Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Je crois qu'il séduit beaucoup la direction de France Culture parce qu'il adore se définir comme un philosophe dissident, celui qui parle aux autodidactes, qui donne l'illusion que la philosophie institutionnelle et universitaire est suspecte car "dans le système". Il y a tout juste la bonne dose de complotisme anti-élites dans son propos pour le rendre tout à fait recommandable par la station. Comme un badge de bonne conduite, France Culture ne voudrait pas être prise en flagrant délit de "production de cours de philo par un professeur d'université". Pour le travail de sa nouvelle image, voilà qui serait tout à fait catastrophique. Cet amour de la dissidence ne concerne pas que la philosophie, d'ailleurs, c'est une veine qui traverse et prescrit une vaste somme de choix thématiques.

Yann Sancatorze a écrit:Je crois qu'il séduit beaucoup la direction de France Culture parce qu'il adore se définir comme un philosophe dissident, celui qui parle aux autodidactes, qui donne l'illusion que la philosophie institutionnelle et universitaire est suspecte car "dans le système". Il y a tout juste la bonne dose de complotisme anti-élites dans son propos pour le rendre tout à fait recommandable par la station. Comme un badge de bonne conduite, France Culture ne voudrait pas être prise en flagrant délit de "production de cours de philo par un professeur d'université". Pour le travail de sa nouvelle image, voilà qui serait tout à fait catastrophique. Cet amour de la dissidence ne concerne pas que la philosophie, d'ailleurs, c'est une veine qui traverse et prescrit une vaste somme de choix thématiques.

Allons plus loin ! Onfray jouit se sa petite célébrité, il vend ees livres, sans doute davantage que d'autres "philosophes" ou professeurs de philosophie, même bon pédagogues.
Programmer du Onfray rapporte de l'audience, sans doute davantage que programmer du Grimaldi ou des entretiens un peu anciens de Foucault ou Pierre Hadot.
D'ailleurs, de tels entretiens feraient rigoler le technicien de l'autre matin !
Michel, c'est le Platini de la philo sur France Q !

Yann Sancatorze a écrit:Je crois qu'il séduit beaucoup la direction de France Culture parce qu'il adore se définir comme un philosophe dissident, celui qui parle aux autodidactes, qui donne l'illusion que la philosophie institutionnelle et universitaire est suspecte car "dans le système". Il y a tout juste la bonne dose de complotisme anti-élites dans son propos pour le rendre tout à fait recommandable par la station. Comme un badge de bonne conduite, France Culture ne voudrait pas être prise en flagrant délit de "production de cours de philo par un professeur d'université". Pour le travail de sa nouvelle image, voilà qui serait tout à fait catastrophique. Cet amour de la dissidence ne concerne pas que la philosophie, d'ailleurs, c'est une veine qui traverse et prescrit une vaste somme de choix thématiques.

Je souscris entièrement à cette analyse.

Mitsouko a écrit: (...) Programmer du Onfray rapporte de l'audience, sans doute davantage que programmer du Grimaldi ou des entretiens un peu anciens de Foucault ou Pierre Hadot.
D'ailleurs, de tels entretiens feraient rigoler le technicien de l'autre matin !

Ne pas oublier que ce que l'on entend à France Culture est un show que Michel Onfray fait devant un public à Caen. Un (petit) peu comme ces conférences américaines faites par des vedettes (on pense aux conférences TED http://conferences.ted.com/TEDGlobal2013/).

Il y a là un problème déjà évoqué : le genre de la conférence publique (où il y a interaction, invisible mais pas forcément inaudible pour l'auditeur, avec un auditoire) enregistrée pour diffusion radio. Ce genre n'a rien à voir, surtout de nos jours, avec l'entretien ou le monologue en studio. Les conditions physiques et psychiques variant selon les types d'environnement, la manière de discourir change.

Devant une foule, l'orateur aura tendance à vouloir conquérir l'auditoire et jouir des réactions du public (rires, applaudissements, etc) devant ses effets (de manche, d'esprit, etc). C'est le cas de Michel Onfray. Et il n'est pas le seul : Nicolas Grimaldi savourait aussi les signes d'admiration, il a d'ailleurs dit lui-même chez Veinstein que c'était ce qu'il se reprochait le plus dans sa carrière d'universitaire, avoir cherché à séduire plus qu'à instruire.

Est-ce que ce phénomène convient à la radio ? Pour certains, oui, pour d'autres évidemment non, qui préféreront l'entretien intimiste ou le monologue concentré (souvent une lecture personnelle de texte, exercice d'ailleurs difficile pour tenir l'auditeur).

Il existe un genre intermédiaire qui est l'entretien devant un public. Par exemple les retransmissions en direct du salon du livre ou de toute autre foire. Alain Machefert en a mentionné la mauvaise qualité du point de vue du brouhaha environnant (on se rappelle de certains Nouveaux Chemins catastrophiques), à quoi on peut ajouter la piètre qualité de la concentration de l'invité devant faire face en même temps à l'intervieweur à son côté et à la salle en face de lui (puis en direct ou en différé au jugement de l'auditeur devant son poste ou en balade on ne sait où).

Pour les auditeurs qui ont envie de compagnie et de rire collectif : Onfray à Caen en différé. Pour les autres : du studio. Mais souvent auditeur varie...

Là encore, le dosage est différent à la BBC : quand une évènement a lieu en public, il s'agit d'abord d'une production radiophonique qui se trouve réalisée devant un public (Reith Lectures, ou d'autres lectures pendant des festivals littéraires), et non une production pour un public qui se trouve être enregistrée pour une diffusion radiophonique. Le texte de l'orateur est façonné pour rompre l'effet de monotonie qui serait plus acceptable, disons, dans une conférence publique.
Concernant les conférences TED, elles ont déjà été parodiées, et j'aime beaucoup ce pastiche :



Tout y est : l'arrogance et la franchise, l'effet de manche, le vide qui se veut rempli de sens, les réactions du public. C'est une belle synthèse!

masterkey a écrit:
Tout ce que Rafa (le Nadal de la station, ne l'oublions pas) raconte me paraît très plausible.

Rafa (Enthoven). Who's that bitch? (Référence au "magnifique" générique du Gai Savoir)
Plausible, peut-être, mais j'ai du mal à imaginer comment une relation (toute platonique bien sur) entre Enthoven et Onfray pouvait être de longue durée. Ironiquement, le beau Rafa aurait bien mieux représenté l'hédonisme que l'austère Onfray.

Il n'y a aucun AMM sur le freudisme,pas d'étude portant sur cinq années de test sur placébo et analyse (lyse!) sur patients béta.Aucun psychamachin ne s'y aventure.
Tous les patients de Sig ont rechuté.
Merci Michel.Dénoncer la grande escroquerie intellectuelle du XXe s est un acte nécessaire.
Et je lui ai dit.

Yann Sancatorze a écrit: (...) Concernant les conférences TED, elles ont déjà été parodiées, et j'aime beaucoup ce pastiche (...)
Tout y est : l'arrogance et la franchise, l'effet de manche, le vide qui se veut rempli de sens, les réactions du public. C'est une belle synthèse!

Une critique des "social media" sous la forme d'un pastiche de conférence TED, c'est assez drôle en effet. Merci de l'avoir fait connaître. On aime ce passage qui pourrait s'appliquer à la manière de penser de certains producteurs de France Culture : "Using your brains to think of an idea and using your skills to implement it, that's the old model. Like anything that's old and requires effort, that's inefficient" (à 1'50")
"Utiliser son cerveau pour avoir une idée et employer ses compétences pour la mettre en oeuvre, c'est du passé. Comme tout ce qui est vieux et qui requiert des efforts, c'est inefficace."

https://www.youtube.com/watch?v=8rR_zkHgYKo


Yann écrivait que Michel Onfray faisait figure de philosophe dissident et que ceci lui vaudrait son succès auprès de la direction de France Culture. Il se peut que cela ait été vrai. Néanmoins, lorsqu'il critique l'islam ou François Hollande, je ne sais pas si ses prises de position (en effet dissidentes mais aussi dissidentes à l'égard de la doxa franceculturesque) sont encore "en odeur de sainteté".

Là encore, peut-être y aurait-il à craindre une crise d'image si Onfray, devenu un des réguliers de l'été, pourvu d'un fan club ardent et d'un naturel plutôt franc était subitement remplacé. Je pense qu'il ne figurera plus à l'antenne dès que son université deviendra impopulaire et n'attirera plus d'audience. Ceci ou alors grosse gaffe idéologique qui rendrait sa position intenable vis à vis d'une direction elle-même très marquée...

Mitsouko a écrit:https://www.youtube.com/watch?v=8rR_zkHgYKo
(...) lorsqu'il critique l'islam ou François Hollande (...)

Écouter cet entretien plus de cinq minutes relève du masochisme ou de l'exploit.

On comprend pourquoi Onfray a sa case estivale sur France Culture. Tout est à l'emporte-pièce, de la pure parole automatique, des formules, aucune pensée. Peu importe le contenu pour la direction de FC, du moment que c'est exprimé à toute vitesse, grossièrement et sans réflexion. Le rythme effréné et quelques mots-clés qui surnagent, bonne recette pour la radio culturelle...

"Arrêtons les religions, quoi !" Voilà le niveau de sa "pensée". Misère !