Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Antoine Arnoux a écrit:Extraite du même entretien, cette phrase-ci met aussi en lumière le mal qui ronge la chaîne radiophonique dirigée par O.P.D.A. :  « Nous avons des chiffres records en terme [sic] d'abonnés twitter ou Facebook, et [resic] sont pour la moitié en dehors de nos frontières - car nous sommes moins géolocalisés [reresic] que d'autres comme France Info. »

Le mal s'étend jusqu'à Irène qu'on croyait immunisée. Hélas, le D'Arvor  comme il se parle contamine tout son entourage. Dans l'introduction au documentaire du  réalisateur de France Culture,  René Jentet, la première "question" au spécialiste (qui hésite dans sa "réponse") est la suivante :  
« Alors René Jentet, parce que là je suis entourée de petits jeunes, en fait, René Jentet, euh, i voyaient pas trop. »

Ce n'est pas qu'ils ne connaissent pas René Jentet, les "petits jeunes", non, « i voient pas trop  ».

Je suis adulte, productrice chevronnée et respectée de France Culture, je m'adresse à un maître de conférence de l'Université de Strasbourg, mais je parle l'adlero-d'arvorien, langue primitive. Misère de cette chaîne !

http://www.franceculture.fr/emission-l-heure-du-documentaire-la-manade-de-rene-jentet-rediffusion-de-l-emission-du-2-octobre-197

Oui, France (in)Culture traite désormais ses auditeurs comme des enfants. Voilà notamment pourquoi cette chaîne exalte incessamment la « pédagogie ». « La culture venait toujours de plus loin que nous-même. Elle était, si l'on veut, un train qu'on ne pouvait que prendre en marche, ou dans quelque gare de fortune, en se servant pour marchepied des dictionnaires, des encyclopédies, des livres de classe, des rencontres heureuses et, dernièrement, des moteurs de recherche du réseau des réseaux. Elle serait plutôt comparable aujourd'hui à un bus de ramassage scolaire qui vient vous prendre à la maison où que vous habitiez, et même si vous ne souhaitez aller nulle part. Rançon de sa sollicitude exquise, le car ne fait que tourner dans le quartier. » France (in)Culture tient évidemment l'auteur de cette remarque pour « affreusement réactionnaire » et ses ouvrages pour « nauséabonds ». France (in)culture, en effet, pratique furieusement ce que Kundera appelle la « misomusie ».

C'est en effet une vision très "provinciale" de la culture (dans le sens d'insulaire, très consciemment, avec un sens aigu des frontières, paradoxe ultime pour un directeur qui se vend comme directeur d'agence de voyages culturels). Je crois que nous entrons dans une ère très dangereuse où le directeur va prescrire ce qui est élitiste et ce qui est "pour tous". Dans ses calculs catégoriels, il est inconcevable qu'un non-initié (université, grandes écoles etc.) puisse se consacrer à des sujets sérieux, adultes, difficiles. Il établit à l'avance que ces sujets sont excluants, car réservés à une faible marge d'auditeurs, et il va donc les censurer. Ce sera une radio qui va pratiquer la censure du bon sentiment. Par gentillesse, par compassion, pour exister dans le paysage audiovisuel, pour ne pas subir les reproches d'être trop "intelligents", on va sabrer. Les magazines de cet été nous on donnent un avant-goût : du Yves Calvi culturel. De l'exploration de lieu commun en hâchant tous les mots de plus de deux syllabes. C'est profondément idéologique, coupé de la réalité : comment une radio culturelle qui s'isole, qui sabre et abêtit ses contenus, qui imite les formats de la télé, qui n'invente plus rien qui soit culturel, peut-elle rester pertinente dans un paysage où tout nous est ouvert grâce à l'internet : podcasts, publications, séries documentaires etc. etc. etc? C'est un véritable suicide stratégique, et c'est une profonde méconnaissance de ces créatures que le directeur veut tant attirer, les auditeurs. Olivier Points d'Audience est une créature d'ambassades, de ministères, de fondations : créer des évènements pour être vus, recruter des noms pour assurer une certaine notoriété, abêtir pour parer aux reproches d'élitisme. Cet homme doit être recasé. C'est une urgence.

En ce sens, France Culture et France Musique sont deux planètes de plus en plus distantes : complainte, ressassement, matérialisme, simplifications, agenda politique d'un côté, et de l'autre : recherche de la beauté (même difficile), réussite, travail (il suffit d'écouter les émissions sur les jeunes musiciens, on n'est pas aux pieds sur terre...), dépassement, curiosité etc.

Antoine Arnoux a écrit:Oui, France (in)Culture traite désormais ses auditeurs comme des enfants. (...) France (in)culture, en effet, pratique furieusement ce que Kundera appelle la « misomusie ».

J'ignorais tout du mot. Grand merci pour la citation de Kundera. Après recherche, je trouve ceci (je mets en gras ce qui s'applique le plus au directeur de FC, la suite s'applique à nombre de commentateurs de FC traitant de  l'actualité culturelle  :

« Ne pas avoir de sens pour l'art, ce n'est pas grave. On peut ne pas lire Proust, ne pas écouter Schubert, et vivre en paix. Mais le misomuse ne vit pas en paix. Il se sent humilié par l'existence d'une chose qui le dépasse et il la hait. Il existe une misomusie populaire comme il y a un antisémitisme populaire. Les régimes fascistes et communistes savaient en profiter quand ils donnaient la chasse à l'art moderne. Mais il y a la misomusie intellectuelle, sophistiquée : elle se venge sur l'art en l'assujettissant à un but situé au-delà de l'esthétique. La doctrine de l'art engagé : l'art comme moyen d'une politique. Les théoriciens pour qui une œuvre d'art n'est qu'un prétexte pour l'exercice d'une méthode (psychanalytique, sémiologique, sociologique, etc.). La misomusie démocratique : le marché en tant que juge suprême de la valeur esthétique. » - Milan Kundera, L'art du roman, collection Folio (No 2702), 1995, p. 168

Note 1 de l'article de Simon Galiero, canadien québécois : http://www.collectionscanada.gc.ca/eppp-archive/100/201/300/hors_champ/2005/05-03/article.php3@id_article=131
Citation d'Alain Finkielkraut au début de l'article et paragraphe percutant sur la culture (on croit trouver une allusion à une émission de France Culture, à confirmer ?). Enfin,  le solide paragraphe sur la morale va sans nul doute ravir l'un ou l'autre des forumeurs ici présents...

C'est magnifique, et en effet tout désigné pour France Culture.

Oui, j'ai vraiment beaucoup apprecié la citation de Kundera. Bien que dans une moindre mesure, j'ai également aimé l'article du canadien Québécois (sic, Québécois était peut-être suffisant?) Simon Galiero. Mais la citation d'Alain Finkelkraut, comme souvent, ne m'a pas convaincu. A la limite, je retrouve chez AF une certaine "misomusie" envers la modernité, pas trés loin du ressentiment.
En tout cas, merci à nos deux érudits, Antoine Arnoux et Philaunet.

Alain Machefert a écrit:(...) j'ai également aimé l'article du canadien Québécois (sic, Québécois était peut-être suffisant?) Simon Galiero.

Rapdement. Oui, je me suis également demandé (pas assez longtemps) si l'on pouvait écrire "Canadien québécois" (au fait, concernant minuscules et majuscules : Un Canadien/il est canadien ; un Québécois/un écrivain québécois).

Un anglophone aurait-il écrit "A French Alsatian" ou "A French Corsican" ? Non, un Alsacien ou un Corse sont nécessairement français (à moins qu'ils aient changé de nationalité). Le Québécois étant de fait canadien, "l'article du Québécois Simon Galiero" était une meilleure solution, comme vous le remarquez pertinemment, quoique écrire en français sur le Québec dans une revue canadienne ne vous fasse pas automatiquement "québécois"... En espérant être plus juste, je vous propose la formule "L'article du Canadien Simon Galiero". What do you think ?

Tout ce coupage de cheveux en quatre (d'autres parleront de mouches...) m'a fait rater Serge Tisseron parlant ici du numérique http://www.franceculture.fr/emission-divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine-divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine-2013-22

Mais voici maintenant venir le frère dominicain (qui n'est pas de La Dominique), Éric Macé, pour la Messe de 10h à l'abbaye bénédictine de Jouarre (belle région). Un créneau "révolutionnaire" et sacrément résistant où l'on parle de temps long, d'attention, de respect, d'apprendre à dire (et même, ce matin, de grammaire, "noms", "pronoms", "adverbes", etc,). On conseille l'écoute de la Messe au Directeur de FC pour apprendre à parler (et incidemment à penser et à se comporter dignement). Évidemment ce n'est pas l'ambiance de la méga-teuf prévue pour les 50 ans de la chaîne... http://www.franceculture.fr/emission-la-messe

Philaunet a écrit:En espérant être plus juste, je vous propose la formule "L'article du Canadien Simon Galiero". What do you think ?

Etant un individualiste "forcené", je choisis toujours la solution la plus proche de l'individu. Ainsi je préfère "du québécois Simon Galiero" beaucoup plus précis que "canadien."
Comme vous êtes plutôt "pointu" dans ces domaines linguistiques, je pensais qu'il y avait peut-être une astuce derrière cette appellation de canadien québécois.
Merci pour l'article.

Alain Machefert a écrit:

Philaunet a écrit:En espérant être plus juste, je vous propose la formule "L'article du Canadien Simon Galiero". What do you think ?

(...) je préfère "du québécois Simon Galiero" beaucoup plus précis que  "canadien."

Merci à vous pour votre remarque. Comme cette question (l'utilisation des adjectifs et des noms de nationalité et d'origine régionale) ne touche pas à France Culture, on ne va pas la développer ici, elle est complexe. Et si l'auteur avait été originaire du Manitoba ou de l'Ontario ? À méditer dans son coin pour les amateurs.

Saurez-vous associer correctement les deux citations à leurs auteurs respectifs, Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture, et Robert Arnaut ?

Citation 1 : « L'avenir de cette maison [Radio France], je le vois différemment de ce que les autres peuvent le voir. On parle beaucoup en quantités d'auditeurs, d'audimat. Je ne pense pas que ce soit ça l'avenir. Je pense que l'avenir d'un service public d'une maison comme la nôtre qui en a les moyens c'est la qualité. Faire de la qualité que les autres ne peuvent pas faire. C'est comme cela que nous allons nous distinguer »

Citation 2 : «J'admire la courbe de croissance de RMC »

Réponse sur le blog d'un passionné de radio : http://radiofanch.blogspot.fr/2013/08/robert-arnaut-universel.html