Voici un pavé dans la mare de ceux qui voient en la BBC un repaire de gauchistes woke ayant confisqué le média au profit de leurs obsessions (ce qui n'est pas faux, notamment à la télévision et dans les articles d'information du site) :
The Great Replacement BBC 4 / Tue 19 Sep 2023. On n'imagine pas une seule seconde une séquence de 30 minutes pareille sur France Culture et encore moins sur France inter.
Rapidement : si le documentaire donne l'impression d'une certaine équité, le choix des intervenants donne néanmoins une orientation très marquée à l'émission. Il ne s'agit pas, en effet, de traiter l'expression en titre, mais, selon la conclusion du producteur, de trouver les moyens de créer une cohésion entre les différentes communautés (les Britanniques en formant une au même titre que les groupes variés d'immigrés récents ou de plusieurs générations).
Le descriptif reflète quand même assez bien le contenu du programme sans mentionner aucun des intervenants, peut-être par peur de se faire attaquer par l'audience habituelle à la lecture d'un nom ? Le présentateur Jim Frank annonce la couleur en indiquant que les auditeurs pourraient ne pas être d'accord avec certains des propos tenus. On suppose que ce sont ceux de Douglas Murray et non des huit autres interviewés qui ont une vision fort différente de la sienne.
L'introduction est dramatique à souhait avec musique d'ambiance et une personne hystérique d'un groupe d'extrême-droite qui crie dans un mégaphone. Le propos est choisi délibérément pour le contrer aisément (technique de l'homme de paille) : un complot du gouvernement serait à l’œuvre pour remplacer les Britanniques blancs par des immigrants. La fin de l'émission est également simpliste pour faire passer un message ou conforter l'audience. Reste que la complexité du sujet, détourné en "comment vivre ensemble", est traitée avec intelligence.
Renaud Camus est entendu en français à 3'35'' et l'on apprend qu'il aurait décliné l'invitation du producteur à s'exprimer dans l'émission. Un spécialiste de l'extrême-droite
Matt Feldman propose un historique en faisant une citation de 1900 : "the idea that there's a hidden hand to push natives out in favour of minority groups is a very old one indeed".
Deuxième personne interrogée
Meadhbh (Maeve) Park (Dublin) :
"
I research the Manosphere, most notably incels and the RedPill in relation to teenagers and young people. I also create and deliver workshops, courses and presentations on the Manosphere, the far-right, masculinity, misogynistic extremism, mixed, unclear and unstable ideologies (most notably school shooter violence) and extremism related issues (conspiracy theories) to school aged pupils, practitioners, professionals, government officials and law enforcement. I also write articles relating to my work and participate in conferences as well as appear on media and public events to speak on these issues".
Son projet :
Groundswell "
We Find, Connect and Amplify the work of peace organisations to promote harmony within local communities.
Groundswell is about building empathy in communities. Helping neighbours find out that they are more the same than they are different. When we understand each other it becomes harder to mock, detest and hate and easier to band together on the things that matter in life for all of us. We succeed when people see each other as people, when communities are strong because of shared humanity despite their differences".
Troisième intervenant à 6'45, Douglas Murray, auteur de
"The Strange death of Europe" de 2017, dont il est dit qu'il a interrogé Renaud Camus. Du temps lui est offert pour exprimer sa vision du phénomène (loin de la théorie du complot agitée en entrée d'émission), voir présentation du livre dans le lien ci-dessus. C'est lui dont le discours colle au titre imparfaitement choisi par la BBC pour une émission focalisée sur le "vivre-ensemble".
Quatrième intervenant, le démographe
Robert Ford, "
Professor of Political Science at the University of Manchester. I work broadly in the areas of public opinion, electoral choice and party politics."
Cinquième intervenant, Sunder Katwala, le fondateur du think tank
British Future "
Engaging people’s hopes and fears about integration and immigration, identity and race. Working for a confident and welcoming Britain, inclusive and fair to all".
Sixième intervenant,
Dame Louise Casey, "
At the request of the Prime Minister, she led a review into opportunity and integration in some of our most isolated communities".
Septième intervenant,
Ivan Humble du
Forgiveness project. "
In 2009, single father Ivan Humble joined the English Defence League (EDL), a far-right and Islamophobic organisation. Today he is an anti-hate campaigner working with groups all over the UK to tackle radicalisation and extremism".
Huitième intervenant, David Robinson, co-fondateur du
Relationships Project : "
How are we to heal divided communities, to respect difference, trade fairly, care for the displaced, respond to crises, or share the natural world? How are we to live together? More than ever, the big questions that we face are all about relationships. Their substance and quality will determine the direction and quality of our lives".
Neuvième intervenant, the Conservative Peer,
Sean Bailey, "
Born in North Kensington, Shaun took to politics after witnessing the route to crime taken by many of his peers. Shaun became a youth worker for the Blenheim Project in Ladbroke Grove, and later co-founded My Generation, a charity addressing the social problems that affect struggling young people and their families, such as anti-social behaviour, drug abuse, crime, pregnancy, educational underachievement, and unemployment."
À 32'15, le producteur dit en son propre nom : "Currently and in the immediate future, our public service and industries need people from overseas to come and work and live here (...)".
Une conclusion qui éclaire la conception de ce documentaire.
On peut enfin se demander si le titre de l'émission, finalement peu en rapport avec le contenu, n'a pas été pensé avec malice (sens français ou anglais) pour amener un certain public (celui séduit par l'idée de "Grand Remplacement") vers des réflexions inattendues susceptibles de le faire penser autrement (aspect "to educate" de la BBC ?). Ainsi de celles du repenti Ivan Humble qui donne des pistes pour résoudre un problème de compréhension entre son père gravement malade à l'hôpital, qui se plaint de ne pas comprendre l'anglais des infirmières, et le personnel de l'hôpital. Ce passage, plein de bienveillance et de bonne volonté, peut faire sourire quand on sait la grande difficulté de personnes étrangères travaillant dans n'importe quel service depuis un certain temps, et qui ne sont pas des linguistes, à parler moins vite, de manière articulée et avec une phonétique correcte, notamment pour un public âgé et mal-entendant. Les bonnes intentions se heurtent parfois avec force au mur de la réalité.
Le grand remplacement est une idée qui alimente le développement de l'extrême droite dans le monde entier : l'idée que les communautés et la culture blanches sont délibérément remplacées par des migrants non blancs.
De nombreux terroristes d'extrême droite ont fait de cette théorie la force motrice de leurs actions meurtrières. Mais d'où vient cette idée et dans quelle mesure devons-nous prendre au sérieux sa prolifération ici au Royaume-Uni ?
L'expert en terrorisme Raffaello Pantucci explore les racines du Grand Remplacement et se demande s'il s'agit simplement d'une théorie du complot d'extrême droite comme le prétendent certains critiques, ou s'il existe un noyau de vérité reflété dans la démographie changeante du Royaume-Uni ? Si tel est le cas, comment les communautés - et le gouvernement - gèrent-ils ce changement ? L'immigration est souvent un sujet difficile dans le débat public, de nombreuses personnes craignant que toute remise en question de la politique d'immigration ne les fasse passer pour des racistes.
Mais si nous ne pouvons pas parler plus ouvertement, sans craindre d'être jugés, risquons-nous de céder le contrôle du discours sur l'immigration aux extrémistes ?Traduit avec
www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
The Great Replacement is an idea fueling far-right recruitment around the world - the idea that white communities and culture are being purposely replaced by non-white migrants.
Many far-right terrorists have referenced this theory as the driving force behind their murderous actions - but where does this idea originate from, and how seriously should we be taking its proliferation here in the UK?
Terrorism expert Raffaello Pantucci explores the roots of the Great Replacement and asks if this is just a far-right conspiracy theory as some critics claim, or is there a kernel of truth reflected in the UK's changing demography?
If so, how are communities - and the government - managing this change? Immigration is often a difficult topic of public debate, with many people concerned that any questioning of immigration policy will label them as racist.
But if we can’t talk more openly, without fear of judgement, are we at risk of handing control of the immigration narrative to extremists?
Reporter: Raffaello Pantucci, Senior Fellow at the Royal United Service Institute, Senior Fellow at the S. Rajaratnam School of International Studies in Singapore
Producer: Jim Frank Editor: Richard Fenton-Smith