INTERVIEW. Olivier Poivre d'Arvor : "France Culture ne sera jamais le café du commerce"
http://teleobs.nouvelobs.com/info-radio/20130617.OBS3599/interview-olivier-poivre-d-arvor-france-culture-ne-sera-jamais-le-cafe-du-commerce.html
Quelques petits morceaux (je passe sur les platitudes directoriales d'usage):
" Quand je suis arrivé, je n'ai pas voulu de rupture. Animé par des convictions politiques - démocratisation culturelle, accessibilité de la culture au plus grand nombre -, j'ai toutefois souhaité évoluer vers une radio moins "complexante", une radio plus ouverte, plus souple, plus jeune et plus musicale. J'ai aussi beaucoup insisté sur le direct et demandé aux journalistes et aux producteurs de ne pas se contenter de venir déposer une fois par mois leurs "saintes huiles" en PAD"
Belle conception du métier...
"L'audience est-elle désormais une donnée importante à France Culture ?
C'est un vrai et grand sujet. Certes, nous devons produire de la qualité. Mais nous devons aussi être écoutés. Aujourd'hui, malgré notre 1,048 million d'auditeurs quotidiens, nous restons une radio secondaire. Demain, France Culture doit être une radio première."
L'ambition, ce sont les chiffres. Pas mauvais en soi, mais c'est une obsession qui devient malsaine.
"Etes-vous satisfait des "Matins" de France Culture ?
La tranche 6h30/9 heures est un moment important. J'aime le côté bavard, empathique et chaleureux de Marc Voinchet, sorte de Jean-Jacques Bourdin de la culture, capable de donner son avis même quand on ne l'y invite pas. N'empêche, il reste à inventer. Je cherche notamment un élément d'humour. Ce n'est pas évident. A France Culture, ça ne pourra pas être des vannes, ce sera forcément de l'humour sur la langue et sur les mots. Je passe donc une annonce : France Culture cherche un humoriste."
Ben voilà, nous y sommes. Rarement vu un directeur avec autant de franchise dans sa quête de médiocrité.
"Avec 5,3 millions de téléchargements par mois (chiffres d'avril), c'est la troisième radio la plus podcastée.
Et j'espère qu'un jour, nous occuperons la première place ! Ces chiffres prouvent qu'avec nos petites mains et nos producteurs intellectuels, nous pouvons rivaliser avec une radio qui a Laurent Ruquier et Nicolas Canteloup sur son antenne."
Il a de l'ambition, Raoul... A quand un imitateur à la matinale?
" Pour autant, à mon goût, cette radio est encore trop « ethnocentrée », faite par des Blancs mid career dans mon genre."
Le niveau intellectuel de ce type de réponses laisse sans voix...
"Au printemps 2014, vous lancerez une nouvelle plate-forme numérique, France Culture Monde. De quoi s'agit-il ?
France Culture Monde sera une web radio contributive centrée sur l'actualité internationale. Elle sera faite en partie par des experts francophones capables de produire des chroniques radio et vidéo. Cette radio naît d'un constat : quand il s'agit d'aborder des sujets comme le Mali ou la Syrie, on fait appel aux spécialistes « maison » : Gilles Keppel, Jean-Pierre Filiu... Or, sur ces questions, il existe d'autres experts francophones dans le monde arabe ou l'Afrique subsaharienne qu'on entend trop rarement."
OPA va ensuite conquérir les lunes de Saturne.
Une note d'espoir, cependant :
"Si Jean-Luc Hees est renouvelé à la présidence de Radio France, nous verrons bien s'il souhaite continuer avec moi. Si c'est quelqu'un d'autre, il sera libre de choisir de me faire confiance ou pas. Dans pareil cas, je serai ramené dans mon corps d'origine, le Quai d'Orsay comme ambassadeur."
Il ne perd pas le nord. Mais relativisons :
"Vous voyez-vous longtemps à la tête de France Culture ?
Une radio n'est pas un hors-bord en baie de Cannes. Une radio, c'est un bâtiment noble. Il faut du temps pour la manoeuvrer. Yves Jaigu (de 1974 à 1984), Jean-Marie Borzeix (de 1984 à 1997) ou Laure Adler (de 1999 à 2005) sont restés longtemps."
Quelle belle métaphore. S'il part, c'est qu'il sera débarqué... Ce sera difficile : même le fait d'avoir fait ouvertement campagne pour l'actuel président n'a pas suffit à son limogeage.
"Vous dites vouloir « changer l'image de France Culture ». Est-elle mauvaise ?
France Culture est souvent perçue comme une radio ennuyeuse. Je veux une radio joyeuse. Il faut changer l'image de la chaîne. Bientôt, nous lancerons donc une nouvelle signature : "France Culture, c'est pour vous". Il faut que, demain, le public comprenne qu'on est informé sur France Culture, qu'on est relié au monde. Peut-être plus qu'ailleurs. Est-on relié au monde en écoutant une radio musicale ? Non, on est relié à une playlist largement manipulée par les majors. Est-on relié au monde en écoutant une radio tout-info ? Non, parce que personne n'a besoin d'être en permanence abreuvé informations."
Pas sûr de comprendre un mot de ce qu'il veut dire...
Et pour finir, une petite note de mépris pour les associations d'auditeurs :
"Soyons raisonnables. Nous avons 1,048 million d'auditeurs quotidiens. La plus importante association d'auditeurs compte 118 membres. Ils sont comme les supporters d'un club de foot, comme des ultras. Il y a ceux qui veulent la démission du président, ceux qui disent "c'était mieux avant". Une fois par an, je les rencontre. C'est un exercice intéressant. J'écoute."
C'est ça, le service public à la française. La BBC dit à ses auditeurs : "nous attendons vos remarques, n'hésitez pas à nous en faire part." FC les met en garde et leur demande de ne pas déranger son directeur dans son vaste projet anti-culturel.
C'est une catastrophe, cet homme-là, la démagogie anti-culturelle faite homme. Il n'y a pas une ambassade sur Bételgeuse ou Proxima Centauri?