Nous parlons beaucoup dans ce fil de la catastrophe orthographique qu'est devenu le site de France Culture, et l'article annonçant la mort de Doris Lessing en est un triste exemple :
http://www.franceculture.fr/2013-11-18-doris-lessing-mort-d-une-auteure-polymorphe-et-engageeMais ce qui frappe (car les fautes d'orthographe, on a fini par les attendre et être surpris de n'en point trouver quand cela arrive), c'est que ces textes sont avant tout oraux. Ils semblent écrits pour un bulletin d'information et destinés à être lus à l'antenne de n'importe quelle chaîne généraliste. Il s'agit d'abord de collectionner les petits bouts d'information que l'on peut glaner sur wikipedia, et mettre l'accent sur les causes que l'on aime au détriment du sens de l'oeuvre. Ici, tous les mots clés sont présents, comme sur une liste à cocher : anti-colonialiste, féministe, écolo et marxiste, c'est le super banco!
Parmi ces tournure orales-télévisuelles, on trouve le mot "extrêmement", servi à toutes les sauces (Marie Richeux l'utilise beaucoup, qualifiant avec un seul mot tout ce qui peut signifier l'excès), et le fameuse conclusion de paragraphe par une phrase qui n'en est pas une :
Dans son dernier livre, L'Histoire du général Dann (2013), fiction prospective qui se déroule à une époque indeterminée, dans un monde figé par la glace et privé de son ancienne civilisation, Doris Lessing délivre un dernier message. Ecologique, cette fois.Tout y est : style lourd, juxtapositions hasardeuses, faute d'orthographe et phrase finale sans verbe comme dans un reportage télé (exemple : "Plombé par l'écotaxe, Dédé ne remontera pas sur son tracteur. Pas aujourd'hui en tout cas.") C'est un effet de conclusion qui marche à l'oral, dans un journal télévisé, mais à l'écrit, c'est ridicule.
La conclusion à tirer de cet exemple textuel parmi d'autres, c'est qu'à l'image des textes du Xave Delaporte, le Ribéry de France Culture, l'acte d'écrire à France Culture n'a plus pour point de départ la chose écrite, mais les sonorités de la parole télévisuelle. Comme il n'y a plus besoin de lire pour travailler à France Culture (et croyez-moi, ça s'entend tous les jours), on peut s'en sortir en singeant les réflexes du journalisme généraliste télévisuel , et appliqué à tous les sujets, et surtout culturels.
On ne cesse de célébrer le livre, les mots (marathons etc.), le papier (FC Papier), la presse écrite mais quel exemple nous donne le site de France Culture? Qu'il n'y a plus besoin de disposer d'un bagage littéraire, d'un goût pour la langue, d'un vocabulaire étendu, d'un goût pour la nuance, pour le jeu textuel. Il faut simplement produire du texte comme une notice wikipédia, qui aligne des faits sans hiérarchie ni connaissance profonde du sujet
Cela voudrait dire que le directeur de la station, au vu de son action, serait un grand hypocrite, mais cela, je n'ose le croire. Extrêmement pas.