Ses introductions scolaires et laborieuses sont à des années-lumières de la capacité synthétique de son prédécesseur, de son talent à mettre en perspective deux idées appartenant à des registres différents (politique et historique par exemple) pour faire le lien avec une question d'actualité révélatrice de l'Histoire qui s'écrit.
Notre présentatrice elle, se contente du picorage dans les informations de la semaine de celle qui va lui permettre de teinter son propos d'indignation devant une injustice, de dénonciation d'une inégalité, d'un coup de griffe féministe. Comme si l'auditeur benêt avait besoin de ses états d'âme pour orienter les siens. Ils ne font que révéler son profil de carrière, situé à mi-chemin entre l'onction idéologique de sa communauté et l'attribution égolâtrique d'un prix de mérite humaniste.
E. Aubry appartient à cette modalité intellectuelle désignée par JP Le Goff par le terme de « gauchisme culturel » se trahissant par le prédicat devenu hégémonique dans les médias nationaux, de l'appartenance au camp d'une vertu désormais activiste. En effet, la posture altruiste fait figure d'impératif de visibilité médiatique, politique et culturelle, en dehors de laquelle, il n'existe nulle survie événementielle.
Les causes à défendre sont donc à inventer chaque jour, quitte à user de l'injonction performative outrancière ou du recyclage de poncifs sous le masque d'un décryptage des faits permettant la « révélation ». Mais encore faut-il disposer du talent de tailler dans la gangue des apparences à coups de serpe révélateurs des turpitudes universelles, et non pas celui d'une dame patronnesse médiatique distribuant avec une voix de petite fille modèle, punitions et bons points, selon sa grille discriminative et actualisée.
E. Aubry est pénible à écouter (d'ailleurs je consacre désormais cette tranche horaire à d'autres bénéfices culturels, merci donc Émilie) comme tout présentateur/animateur médiatique, ignorant d'être au service d'un auditoire avide de comprendre et non pas d'être accablé par son objectif militant présenté comme une solution, à laquelle il n'est pas envisagé qu'il n'adhère pas.