Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

C'était une émission pénible à écouter.  Askolovitch débat un peu à la manière d'Edwy Plenel, c 'est usant. Mais il m' a semblé aussi qu'Elisabeth Chemla n'avait pas grand chose d'intéressant à dire sur le sujet.

Pénible est le mot. Apparemment les deux invités étaient là pour vider une querelle. Mais c'était seulement le Nième épisode de leur désaccord. J'en garde le sentiment de n'avoir rien appris, une fois de plus.

Mais j'ai surtout entendu un culot rhétorique : je croyais avoir conservé un bon souvenir d'Askolovitch lors des samedis matins dans "Le premier pouvoir" (qui était bien meilleur que "Le secret des sources" sur le même sujet). Je vais ressortir quelques vieilles cassettes conservées de cette émission, car ce que j'ai entendu hier de sa part est plutôt décourageant. C'est un culot dont l'inventaire ne serait pas inutile, dans une vaste étude de l'esprit militant-polémiqueur. Il se prévaut de la règle de non-interruption pour se protéger, mais la transgresse quand ça l'arrange. Et puis de façon générale, son style rhétorique est assez semblable à celui de Thierry Pech : presque toutes ses paroles contenaient un biais implicite, soit les siens, qui sont son véritable message ; soit des biais inventés qu'il attribuait à Chemla ou Finkielkraut, quand il reformulait leurs arguments, en les distordant dans le sens qui l'arrangeait.

A part ça, j'ai trouvé Finkielkraut assez différent de la note habituelle : plutôt porté sur l'amusement que sur la prise de chou. A plusieurs reprises, il donnait l'impression de s'amuser franchement.

Oui, à part quelques petites exceptions (Les nazis et l'Opéra), Alain Finkielkraut est un bien meilleur "animateur" depuis plusieurs mois. Donc il il devrait se pencher plus maintenant sur la qualité des participants, qui auraient plus de hauteur de vue ou, pour le moins, un meilleur sens du dialogue.

"Mais j'ai surtout entendu un culot rhétorique" écrit Nessie à propos de Claude Askolovitch.

Je ne savais pas qui était Claude Askolovitch. Il est vrai que le terme de culot rhétorique lui sied parfaitement. Certes, c'est un journaliste et pas un chercheur. Néanmoins, la façon répétitive dont il se sert de l'affectif, de l'émotion afin de défendre son point de vue ou ses partis pris laisse assez pantois. Du coup, son "enquête" se trouve ramenée au plus petit dénominateur commun, sa petite expérience des musulmans, car il les a rencontrés, lui, madame, et ils étaient bien sympas !
A ce titre, cet assemblage d'anecdotes, la plus significative et la plus amusante aussi fut celle de sa nounou. Figurez-vous que cette femme est une musulmane très pratiquante. Au point qu'en guise de sonnerie, son mobile fait "Allah Akbar" afin de lui rappeler l'heure de la prière. Askolovitch de commenter :"Rasssurez-vous, mon bébé va très bien !"
Culot rhétorique et malhonnêteté intellectuelle. Il est difficile de discuter avec une personne qui se drape dans le primat de l'émotion qui aura face à la réflexion, d'une supériorité du "vécu", du "vrai".

Par ailleurs, il était étonnant et décevant que la question religieuse (épineuse en France et pas uniquement à cause des musulmans) n'ait à aucun moment été contextualisée.

Je vous trouve bien indulgents avec le seul responsable de ce fiasco: le producteur, Alain Finkelkraut. Les invités ont été fidèles à eux-mêmes, sans surprises. Ne croyez-pas qu'ils aient fait une mauvaise performance, comme aurait dit Askolovitch pour un mauvais match du PSG. Il ne fallait pas les inviter sur un sujet pareil.
Mais bon, si Finkielkraut s'est bien amusé.....

Il revient sur cette émission dans l'Esprit d'Escalier, son rendez-vous hebdomadaire sur RCJ avec Elisabeth Levy :
http://radiorcj.info/diffusions/lesprit-descalier-28/
Si vous écoutez jusqu'au bout, vous apprendrez quelle personnalité lui "donne une envie de coup de boule"! (c'est au sujet d'une récupération qu'il n'accepte pas).

Exemple à suivre ?
http://www.lefigaro.fr/football/2013/10/04/02003-20131004ARTSPO00569-le-coup-de-tete-de-zidane-trone-a-doha.php

Dans Répliques ce matin, un festival de culpabilisation : "les sociétés occidentales sont fondées sur un crime commis en commun". Le but de l'écrivain auteur de cette fulminante formule : donner la parole aux sacrifiés, ou bien aux exclus, car il semble que les deux choses se mélangent dans l'esprit de Yannick Haenel, qui par ailleurs n'est pas un exalté ni un excité, mais parle froidement ce qui le rend d'autant plus délirant à mon oreille.

Qu'on se rassure : c'est de la littérature. L'objectif déclaré de l'écrivain est d'utiliser la littérature pour poser des questions. Ah bon alors c'est quand même bien comme ça qu'il voit le monde ? Oui. Vision unilatérale. Celle du confort moral qui se déguise en effort moral. Et en même temps, incroyable envahissement de la littérature par les sottises de l'idéologie la plus simplette, la plus lourdement affublée des émotions primaires. Primaires vraiment ? Mais non, ce sont des émotions secondes, ce qui est tout de même plus raffiné. Il faut les construire et ça n'est pas gratuit. Mais on peut se demander si tant d'effort pour un résultat aussi médiocre, ça n'est pas finalement un gaspillage d'énergie et de matière (grise, enfin disons gris pâle).

Après Askolovitch, avec Haenel Finkielkraut nous fait là un beau doublé.

./...

Alain Machefert a écrit:Je vous trouve bien indulgents avec le seul responsable de ce fiasco: le producteur, Alain Finkelkraut. Les invités ont été fidèles à eux-mêmes, sans surprises. Ne croyez-pas qu'ils aient fait une mauvaise performance, comme aurait dit Askolovitch pour un mauvais match du PSG. Il ne fallait pas les inviter sur un sujet pareil.
Mais bon, si Finkielkraut s'est bien amusé.....

Du coup, après un tel doublé, je me demande si Finkielkraut nous fait une bonne radio, et une radio culturelle, en invitant des essayistes et des auteurs aussi nettement en accord avec le paradigme idéologique de la maison. Certes c'est pour leur porter la contradiction, mais est-ce une bonne raison ? Ou plutôt, indépendamment du fait qu'on leur donne encore plus la parole ce qui ne me dérange guère, c'est autant qu'on ne donnera pas à des sujets qui seraient à la fois culturels, moins convenus, moins infusés des lourds débats de notre époque, car en fin de compte ce matin comme samedi dernier, le thème était une super-scie des polémiques rebattues dans notre présent.

En fait, Finkielkraut fait souvent ce que FC adore faire, du décryptage. Mais, comme il est malin, il l'a fait aujourd'hui sous couvert de littérature, ce qui lui donne l'alibi de faire de la Culture. Je crois qu'il ne peut pas s'en passer, de ces débats sur des faits de société, toujours les mêmes sur FC, comme le remarque Nessie.
Restant dans ses obsessions un débat sur Israel devrait être en préparation. Avec le retour d'Henry Faye pour l'occasion, peut-être?

Entendu ce matin de l' ineffable Finkielkraut :  " Lou Reed c'est pas de la musique , c'est de la variété.."

Ce qu'il y a de rassurant , de confortable même, avec cet animateur c'est que l'on sait à l'avance comment vont tourner ses pseudos débats.. pseudos parce que à la fin c'est toujours lui qui donne le La. Ses invités sont là pour servir de caution à son mantra.

L’éternel discours Finkelkrautien  :  tout fout le camp ma bonne dame..la France se délite.. son identité disparait..et la musique c'est plus ce que c’était...

Comme disait l'autre, je parie ma montre contre un demi verre d'eau que dans 50 ans on étudiera l’œuvre de Lou Reed dans les universités et qu'a part dans de vieux programme tv retrouvé chez des brocanteurs, le nom de Finkelkraut n’éveillera plus grand chose.