Bonjour,
@François :
Pourquoi, avec tous ces messages, ne t'inscris-tu pas ? Ca t'éviterait de devoir entrer un code anti-spam à chaque post, et surtout, tu pourrais publier des liens ! Eh oui,
je viens de comprendre ton problème : il vient de ce que tu n'es pas inscrit, j'ai essayé en déconnecté sur le fil de prise en main du site, et mes liens ne passent alors pas non plus.
@Antibiok :
Salut Antibiok,
je n'ai pas trouvé le message de François si criard (hormis peut être sur la réponse à "Est-ce que le ton feutré convient pour parler culture entre 7 et 9"). Tu écris sur un ton plus doux, ça n'implique pas que le sens de ton message le soit, ni que ses propos soient plus caricaturaux que ta saynète, drôle et bien imagée, mais qui dépeint les émissions à teneur culturelle d'un point de vue plutôt incongru. Avec de l'imagination, la scène que tu décris pourrait très bien avoir lieu à l'heure du thé, ou finalement à un peu n'importe quelle heure de la journée, et tes deux personnages de ridiculiser l'idée même de diffuser ce genre de contenu.
Ou alors, selon toi, quelque-chose nous prédisposerait matinalement à l'écoute des actualités et de leur traitement ? Dans ce cas, génétiquement, ou de façon acquise ?
Tranchons pour la deuxième option, on en sera d'accord. Ne s'agirait-il pas alors d'un léger conditionnement, occasionné par la répétition d'un même modèle, d'un média à l'autre, et reposant abusivement sur l'utilisation de l'actualité et de son commentaire comme fournisseur bien pratique de contenu quotidien? Les univers politiques, sociaux et économiques sont, il faut le noter, très adaptés, par les commentaires, les digressions et les affrontements qu'ils suscitent en boucle, à un remplissage de créneau bien utile quand on n'a pas envie, ou qu'on ne sait plus, aller chercher soi-même et mettre en forme, éventuellement adaptée à l'horaire, des contenus d'une autre nature.
Ta position te semble peut-être équilibrée, mais on peut la trouver assez extrême au contraire : plaider pour la diffusion d'un seul type de contenu à l'exception de tous les autres (car l'actualité, c'est tout de même bien peu dans la collection sans fin des thématiques imaginables), et ridiculiser l'idée de faire autrement, n'est pas d'une grande nuance.
Quelques preuves qu'il n'y a là rien d'inéluctable : il y a eu un monde avant les matins de France Culture, où cette tranche horaire offrait à la culture la part du lion. A 8h30, les anciens chemins de la connaissance pouvaient très bien aborder un sujet proche de celui de la préhistoire porcine. Un participant au blog de Jean Lebrun nous a même rappelé l'Oeuf de Colomb, matinale quotidienne de l'été 1998 (c'est un passé très récent) qui parlait science pendant 90 minutes. Cela n'avait rien de choquant ni d'incongru.
Je croyais savoir que toi-même, avait apprécié la matinale de Florian Delorme cet été, qui a, à pas mal de reprises, donné sa place à des thèmes inactuels et des invités d'horizon plus larges que la moyenne annuelle qui l'a précédé. Et je ne me souviens pas à son sujet d'un style vocal particulièrement tape-à-l'oeil (ou cogne-à-l'oreille).
Enfin, pour reprendre un raisonnement cher à Yann (rendons à César...), as-tu déjà écouté les matinales d'Europe 1, de RTL, de RMC Info, de BFM, de France Info, de RFI ? Toutes traitent en long, en large et en travers d'actualité (avec pour RFI une certaine originalité due à la focale internationale et aux points de vue d'auditeurs extra-européens) et pas toujours plus mal qu'à France Culture.
As-tu remarqué qu'à France Inter, c'est précisément Nicolas Demorand qui y officie, celui-là même qui incarnait selon tes dires l'apex de l'histoire de la matinée franceculturéenne. Tu ne crois pas que France Culture peut offrir une tonalité différente ?
Pour beaucoup d'auditeurs, dont moi, le matin est souvent l'un des deux seuls moments de la journée pour écouter la radio. Pas de chance lorsqu'on aime par ailleurs FC, c'est ce moment qu'elle choisit pour préférer ressembler aux autres. Dommage, non ?
Alors, je te le concède d'avance, c'est sûrement dit sans nuance et ça mérite dégrossissement; Voinchet nous amène d'ailleurs un peu plus de culture, détonne un peu moins dans le micro et pratique un dialogue un brin plus adulte que ses deux prédécesseurs (Demorand et Baddou ne t'on donc jamais choqué en cherchant à se payer l'invité, ou en l'interrompant en plein développement pour placer une remarque infantile, étaler une (mince) couche de culture, bref, manquer singulièrement de finesse... ?). Les chroniqueurs des matins sont des personnalités atypiques et fournissent parfois un contrepoint juste aux propos de l'invité, ou un éclairage intéressant sur tel ou tel sujet du moment (encore qu'Olivier Duhamel soit souvent plus préoccupé à disserter sur la teneur de la soupe au menu du PS, et Alexandre Adler à voir au loin, très loin, se dessiner les contour des rives incertaines d'un futur possiblement plausible, ou bien nous rapporter des anecdotes pour moitié complètement inventées en live sur la vie, les dires et les maximes des protagonistes de ses contes futurologiques, en arrosant le tout de théorie des ensembles, d'incertitude quantique et de théorême de Gödel).
Un certain traitement de l'actu à la sauce france-culture, de l'éclairage, du décryptage ou du déchiffrement, d'accord, en tant que composante. Mais souhaiter une plus grande réhabilitation du culturel sur une radio dont c'est l'objet, n'est pas une position extrémiste.
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Ceci dit, il est plutôt intéressant que toi, qui montre pour l'instant plutôt un caractère tempéré et qui parvient souvent à calmer le jeu et faire consensus, tu sois d'un avis plus proche des positions camenbertiennes. Ca va peut-être permettre d'avoir une dialectique utile et un meilleur équilibre des opinions (Vincent nous faisant un peu défaut ces temps-ci).
Un certain nombre de pré-requis pour ça, à mon avis :
- Quand on discute, et qu'on discute ferme, cela ne doit engager que les positions et l'objet dont il est question, jamais les personnes qui discutent (ex : si j'apprécie, mettons, Stéphane Deligeorges, et que tu le démontes et taille en pièces son style ou son émission, ça n'implique pas que je sois moi-même démonté et mis en pièce, même si honnêtement, je peux en ressentir l'impression).
- Il n'y a pas de point de vue central, privilégié ou équilibré, la relativité des points de vue est la règle.
- Lorsque l'autre dit la même-chose que soi-même dans un ordre différent, il faut éviter d'y voir une différence fondamentale, irréconciliable, et qui implique des différences d'ordre quasi-naturel (ex : L'actu c'est bien, mais la culture aussi VS La culture c'est bien mais l'actu aussi ).