Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

En même temps, les ondes radiophoniques, qu'elles soient privées ou publiques, ne sont-elles pas en voie de "RAIsation"? Je fais référence ici au partage en appartements politiques de la radio-télévision italienne dans les années 1970, avec une chaîne pour la Démocratie Chrétienne, une chaîne pour le PCI, une chaîne pour le centre-gauche laïque, etc. (on pourrait aussi évoquer le modèle néerlandais où la représentation des sensibilités politiques et religieuses, héritage de la pillarisation, est consubstantielle au modèle même de l'audiovisuel public batave).

Car où que l'oreille se porte, il me semble que ce n'est guère l'objectivité et le balancement du traitement journalistique de l'actualité qui domine. je mets à part, évidemment, les stations dont le parti-pris idéologique est assumé, telle Radio Libertaire ou Radio Courtoisie. On me dira que le style des radios périphériques privées importe moins car, n'étant pas un bien public, elles ne sauraient être astreintes au respect de l'ensemble des sensibilités qui traversent son auditorat, qui n'est pas sa source directe de financement. Certes. Mais un quart d'heure d'écoute de RTL, par exemple (ma radio d'enfance...on ne devrait jamais confronter son enfance au présent) donne l'impression d'un pays assiégé par l'Anti-France, Anti-France qui, curieusement, correspond exactement aux contours des catégories dont FC et, plus largement, Radio France seraient les défenseurs et les propagandistes infatigables. Une exception qu'il me coûte de relever au regard du populisme épais et de la médiocrité revendicative de cette station : RMC : pas d'objectivité, mais toutes les opinions, même les plus grotesques, y ont droit de cité.

Dans le cas de FC, il me semble malgré tout que, chez un auditorat, disons, modéré, ou conservateur, la ligne de la station est contestable car elle repose sur cette prémisse que l'intelligence est à gauche. Cette prémisse entre en résonance avec une thèse fondamentale exprimée sur ce forum, à savoir que FC ne serait plus une radio culturelle, en vertu de quoi le gauchissement des informations serait symétrique de l'"hilotisation" des productions.

A dire vrai, mais c'est un débat trop important pour ne pas faire l'objet d'une longue réflexion, je me demande si FC, dans sa version actuelle, n'est pas, plus, le siège d'une nouvelle forme d'une radio culturelle qui peine à advenir que le signe d'une décadence d'une forme ancienne de la radiophonie à vocation culturelle qui n'a peut-être plus la même pertinence, en tous cas dans sa forme. Un jour, peut-être, j'exposerai mes idées sur ce sujet, lorsqu'elles seront moins confuses dans mon esprit et dépasseront le stade de la sensation.

Yann Sancatorze a écrit:C'est certain, la rédaction de FC n'a pas attendu ce directeur pour transgresser toutes les règles du métier. On peut penser, en revanche, par jeu de sympathies politiques mutuelles, que celui-ci ne fait absolument rien pour cadrer ses troupes, et que les réflexes de journalisme engagé jadis tolérés sont à présents encouragés et démultipliés. Quand on veut se faire aimer à ce point pour tous, et que l'on partage les mêmes idées politiques, les cartes blanches ainsi distribuées mènent au pire... Dans ce cas, on pourrait lire le communiqué du SNJ comme ceci : "Nous bidonnons l'information quotidiennement, mais avec une certaine habileté. En revanche, OPA et sa tribune pro-Hollande risquent de faire chavirer la barque."

Quel dommage que l'équipe des "Matins" ne se livre pas à un décryptage (!) des magouilles d'Olivier Povre d'Arvor ... Hervé Gardette pourrait aussi y consacrer un numéro du "Grain à moudre" : "La résistible ascension d'Olivier Poivre d'Arvor, nouveau Citizen Kane ou Machiavel du pauvre ?".

Ces appels du pied d'Olivier Poivre d'Arvor au PS sont navrants. D'autant que ce parti ne l'aura pas attendu pour avoir d'autres prétendants et conseillers aux postes liés à la culture.

Nous savons que Laure Adler ou David Kessler sont eux-mêmes proches du PS. Et même affiliés au PS. La tonalité politique de la radio n'est donc plus à démontrer. Néanmoins, ces deux personnes ne se sont jamais crues autorisées à se livrer à cette esbrouffe médiatique, au service de leurs ambitions, de façon aussi caricaturale.

Enfin ! A partir du moment où la fonction de directeur de France Culture est devenue une espèce de hochet qui passe de mains en mains, sa qualité n'a cessé de se dégrader faute de vision d'ensemble.

Je n'essaie même pas de résister à poster ceci, tant j'avais rigolé à sa publication (le meilleur est vers la fin, quand tout est dit mais il faut ré-pé-ter quand même). Notons la technique de montage qui n'est pas éloignée de petits spots de pub du service com' de FC :

Welle, tu m'as grillé de peu avec cette image.... J'allais relier OPA et Laure Adler qui partagent plus d'un vice radiophonique.

A la fin de post de Mitsouko, j'allais répondre qu'il y a hélas une vision d'ensemble à FC, et qu'elle est tout sauf culturelle. Mais peut-être était-ce bien là le sens de sa conclusion. Cette vision d'ensemble est celle de la logique militante. Et son cortège de sujets et de problématiques marqués par un façadisme saucial est celui du paradigme idéologique de FC : misérabilisme, catastrophisme, tiers-mondisme, éconophobie, moraline, culpabiline, auto-flagellation. Exactement ce qui a recouvert France Culture entre 1999 et 2005.

Malgré la différence entre les deux personnages que sont OPA et Laura Delair, le seul moment où la coloration d'ensemble avait été aussi médiocre sur FC, et l'esprit général aussi campiste avec des infos tissées de manipes et des programmes lourdement orientés, ce fut sous la direction de Laure Adler. Que deux personnalités aussi éloignées aient réussi à promouvoir la même caricature de radio, franchement ça m'afflige.

Or cette radio de désinformation surfait sur la vague qui a porté la France jusqu'au fameux scrutin d'avril 2002. Cette parodie que nous livre Poivre 10 ans après Laure Adler n'est pas seulement contre-productive pour la gauche (en fait je m'en fous mais ça serait bien que les plus bornés des militants ouvrent un peu les yeux), elle est aussi néfaste pour le fonctionnement de la démocratie, qui demande une certaine honnêteté intellectuelle et idéologique : quand le service public manipule à mort et intoxique à fond, le retour de bâton n'est pas loin et ce sont les institutions qui morflent : en 2002 sous l'effet conjugué des manipes médiatiques qui ont radicalisé les positions, et d'un vice caché dans le mécanisme du scrutin, le 2e tour a reconduit au pouvoir quelqu'un dont le pays ne voulait pas. Et ainsi que Mitterrand l'avait prédit, le bilan Chirac restera un des plus ridicules de toute la Veme. Alors maintenant, qu'est-ce qui nous attend ?

En ce qui me concerne, j'attends que Poivre soit lourdé et qu'on le remplace par quelqu'un d'encore pire....

Yann 114, vous avez réellement "rigolé" en entendant et voyant ça ? Vraiment ? Je ne vous crois pas. Convoquer tous les synonymes d' "affligeant" et de "consternant" ne serait pas suffisant pour exprimer le sentiment qui naît devant les paroles emberlificotées proférées dans ce clip et au souvenir de son passage à la direction de France Culture. Tout est là, tout. Mais sans doute les lecteurs de ce forum qui n'ont pas connu France Culture à partir de 1999, sous sa "direction", ne peuvent pas comprendre de quoi l'on parle. Et l'expliquer, c'est se faire mal. Il y a des désastres dont on ne veut plus parler. Ceux qui voudraient savoir seront sans doute dirigés par des connaisseurs de ce forum vers des articles et des contributions de l'époque évoquant le sort de France Culture confiée à cette équipe. Quant à cette personne, elle émarge encore à la station, près de quinze ans plus tard, pour une émission quotidienne... Parler d'elle, c'est encore la faire exister. L'ignorer est aussi un acte.

Navré, Philaunet, de vous avoir infligé cela sans avertissement, j'aurais dû placer un caveat videor. Je ne suis pas très vieux mais j'ai déjà quelques années d'écoute critique de FC derrière moi, et la phase de l'affliction adlérienne est déjà loin derrière moi. Il faut compter 7 phases en tout lorsqu'il s'agit de Laura Delair :

1) choc initial et dénégation

2) douleur

3) colère et quête d'explications

4) dépression, introversion, solitude

5) resaisissement

6) recomposition de soi

7) haussements d'épaules et hilarité occasionnelle



Avec Nessie, et quelques autres vieux routards, nous pouvons au moins la remercier pour quelques séances de rigolade (prédire ses faux mouvements d'émotion intense, deviner à l'avance le champ de vocabulaire adolescent qu'elle utilisera etc.). Elle afflige, elle atterre, mais elle est toujours là, et on se dit qu'il y a des gens qui prennent cette vidéo au sérieux et trouvent ses propos d'une grande profondeur, alors qu'on n'y voit que stupeur et brouillard. A la fac, j'ai eu une prof de linguistique qui, de notoriété publique, devait sa thèse entièrement à son linguiste de mari, qui annulait ses cours parce qu'elle avait oublié ses lunettes, qui nous racontait ses péripéties d'étudiante et congédiait tout le monde une demi-heure avant la fin du cours magistral. Elle était en poste depuis 15 ans, ne savait pas faire marcher un rétroprojecteur, balançait les sujets d'examens deux semaines avant de plancher.. On devinait, en voyant les profs de TD et les chargés de cours de sa matière, écroulés de fatigue et silencieusement affligés, qu'il n'était pas facile de compenser un tel niveau d'incompétence légitimée par l'institution. C'est donc possible...
J'ai surtout ri à l'époque de cette vidéo car on croirait qu'elle joue toute seule un numéro des Deschiens, et que leur rusticité trouve un équivalent branché et parisien.

Beaucoup apprécié vos sept points et votre humour, Yann 114, j'admire votre maturité. Je crois pour ma part en être resté à la phase 3. Car ce n'est pas tant la personne de l'ancienne directrice que ce qu'est devenu France Culture de son fait qui rend difficiles le ressaisissement et le haussement d'épaules.

C'est sous sa direction que cette chaîne a été louée à des amis ou des gens des médias pour s'en faire des alliés. Quand Télérama, le Monde, Les Inrocks sont entrés à la chaîne par leurs collaborateurs respectifs, il ne fallait pas s'attendre à une quelconque analyse de la qualité des programmes dans les colonnes de ces journaux, sinon dans le sens du poil. Et c'est ce qu'on a eu.

C'est aussi sous sa direction que la chaîne a été morcelée en créneaux de plus en plus courts, en annonces de toutes sortes, en chroniques et émissions prêchi-prêcha. Cela a-t-il changé depuis qu'elle a quitté la direction ? Non, sauf aménagements et efforts de producteurs individuels, mais l'ambiance reste la même.

Hier, madame L.A.,dans sa quotidienne, (manque-t-on à ce point d'hommes et de femmes de radio de qualité pour l'employer six fois par semaine ?) recevait un documentariste à qui on n'a pas envie de faire de publicité. On n'a pas entendu toute l'émission (faudrait être masochiste), car on l'a prise au hasard, mais en trois minutes on a compris qu'il fallait pleurer sur le sort de pauvres gens renvoyés dans leurs pays, L.A. en rajoutant une couche dans la compassion. Tous les néologismes décrivant l'état d'esprit que Nessie prête à cette chaîne s'appliquent à ces trois minutes d'émission. Pour en savoir plus sur le documentariste invité, on a cliqué sur un lien. Celui-ci :
http://archives.tdg.ch/nouvelle-salve-contre-vol-special-fernand-melgar-2011-10-02
On en pense ce qu'on veut.

Ce matin, OPA est venu faire son tour habituel aux Matins car les chiffres d'audience sont sortis. Dans cet ère post-déontologique, il est donc fréquent de voir le directeur débarquer pour chaque sondage d'audience et féliciter tout ce qu'il voit : les équipes, lui-même, les auditeurs, l'ensemble de la faune, de la flore, la croute terreste, la magnétosphère. Il adore ça. Il veut montrer qu'il peut être autre chose qu'un directeur de station, car il obtient des résultats. Mais que peut-il bien souhaiter aussi ardemment, à venir aussi souvent nous dire à quel point il est merveilleux? Cela a-t-il un rapport avec ce qui se passe dimanche?
Son passage aux Matins avait tout d'une caricature, comme si la mode des imitateurs de matinales avait gagné FC. Il se félicite du fait que la station fasse concurrence (bien maigre) aux médias politiques qui couvrent la campagne, il enfonce le clou sur les déplacements, l'actualité, les samedis pleins de vide. On l'aura compris, c'est son bilan qu'il défend avant tout, sans du tout mentionner ce qui marche à France Culture mais dont il n'est pas responsable. C'est donc du cynisme dans la variété la plus injurieuse pour les auditeurs. J'en reste assez stupéfait...

Yann Sancatorze a écrit:Ce matin, OPA est venu faire son tour habituel aux Matins car les chiffres d'audience sont sortis. Dans cet ère post-déontologique, il est donc fréquent de voir le directeur débarquer pour chaque sondage d'audience et féliciter tout ce qu'il voit : les équipes, lui-même, les auditeurs, l'ensemble de la faune, de la flore, la croute terreste, la magnétosphère. Il adore ça. Il veut montrer qu'il peut être autre chose qu'un directeur de station, car il obtient des résultats. Mais que peut-il bien souhaiter aussi ardemment, à venir aussi souvent nous dire à quel point il est merveilleux? Cela a-t-il un rapport avec ce qui se passe dimanche?
Son passage aux Matins avait tout d'une caricature, comme si la mode des imitateurs de matinales avait gagné FC. Il se félicite du fait que la station fasse concurrence (bien maigre) aux médias politiques qui couvrent la campagne, il enfonce le clou sur les déplacements, l'actualité, les samedis pleins de vide. On l'aura compris, c'est son bilan qu'il défend avant tout, sans du tout mentionner ce qui marche à France Culture mais dont il n'est pas responsable. C'est donc du cynisme dans la variété la plus injurieuse pour les auditeurs. J'en reste assez stupéfait...

France Culture se portera sans doute mieux le jour où sa direction sera confiée à des personnes réellement intéressées par la culture, la création radiophonique et non pas à des courtisans de passage, préoccupés par leur carrière et sans souci ou volonté de pérennité pour leur radio.

Petite intervention du Directeur ce matin dans le créneau Touffeux Tout Phlegme de la matinale, avec plusieurs annonces :

- la tranche 17h-19h suscite convoitises, car "ça se réchauffe à ce moment-là". Il s'agira donc de rebaptiser ce créneau "le 5 à 7", ou comme dit Voinchet, qui décidément se prend de plus en plus pour l'élève Chaprot de Gotlib, "Clio de 5 à 7" (sans doute un service de location de voitures, mais il corrigera l'erreur après). L'idée est de conserver les Docks et le Grain à Moudre, mais....... de pouvoir annexer la programmation par de l'évènementiel d'actualité : élections quelque part, manifestations ailleurs, bouleversifications géosocioculturelles ici ou là. Bref, donner aux journalistes encore plus de terrain pour pouvoir prolonger cette vision directoriale de l'évènement d'actualité relaté immédiatement sur place, par à coups évènementiels (façon "24h à "). Le message est le même : les émissions individuelles ne valent pas assez, en elles-mêmes, et peuvent être déprogrammées pour des opérations extérieures de visibilité. Il ne s'agit pas de diversifier, mais de grignoter avec du même : du Cultures Monde, de la Ville Monde et du "24h à" (moins de l'exploration culturelle que de l'interview confuse de parties prenantes) à volonté... Chouette. Belle vision de la radio.
- Caroline Fourest remplace Laure Adler dans sa chronique matinale. On a soin de préciser (et c'est révélateur) que c'est LA elle-même qui choisit de quitter sa chronique, elle n'en est pas débarquée).
- Il y aura une "grosse annonce" à la fin du mois, mais il ne peut pas en dire plus pour le moment
- Et en parfait VRP : FC est la première radio du groupe RF (ah bon? Eh non, c'est en podcast, seulement, c'est Voinchet qui le précise, pas le directeur). Et en tête des podcasts? Les Nouveaux Chemins. Mais à aucun moment, OPA ne se dit "aaaaah bon, une émission de contenu culturel cartonne? Il faut se lancer dans cette voix". Non, la seule conclusion possible, c'est celle du VRP : "extraordinaire, formidable, bravo, bravo, mon projet directorial est une réussite". Il lui faudrait une voiture Radiofrance avec quatre mégaphones sur le toit, un GPS, et une liste de villes et villages à sillonner, il ferait moins de dégâts que dans le bureau directorial, où son projet semble simplement consister à nier la valeur des émissions culturelles, importer du "partout ailleurs", et jouer sur l'évènement. Il serait intéressant de savoir qui le conseille et comment. Est-ce que la création et la multiplication des évènements d'actu répond à la même logique de marketing culturel qui pousse les musées à charger leurs agendas d'évènements et ainsi donner des à-coups à leur fréquentation? C'est la logique que semble suivre OPA : pas de réflexion de contenus (faire du "monde" avec un vernis culturel), et communiquer, communiquer, communiquer. Bref, encore un directeur sans inspiration.

"Clio de cinq à sept", service de location de voiture, très amusant, Yann !

Pour le reste, il aurait été à mon sens préférable de rallonger le temps d'antenne du "Grain à moudre" qui livre souvent de bons numéros et qui en aurait livré de meilleurs encore avec davantage de temps.

Hélas ...