Oui oui cher Philaunet. J'ai vu et j'ai pas vu. Je suis franchement déçu par cette saison 2012-2013 de l'Atelier Intérieur. Il faut dire qu'ayant boycotté quasi intégralement le programme de semaine pendant l'année 2011-2012, j'avais
de facto squeezé toute la première saison de cet Atelier... et de la je me suis trouvé plutôt agréablement surpris en la découvrant tout d'un bloc ou presque à la rentrée de septembre dernier, soucieux que j'étais de rattraper un peut-être-retard. Mon impression à faire défiler pendant une grosse semaine la cinquantaine de numéros de l'année achevée : hormis par ci par là des accès de voix de grande folle mise en vedette et qui se prenait pour Fanny Ardant, hormis aussi de récurrents tortillotrouducutages pseudo-conceptuels dans le pur style perf' d'Art contemporain, j'avais trouvé dans l'ensemble assez d'inventivité, des délicieux moments de hoerspiel, quelques intervenants intéressants (l'inoxydable Tobie Nathan, si on veut). Et il m'avait aussi semblé que la Charon entre deux accès de nunucherie juvénile flirtant dangereusement avec le style Richeux, faisait tout de même preuve d'un niveau de connaissance fort respectable en les divers domaines de l'Esthétique. On peut l'imaginer sortie bien notée de quelque bonne école d'art, ce qui pourrait expliquer l'irruption subite de cette gamine à un poste aussi important dans la maison. Bref malgré les faiblesses, j'y décelai des débuts prometteurs.
Le principe général de l'Atelier intérieur a été affiché et revendiqué dès le numéro UN de la rentrée 2011, clairement inspiré de la doctrine radio d'Alain Veinstein : large part laissée à l'improvisation ce qui veut dire création en direct, avec invités en studio (ou bien
in situ) et sous le coude une petite réserve de matos enregistré : archives, musiques, mini-sujets à caser. On reconnait la doctrine des Nuits magnétiques l'année de leur création : c'est la corde raide. La rançon de cette prise de risque, qui relève du courage ou de l'inconscience, c'est qu'on est guetté à chaque virage par le décousu, le temps mort mal vécu, le remplissage ; de là l'auditeur il peut s'attendre chaque soir à une belle réussite ou à un pétard mouillé. Ou à un mélange des deux, sous forme de rafistolage cousu de scotch fluorescent. Ou encore à un sommet de connerie. Ou enfin à une série de digressions qui n'ont finalement que peu de rapport avec le thème annoncé, et parfois le résultat est bon quand même, tout hors-sujet soit-il.
Sur l'année précédente, voici deux exemples de réussite honnête à mon goût, de ceux que j'ai préféré conserver sans rien en retrancher, même si tout n'y était pas excellent :
- 10 octobre 2011 :
Vitesse- 14 novembre 2011 :
Le gesteEt voici deux exemples de foirade ridicule, comme deux Himalaya de sottise prétentieuse et à côté de toutes les plaques :
- 26 décembre 2011 :
Alchimistes- 6 février 2012 :
Hypnose. Un commentaire : il est patent que la plupart des gens présents ne connaissaient rien au sujet, notamment on y voyait cultiver le contresens entre Hypnose et Hallucination ; ce genre de confusion qui entache le document tout entier en dit long sur le soin apporté au boulot : s'épivarder en dehors du thème parce qu'on n'a pas même pris soin d'en cerner la définition, c'est vraiment du branquignol radiophonique.
Et entre ces deux extrêmes ? Eh bien il y a eu un peu de tout. Nombreux numéros sans intérêt, où ça ne décolle pas et dont on ne retient rien. Assez fréquemment on voit passer aussi les défauts maison de FC : les tics verbaux de la génération (surabondance de 'voila' certains soirs), et des accès récurrents du paradigme idéologique de la baraque par exemple un bon petit coup d'anticapitalisme primaire au détour d'un sujet qui fleurait bon la magie (comment saboter un moment de rêverie par un accès de militantisme déplacé). Résultat il a été finalement très rare de conserver une émission intégralement. Pas une ou presque qui ne fut entachée par une séquence tartignolle ou par un invité d'une stupidité phénoménale, ou encore les deux. Pour autant, à côté des rares numéros entièrement réussis, il y en eut tout de même un bon nombre qui méritaient de subsister une fois
réduits-dégraissés-remontés parce qu'ils recélaient davantage de bons morceaux que de bas-morceaux. Inversement quand presque tout était à jeter mais pas tout à fait tout, j'ai pu conserver de ci de là quelque diamant inattendu ou quelque brève fort honorable qui faisaient tache par antiphrase au beau milieu de la soirée la plus nullos. Enfin quand la connerie était à son maximum pendant 58 minutes ou pendant 50 secondes, j'ai pris soin d'archiver la chose dans mon dossier volumineux 'Horreur radiophonique', où finalement les Ateliers Charon sont, hélas, assez présents.
Malgré ce dernier point, considérant la quantité non négligeable qui méritait une bienveillante attention j'avais démarré la deuxième année avec confiance et je n'en ai pas loupé un seul. Hélas le résultat c'est que je n'ai pas réussi à en garder lourd : un ou deux numéros (entiers ou en réduction) mais pas plus, alors que nous voila déjà à la mi-année. S'il y avait du jus dans la première année, j'ai bien peur qu'il n'en reste pas grand chose dans la deuxième.