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Au fil de l'écoute    Page 54 sur 85

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Nessie 


531
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Re: Au fil de l'écoute - Lun 04 Avr 2016, 13:02

Merci Philaunet. Bon, l'éloge de France Culture c'est cucul-la-praline et passe-moi la rhubarbe moi je te passerai le CD ou plutôt je te repasserai les lacets de tes croquenauds après les avoir amoueusement léchés. Mais non, foin de sarcasmes c'est tellement rare d'entendre quelque chose d'intéressant chez Joëlle Gaillot. Pour une fois c'était le cas. Elle n'y est pas pour grand chose, certes. Mais il faut lui reconnaitre cette qualité : même quand elle n'ouvre la bouche que pour dire des bétises, en général elle ne l'ouvre pas tellement au cours des 30 minutes de l'émission. Juste de quoi remplir son contrat : une dose de militance, une mesure de propagande pour les "arts vivants", et c'est bon.

Les arts vivants, tiens. Il faudra un jour faire justice de cette formule qui sert  un corporatisme plus qu'il ne sert le public ou la culture si tant est qu'il existe quelque chose sous ce nom qui puisse être servi.


Cela dit, encore merci à Philaunet car intéressant, vraiment, est le point de vue de Kircher dans la dernière pastille. Mais peut-être est-il plus clair pour ceux qui ont vécu de l'intérieur les difficultés du travail de parole à destination d'un vaste public. Pas uniquement les comédiens professionnels, d'ailleurs : ont eu l'occasion d'y penser ceux qui ont fait de la radio locale, ou du théâtre en amateur (ou mieux encore : les deux) et aussi les enseignants en amphi, et puis ah j'oubliais : les orateurs-militants en meeting ? Bon ok j'arrête.

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

532
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Une quatrième de couverture laborieuse - Mar 12 Avr 2016, 21:23

À propos de l'émission de Joëlle Gayot discutée dans les deux posts ci-dessus
Nessie(https://regardfc.1fr1.net/t163p525-au-fil-de-l-ecoute#25370) a écrit: (...) Juste de quoi remplir son contrat : une dose de militance, une mesure de propagande pour les "arts vivants", et c'est bon.

Les arts vivants, tiens. Il faudra un jour faire justice de cette formule qui sert  un corporatisme plus qu'il ne sert le public ou la culture si tant est qu'il existe quelque chose sous ce nom qui puisse être servi. (...)
Par exemple ici dans Maxime Kurvers, metteur en scène ? On ne parle pas assez des Carnets de la création d'Aude Lavigne. Pourtant, observer le degré zéro de la chronique culturelle peut être amusant.

Ce soir par exemple avec Maxime Kurvers diplômé du TNS de Strasbourg qui se retrouve à Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis, où comme chacun sait tout se passe - pour France Culture). L'émission doit être en différé, car je ne serais pas surpris que notre M. Kurvers soit actuellement avec quelques égarés sur la place en face dudit TNS. Passons. Passons aux quatre minutes de Mme Lavigne  : [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14076-12.04.2016-ITEMA_20959468-0.mp3" debut="00:00" fin="04:54"]

On retient ce passage : "Ce sont (...) des dispositifs de relations entre les acteurs, ce sont un certain nombre de dispositifs qui sont mis en œuvre pour que les acteurs singulièrement expérimentent des manières de s'altérer eux-mêmes au niveau physique ou psychologique réel."

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

533
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Re: Au fil de l'écoute - Lun 25 Avr 2016, 22:05

Dans le nom de l'émission Science publique, il y a le mot science. Je croyais qu'il allait en être question dans le numéro discuté  du 17 avril Catastrophe nucléaire : La nature peut-elle survivre aux radiations?, déjà mentionné dans le post Tchernobyl sur SWR 2 et sur France Culture . C'est plutôt un tour de table où sont exprimés des points de vue assez flous (la palme revient à Yannick Monget, Président fondateur du groupe symbiom, également prospectiviste spécialisé dans la crise bioclimatique et auteur du thriller “Résilience”). Et c'est vraiment dommage. Par ailleurs  quand Michel Alberganti invite un Danois et une Russe, il devrait se préparer à soutenir, voire aider un peu ces interlocuteurs qui parlent une langue étrangère au micro (le français étant sans doute leur deuxième, voire troisième langue étrangère). Aider Anders Moller, donc, en reformulant ces nombreux "evidence" anglais  en "preuve", ou "oeufs" en "ovules" (on dit "eggs" pour oeufs et ovules en anglais). Visiblement Alberganti n'était pas préparé à cet exercice alors qu'il a souvent donné la parole à ce chercheur danois, très méritant en français par ailleurs.

Au final, une émission très France Culture : un débat (sans contradictoire), trop d'intervenants (quatre), et une direction flottante de l'entretien.

Alain Machefert 


534
Répondre en citant  
Re: Au fil de l'écoute - Lun 25 Avr 2016, 23:07

Philaunet a écrit:Au final, une émission très France Culture : un débat (sans contradictoire), trop d'intervenants (quatre), et une direction flottante de l'entretien.
Je ne peux que vous donnez raison.
Purtroppo, ce sont toutes les émissions scientifiques de la semaine de FC qui souffrent de la faiblesse de leurs producteurs, pour diverses raisons.
Heureusement, Etienne Klein tient bien la route le samedi avec sa "conversation scientifique."

Alain Machefert 


535
Répondre en citant  
Re: Au fil de l'écoute - Mar 26 Avr 2016, 00:32

J'ajouterais que si l'on inclut l'insipide Fabrique et les Nouveaux Chemins affaiblis par l'inéxperimentée Géraldine MS, ce sont tous mes sujets favoris, Sciences, Histoire et Philosophie qui sont maltraités sur FC.

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

536
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Où est la science ? - Mer 27 Avr 2016, 12:58

Alain Machefert(https://regardfc.1fr1.net/t163p525-au-fil-de-l-ecoute#25597) a écrit: (...) Purtroppo, ce sont toutes les émissions scientifiques de la semaine de FC qui souffrent de la faiblesse de leurs producteurs, pour diverses raisons. (...)
Une de ces raisons est le délayage, les reformulations creuses, l'absence de ligne directrice, l'improvisation. À preuve ce numéro de la Marche des sciences, Face au silence du nucléaire dont les dix premières minutes sur cinquante, soit 20% de l'émission, sont d'un mortel ennui. C'est sûr qu'à France Culture on prend son temps (et son argent pour 50 minutes qui tiendraient en 15 minutes serrées). Et Aurélie Luneau de s'enquérir des états d'âme de Françoise Zonabend, ethnologue, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, membre du laboratoire d’anthropologie sociale (qu'est-ce que l'anthropologie sociale ?) quand cette dernière était à la Hague il y a trente ans. Le mot "sciences" a le dos large...

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

537
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Les émissions scientifiques - Jeu 28 Avr 2016, 12:34

Alain Machefert(https://regardfc.1fr1.net/t163p525-au-fil-de-l-ecoute#25597) a écrit:
Purtroppo, ce sont toutes les émissions scientifiques de la semaine de FC qui souffrent de la faiblesse de leurs producteurs, pour diverses raisons.
Heureusement, Etienne Klein tient bien la route le samedi avec sa "conversation scientifique."
Ces derniers temps Étienne Klein s'est éloigné des sujets scientifiques et on y a entendu plusieurs fois de mutuelles congratulations qui font un peu entre-soi... (voir La Conversation scientifique des 27/02 ; 05/03 ; 12/03 ; 26/03 ; 16/04)

Mais comme comme vous savez où trouver les sujets intéressants ce conseil sur les  Circadian Rhythms sera sans doute superflu...

Alain Machefert 


538
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Re: Au fil de l'écoute - Ven 29 Avr 2016, 00:18

Philaunet a écrit:Ces derniers temps Étienne Klein s'est éloigné des sujets scientifiques
C'est vrai mais cela fait partie du cahier des charges de l'émission, converser aussi avec des non-scientifiques. Ce que j'apprécie chez Etienne Klein, c'est sa curiosité intellectuelle et son goût de partager des savoirs.

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

539
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Du bouillon clair contre l'infobésité - Sam 30 Avr 2016, 13:05

Nous poursuivons notre thématique du bouillon clair radiophonique, cette soupe verbale devenue trop translucide pour être véritablement nourrissante. Citons le Secret des Sources de ce matin, qui avait pour thème "l'infobésité". Il n'y a pas grand chose à retenir : trop d'information tue l'information et maintenant avec l'internet les gens s'informent beaucoup et passent du temps devant les écrans et la saturation produit un effet de suppression de l'information voire de traumatisme blablablabla. On passe son temps à dire "aaaaah bon ? Vraiment ? Combien d'années d'études pour de telles platitudes ? Je peux émarger aussi ? Ca a l'air facile." On entend le sempiternel Bernard Stiegler qui nous invite à repenser la réinvention, ou à réinventer la pensée, ou à repenser la façon de réinventer etc. Et nous avons une sempiternelle prof de Science Po qui nous annonce comme une dernière découverte le fait que les sources d'informations aujourd'hui sont vraiment multiples, par rapport à l'ancien temps d'avant (précédemment) et que bien sûr, notre rapport à l'information est tout à fait différent entre aujourd'hui (le monde actuel de tout de suite), et avant (le passé qui précède le présent).

Que faire de ces émissions produites par des journalistes et qui ne semblent exister que pour la promotion de la corporation et de ses sous-traitants ? (les chercheurs en media studies) Ont-ils conscience qu'ils ne font que meubler une heure d'antenne avec les plus ternes banalités que l'on puisse imaginer?

A la toute fin de l'émission, le petit zapping récapitulatif a été coupé au milieu par le jingle de la station, pour passer à autre chose. Même le programme informatique qui coordonne les tranches en avait marre. Et on a enchaîné avec la promotion du livre d'Adèle Van Reeth, devenu "Livre France Culture".

Bravo France Culture, et merci.

Jean-Luuc 


540
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Re: Au fil de l'écoute - Jeu 05 Mai 2016, 23:44

Laisser les artistes parler de leur oeuvre peut occasionner des dégâts.

Deux exemples récemment écoutés des entretiens d'Eva Jospin avec Marie Richeux dans  Les nouvelles vagues (21.04.2016) et de Raymond Depardon avec Michel Ciment dans Projection privée (30.04.2016) viennent en attester.

Excusez l'absence d'extraits sonores, je m'en passe 1/ pour les difficultés que pose le nouveau lecteur de France culture 2/ pour les difficultés que peut poser leur accumulation sur les pages de ce Forum.

A l'oreille de l'auditeur, écouter un artiste analyser son oeuvre peut sonner de deux façons. Soit il a digéré les critiques lues ou entendues à son propos, qu'il recrache telles quelles. Sa parole sonne faux mais possède un filet de consistance. Soit il fait preuve d'une sincérité telle que l'exposition de son processus de création est désarmante de naïveté et déçoit (Il n'y a rien de plus beau qu'un trait de crayon sur du papier, dit par exemple Eva Jospin).

Eva Jospin (et son ton aristocratique) peut appartenir à l'une ou/et à l'autre ou aucune de ces deux catégories. C'est selon, il faudrait bien connaître son oeuvre et la personne.

Entourée de deux autres artistes, elle répond simplement à la productrice sans faire d'étincelles. Étonnamment, il lui arrive de se tromper de mots, (confusion que l'on peut mettre sur le compte du micro) en parlant de repenti (au lieu de repentirs) et de gargote (au lieu de gargouille) :

En fait, j'ai remplacé le travail par la main, une forme de lenteur grâce à un matériau qui était disponible à profusion, qui coûte rien, qui est toujours là, qui est un rebut et qui est aussi un matériau très beau parce que on peut aisément avoir des repentis comme en peinture, sans se préoccuper de perdre de la matière. (9'24'')

Un repentir est une correction apportée à une oeuvre en cours d'exécution. On peut en voir à l'oeil nu ou à l'aide d'une radiographie.

C'est vrai que ce travail de découpage, de collage, permet d'avoir la sensation à un moment, pour moi, peut-être d'être une tailleuse de pierre, d'une belle gargote au moyen-âge (...) (28'46'').

Suivant la définition du Petit Robert, une gargote est un restaurant à bon marché, où la cuisine et le service manquent de soin. Différent de la gargouille donc, sculptée en démon ou dragon des églises gothiques.

Rien de méchant dans ces approximations. Ni même dans les nombreuses occurrences du mot Incroyable : - 7'39'' : Ça fait un mélange de couleurs absolument incroyable - 28'52'' : (...) de faire une gravure incroyable, - 38' 15'' : Richeux : (...) ici il parle de la forêt, il pourrait tout aussi bien parler de l'une de vos oeuvres, c'est incroyable, hein Eva Jospin ? _ C'est incroyable, lui répond-elle. - 40'24'' : c'est vrai que quand on ouvre ce sujet, il se démultiplie comme une forêt, le nombre de naissance d'arbres dans une forêt comme disait Francis Hallé, c'est, c'est... on ne peut pas les répertorier pratiquement, dans les forêts primaires, c'est incroyable. - 43'12'' : En faisant ça, je me suis rendu compte que la matière, étrangement, du carton, euh, avait une similitude avec la façon dont se compose une forêt, c'est assez incroyable. - 43' 28'' : Il n'y a presque pas de meilleure façon pour représenter une forêt que d'utiliser ce par quoi, enfin le matériau qui la constitue, c'est-à-dire, le carton, le papier, c'est incroyable.

Pendant l'émission, Richeux invente même un metteriez pour le conditionnel présent : mettriez, et aussi croit-elle, le mot ébouriffement (qui existe bel et bien, même si ébouriffage eut mieux convenu) : Georgia Russel, je parlais tout à l'heure de ce à quoi vous arrivez parfois avec ces découpages qui sont des parures, voilà des formes d'ébouriffements, je ne sais pas si ce mot existe mais puisque vous en avez inventé un, je peux le faire aussi. (43'50'') (Georgia Russel est écossaise)

La langue française à la Richeux : t'inventes un mot, j'en invente un.

La suite Depardon au post 542.

Jean-Luuc 


541
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Re: Au fil de l'écoute - Ven 06 Mai 2016, 00:11

La France de Raymond Depardon est manifestement une France bien différente de celle qu'il côtoie à Paris. Presque une France étrangère, qu'il ne faut pas brusquer, de peur de l'effrayer. Cachons la caméra derrière une paroi, on ne sait jamais, cela pourrait interloquer les curieux (pourquoi pas, si cela sert le dispositif).

Au chapitre : Raymond Depardon a tellement de respect pour les provinciaux qu'il est à deux doigts de les prendre pour des cons (mais non, c'est de la maladresse of course), nous avons :

3'03'' : Il y avait quelque chose d'élégant dans les gens qui parlent dans les lieux publics comme ça : cafés terrasses qui sont pas très nombreux dans les petites villes. Mais quand même, il y a quelque chose peut-être qu'on voit pas peut-être à Paris, ou dans l'Ile-de-France, ou dans les grandes villes. On voit pas les gens discuter, on les regarde pas. Et là, il me semblait, et je me suis dit, c'est ça, mais comment les filmer ? Si j'arrive avec ma caméra, au milieu de tout ça, ça va faire un petit peu un barnum, et j'aime pas trop ça, le côté cinéastes qui font un peu barnum, c'est peut-être valable dans certains cas, mais surtout, il faut rester très modeste avec ces gens, il faut pas..., voyez il faut se mettre à leur hauteur, c'est ce que m'a appris un peu le fait que j'ai commencé très tôt dans les années 60 où il y avait des journalistes qui passaient de princesses à faits divers (...). Se mettre à la hauteur des gens, disons presque de changer de veste en fonction si on va à l’Élysée bien sûr ou si on va à Tarbes, il faut un peu s'habiller comme les gens de Tarbes. Voilà, faut pas arriver trop avec...

6'52 : On a l'impression, des rumeurs qui disent que les gens sont très en colère, qu'ils sont dans une situation épouvantable, qu'ils vont faire un vote sanction, bon moi j'en sais rien, puisque j'y suis pas. Je suis comme vous, je fais des allers-retours comme ça. Et donc, allons voir à Tarbes, allons voir à Charleville-Mézières, peut-être sans leur poser de questions. Surtout sans leur poser de questions. Parce que je me suis aperçu que tout répondait. Enfin, moi je fais du cinéma direct depuis très longtemps, mais le cinéma indirect, c'est une règle pure et dure : on ne pose pas de question.

8'06'' : Mais là, je me suis dit : peut-être qu'il faudrait essayer au-delà et essayer d'écouter ces accents d'abord aussi, ces façons de parler : est-ce que y'en a ou ça existe pas ? Du fait que j'ai tourné au nord et au sud et à l'ouest bien sûr (...). Le centre c'est vrai que c'est le seul endroit où on fait deux, trois cents kilomètres, ça change pas grand chose hein, y'a le clocher, la mairie, la place du village, ça bouge pas trop. Les accents se sentent pas trop.

10'44 : Et puis, j'ai fait le sud-ouest, quand même qui est Tarbes, tout ça, qui voilà, on voit bien, qui est tiraillé entre aller faire des études à Toulouse ou aller travailler dans les hôtels de Lourdes, donc il y a des problématiques comme ça. Tarbaises, Tarbais, confirmez-vous ?

Michel Ciment n'est pas en reste : 12'25'' : Alors justement, Raymond Depardon, vous (...) n'allez pas jusqu'à Paris. Est-ce que vous pensez que si vous aviez tourné dans Paris, ça aurait changé un peu le climat du film ? Que les Parisiens auraient plus parlé de sujets politiques par exemple, parce que ce qui est très frappant, (...) c'est que ces Français parlent de tas de choses, de la sécurité sociale, de l'avortement, de tas de problèmes de société, mais pas vraiment de politique. Depardon : _ Oui, c'est vrai que ç'a été ma surprise. Alors quelqu'un m'a dit : quand tu mets deux personnes, forcément c'est de l'intime. On a de l'intime incroyable.

14'05'' : Ciment encore : Mais vous pensez qu'à Paris, on est plus spontanément vers le politique que dans les régions ? _ Oui, parce que déjà à Villeneuve-Saint-Georges, on a quand même une personne, ça m'aurait embêté de pas l'avoir, parce que c'est quand même parait-il, une des grandes constances de l'opinion française : il y a trop d'étrangers en France, là à Villeneuve-Saint-Georges. Alors, c'est vrai que Villeneuve-Saint-Georges, les Parisiens ont peut-être une certaine façon de parler qu'est pas la même qu'en régions. Ces villes-moyennes-là, je me suis aperçu qu'elles avaient pas la langue de bois quand même, qu'elles étaient même au contraire sans réserve, peut-être plus que nous dans l'Ile-de-France, parce qu'elles ont pas de transports en commun, elles ont un peu de voiture peut-être quelque fois comme ça, 5-10 minutes, et elles sont chez elles. Et donc, elles ont un langage assez direct, même un peu trop, puisque ça révèle aussi quand même énormément de problèmes dans les relations hommes-femmes (...).

15'30'' : Au point de départ, dans ces villes-là, quand on croise quelqu'un, on dit bonjour. Ici à Paris, on ne dit pas bonjour. Peut-être qu'on aurait trop de bonjour à dire. Mais c'est comme ça. Et c'est vrai que quand on arrive dans ces villes, moi je suis surpris. « Bonjour Monsieur », On croise quelqu'un, tu le connais pas, il te dit bonjour.

15'54'' : Les grandes villes, j'aurais peut-être obtenu quelque chose dû au fait que l'information n'est pas la même. On a l'impression que ici, voilà on lit un quotidien, un journal du soir ou le matin, et que - ils le lisent bien sûr parce que la PQR [Presse Quotidienne Régionale] est présente dans ces villes-là, mais peut-être que quand tu lis un journal de régions, ç'a pas du tout la même construction qu'un journal de grande ville, c'est-à-dire les faits divers sont tout de suite apparents, c'est flagrant. La politique étrangère bien sûr qu'est très loin. Et les catastrophes qu'arrivent. Et la politique bien sûr nationale est présente mais elle est pas perçue, j'ai l'impression (...)

18'02'' : On [avec Claudine Nougaret, sa femme/preneuse son] a vu des femmes volontaires pour venir, et des discours assez... vraiment... incroyables, et je pense pas qu'on les aurait eus sur Paris, j'ai l'impression que les choses ne sont pas tout à fait pareilles Et puis aussi les jeunes là, certains, qui venaient dans la caravane, nous exposer des choses incroyablement..., oui, moi j'avais l'impression ou tous les cas, peut-être qu'elle existe aussi en Ile-de-France mais pas de la même manière, enfin voilà, c'était direct comme ça, se vantant de certaines choses et de certains exploits. Et ça, ça nous a surpris, parce qu'on a toujours peut-être vu de Paris, l'impression que la société avance, qu'on est en 2016, que la liberté - il n'y a plus de guerres des sexes, on n'en plus là quand même, il y a la parité, enfin on essaye (...).

31'08'' : (...) les gens sont quelquefois un peu effondrés parce que les gens parlent mal. Oui, bah voilà, c'est comme ça, les gens sont pas comme les speakers de radio, de la télévision. Mais il faut savoir que les gens lisent aussi - les speakers de radio -, ils ont des textes, et là, c'est un langage parlé (...)

Se mettre à la hauteur des gens ? C'est-à-dire au ras des pâquerettes ? Un peu comme le français parlé de Depardon en somme : 5'36'' : Y'a des villes que j'avais envie d'aller, je ne sais pas pourquoi, j'avais passé à côté. 36'42'' : Le fait de tourner du direct en scope, ça m'a révolutionné, parce que on a les deux personnes dans le champ ce qu'on n'avait pas le cas avant.

Au rayon banalités, nous trouvons : 6'08'' : Parce que quand on dit : on veut filmer les français, c'est pas facile. Parce qu'ils nous échappent. Six mois de l'année, à 6 heures du soir, il y a plus personne.

Au rayon incroyable / incroyablement, l'entretien compte son lot non négligeable, inutile de tout retranscrire, il y en a assez ci-dessus.

Raymond Depardon n'est pas un mauvais bougre. Sa trilogie notamment (dont La vie moderne) sur le monde paysan (dont ses parents sont issus) parle pour lui. Sa parole emplie de clichés aurait dû être relativisée par Michel Ciment. Un peu de tact ne l'aurait pas desservie. Mais inutile de compter sur lui. Les clichés sont peut-être le passage obligé de n'importe quel entretien. Sinon, on ne dirait plus rien ?

Seuls passages intéressants : quand Depardon compare ses conversations filmées de profil aux tableaux de la Renaissance des hautes castes (vers 25'), et quand il parle technique, à la fin.

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Re: Au fil de l'écoute -

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