La dernière question : la justice, vous connaissez ? Vous attaquez tellement de gens, est-ce que vous prenez pas des risques ? Quand on vous attaque en justice pour vos propos, est-ce que vous avez un avocat ?
L'intérêt ici, c'est de constater une façon de répondre à côté : Onfray pourrait répondre à la question en une minute, mais il préfère raconter sa vie. Alors il se lance dans un récit de ses démélées judiciaires avec Raël, mécontent d'avoir été traité d'abruti local. Onfray fut donc convoqué au tribunal avec son éditeur. En fin de compte il gagne le procès, puis perd en appel. L'histoire aurait tenu en moins d'une minute si le conférencier avait eu davantage le souci de répondre, que celui de se mettre en valeur. Au contraire de quoi il prendra plusieurs minutes pour raconter l'histoire sous forme de fable qui lui permet de faire le clown : "Oui monsieur le juge, j'ai traité Raël d'abruti local mais ça n'est pas une insulte c'est une vérité, ou alors prouvez-moi que j'ai tort". C'est presque aussi fin que du Bruno Gaccio. Le public de Caen, bon enfant et acquis à sa cause, se bidonne. Et d'ailleurs, le juge lui glisse en loucedé qu'il est bien d'accord. La question était factuelle, la réponse aurait pu l'être, mais elle a surtout servi à faire un numéro.
De là on s'interroge : mais bon sang de bois, qui donc peut croire que tout cela est de la philosophie ? Et surtout on se demande comment a été bricolée cette émission et pourquoi on a choisi ces questions là ? A cause des réponses ? Parce que ce sont celles où Onfray, surexcité, est en plein hubris d'improvisation ? Je dis ça parce qu'en consultant le site de l'Université populaire de Caen, on peut vérifier que le calendrier ne contient pas de séance de réponses aux questions, ce qui est bien compréhensible : les questions suivent les conférences, et l'émission est construite en sélectionnant de quoi boucler une émission sur 5. De quoi boucler une émission, mais aussi de quoi permettre au conférencier de faire son numéro.
Avec cette fin de première semaine, on peut douter légitimement de l'utilité d'écouter les 4 suivantes. C'est certainement par erreur que le podcast du jour porte le titre "Philosopher en dehors des clous". Car dans cette séance de questions, Onfray ne philosophe pas, il n'est en dehors d'aucun passage clouté, et finalement c'est son baratin qui ne vaut pas un clou.