Pourquoi la radio de F. Martel est-elle ce que FC nous propose de pire ? Parce qu’elle adhère à cette forme de journalisme qui se voudrait impertinent et qui n’est que désobligeant. Qui voudrait rompre avec cette cible des obsédés de la soupçonnite qu’est le « journalisme de connivence », mais en place de quoi elle ne nous propose qu’un journalisme de bac-à-sable. Une foire aux vannes où tout sera bon pour déstabiliser l’invité et lui envoyer un coup au foie : une mauvaise passe, ses difficultés et échecs objectifs, mais aussi les ragots, rumeurs, jugements biaisés, chiffres inexacts, citations tronquées ou imaginaires, questions savonneuses, allusions filandreuses, jeux de dévalorisation, et toujours sur un ton goguenard, bref l’attirail du mauvais esprit. On ne s’engage pas trop en les imaginant ruisselants de transpiration, les invités qui ont quitté le studio de Masse critique avec le sentiment d’être tombés dans un guet-apens.
En tous cas l’efficacité est discutable : la vérité en est-elle mieux mise à jour chez Martel qu’au micro d’Eric Laurent sur FC, ou de Séguillon naguère sur LCI ? Rien n’est moins sûr : leur journalisme sérieux, adulte, factuel et intransigeant, est certainement mieux adapté à tout sujet un peu épineux. Martel peut il faire de même ? Il est permis d’en douter. On n’a jamais vu un grand journaliste se goberger à ce point de piques stériles. Pourtant, du persiflage dérangeant et impertinent, il y en a toujours eu. Il y a 40 ans à la télé, un Philippe Bouvard était lui, franchement dôle en bousculant les pipeules, à leur poser des questions indiscrètes, et probablement malséantes pour le conformisme bien-pensant. Mais Frédéric Martel n’est pas le Bouvard de 2009. Il n’est pas un poil à gratter, et pas non plus un amuseur. Il se voudrait un tueur, on verra plus bas que dans Masse Critique tout le monde est perdant y compris lui-même. C’est plutôt un des représentants, et le seul sur FC, d’un style de journalisme narcissique de plus en plus présent depuis une quinzaine d’années : insidieux, goguenard, arrogant. La télé depuis 1995 nous en a offert quelques exemples : Marc-Olivier Fogiel, Laurence Ferrari au moins pour sa période Canal+. Bizarrement, c'est Antoine de Caunes qui en avait offert le meilleur portrait, mais sous forme parodique, avec le personnage d'Albert Langue-de-pute, création hilarante, mais aussi physiquement répugnante, qu'on y songe.
Le dommage est que si le journalisme de mauvais esprit, mis à la recherche de quelque vérité, a pu avoir son efficacité, celle ci est maintenant évaporée. On peut même penser que l’effet atteint est l’inverse de celui qui était visé. C'est qu'un peu partout maintenant on les connait les tours de Martel : on sait qu’il va présenter ses critiques sans vraiment écouter les réponses, soucieux de placer sa prochaine vanne et sans trop faire les comptes. L'invité moyennement préparé saura balancer une réponse superficielle ça suffira bien, en louvoyant ou copain-copinant, on dégagera ainsi en touche. Ceux qui ont quelque chose à planquer viennent archi-préparés, et sauront retourner la situation à leur avantage, aussi bien que ceux qui sont clean et savent qu’un coup de pompe judicieusement placé fait taire un roquet. Bref au bout de la troisième saison, il envoie plutôt ses valdas dans le décor, le kador qui se vantait encore la saison dernière en annonçant après le journal << la matinale du samedi >> sans savoir que pour l’auditeur de FC, la matinale du samedi c’est plutôt Répliques+Concordance des temps. Vanité quand tu nous tiens ...
./...
Dernière édition par Nessie le Mer 29 Déc 2010, 04:40, édité 3 fois