stein a écrit:(...) les entretiens peuvent être assez beaux comme (...) l'hommage à J Dupin .
Quel regard porter sur le regard porté par France Culture sur la poésie ?
Avec l'émission consacrée à J. Dupin, on retrouve le choix, emblématique de la station, de considérer qu'est de la poésie une manière de sentir ou de penser (et de dire) qui tourne autour du mal-être, de la douleur, de la destruction, de la catastrophe, etc.
Jacques Dupin, contre qui l'on ne porte aucun jugement, et dont on ne s'étonne pas en l'entendant parler qu'il a pour modèles Paul Celan, René Char, André du Bouchet ou Louis-René des Forêts, Jacques Dupin, donc, dit ceci au micro de Mathieu Bénezet (ce dernier : une voix !) :
"La poésie pour moi, ce n'est pas un genre littéraire, ce n'est pas un moyen de communication, c'est un travail de la langue et de la langue contre la langue, sa contestation, sa destruction pour voir revenir la langue à l'état naissant dans la lumière de la catastrophe et sur les piles du désastre. La poésie est une blessure de la langue".
Il semble avéré que "catastrophe", "désastre", "blessure", sont des serrures que les porte-clés de France Culture trouvent naturel et plaisant d'ouvrir, ici ou ailleurs.
Jacques Dupin, toujours : " La langue a besoin d'être brisée, cassée, réduite en miettes avant de dégager surtout de l'inconnu, des forces qu'on ne soupçonne pas"
Why not. Mais si cette veine du malaise et de la destruction est au rendez-vous de la plupart des émissions de poésie, on comprend que le genre (confondu avec la sélection d'une perception unique du monde) n'attire pas les foules, ni ne trouve sa place dans la grille (surtout quand les voix qui lisent sont elles-mêmes "éraillées-essouflées" –c'est un genre -, au bord du sanglot et de l'extinction).
Puisque vous aimez la poésie, Stein, vos pourriez nous indiquer les numéros de
Ça rime à quoi où l'on trouve un état d'esprit qui n'est pas celui de l'expression du mal-être dans le monde ou en soi, sentiment qui n'est pas le fin du fin de "La Poésie", que l'on sache.
Peut-être nous indiquerez-vous des auteurs francophones (les étrangers ayant peu leur place chez S. Nauleau, sauf exception avec par exemple un numéro, obligé, sur le Suédois nobélisé T. Tranströmer), ayant un courant d'esprit rappelant T.S. Eliot et son "Macavity, the mystery cat" ou pouvant aborder des thèmes tels qu'on les trouve dans les anthologies publiées au Cherche-Midi ou ailleurs (la mer, le temps, la ville, la femme, l'eau, les arbres, etc).
Moi qui n'aime pas la poésie, j'aimerais bien entendre des émissions consacrées à d'autres "auteurs" que ceux qui se cooptent à la Maison de la Poésie à Paris et qui s'entre-citent en permanence. Au hasard Lucien Becker, René-Guy-Cadou, Jean-Paul de Dadelsen, Xavier Grall, et pour citer un nom bien connu, Norge. Et l'on ne veut pas citer les innombrables poètes contemporains de tous les autres horizons, traduits en français. On pourrait alors avoir, comme avec le dernier numéro consacré à Baffo, une lecture bien faite en langue originale (quand France Culture fera-t-elle entendre des textes en hindi, par exemple, ça redonnerait quelque densité au mot Culture dans son nom...) et sa traduction (non en surimposition, évidemment).
On a le sentiment que les trois prochaines émissions annoncées pour clore l'année 2012 ne sont pas tout à fait dans la veine d'une ouverture à d'autres univers poétiques. Mais ne jugeons pas avant d'avoir écouté.