Sur la page Facebook de Backstage,
une photo de l'article de Télérama écrit par Irène Verlaque et légendée par l'équipe d'Aurélie Charon (ou Charon elle-même) d'un :
Merci Telerama • radio love ••.
A l'occasion d'un thé entre professionnelles, Aurélie Charon synthétise son projet radiophonique. Regroupons ses idées :
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elle expose le principe de son émission : explorer l'intimité du geste artistique, par le biais de l'entretien et du reportage. La jeune femme a carte blanche quant au choix de ses invités. Certains sont connus, d'autres, plus discrets : tous détiennent des histoires passionnantes.
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Cette heure s'échafaude autour de l'invité, et avec lui : il doit choisir les proches qui l'accompagnent et apporter des objets reconstituant son univers. -
Aurélie cherche à créer du mouvement en studio - il y a toujours un micro « volant » à disposition. Et prend un malin plaisir à détourner l'attention de ses interlocuteurs qui, lorsqu'ils partagent un fromage, dessinent sur un tableau noir ou déambulent, s'extrayant du carcan de l'entretien. Sont ainsi saisis, à la volée, instants de grâce et fulgurances inattendues. Mon fantasme absolu, c'est que les invités ne se rendent pas compte que l'émission a commencé
, confie l'animatrice avec malice.-
Mue par la volonté de convier « la vraie vie » sur les ondes, elle conserve des moments de flottement (d'habitude ôtés au montage) qui, tout anecdotiques qu'ils puissent être en disent long sur les individus.
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Backstage est (juste) une heure de la vie de quelqu'un mise sur écoute
, résume t-elle en souriant, turlupinée par l'idée de pousser son concept un cran plus loin : quand pourra-t-elle donc réaliser un documentaire en direct ?L'auditeur ? Ne cherchez pas, il n'en est jamais question. Aurélie Charon confirme naïvement la vacuité de ses préoccupations, sans imaginer que ses artifices montés pour capter « la vraie vie » (ah ! Ces instants de grâce
saisis à la volée...) du studio n'en sont plus perçus par l'auditeur que comme exploités sans sincérité, et sonnant plus faux encore.
Cette heure d'antenne est un ramassis d'anecdotes sur la vie privée de ses invités (voir le
reportage sur les amis d'Anna Karina à Saint-Germain-des-Prés) que la productrice appelle
l'explor[ation de]
l'intimité du geste artistique (c'est par ces mots qu'on vend un projet à la direction de France Culture). On s'étrangle devant ce bla-bla.
Quand ces trentenaires cesseront-ils leurs enfantillages et reviendront-ils à la création d'une radio digne de ce nom ? Non pas que les
fulgurances inattendues soient à bannir, ou que
convier la « vraie vie » sur les ondes reste un vœu parfaitement idiot, mais ces moments ne s'attendent pas, ils surgissent. Et par définition très rarement. Penser favoriser les conditions de ces brèves « apparitions » est un contresens. A la place, mieux vaux assumer la radio comme un pur artifice à travailler comme tel, un exercice très sérieux accepté par l'auditeur comme un contrat, qui, peut-être, un jour, laissera éclore un « moment de radio » - sans préméditation donc.
L'époque est à l'exposition de coulisses bidons ou « vérités cachées » qui illusionnent une porte ouverte sur l'intime (Deuxième mot du titre :
Dans l'intimité des artistes/ dans le chapô :
dévoile son univers /
tous détiennent des histoires passionnantes). Rien de plus vain. Comme dans un autre genre, la « proximité » factice dans le relai d'antenne
par de faux dialogues par exemple. L'auditeur n'a que faire des copinages qui viseraient à personnaliser une relation (de producteur à producteur ou de producteur à auditeur). Il souhaite un média compétent. Comment ne pas comprendre cette évidence ?