Écouter en différé était déjà, avant le téléchargement via Internet, une pratique courante chez les auditeurs exigeants. La mini-cassette enregistrée grâce à un minuteur était le podcast d'aujourd'hui. La différence majeure avec ces dix à quinze dernières années est cependant l'offre sur Internet : qui, avant les années 2000, pouvait enregistrer les radios francophones et les radios étrangères ? Personne n'avait accès, en différé ou autrement qu'en y étant présent, aux conférences de telle académie ou université ou de tel festival.
Devant l'offre au jour le jour, mais aussi grâce aux archives (désormais d'accès facile quoique partiel, par exemple dans les Nuits de France Culture ou via des échanges entre passionnés), l’auditeur peut échapper aux programmes médiocres (qui ont toujours existé) et écouter uniquement ce qui l’intéresse au vu d’un titre attirant, d’un sujet connu, etc. Il peut aussi et surtout approfondir tel ou tel sujet grâce aux informations données ou recherchées sur la Toile (comme disait Olivier Germain-Thomas, d'ailleurs le voici dans un
Café littéraire du 17 10 2013, une heure d'entretien susceptible d'être retranchée de l'écoute potentielle de la radio...). Ce temps donné à la lecture et à l'étude (regarder des tableaux de tel peintre évoqué, écouter une pièce musicale découverte, lire une biographie, examiner des cartes, de la
Moldavie par exemple, lire une synthèse ou une
transcription d'émission, etc.) est autant de temps de loisir culturel non disponible pour l'écoute.
Il est bien sûr possible d'envisager une autre logique, mais on peut comprendre ainsi l'absence de commentaires sur les sites des émissions (encore un peu) exigeantes de France Culture : la recherche facilitée, ou la curiosité, occupe le temps de potentielle écoute ou d'écriture d'avis de l'auditeur (un tant soit peu curieux ou exigeant).
Il faut avoir le goût forcené de l'échange ou du service à autrui (n'est-ce pas Nessie qui offrez, entre autres, les programmes exhaustifs et précis des Nuits de FC ?) ou encore l'espoir de faire prendre conscience de certaines choses à des responsables pour s'impliquer dans une démarche active de critique (au sens de « faire de la critique »).
En résumé et pour faire bref, parce que j'ai des émissions de France Musique de l'été à écouter et à faire des lectures suggérées par
Words and Music, la revendication de qualité à France Culture et ailleurs s'est émoussée, laissant à l'actuelle direction, qui le sait, le champs libre pour diffuser des émissions de distraction, de promotion et quelques rares productions à prétention culturelle plus ou moins justifiée.
Aussi, comme le dit Lothar Seghers à la fin de son émission hebdomadaire à la RTBF,
Au chœur de Bach, Bonne semaine (et bonne fin d'année) à tous !