Hormis un savonnage malencontreux (
Prout musicomane, dit-elle [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/17397-11.07.2018-ITEMA_21739648-10.mp3" debut="01:55" fin="02:10"]) en introduction de
La grande table d'été du 11 juillet 2018 : La petite sonate de Proust, toutes les questions de Maylis Besserie à Jean-Yves Tadié et Cécile Leblanc ont le mérite de cibler précisément leur objet : par exemple, la place de la musique dans l’éducation de Proust, la musique de chambre avant l’enregistrement sur cylindres, la relation de l’écrivain avec Reynaldo Hahn, les conditions de l'écoute au théâtrophone. Les renvois archives suscitent également la curiosité de l’auditeur. Sont citées deux émissions de France Musique, ce n’est pas si courant sur France Culture :
Notes du traducteur, par Philippe Cassard (et non Notes de traduction comme dit à l’antenne) « Piano et pianistes dans l’oeuvre de Marcel Proust », avec Jérôme Bastianelli (
27 juin 2015, encore disponible à l’écoute) et
Note contre note, par Martine Kaufmann, avec Clément Rosset (21 février 2010).
Une fois la productrice s’embourbe un peu, mais rien de méchant car son travail (peut-être scolaire mais cela vaut toujours mieux que Gesbert) est sérieux. Besserie :
La musique est une forme d’écriture, non seulement peut-être parce que la musique peut dire tout ce que le langage n’arrive peut-être pas à exprimer, en tout cas, il y a cette forme de concurrence entre les arts et ce questionnement de Proust face à la capacité qu’a la musique à rendre autre chose de l’émotion et du monde (11’06'') (cela n’a pas l’air, mais c’est une question). Jean-Yves Tadié :
ce que montre très bien Proust, c’est qu’on peut écouter la musique de manière un peu superficielle ou même sentimentale (…)
, or ce n’est pas absolument pas comme ça qu’il faut écouter la musique. Il faut la comprendre finalement comme lorsqu’on écoute le septuor de Vinteuil dans La prisonnière,
c’est-à-dire qu’on est renvoyé à un déchiffrage du sens du monde, à un équivalent sonore de ce qu’apporte la plus belle littérature ou la plus belle peinture, avec cette note en plus que Proust appelle la communication des âmes, la communication sans les mots.Le descriptif de l’émission aurait pu renvoyer vers la nuit spéciale :
Une nuit au café concert avec Marcel Proust (11 juin 2017) ou à l’émission du
Gai savoir consacrée à
La petite phrase de Vinteuil (13 janvier 2013) dont il est également question dans l’émission. Ceci pour ce qui est encore écoutable. Sinon, de bien meilleures émissions ont été proposées à l'écoute dans les Nuits mais elles ne sont plus accessibles.
Tout à l’inverse, les questions de Matthieu Garrigou-Lagrange dans son émission
La compagnie des auteurs désespèrent l’auditeur par l’amplitude qu’elles osent embrasser. En voici quelques-unes avec lesquelles Jean-Yves Tadié doit se débrouiller (
Proust l'optimiste, 23 octobre 2017) :
3’54’’ :
Qu’est-ce qui selon vous justifie que l’on fasse de Proust le centre de la littérature française moderne ?4’10’’ :
Est-ce que vous avez le sentiment que l’on vit dans une littérature qui reste proustienne ou est-ce qu’on a dépassé ce moment proustien de la littérature française ? 6’10’’ : (…)
Proust est un personnage de la culture française. Il fait partie de notre Panthéon. Il y a un certain nombre d’images qui sont rattachées à cet écrivain et qui sont sont rattachées pour le coup à la vie de cet écrivain (elle n’en a pas l’air, mais cette dernière phrase est une question).
10’10’’ :
Est-ce qu’on peut parler d’une manière ou d’une autre tout de même d’une forme d’autofiction pour À la recherche du temps perdu
?20’02’’ :
Que retenez-vous de cet extrait de Du côté de chez Swann
lu par André Dussolier, Jean-Yves Tadié ?27'05'' :
Qu'est-ce qui conduit Marcel Proust à ce premier livre ? 44'27'' (la plus inepte peut-être) :
S'il fallait donner une définition à cette immense livre [À la recherche du temps perdu],
quelle définition pourriez-vous donner ?47'37'' (atterrant) :
Il y a aussi sur l'art et la vie la réflexion du narrateur et sans doute de Marcel Proust sur l'art et la vie. Peut-on dire que c'est un livre qui réfléchit d'abord cette question et la place de l'écriture dans une vie ? (Vous avez 5 heures).
N.B. : La façon qu’ont certains producteurs de découper leurs émissions en chapitres (un jour = un sujet) et de s’y tenir rigoureusement, je dirai même effrontément, peut non seulement casser la fluidité d’une transmission généreuse où une idée en apporte une autre mais aussi conduire à des impolitesses inexcusables. Voyez comme Jean-Yves Tadié est recadré par Garrigou-Lagrange au moment où le biographe souhaite apporter un complément de connaissance sur la réception homosexuelle de l’oeuvre de Proust : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/15537-23.10.2017-ITEMA_21472506-1.mp3" debut="09:00" fin="09:44"]
Ça, c’est l’émission de mercredi, dit-il. N’y entendrait-on pas : laisse mes jouets tranquilles et contente-toi de mes questions ?
N.B. Bis : Un contre-exemple, confirmant l’inanité des questions du producteur :
Alors, il y a des ressemblances entre la mère et le fils. Il y a une ressemblance physique déjà qui est très forte. Tadié :
Absolument oui… (un blanc).
Cela ne nous mène pas très loin, mais c’est vrai.