Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Le renfermé,
ça sent le renfermé, le programme du jour de France Cudézidédujour.
De toute la journée, il ne reste que 3 émissions qui ne soient pas des discussions de studio toujours autour des mêmes thèmes avec les mêmes invités. Il y a « Les arpions sur le plancher des mémères », des témoignages très intimes et donc très politiques, LSD, docus qui ne sont en fait que des entretiens, souvent intimes, souvent politiques, de même type que ceux menés en studio, hachés menus au montage avec de la musique de docu discount, et le feuilleton, qui est devenu au fil des ans essentiellement une lecture d’extraits, souvent mal lus. Les auteurs intimes et politiques sont toujours les bienvenus.
Pour le reste, la radiodézidé voit le monde du point de vue d’un studio en direct, ou d’un studio pas en direct (« A voix nue » et c’est tout), autour de thèmes d’actu, d’entretiens tapis rouge pour artis’ en promo, ou d'évocations de vies de saints qui tournent en boucle dans la boucle des programmes.
En potassant le programme du 25, vous tombez sur : Tina Turner, Michel Houellebecq, la guerre (rediff’ d’octobre dernier. Avec la réécoute en ligne ou le podcast, une rediff’ récente fait vraiment tache), Mélanie Klein, Sylvain Tesson, Emmanuel Macron (actu internationale qui est en fait nationale), Serge Rezvani (promo-tour sur le Radio France Group), le kitsch et le moche, féminicide, les classes moyennes, Zelda / jeux vidéos, rythmes circaldiens (la nouvelle émission scientifique enchaîne les remakes des anciennes pas si anciennes « Méthode scientifique » et « Terre au carré » de France Inter la copine que France Cu copie sans vergogne), le sang « ressource économique et stratégique » (l'économie, une scie France Cu), grève à Verbaudet, et tapis de promos d’artiss’.
Pour explorer notre univers, la radio désavoirédéconnaissances ne se bouge pas, non, les sociologues, popolitologues, économistes, bref, des gens en -ogues et en -istes, toujours les mêmes, viennent filtrer le réel à travers leur regard qui pointe toujours dans la même direction, celle de leur livre qui vient de sortir à acheter pas cher, qui a inspiré le thème de l’émission du jour.
Les sommaires des moulinés en direct suivent le flux des parutions des invités, aucun producteur ne peut avoir l’idée étrange de choisir un sujet hors actu éditoriale, voire, horreur, de sortir du studio, de sortir de l’actu, de sortir des -ogues et des -istes, car le vrai boulot des producteurs à tuture, c’est attaché de presse de l’invité en promo.

Aaaaaaah ! ExSSSSSSSSSSellente journée que celle du 30. Enfin les vacances. Fin d'une grille qui peinait à se renouveler depuis quelque temps, en fait depuis septembre (pas 2022, avant).
Tout le monde s'invite entre soi, c'est la fête au village, et quand ce n'est pas le cas, les sujets d'actu avec commentaires à chaud d'évènements brûlants sont là pour calmer un peu l'ambiance festive.

Le bouc cleub est parfait. Une quinte. Un producteur de France Cu invite quatre producteurs de France Cu pour parler d'eux, de leur nombril et de leur vie à eux de quand ils lisent (les livres sont là pour faire joli dans l'décor).
Didine termine en beauté avec des photos de pénis en érection. Riche émission durant laquelle nous comprenons au bout de dix minutes grâce aux questions à Didine et à l'historien commis d'office qu'il s'agirait d'une histoire de virilité.
Guillaume le duc des Mamates invite et de one, la nouvelle direction de la station à tuture, qui se fait discrète, et de two la direction du département fiction, qui tente de rendre un peu voyant une programmation rachitique.
Le zig du Cours de l'Histoire accueille un ancien producteur de France Cu passé sur France Inter et qui retrace une fois de plus sa carrière, ce qu'il fit déjà deux fois sur la même chaîne (A voix nue & Chemins de la filo), c'est dire l'utilité de la chose.
Ah la belle journée que voili.
Le plus inoubliable reste quand même le bouc cleub et les remarques riches à Didine qui explique qu'elle n'aime pas lire pour le fun du plaisir, qu'elle aime bien être obligée de force à lire un livre, c'est son côté SM, sans oublier celles à Mariri, qui raconte ses souvenirs personnels passionnants et enrichissants pour l'auditeur. La radio des savoirzédéconnaissances, c'est pas du foutage de gueule.
Vivement la rentrée, où les mêmes reviendront faire la même chose mais pas à la même heure. Trop hâte.

Meeeeeeerde, la journée fait 24 heures ! 24 ! Ce qui fait 24 heures de programmes. Alors qu’est-ce qu'il faut y foutre bon Dieu pour les remplir, quand les idées se comptent sur les doigts de pieds d’un cul-de-jatte, que si la journée faisait que 6 heures, allez, ce serait vachement mieux de faire une riche programmation : deux/trois entretiens promo, deux / trois débats socio-popo, bref, pour aller vite, des machins improvisés en direct et en studio, et puis, surtout, une matinale d’actu. Alors que là, avec 24 heures, faut multiplier la même chose sur un temps plus long.

Donc, l’idée est venue de diffuser le dimanche après-midi le programme des Nuits. Pas mal, non ?
Espérons que ce ne soit qu’un début, car finalement, c’est souvent dans les Nuits, et qui plus est, le plus souvent, dans des émissions datant d’avant le troisième millénaire, que l’on trouve le meilleur de France Culture.
Le programme de ce dimanche aprème des nuits de jour ? Nous le saurons en temps voulu, quand le site sera mis à jour, ou mis à nuit, qui sait...
Car pour l’instant, c’est un peu le bazar, parce que eux à France Cu, ils publient leurs notes de travail en pensant que personne ne va les lire.
Alors lisons-les, c’est passionnant.


                                                   

                                                   

Tout à fait significative de l’état d’esprit des programmateurs des Nuits, cette propension à ignorer lectures, pièces radiophoniques, émissions de création de manière générale, pour privilégier trois types d’émissions : les entretiens, les débats, et les tables rondes (ne me dites pas que tout ça se ressemble beaucoup, car non, c’est faux, entre un débat et une table ronde, ça se ressemble beaucoup, ne me le faites pas dire deux fois).
Quelques documentaires traînent encore, mais c’est exceptionnel.
Car pour France Cu, un documentaire est surtout, essentiellement, l’occasion d’interroger des spécialistes de leur spécialité déjà invités plein de fois sur France Cu en studio dans des débats et des tables rondes, mais pas en studio (encore que parfois…), et pas en direct (donc on peut mettre de la musique dégoulinante de niaiserie ou de trouille, option à choisir suivant le sujet).
Une exception par ci et par là : les quatre Nuits magnétiques sur l’Ukraine début novembre. Vous allez me dire que ça ne compte pas, que s’il n’y avait pas l’actu, personne aux Nuits n’aurait ressorti ces émissions. Vous avez tort, tout faux sur toute la ligne : non, ils n’auraient pas ressorti ces émissions. Voyez, faut tout vous expliquer tellement vous n’avez pas les yeux en face des trous.

Nuit spéciale du 12 : Nathalie Sarraute.
Oh je vous entends d’ici, vous allez penser que ce n’est pas très original, que N. Sarraute a déjà beaucoup rempli la grille de France Cu ces dernières années, et je vous arrête tout de suite : vous avez encore tort. Non, N. Sarraute remplit déjà avec régularité la grille, elle n’est ni invisibilisée, ni inconnue, ni méconnue et encore moins une pionnière méconnue. Alors pensez moins fort, vous m’empêchez de penser.
Nathalie Sarraute, je vous l’apprends, a écrit des livres, mais aussi des pièces.
Du temps de son vivant, elle écrivit.
C’est donc en toute logique que cette riche nuit spéciale ne programme que des entretiens. Et plus précisément des entretiens avec N. Sarraute. Je vous entends d'ici tellement c'est pas discret, dire que des entretiens avec N. Sarraute, c'est pas ça qui manque sur le site à France Cu. C'est faux, oh que c'est faux. Je vous explique : des entretiens avec N. Sarraute, il y en a déjà plein, mais pas assez.

Copions/collons :
« Nuit du samedi 11 novembre au dimanche 12 novembre 2023
Nathalie Sarraute, l’espace d’un instant
Par Mathias Le Gargasson
00:00 - 00:06 Nathalie Sarraute, l’espace d’un instant - Présentation (1ère diffusion : 12/11/2023)
Par Mathias Le Gargasson - Réalisation Thomas Jost
00:07 - 00:48 Domaine du roman - Nathalie Sarraute (1ère diffusion : 29/05/1961 France III Nationale)
Par Georges Charbonnier - Avec Nathalie Sarraute - Lectures Pasquale Mazzotti
00:48 - 02:01 Anthologie vivante - Nathalie Sarraute (1ère diffusion : 30/01/1963 France III Nationale)
Par Jean Paget - Avec Nathalie Sarraute - Lectures Edwine Maotti, René-Jacques Chauffard et Paul Crauchet - Réalisation Georges Gravier
02:01 - 03:27 Biographie - Nathalie Sarraute (1ère diffusion : 04/02/1977)
Par Viviane Forrester - Avec Nathalie Sarraute
03:30 - 04:11 Un livre des voix - L'usage de la parole (1ère diffusion : 22/04/1980)
Par Pierre Sipriot - Avec Nathalie Sarraute - Réalisation Jean-Pierre Colas
04:12 - 04:40 Les chemins de la connaissance - Le discours intérieur (1ère diffusion : 28/06/1974)
Par Viviane Forrester - Avec Nathalie Sarraute
04:44 - 05:11 Parti pris - Nathalie Sarraute (1ère diffusion : 02/07/1976)
Par Jacques Paugam - Avec Nathalie Sarraute
05:11 - 05:38 Fictions contemporaines - Nathalie Sarraute ou l'assassinat du roman bourgeois (1ère diffusion : 25/11/1975)
Par Phillipe Boyer et Louis-Charles Sirjacq - Avec Nathalie Sarraute
05:38 - 06:08 A voix nue - Nathalie Sarraute 2/5 (1ère diffusion : 24/03/1992)
Par Danièle Sallenave - Avec Nathalie Sarraute - Réalisation Daniel Finot
06:11 - 06:57 Du jour au lendemain - Tu ne t’aimes pas (1ère diffusion : 18/10/1989)
Par Alain Veinstein - Avec Nathalie Sarraute - Réalisation Bernard Treton
06:57 - 06:58 Nathalie Sarraute, l’espace d’un instant - Désannonce (1ère diffusion : 12/11/2023)
Par Alain Veinstein - Avec Nathalie Sarraute - Réalisation Bernard Treton »


Une vraie compil’ d’entretiens, d’extraits d’entretiens (« À voix nue »)
La seule émission qui fasse tache est « Anthologie vivante » de Jean Paget, qui propose de larges lectures, mais attention, avec aussi un entretien. Quelques lectures un peu ailleurs dans une émission d’entretien (« Domaine du roman », avec Pascal Mazzotti).
Pour les producteurs de France Cu, la radio, c’est un studio, un producteur qui passe les plats, et un invité qui vient d’sortir un bouc.
La folie, le délire, l’imagination au pouvoir.

Nathalie Sarraute a écrit aussi pour la radio. Pour quelle chaîne ? Mais France Cu voyons.
Voilà ce qu’a ouvertement ignoré le pétulant adulescent de la night. [Lorsque disponibles, les liens ont été attachés]
1966 : « Carte blanche » par Lily Siou, « Le mensonge »
1970 : ACR « Sont-ce sons sensés ? Sont-ce sons sans sens ? »
contenant « Isma ou ce qui s’appelle rien » une pièce radiophonique
1972 : Re-carte blanche avec « C'est beau »
1976 : « Poésie ininterrompue », textes lus par N. Sarraute
1980 :
ACR « Elle est là », mise en scène radiophonique de Claude Régy
ACR « De la conversation et patati et patata », par René Farabet et Michèle Cohen, avec N. Sarraute, Michel Serres, Gilbert Lascaux et Bernard Noël (« Cette traversée des conversations nous conduira d'une sorte de jungle verbale à une brasserie parisienne », résumé INAthèque)

1981 : ACR « Pour un oui ou pour un non, ou encore pour, pour...  » avec, je vous le donne en mille, « Pour un oui pour un non » en première audition. Les pièces de N. Sarraute ont d’abord été écrites pour la radio, avant d’arriver sur scène.
1993 : « Le silence » & « Elle est là », Société des Comédiens Français, retransmissions des mises en scène de Jacques Lassalle
2009 /13 : nouveaux enregistrements de toutes les pièces de N. Sarraute, supervision de Jacques Lassalle. (Sur archive.org, parties 1, 3 et 5)
Et aussi
1985 « Le bon plaisir de Nathalie Sarraute » par Kaye Mortley

Vous écoutez France Culture Discount, la radio qui vend, qui milite, qui mouline de l’actu, et qui cache ce qui reste sous le tapis.
Nuit Nathalie Sarraute (cf Nuit spéciale du 12).
Vous regardez l’programme du jour et d'la nuit. Quel est l’programme ? Eh bien démerdez-vous.

                                                         
                                                                                                                                                                                                                                          Etc...
Les citations – formules définitives, Table de la Loi – sont des accroches suffisantes. Pour le contenu (pardon, le cont’nu), on s’en tape. Il faut cliquer sur toutes les pages. De quoi persuader les moins curieux de vite laisser tomber.
Ce qui est sûr, cependant :
À 2h01, Nathalie Sarraute va prononcer cette phrase ailée : « Je dis toujours que je n'ai pas de biographie »
À 4h44, elle va déclamer «L'écriture est une façon d'écarter le mur d'apparence qui nous entoure »
L’auditeur, tel une vache regardant passer un TGV Inouï, ne doit pas la louper, elle va passer vite. Et après, à 5h38, faudra rester au top pour « Ce que j'écris est aux limites de la conscience ».

Par contre, à 7h,

                                                        

vous savez que ce sera le journal de 7h. Mieux vaut le signaler trois fois qu’une.


Toujours dans les programmes mais pas de nuit, les fictions d’la s’maine. Dieu que c’est beau, Dieu que c’est riche ! Mais qui va écouter ça ! Mais pour qui sont ces sons qui sifflent dans nos têtes pour nous dégueulasser les tympans ?
Nul ne sait. Ces programmes existent, ils sont là pour la déco. Mais à l’inverse d’une déco, personne ne les regarde, et donc ne les écoute. Il n’y a qu’à voir la folie sous X, ex-touitteur, où les like et les rt se compte par paquets de zéros, puisque France Cu Discount ne se donne même pas la peine de les promouvoir sur les réseaux lors de leur diffusion.
Le feuilleton (pardon, le feuill’ton) : lectures d’extraits des « Liaisons dang’reuses » (cf aussi cet autre billet). Rediff’ 2919. Le lien sur site renvoie directos à la diffuse de 19, pas la peine d'se fouler.
« Samedi noir », encore « La chute de la maison Usher ». Cliquons sur la page, et découvrons, oh !, que c’est « en direct du studio 119 de la maison de la radio ». Waouh ! Mais ça change tout ! Pour l’auditeur, tout est différent sans être pareil que si c’était pas en direct.
Et surtout, ça coûte pas cher, pas d’montage, on enregistre en direct et c’est dans la boite. Finito. Et puis si le son est pourri, on dira que c’est la magie du direct en public.
Mais attendez, sam’di 11, y’avait que dalle en direct. C’était en direct lors de la première diffusion le 8 décembre 18. France Cu a republié la page d’époque sans se donner la peine de signaler que c’était une rediff’. Ni vu ni connu on s’en tape.
La s’maine prochaine, rediff’ de lectures d’extraits pour le feuill’ton.

Les deux nouveautés, je les garde pour la fin. Vous allez tellement adorer que vous allez vous jeter d’ssus.
Comme c’est toujours pareil, les nouveautés sont moyennement surprenantes.
Nouveauté discount n°1, dimanche 12 :
« Sans raison explicable, une femme, un jour, ne rentre plus chez elle. Délaissant travail, amour, enfants, Jeanne se réfugie dans une chambre d’hôtel anonyme, puis dans la ville elle-même. 
Récit d'un départ, d'une recherche en soi et à travers la ville, Jeanne est une pièce-fleuve qui emprunte le chemin de la sidération vers une possible résilience... »
Les mots-clés sont les bons, posés en plein sur la Ligne Générale.
On s’lit un peu la suite :
« ...la pièce réunit autour de Jeanne son mari Eloi, comme un fil d'Ariane, leur fils Léo, un homme répondant au nom du "Vieil homme étourneau" et une présence étrange émanant de l'hôtel : une jeune fille dont la chambre s'est peu à peu transformée en marais immense et répondant au nom de ...Lou Reed. »
Ah ah ah, lol, que de fantaisie ! Vite une corde ! Vite un arbre ! Extra !
Bon. Lutte contre le patriarcat, Ô objet unique de nos ressentiments, c’est fait.
Maintenant (pardon, maint’nant) : ratissage d’actu toute fraîche.
Vous croyiez qu’on allait s’en éloigner ? Bande de naïfs, je vous ai écrit plus haut que c’était toujours pareil.
Nouveauté discount n°2, sam’di 18 :
« Bunker Kiev ». L’auteur de ce truc apocalyptique reçoit régulièrement (pardon, régulièr’ment) des commandes de France Cu.
Comme ces auteurs se comptent sur les doigts d’une main, et encore, nous pouvons nous demander pourquoi. Pourquoi lui et pas un autre ? Parce que des auteurs, c’est pas ça qui manque en c’monde.
La réponse :
« Le théâtre de Massini, bien souvent politique, en prise avec le monde et la réalité sociale, est un théâtre qui donne à penser. Nous rediffuserons dans le cadre de ce cycle un texte datant de 2016, Point d’interrogation, texte visionnaire sur le monde de demain, écrit pour la jeunesse. » In ze Ligne Gé.
L’histoire est dans l’titre, mais la voici quand même :
« Dans Bunker Kiev, Stefano Massini nous plonge dans le quotidien des habitants de Kiev depuis le début de la guerre en Ukraine, qui au rythme des sirènes doivent se réfugier dans un bunker : un lieu où se protéger mais où la peur de la mort est partout présente. »
Une fiction qui pompe le réel en son cœur puisque écrite pépère tranquille « à partir de témoignages rapportés dans les journaux et sur les réseaux sociaux ». La misère humaine, ça rapporte toujours, mais faut toujours battre le fer tant qu'il est chaud.
La symbolique de la pièce est donc très forte, totalement inattendue :
« Le bunker est ici non seulement le symbole de la guerre (...) mais aussi la métaphore de l'outre-tombe »
Et pour bien bâcler la chose à la coule en deux coups les gros, c’est « en direct de la maison de la radio et de la musique ».

Aujourd'hui, un peu de poésie illustrée, et illustrée par ce qui s'fait d'mieux en terme de culture-savoirs & connaissances & toute la lyre.
J'ai choisi "Crépuscule", parce que ce poème de Victor s'hugotise harmonieusement avec la poésie qui se dégage de ces programmes de France Cu si bêlement pouetiques.

                                                                                                                                            Crépuscule

                                                                                                            

                                                                                                                    L’étang mystérieux, suaire aux blanches moires,
                                                                                                                    Frisonne; au fond du bois la clairière apparaît ;
                                                                                                                    Les arbres sont profonds et les branches sont noires ;
                                                                                                                    Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ?

                                                        
                                                                                               

                                                                                                                    Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?
                                                                                                                    Vous qui passez dans l’ombre, êtes-vous des amants ?

                                                                                                        


                                                                                                                    Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines;
                                                                                                                    L’herbe s’éveille et parle aux sépulcres dormants.

                                                                                                    

                                                                                                                    Que dit-il, le brin d’herbe ? et que répond la tombe ?
                                                                                                                    Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs.
                                                                                                                    Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe;
                                                                                                                    Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.

                                                                                

                                                                                                                    Dieu veut qu’on ait aimé. Vivez ! faites envie,
                                                                                                                    O couples qui passez sous le vert coudrier.

                                

                                                                                                                    Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie,
                                                                                                                    On emporta d’amour, on l’emploie à prier.

                 

                                                                                                                Les mortes d’aujourd’hui furent jadis les belles.
                                                                                                                Le ver luisant dans l’ombre erre avec son flambeau.
                                                                                                                Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles,
                                                                                                                Le brin d’herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau.

            

                                                                                                               La forme d’un toit noir dessine une chaumière;
                                                                                                               On entend dans les prés le pas lourd du faucheur;


                                                                    


                                                                                                               L’étoile aux cieux, ainsi qu’une fleur de lumière,
                                                                                                               Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur.

                                                    

                                                                                                                Aimez-vous ! c’est le mois où les fraises sont mûres.
                                                                                                                L’ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents,
                                                                                                                Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures,
                                                                                                                Les prières des morts aux baisers des vivants.

                                                                                                                            

                                                                                                                                                                                                                                            Victor Hugo