Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

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En tous cas, quand une émission commence par un tel faisceau de preuves d'amateurisme moi ça me donne envie de couper illico. Mais enfin je tiens bon, parce que je sais que cette semaine l'invité c'est Philippe Pignarre qui, tout militant qu'il soit avec ses gros godillots, est généralement très bien informé et qu'il a des trucs intéressants à dire, et tant pis s'il les arrose avec une véhémence quelque peu hystérique. Ca c'est pas grave : l'auditeur qui connait Pignarre sait qu'il suffit de retirer la couche d'outrance c'est un peu comme la couche de saindoux en haut du pot de rillettes.

Le problème en attendant l'invité, c'est que l'intro de Quénéhen continue, et qu'elle ne sera pas seulement journalistiquement bête, en plus elle est toujours aussi bète dans sa façon de chercher l'effet, avec des pseudo-trouvailles qui feraient casser la copie en école de journalisme. D'habitude il joue plutôt de la périphrase prétentieuse et des images lourdingues, mais cette semaine en plus il a opté pour le style négligé-branchouille-qui-se-voudrait-nerveux. Dans tous les cas, ça montre que Quénéhen a du apprendre à lire l'info dans Libé au début des 80's. Alors les conneries s'enchaînent : on apprend que "Médiator" rime avec "tête de mooort", que c'est une "amphète" a-no-rex-i-gène (et vlan 5 syllabes c'est trop pour lui du coup sur ce mot-là Martin se ramasse, comme Ali Baddou et Frédéric Martel, mais c'est pas pour ça qu'il a raccourci "amphétamine" : "amphète" c'est plusse branché). On apprend aussi de ladite "amphète" qu'elle a un nom de groupe de hard-rock, ah bon et ça apporte quoi à l'info, cette comparaison ? Mais sachez donc brave con d'auditeur, que l'info est secondaire pour qui veut faire genre. Et comme Quénéhen veut faire genre il enfile les lieux communs et les images idiotes : on apprend que "le rapport se lit comme un polar", que le médiator va être passé au "stéthoscope que dis-je à l'IRM" dit Martin qui a appris dans un atelier d'écriture comme on fait pour filer la métaphore alors il abuse du procédé comme abusent tous les mauvais écriveurs. Et parce que c'est en plus un de ces dialogues lourdauds comme la chaine nous en saoule depuis la rentrée, Martin est relayé par Agnès"395e-clope-sans-dormir"Chauveau qui continue dans le même style. Nos deux clowns journalistiques accumulent leurs clichés de mauvaise littérature au service de quoi ? Au service d'un sensationnalisme bas-de-gamme, toujours en forçant bien le jugement à gros traits et sur les airs archi-usés de "A qui la faute ?" et "A qui profite le khrïme". Bref, les vices journalistiques de France Culture se trouvent condensés dans l'intro de ces Retours du dimanche.

Quénéhen se gave de mots pour faire de l'effet, mais il ferait mieux de se relire et peut-être d'ouvrir son dictionnaire. Il n'y a pas que ses effets, clichés, et images superflues ("éclabousse", "brûlant rapport", "vieux patriarche milliardaire", "mission régalienne", "filière malade" je fais pas la liste mais en écoutant vous en trouvez souvent plusieurs dans une seule phrase) il y a aussi, et carrément, de la faute de rédaction. Je donne un exemple : il nous est dit que l'IGAS aurait fait le "portrait-robot" du médicament dangereux.
Question : et en quoi est-ce un portrait-robot ?
Réponse : ça n'en est pas un.
Tout au plus ça aurait pu être un portrait, même si le mot "tableau" suffisait. Eventuellement un "réquisitoire" pour qui tient absolument à faire image, au moins celle là n'était pas excessive. Mais voila : "portrait-robot" ça charge, et puis ça nous rapproche du polar. Pas de pot pour Quénéhen : son image met complètement à côté, car on ne fait le portrait-robot que des coupables qu'on cherche et pas de ceux qu'on a attrapés. Et puis le coupable c'est pas le Mediator, c'est Servier (toute l'émission est faire pour le dire). Bon, je n'insiste pas mais rien que sur cette connerie-là, il y a encore à dire.

Or des conneries comme celles-là, chaque semaine Quénéhen nous en sert quelques unes, et toujours avec ce ton archi-satisfait de celui qui se la joue. Agnès Chauveau conclut leur numéro prétentieux en annonçant le "truculent" journal sonore qui fait le pont avant d'accueillir l'invité. Oui, un "truculent" journal sonore. L'auditeur se demande en quoi il est "truculent". Réponse : il n'est pas truculent, il est outré. Truculent est une autre faute de vocabulaire, un mot mal choisi pour justifier les extraits de Damia qui soulignent d'un humour mal venu les drames humains qu'on exploite à fond en 1' de ce Journal sonore : des drames dont on fera une série de gags qui non seulement méritent décorticage, mais surtout sont à la limite de la faute professionnelle. Je vous conseille d'écouter, car ça vaut le coup de voir comment chez Quénéhen et Chauveau on se fend la poire en exploitant quelques morts.

Faut-il épingler toutes les lourdeurs de ces intros ? Entre le bétisier et la collection de fautes de goûts, rien que de commencer l'inventaire déjà c'est épuisant et puis ça serait même un rien sadique de décortiquer le tout. Mais surtout c'est franchement une épreuve, que d'écouter attentivement un tel bric-à-brac de journalisme débutant, où l'on trouve tout ce qu'il ne faut pas faire dans ce métier mais que les parvenus de FC se permettent à chaque heure sur la fréquence. Je dis bien à chaque heure, car l'intro lourdingue de Martin & Agnès ne fait qu'illustrer une médiocrité maison dont ils n'ont pas l'exclusivité.

Par chance on peut y échapper grâce à un bon logiciel pour la réécoute, qui permet de faire des sauts de 15 secondes chaque fois qu'on entend la voix de ces 2 plaies de radio. Comme ça on entend l'invité et pas trop les producteurs. N'empêche : ils m'ont tellement saturé dimanche, qu'il m'a fallu 4 jours pour retrouver le courage de dépiauter l'émission à la recherche de Philippe Pignarre, qu'il faudra encore dégraisser de ses lourdeurs à lui. Lourdeurs qui sont d'ailleurs bien en phase avec le terreau idéologique de cette émission intoxiquée, et donc bien en phase avec les options idéologiques de cette radio. D'ailleurs il n'y a pas que les options idéologiques, avec le jugement forcé et les conditionnels insinuants ; on retrouve les autres options de l'info made in FC : le sensationnel, la culpabilisation, et le fin du fin qu'est cette façon de conjuguer l'alarmisme médical avec la diabolisation du système dont on se fait chaque jour le propagandiste en vendant de l'épidémie au bon con d'auditeur. Mais ça c'est un autre sujet : l'incohérence de la rédaction de FC (attention : sujet épais !).

Ca n'est pas une coincidence, c'est un signe de plus : en ce même début d'après-midi, un schème unique sert d'argument à La Rumeur du Monde puis au Bien Commun : et c'est encore et toujours le schème de la soupçonnite

- Dans la Rumeur du monde (12h45) : les Tea-Parties sont-ils responsables de la fusillade de Tucson ?
Le seul fait de poser la question est déjà obscène
Pendant un temps, Jean-Marie Colombani feint de dégonfler l'outre qu'il a lui même gonflée. Mais toute l'émission sera l'occasion d'activer les éternels clichés contre la sauvagerie de l'américain droitier.

Et juste à la suite (13h30) :
- Le sujet du Bien commun, c'est "la SNCF est-elle complice du génocide ?" Et allez-donc ! L'invité tartine, tartine, il vient balancer des arguties du débat dont on n'a que faire : le transport des juifs avait-il fait l'objet d'un contrat commercial, donc de droit commun ? Et l'invité se fait mousser avec sa propre discussion de ces délibérations. Mais lui dit le bien. Et il en jubile, écoutez-le !! Il pérore. Il écoeure. Pitié, il nous saoule !

Alors il n'y a pas que la soupçonnite elle-même : la mise en série de l'événement avec toujours les mêmes schèmes, ça porte un nom : de l'actualité à oeillères.
C'est déjà aveuglant dans tout ce que fait la rédaction de FC
Ca l'est tout autant dans les magazines de société.
C'est affligeant...
Je coupe !

Ce que je trouve terrible, concernant surtout la Rumeur du Monde, c'est que lorsqu'on connait un peu le sujet, pour avoir lu la presse étrangère, on peut relever quasi un raccourci idéologique par phrase (et les noms propres sont tous écorchés, signe d'une certaine désinvolture dans la démarche de connaissance du sujet). Si on peut observer de façon évidente une telle paresse journalistique pour un sujet que l'on connait personnellement, alors comment peut-on leur faire confiance lorsqu'ils traitent un sujet qu'on ne maîtrise pas? Je ne suis ni politologue, ni producteur à France Culture, ni responsable de presse, mais grâce à quelques lectures de presse étrangère, j'ai l'impression d'en savoir plus qu'eux. C'est vraiment triste.

Voici quelque chose qu'on entend rarement sur Radio-Sermon : un invité qui contredit le producteur après que ce dernier ait, une fois de plus désigné des coupables (puisque c'est le jeu favori à Radio-sermon).

C'était dans "Avec ou sans rendez-vous". Le sujet : L'usage des médicaments.

A ce moment de l'émission (vers la 50e minute), Olivier Lyon-Caen et son invité Jean François Bergman parlent de la surconsommation de médicaments en France. Et ça se fait sur un ton qui va dévier de la doxa déjà colportée sur FC par le révérend Pignarre il y a 10 jours chez Quénéhen, comme on l'a signalé 3 contribs plus haut dans ce fil. Pourtant Olivier Lyon-Caen a lui aussi décidé de culpabiliser les médecins prescripteurs (à croire qu'il y a un courant de culpabiline en ce sens) mais Bergman préfère mentionner une variable très Durkheimienne (monde protestant/monde catholique). Juste après, on entend ce qui suit : je vous recopie un extrait de la conversation, qui se termine de façon tout à fait inédite pour du dialogue made in FC, par un effort de compréhension et par un recul de la sermonnite à moraline. C'est tellement rare sur cette chaine (j'y reviens en fin de post) que ça mérite d'être écouté lu et relu.

<< JFB - Nous [il veut dire "En France"]on est des grands consommateurs et dès qu'on s'attache à cette question on a l'impression qu'il y a des anticorps qui se lèvent "Ah mais moi je cotise, moi j'y ai droit [...]"
OLC - Mais moi mon sentiment c'est que c'est pas les patients qui sont dans cette situation d'être demandeurs, c'est le médecin qui s'arroge le droit d'aller toujours au-delà de.
- C'est vrai mais il le fait avec l'excuse du patient...
[...]
- Est-ce que vous pensez pas que ce genre de question doit être débattue sur la place publique ?
- Oui mais elle risque d'être impopulaire. Le politique qui pourrait dire on va diminuer l'accès aux soins est tout de suite taxé d'avoir touché à un droit sacré.
- Autrement dit, est-ce qu'on peut penser qu'il y a une éthique du médicament comme y a une éthique d'autres sujets en médecine ?
- Surement et en plus je pense que tout le monde est éthique dans ce monde. Les industriels du médicaments sont éthiques. Ils gagnent de l'argent mais ils le font avec une vision éthique. Les médecins sont éthiques, les malades sont éthiques. Le problème c'est l'éducation, c'est la réflexion. C'est l'acceptation d'une écoute, c'est un effet thérapeutique hors du médicament, c'est beaucoup de choses qui malheureusement prennent du temps. C'est parfois plus facile d'écrire une ordonnance que d'écouter un malade >> (J'ai allégé le dialogue, je ne crois pas l'avoir falsifié)

Voila. Marrant non ? Ou plutôt : scandaleux, de ne désigner aucun coupable alors qu'on est dans une émission de sauciété et que parler de sauciété à FC c'est forcément soit tirer le mouchoir, soit ouvrir le robinet à culpabiline. Donc follement atypique sur Radio-moraline, sauf disons chez Brice Couturier, chez François Chaslin aussi. Tellement atypique que -ah oui j'allais oublier de le préciser- on ne l'a pas entendu à l'antenne. Oh pas pour raison de censure, évidemment, non c'est simplement pour raison d'incompétence : cet échange est disponible dans une émission offerte en (?)réécoute sur le player de la page "Avec ou sans rendez-vous", alors que c'est une autre qui a été diffusée cet après-midi.

Tiens, on en a dit un mot ici.

Et pour ceux qui veulent écouter l'extrait il faut clicker là et (malgré le titre et la page qui annoncent autre chose) charger l'émission en réécoute et viser à environ 50 '
Oui je dis bien "viser environ" car avec ce player au son amélioré mais à l'ergonomie foireuse on n'a pas le minutage. Car Radio-Sermon c'est aussi Radio-je-m'en-fous-de-l'auditeur.

Il est 15h15. En ce moment même dans les Mercredis du théâtre on peut entendre un tout petit débat pas très clair et un peu soupçonneux, mais fort juste à mon sens : une chroniqueuse dont je n'ai pas encore retenu le nom, dans sa critique elle fait un sort aux private jokes dont auraient abusé "Les chiens de Navarre".

En réaction et avant que les artistes se défendent, voila qu'autour du micro on en vient à parler d'exclusion du spectateur. Un peu vite peut-être ? Ensuite Joelle Gayot emploie le terme d' "entre soi". Une des invitées parle de "connivence" et on peut espérer que c'est bien au sens propre du terme et, pour une fois, pas dans le sens Bourdieusien avec sa connotation infamante.

Leur mini-discussion est bien venue, et on aimerait qu'elle soit entendue par certains de cette chaîne où se pratiquent à mort les clins d'oeil sous-entendus, les implicites de l'entre-soi, les private jokes. Tout ce qui ne serait pas trop dérangeant si ce n'était aussi lourdement présent et qu'en plus il est évident qu'au même moment on se fout bien de la qualité livrée à l'auditeur, et l'auditeur il se dit qu'à France Culture, il y a des heures où l'entre-soi prend la place du service (en l'occurrence public) ou bien que ça sert à meubler du vide. Ca c'est encore pire, et il est certain qu'à FC (en radio en général) il faut meubler, alors on meuble et copinant ou en disant n'importe quoi.

je viens d'entendre, de la part de l'association franc-maçonnique "le droit humain", les seules choses intelligentes sur l'enseignement, la crise de l'enseignement, entendues sur France-Culture depuis? combien de temps? des siècles?
quand on pense que , en 2009-2010, on a eu pendant un an une émission inintéressante sur l'école..... que je n'ai, sertes pas écoutée très souvent, tellement elle était orientée vers une autosatisfaction des grands pontes de l'éducation nationale.
Là, on nous annonce un colloque le 19 mars où on débattra de tout ça. J'entends parler de
"que fait-on pour impliquer les parents?"
d' inégalité quand des enfants font une heure et quart de bus le matin avant d'arriver au lycée
de se servir de connaissances de la neurobiologie, de la sociologie
d' évaluations faites par les enfants eux-mêmes
qu'il est stupide de faire des comparaisons avec les systèmes étrangers parce qu'on n'en voit que la superficie
bref, j'ai l'impression d'entendre des gens qui sont dans la réalité et non dans l'idéologie.
Les conférences du colloque seraient retransmises par FC, m'a t-il semblé entendre? à voir.
Quand on pense que les enseignants n'ont aucune idée, pour la plupart, de tous ces pédagogues que furent Freinet, Decroly, Makarenko, Montessori, Steiner.....

Nessie a écrit:
[...] un certain retour du fond musical dans les émissions, parfois pour soutenir les lectures, parfois dans le dialogue lui-même.

[...] Cela dit, c’est pas toujours réussi

France Culture est bien sympa, à nous donner toujours des exemples du pire juste après qu'on ait émis des doutes : l'auditeur curieux de savoir ce que peut être un habillage sonore pas réussi n'aura qu'à écouter les 10 premières minutes de Sur les docs hier : émission consacrée à la génétique, émission très très très généraliste. L'accompagnement musical-sonore est constant et franchement pas bien fait. Par moments ça passe, c'est une musique de fond discrète qui pourrait rehausser les voix, mais un peu plus tard ça donne une ambiance de sujet télé produit par une chaine éducative à l'intention des mômes. Donc oui pour le coup il est de retour l'accompagnement musical, et on risque pas de le louper. D'abord il est trop fort ensuite il est permanent, enfin il est plus ou moins bien choisi : ça devient franchement pénible quand à l'approche de la 10eme on entend une musiquette à gags, un truc sautillant avec des instruments-jouets, des petites percussions ? Une pitrerie musiquante qu'on imagine très bien comme fond sonore pour dessin animé où un marmot est en train de jouer avec des éprouvettes tout en tirant la langue, tandis qu'au dessus de sa trombine dans une bulle un schéma s'anime avec des flèches et des boîtes pour illustrer le "fait scientifique" qu'on tente de faire entrer dans la tronche du public, en l'occurrence, les Lois de Mendel. Le résultat : infantile. On se croirait sur la 5 au milieu des 90's et plus précisément juste avant l'heure du goûter.

Et le pire, c'est que c'est du travail, ce truc : il faut bosser pour produire un résultat aussi loupé. Bon ça fait des minutes que ça dure et non seulement il ne décolle pas ce doc, mais à la 10eme il est carrément plombé par la musique-gag.
Ca suffitJE COUPE !!

Il y a quelques nuits de cela vers 3h30 juste après Claude Mettra qui lisait Marcel Schwob en 1977, on pouvait entendre en multidiff le Planète Terre de la semaine dernière, et vu le contraste entre le calme de Mettra et la puce surexcitée qui ouvre le magazine de l'intuition géographique j'ai franchement eu envie de couper dès la première minute. J'ai résisté à la tentation et je m'en suis trouvé fort bien, mais je me dis que décidément à FC il y a des gens qui ont tout simplement besoin de se réécouter un peu plus souvent histoire d'apprendre le boulot.

Sylvain Kahn, tout comme Olivier Lyon-Caen (24h plus tôt dans la grille : "Avec ou sans rendez-vous") manifeste une évidente compétence sur son sujet et rien que ça le place dans la première moitié du tableau à FC, la seconde étant dévolue aux boulets absolus, et à l'erreur de casting totale. Hélas comme Lyon-Caen il plombe toute une partie de son émission par manque de métier radio, en particulier avec sa musique vocale perso vraiment dérangeante, celle d'un microteur qui veut faire genre, et là ça craint. Cela dit, peut-être bien qu'il se réécoute Sylvain Kahn, soucieux de s'améliorer sûrement, car depuis quelque temps il a sensiblement réduit son horripilante habitude d'interrompre son invité à tout bout de champ. Mais alors ce qui ne va pas du tout c'est sa façon d'introduire l'émission, avec un enthousiasme surjoué mais probablement sincère, à grands coups d'accents d'intensité dignes d'un politicien en meeting régional ou peut-être d'un croupier en casino, qui sait. C'est méchant ce que je dis ? Mais non, avant tout c'est dommage pour un type de sa qualité, ensuite c'est vraiment du brouet radiophonique qu'on vous balance : écoutez-donc et vous verrez, ça dure que 2 minutes et pour l'auditeur, de s'entendre parler sur ce ton, comme si on était un bon con de gogo à captiver à grands coups d'enthousiasme factice, que c'est chiant mon Dieu que c'est chiant. D'autant plus que cette semaine Kahn conclut le chapeau de l'émission par une remarque badinante et amusée sur la normale et usuelle pratique du catastrophisme dans le métier de journaliste ! Là on ne sait pas s'il envoie une prune aux collègues ou s'il trouve tout ça très normal, j'en parlerai une autre fois.

Mais revenons à notre puce surexcitée dans son rôle du politicien-croupier je vous en dit juste un mot, libre à chacun de réécouter et d'être d'accord ou pas (auquel cas on s'expliquera à grands coups de Pelforth sur le Pré au clercs). Donc voila comment ça marche : dans sa présentation, chaque phrase de Sylvain Kahn est balancée à fond de train avec toutes les trois secondes un gros accent tonique sur une consonne d'attaque, et ça se conclut par un autre encore plus gros à l'attaque du dernier mot de la phrase. Cet accentuation est à distinguer de celle d'un Finkielkraut, lui-même déjà lourdement émotionnel, non chez Kahn c'est plutôt l'énergie du battant qui transforme chaque phrase en trekking vers un sommet local d'où l'on va redescendre ensuite avant d'attaquer le suivant, et brrradaboum je me relance jusqu'au prochain col d'ailleurs on y est déjà et parfois le temps de souffler un peu de musique et brrradaboum ça repart toujours en cavalant et tant pis si j'épuise l'auditeur, pitié, pitié. Dans celle de mercredi dernier, voila ce que ça donne :
<< Bonjour à toutes zet à tous je vous souhaite la bienvenue sur Planète terre dans le studio 167 de la maison de la RRrradio'. X, Y et Z nous accompagnent en Rrégie [...] vous avez rendez-vous avec votre intuition [respire] JJgéographik'. [la musique]. SSSette semaine, je vous propose d'évoquer une NNnnouveau type d'équipe scientifique les observatoires Om'-Milieeeuh ah tiens là il y a une variante il appuie à mort sur la voyelle finale comme sur le frein de sa moto... et il refait le coup à la fin de la suivante. Et tout ça se fait sur une musique pas vraiment mal d'ailleurs mais sautillante youplala, bon sang le mélange des deux que c'est saoulant !

Bon j'ai bien conscience d'attaquer l'émission par le petit bout de ma lorgnette, de toutes façons j'ai déjà dit plusieurs fois le bien que j'en pensais donc je vais pas me justifier à l'infini. Mais enfin la diction figurez-vous qu'à la radio ça n'est pas simplement anecdotique ou du détail. Et contrairement à ce que nous balance régulièrement un imbécile aux oreilles de lavabo, quand j'écris ce genre de critique je ne fustige ni la personne, ni aucun "défaut de prononciation" car évidemment ça n'est pas de défauts qu'il s'agit, mais de style. Et avec un tel style oral, surtout après le calme de Claude Mettra, ce début d'émission il est tout simplement épuisant. Est-ce pour donner une image de dynamisme ? En tout cas c'est risqué car tout d'un coup voila que Sylvain Kahn se plante sur "pluridisciplinarité". Le mot est des plus courants il ne contient aucune difficulté réelle sauf pour ceux qui butent dès qu'il y a plus de 4 syllabes à se mettre dans le buffer parce qu'ils ne savent pas se poser ; de toutes façons la pluridisciplinarité c'est une scie usée du baratin péri-scientifique, eh bien non le brave Sylvain Kahn ne parvient pas à le placer sans se ramasser, ni bien sûr sans y ajouter lourdement le "je vais y arriver" que chérissent les habitués de ces plantages (le gueulard des ondes et la bobo de 7h35).

Bref tout ça sent le mélange d'inconscience juvénile et de volonté de faire genre, d'ailleurs ça va ensemble. Et comme dit plus haut, c'est dommage. Ceux qui connaissent l'émission pourraient encore se passer du pré-chapeau, mais pour comprendre de quoi ça va causer pendant une demi-heure aïe aïe il faut se farcir les Sylvainkahneries. Alors élargissons le propos : comme dit plus haut pour qualifier ce qui se passe sur France Culture, il n'y a pas d'autre mot que "régression" : c'est pas la langue qui est en danger, ou malmenée, enfin bien sur malmenée elle l'est, mais c'est tout un style radio qui a été liquidé en 10 ans, pour être remplacé par des rires de benêt, des bafouillages interminables, du sucre d'orge sonore et du ravissement béat, et maintenant avec Sylvain Kahn on a du moto-cross dans la vallée de Vicdessos. A part ça je ferai pas le résumé en profondeur de l'émission : pour ceux que ça intéresse, qu'ils sachent qu'on y parle des observatoires hommes-milieu donc oui vous m'avez compris on va enfin faire la connaissance du triton palmé (celui qui pèse 1 gramme et demi - j'attendais ce moment depuis la création de Planète Terre) et on apprendra l'influence de l'uranium des tourbières sur le système matrimonial de la vallée. C'est que Planète Terre est une des émissions les plus sérieuses de toute la grille, d'ailleurs il faut rappeler qu'à 14h en semaine on est quasi aux meilleures heures de la journée. Il suffit de pas trop anticiper sur l'horaire en allumant son poste à galène sinon on entend les derniers mots de Sonia Kronlund ou plutôt les dernières notes de son éternelle musiquette et là déjà le moral en prend un coup alors pensez, l'intuition géographique ...

Clair, précis, efficace : Pierre Jourde.
En face, Tewfik qui essaie de défendre la connerie parce que "ma foi, hein, faut bien se détendre" et faut bien que france culture soit pleinement de son temps, quitte à suivre la connerie ambiante. Démarche qu’on rebaptisera "humer l’air du temps"-1 ou "étonner l’esprit"-2.
1) Slogan en vogue.
2) Publicité mensongère.
http://www.franceculture.com/emission-a-plus-d-un-titre-litterature-pierre-jourde-essais-remy-vallejo-2011-02-17.html
http://www.franceculture.com/oeuvre-c-est-la-culture-qu-on-assassine-de-pierre-jourde.html

A écouter d’autant plus qu’on sent que le pauvre (mais courageux ?) Tewfik n’est pas follement à l’aise avec Jourde et parce que ce dernier fait bien le point sur le conformisme culturel des journalistes ... dont FC est loin d’être exempte !

Hérode a écrit: "humer l’air du temps"-1 ou "étonner l’esprit"-2.
1) Slogan en vogue.
2) Publicité mensongère.

cf les affiches de la campagne promo de Fc, tournées par les communicants (cancan), et détournées dans je ne sais plus quel sous-forum ?

où l’on voit … (le nom du producteur ou productrice) :
- plonger dans le vide,
- jouer du pipeau,
- faire du vent,
- parler pour ne rien dire
-…

Hérode a écrit:Clair, précis, efficace : Pierre Jourde.
En face, Tewfik [...] n’est pas follement à l’aise avec Jourde et parce que ce dernier fait bien le point sur le conformisme culturel des journalistes ... dont FC est loin d’être exempte !

Bel entretien, malgré Tewfik ou grâce à sa naïveté. Par coïncidence j’ai fini de l’écouter il y a à peine une heure. Ce qu’il y a de bien avec Tewfik c’est qu’il n’est pas agressif. Il n’en a peut-être ni l’esprit, ni les moyens. D’ailleurs face à Jourde c’est pas malin d’être agressif. Et puis ces deux là se connaissent depuis trop longtemps pour que leur désaccord puisse dégrader la conversation. Résultat : Pierre Jourde a toute latitude pour dire exactement tout ce qu’il a envie de dire, et exposer son questionnement qu’il veut à la fois élémentaire et essentiel (mais aussi un peu imprécis parfois). Du coup c’est toute la catégorie des médiateurs culturels qui prend un bonne série de baffes. Il faut dire qu’avec Jourde ça dure depuis une dizaine d’années, avec ses articles pour plusieurs revues, ce qui a finalement donné "La littérature sans estomac" (2002) où il fusille non seulement la pseudo-littérature de notre temps mais le journalisme qui la promeut, notamment le Monde des livres. De là une querelle qui a fait plusieurs épisodes devant les Tribunaux (car l’intimidation juridique est un outil usuel des médiocres qui ne supportent pas qu’on dise la vérité de leur mensonge). Mais Jourde a aussi gagné quelques tribunes à France Culture (chez Perraud, chez Meyer) et en fin de compte ça lui fait tout de même un bon relais dans la station.