Mais pourquoi personne pense à regarder dans le rétro pour se rendre compte du caractère éminemment essentiel et inusable de « L’esprit loup-y-es-tu ? »
Serait-ce parce que ce serait du vide au cube qu’il faut vite effacer de la mémoire de peur de se foutre la honte ?
Alors, écoutons ensemble « Esprit que fais-tu ? » de l’année dernière, histoire de constater la pertinence des analyses poposocio et sociopopo. Écoutons la première partie, elle est Excessivement Excellente.
Nom de Zeus,
retour vers le 2 février 2020 !
« Le monde continue de s’affoler ». A « L’esprit m’entends-tu ? », le monde s’affole tout le temps, de manière perpétuelle, depuis la nuit des temps et jusqu’à sa fin, sans ça l’audimamate fout le camp.
« Coronavirus, le grand affolement du monde ! », se réjouit l’éminence grise de « Esprit qu’est-ce-tu-fous ? »
La Chine est en panique, et notre premier sage, le très observateur Thomas Gomart, nous donne une leçon de choix, qui consiste en un génial et hypra pertinent « il faut voir comment la Chine va se dépatouiller », et que voilà t'y pas le résultat d’un monde hyperconnected.
Le second sage, Hubert Védrine, est lui aussi très observateur. En tout cas il a bien observé la réaction du très observateur Thomas Gomart, d’où la reprise en termes choisis des observations de Thomas Gomart. Éloge est fait, en bonus, de la propagande chinoise, que l’on reprend sans aucun recul : les chinois gèrent la cata comme des big boss.
Le troisième sage, Philippe Manière, constate que dans cette histoire de virus, les gens ont peur d’être malades. Grâce à Philippe Manière, je vais dorénavant faire un peu plus gaffe : les maladies, ça rend malade, et la maladie, ça peut amoindrir notre santé, voire, notez bien, l’anéantir complètement. Être malade, c’est vraiment pas bien.
Merci « Esprit pourquoi tu r’viens ? »
Philippe Manière continue son analyse poussée : il n’y connaît rien, il n’est pas spécialiste nous ajoute-t-il, ce qui justifie pleinement la pertinence indiscutable de sa pensée. Il prend pas de risque, il est sage. Alors il se lance sans filet.
Qu’est-ce qu’il est fort !
Avant de s’écraser au sol faute de filet - mais il l’a voulu ne le plaignons pas - quelle leçon de vie nous donne-t-il, ce brave homme ?
La plupart de ceux qui ont contracté le virus se soignent au Doliprane, ou alors ils ne se rendent même pas compte qu’ils l’ont chopé, tellement il est pitchounet le gars Covid. Le risque est juste pour les vieux et les déjà pas net net sur le plan santé. Les autres, dormez au chaud ! Tout est caaaaaaalme.
C’est juste un virus classique, dont le tome 19 sortira bientôt dans La Pléiade, et si on en parlait pas tant, on en parlerait moins et par conséquent, suivez bien le raisonnement, on s’y intéresserait moins.
On voyage beaucoup dans notre monde hyperconnected, et un virus ça circule ça circule, mais franchement, on en est pas là, nous affirme avec conviction l’auto-proclamé non-spécialiste. La panique, vous la rangez dans le grenier de chez mémé, et on change de sujet, vite, l’heure tourne, pas que ça à foutre, un peu de sérieux quoi zut.
Mais restons sages quand même : l’avenir seul nous dira ce qu’il y a dans le futur, conclut Philippe Manière. La maladie rend malade, mais pas la peine d’en faire un fromage, terminons, pitié, nous sommes en plein buzzz, rien de plus, lâchez-moi au suivant merci au revoir.
Les maladies, y’en a toujours eu, y’en aura toujours, et c’est bon j’ai rempli mon temps de parole ?
Non ?
Alors le sage Manière il continue, il joue les prolongations. Le problème, ce sont les médias, il nous gonflent et gonflent tout hors de proportion ! C’est mathématique : dans le monde actuellement, il y a plus de non-malades que de malades, alors pourquoi les médias ne parlent jamais de gens non-malades ?
Toute cette hystérisation commence à bien faire, même si c’est bien normal quand même, sinon y’aurait plus « Esprit lâche-moi c’est bon ». Le mal contre lequel il faut se faire vacciner, ce sont les chaînes d’infos en continu, pas le pauv’ petit virus à la gomme.
On nous matraque avec un pseudo risque dont on voit pas le début du bout du nez, et on gobe toute cette propagande chinoise, dont il faudra impérativement faire le procès quand toute cette histoire sera derrière nous.
Et si ç’avait été arrivu en Europe, ah ah laissez-moi rire ! On nous aurait dit la vérité ? Et si Jésus revenait ? Et si le tapis rouge était repeint en vert ? Et si Mars nous tombait dessus ? Et si on mettait l’hiver en été, hein ?
Eh bien, tout serait changé mes braves, et heureusement que « Esprit ça suffit lâche-moi » est là pour envisager ces possibilités car il faut bien dire les choses telles qu’elles sont en tant que non-spécialistes.
Y’a bon, j’ai rempli mon temps de paroles ?, pense le sage Manière.
Ouf, c’est bon. Reste plus que la spécialiste de tout n°4 et dernière, Aurélie Filippetti, qui rappelle les faits pour rendre hommage au médecin qui a mis le virus au devant de la scène.
Notre dernière experte a de la chance d’arriver en dernière, elle n’a plus qu’à reprendre avec des synonymes et des périphrases ce qu’ont dit ses prédécesseurs.
Que dire ? Qu’il faut se rappeler du passé, lire un livre de Patrick Boucheron, de Albert Camus, que cette épidémie n’est qu’une punition bien méritée, et que c’est frappant de voir toutes ces grandes villes de pas de chez nous confinées, comme au Moyen-Âge et dans les films hollywoodiens.
La dernière experte a fini son analyse, il est temps maintenant de passer aux leçons géopopolitiques à tirer : le régime chinois qui fout les jetons. L’expert Thomas Gomart suspend son jugement à la patère de gauche. Y’a pas à dire, avec « Esprit t’as pas d’ami c’est bon oublie-moi », quand la leçon est tirée, il faut la boire jusqu’à la lie.
La main passe à Hubert Védrine, dont le raisonnement est ardu : le virus est passé de l’animal à l’Homme du fait des contacts qu’il peut y avoir entre l’animal et l’Homme, particulièrement en Chine. Hub’ Védrine n’est absolument pas surpris, il s’y attendait, il était prêt, mais il n’osait pas nous en parler pour ménager nos nerfs. Mais il savait. Hubert Védrine est un voyant extralucide, qui lit l’avenir uniquement lorsque ycelui est dans le présent. La classe.
La leçon à tirer ? Mais lui aussi n’en sait que nib. Alors il le dit. Dire qu’on n’en sait rien pendant deux minutes, ce sont toujours deux minutes de remplites, le temps de dire que la Chine quoiqu'il arrive restera la Chine, que la peur du virus n’a rien à voir avec la xénophobie, redif’ de sa première intervention.
Tout rebondit de manière inattendue sur les restaus chinois désertés : non, ce n’est pas de la xénophobie, mais de la peur irrationnelle, ce qui n’est pas la même chose. La xénophobie n’a rien à voir avec la peur irrationnelle, LOL MDR, si je puis me permettre d’ajouter un commentaire succinct mais concis.
Le débat s’enflamme, l’instant est intense : les chinois sont-ils satisfaits ou non de la manière dont leur chef omnipotent gère le virus classique ?
Certains disent que oui, d’autres que non. Sur les réseaux sociaux, les chinois manifestent leur inquiétude. Billevesées, s’exclame en douceur Hubert Védrine, les réseaux soc’, c’est n’importe quoi !
Aurélie Filippetti fait l’éloge du système de santé chinois, qui tiendra la route, « enfin je pense » ajoute-t-elle pour se couvrir, M. Manière ajoute que comme c’est une dictature, il faut faire attention, ce qui a été déjà dit plusieurs fois, mais pas assez, mais il leur fait quand même « probablement » confiance, et ce que pensent les chinois, il n’en sait que dalle, il n’en sait rien, il l’ignore, c’est nada au niveau du jugement, niet, le brouillard total. Il ne sait même pas si ça a du sens de se demander ce que pensent ceux dont il ne sait pas ce qu’ils pensent, c’est dire l’ampleur. Bref : encore des minutes de remplies, toujours ça qui nous rapproche de la fin de « Esprit tu m’oublies dégage ».
Ce non-avis soulève un raz de marée de réactions, tous les spécialistes se mettent à parler en même temps, pour constater finalement qu’en Chine ils ne connaissent pas les sondages d’opinions. Du coup, au cas où vous ne le sauriez pas, on ne sait pas ce qu’ils opinionnent.
Cette suspension de jugement cacophonique conclut ce merveilleux coronashow d’il y a un an avec perfection : du néant de l’introduction nous aboutissons au vide de la conclusion.
Quelles leçons tirer de ce débat ? Franchement, je n’en sais rien, le vide n’est pas ma spécialité.