un éditorial de 12 pages avec longues citations de Arendt et de Jaurès signé Plenel? On connait la démarche du renvoi à des jours meilleurs, des discours qui ne débouchent sur aucune action, des générations sacrifiées pour un idéal sans cesse repoussé par la réalité, et on sait ce que ça a donné. Le problème est ici et doit être affronté maintenant. Le rôle et la place de la religion en font partie.

Ca fait une semaine que Marc Voinchet rend chaque jour hommage à l'esprit Charlie Hebdo en commentant quotidiennement un unique dessin : celui où St Pierre se désole de voir une constellation de sexes masculins griffonnés un peu partout dans les nuages du paradis, et se lamente en ces termes : "Ils ont déjà dessiné des bites partout !". Voinchet se délecte au moins une fois par jour à décrire ce dessin, à grand renfort de son fameux rire simulé qui loin de l'hilarité sincère, évoque plutôt l'étranglement dû a l'arète de poisson ou peut-être pour lui qui sait kanétil kamème offon l'effet du poil de cul dans la gorge (offon de la gorge même).

C'est qu'il a mûrement choisi son dessin Marc Voinchet : un dessin qui lui permet de ressasser à l'envi et selon son désir le mot bites. Car dans sa description quotidienne il emploie le même mot, ignorant certainement que le niveau de langage requis dans un média national aurait demandé plutôt de présenter le dessin en d'autres termes, ce dont la langue française ne manque pas : verge, pénis, sexe masculin pourquoi pas, ou même l'affreux phallus. Mais Voinchet qui sait soupeser les bites ne sait pas peser les mots.

Ca fait donc une petite semaine que des bites Marc Voinchet en a plein la bouche. Il en mange, il en raffole. Marié ou non depuis l'an dernier on ne sait, quoiqu'il en soit il peut ici manifester sa passion. De là une question : pourquoi Marc Voinchet qui se délecte de la bite feint-il de draguer Amélie Périer à longueur de matinale ? Il vient encore de lui proposer le mariage, c'était ce jour même un peu avant la météo de 8h15. La demande a été accueillie  par les habituels gloussements de sa petite fiancée de tous les jours. Alors : Marc Voinchet devra-t-il un jour choisir entre la bite et Amélie ? Ou bien refusera-t-il de choisir car la bite c'est bien mais la petite Amélie c'est pas mal non plus avec les poils on peut même faire un tapis, dit la chanson.

De la matinale de lundi j'extrais un épisode bref qui constitue en soi une histoire puisqu'il y a un début un milieu et une fin. C'est -parmi d'autres- un Voinchème, c'est à dire un élément minimal pour caractériser le style radiophonique de l'intervieweur Marc Voinchet.

Voici tout d'abord l'extrait large qui nous permettra de ne pas isoler de son contexte l'épisode sur lequel je propose un coup de projecteur. Durée complète : un peu plus de 2 minutes [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/01/s03/NET_FC_9233e1ce-4003-4bbf-aaa0-a3bf8cb9a8d4.mp3" debut="80:31" fin="82:35"]

Puis avant d'en proposer un découpage élément par élément, voici la partie de l'échange qui mérite son coup de zoom (durée une vingtaine de secondes) : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/01/s03/NET_FC_9233e1ce-4003-4bbf-aaa0-a3bf8cb9a8d4.mp3" debut="82:13" fin="82:35"]

Sur ses 20 secondes, que remarque-t-on ?
1) Debray étaye sa critique de la conduite de Hollande en évoquant celle du Général De Gaulle.
2) Voinchet tente d'apporter une contradiction
3) Debray, instruit par l'expérience ou par un "Vade-mecum de l'invité à France Culture", ne se laisse pas interrompre
4) Après résistance de Debray, Voinchet place enfin sa remarque : "De Gaulle c'était au siècle dernier".
5) Il se trouve alors simplement renvoyé renvoyé dans ses buts
(ici une remarque : la contradiction de Voinchet était-elle juste ? Inepte ? En fait, ça n'a aucune importance)
6) En réaction, incapable de produire un argument il compense en plaçant en fond sonore son fameux rire simulé, à l'intention de l'auditeur (le halètement bruyant qui veut dire "je suis là")
7) Puis, Debray redoublant , Voinchet en rajoute cette fois dans son sens "Eh c'est encore plus vieux" sans réaliser qu'il donne ainsi un coup d'éponge sur sa propre intervention vieille de seulement 5 secondes. Que signifie ce retournement ? Rien, sinon que le petit bonhomme, dominé, ne trouve rien d'autre à faire qu'acquiescer. Ainsi se ferme la parenthèse de sa tentative d'interruption, après quoi Régis peut continuer à gloser. Fin de l'épisode.

Résumé : Voinchet a tenté de polémiquer, mais sèchement rembarré il se retourne comme une serpillère, en deux temps. D'abord avec le rire simulé, dont il faut bien comprendre le sens : il s'agit de ne pas perdre la face devant l'auditeur, tout en apprivoisant l'adversaire qui en toute logique devrait lui dire "Dehors espèce de crétin, quitte ce studio où tu n'as pas ta place !". Puis le second temps : tout en digérant sa baffe, Voinchet abonde dans le sens de l'invité, montrant que sa remarque n'avait aucune valeur, aucun fondement, aucune raison autre que de faire entendre le son de sa voix ce qui est pour lui l'essentiel. Alors, en accord avec ce mirifique projet, il ne lui reste plus qu'à continuer à la ramener, au besoin en baissant son froc. Ce qu'il fait alors.

Mon jugement : cette façon de se coucher n'est pas digne du débat qu'on est en droit d'attendre dans une matinale de France Culture. Un Lebrun aurait su résister, et n'aurait pas placé sa banderille sans avoir quelques munitions en réserve. Des munitions = des idées. Quoi qu'on puisse reprocher à Lebrun (être trop directif, faire le clown, jouer sa partie largement au-dessous de son potentiel) on ne peut pas le soupçonner de manquer d'idées personnelles et solidement armées sur chacun des sujets qu'il traite. Certes, résister ça demande une vraie affirmation, et pas un petit ego minable enflé par une promotion non méritée, celle du type qui a dépassé son niveau d'incompétence. Voinchet a crevé ce plafond depuis qu'il est titulaire producteur, et ça ne date pas de la matinale. Au lieu de céder aux sirènes de Laure Adler qui n'aura fait ici que la promotion des plus médiocres, Voinchet aurait dû demeurer à sa place, celle d'un troisième couteau, au mieux celle d'un second. Lundi matin, en tant qu'intervieweur là encore il aurait dû demeurer à sa place ; il n'a pas su ; le prof lui a appuyé sur l'occiput et le pantin est rentré dans sa boite.

Voinchet n'est pas seul dans son cas. Il y a beaucoup d'autres minables sur les ondes de l'audiovisuel public. Ainsi on observe couramment le même déballonnage chez un Frédéric Taddéi, qui mérite un diagnostic en tous points identique. Taddéi fréquemment interrompt un invité pour apporter une contradiction. C'est courageux, notez-bien (surtout quand on connait le niveau du gars). Puis parce qu'il manque de billes, entendez du savoir, des arguments et aussi la force de personnalité nécessaire, il se couche et envoie un gros sourire d'apaisement tout râtelier dehors comme si sa tentative n'avait été qu'une bonne blague. Et si le retour a été musclé, alors Taddéi comme Voinchet se contredit immédiatement. Et la vergogne ? Connait pas.

Ironie : dans cette conduite dite "du second gendarme" c'est-à-dire dans cette façon d'acquiescer aux propos du plus fort, on reconnait l'incarnation d'un type d'interlocuteur qui a été abondamment exploité par Wolinski dans ses très nombreux dialogues entre le petit et le gros : il met aux prises un gros à la personnalité dominante, et face à lui un petit bonhomme faiblard et chafouin qui tente de la ramener mais ne peut finalement s'exprimer qu'en cédant au point de vue de son vis-à-vis. Par définition, la grande gueule est plus forte que l'asticot. Et n'importe quel invité qui connait son sujet ou tient à son idée sera toujours plus fort qu'un Voinchet ou un Taddéi.  

Quoique ce post avait pour ambition initiale d'analyser au plus près un épisode Voinchesque, je conclurai par une question : les débats capitaux qui se déroulent actuellement en France doivent-ils vraiment être pilotés par de telles lavettes ?

Je me souviens très bien de ce moment, en clôture de la matinale, où cette subite colère de passionaria sentait quelque peu sa comédie. L'auteure en était Hélène Hazéra, journaliste transgenre qui était il y a encore 30 ans une des plumes les plus acérées de Libé. Passionnée de chanson française, elle s'est recyclée sur FC avec Chanson-Boum, tout en demeurant une militante LGBT à gros biceps. Voinchet en tant qu'asticot avait bien failli prendre sa torgnole, d'autant plus surprenante que l'altercation venait en toute fin de matinale et en rupture avec le ton carrément confraternel de leurs échanges depuis une heure.

Nessie a écrit:Je me souviens très bien de ce moment, en clôture de la matinale, où cette subite colère de passionaria sentait quelque peu sa comédie. L'auteure en était Hélène Hazéra, journaliste transgenre qui était il y a encore 30 ans une des plumes les plus acérées de Libé. Passionnée de chanson française, elle s'est recyclée sur FC avec Chanson-Boum, tout en demeurant une militante LGBT à gros biceps. Voinchet en tant qu'asticot avait bien failli prendre sa torgnole, d'autant plus surprenante que l'altercation venait en toute fin de matinale et en rupture avec le ton carrément confraternel de leurs échanges depuis une heure.

Cette voix aussi me disait quelque chose.

Quelle tenue à une antenne nationale !

Quelqu'un a-t-il prévenu les personnes parlant derrière un micro que les paroles ne s'envolent plus depuis bien longtemps ? On a l'impression que non. Ce manque de professionnalisme est affligeant.

Les matins de france culture
ou l'immature de france catin

Je n'écoute plus les matins mais c'est un plaisir de lire vos bien formulées critiques.
Marc a-t-il retiré les affaires de sa bouche qui l'empêchent de terminer convenablement ses phrases ?

Toutes ces familiarité à l'antenne  c'est sans doute pour être au plus proche de l'auditeur, les parleurs sont chez eux et chez vous et puis tout cela vous comprenez c'est de la bonne humeur, le micro miroir étant le macro m'égo.
Ce n'est plus un studio c'est un salon et parfois une chambre à coucher.
Le pompon en ce domaine c'était le passage d'antenne entre M. Cohen et Mme Clack à france inter qui continue de sombrer dans la vulgarité (vers 17h on pourrait nommer les bruits de cette antenne "concentré de rires cons").

L'affaire des jingles sur culture m'a mis dans une colère qui ne passe pas et puisque vous avez nommé Hélène Hazera dans ce fil je dois dire que je la sens bien contre :  elle a déclaré après le passage du bidule ,"il paraît qu'on appelle cela un jingle" et une autre fois elle a averti très poliment l'auditeur "attention c'est l'heure du jingle".N'empêche qu'en étant de sa musicale oreille  CONTRE, elle doit se la farcir la pollution sonore.Et merdre.Cela coûte combien la céation d'une jiclée de jingles dans cette jungle culturelle ?

bon ben .... bonne brouée et bonne voinchée kamème.

JE SUIS HON                                JE SUIS
                 ORE                                       CULTURE    

Voinchet : "Combien de temps allons nous attendre que les circonstances se résolvent". Puis il pose une question "Sommes-nous en guerre?" et aventure un sorte de comparaison entre la situation en France et en Syrie. Est-il vraiment aussi stupide? La réponse est oui. Puis il fait écho à une théorie complotiste selon laquelle le gouvernement syrien aurait piloté les attentats de Paris. Preuves? Aucune. Quand on lui cite un anonyme, favorable au régime Assad, qui aurait été choqué par ces attentats, il ajoute "c'est donc la réaction officielle"  ! Plus loin, comme il a vu un documentaire sur Alep deux jours plus tôt, il parle des "dégâts et demande "Comment faire avec ces dégâts en Syrie?…N'est-ce pas trop tard déjà?" en réponse à une interlocutrice qui parle de l'attente d'une implication diplomatique russe. Je change de station.

Après la chronique de Philippe Meyer et le répondeur de l'Avent, voilà "le dessin de Louison" qui débarque sur la désormais martyre plage 7h55-8h.

Le vendredi pour commencer, mais le créneau paraît à terme irrémédiablement voué à se prendre quotidiennement une pastille avant le journal. C'est le côté conservateur des matins de FC, voire, tradi.

Je ne me souviens plus ce qu'il y avait encore avant, O. Duhamel peut-être ? quoi qu'il en soit, l'horaire s'avère maudit, pour l'auditeur, et pour l'invité qu'on interrompt encore plus tôt sous un prétexte encore plus maigre que les infos.