Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Alain Machefert a écrit: (...)Mais j'avais bien compris le mot "élite". Ma question, encore une fois provocatrice, reste la même (...) Comme aurait pu le dire Staline, ce grand réaliste: France Culture, combien de divisions (auditeurs) ?

Votre question n'est pas provocatrice, elle est purement dans l'esprit dominant du moment et reprend la logique qui sous-tend en permanence le discours de la direction de FC ou d'autres établissements.

Il existe de nombreux secteurs où de la richesse collective va à une partie limitée de la population de manière non proportionnelle à sa contribution ou à son utilité à la société, que l'on pense par exemple aux soins de santé. Il y en a aussi d'autres qu'on ne remet pas, comme le précédent cité, en question, car leur existence illustre ce qu'on appelle une civilisation.

On n'a pas le temps de tartiner des pages sur des évidences. Quant à votre citation (on peine à y voir un second degré), vous semblez n'avoir pas assez réfléchi à son emploi, vous qui vous insurgez à l'emploi du mot « Pravda ».

Ne reprenez pas les schémas d'OPDA dont l'esprit est aveuglé par le mot « combien » (combien de femmes, combien de postes, combien de livres publiés, combien de badauds au Trocadéro, etc), voyez à sortir de l'esprit de nombre pour juger de la pertinence et de la légitimité de quoi que ce soit.

Et peut-être réécouter René Jentet sur le temps nécessaire à faire une création radiophonique de qualité, de celles que vous aimez entendre dans les archives, et qu'on lui a interdit de faire en lui en retirant les moyens au prétexte qu'il coûtait trop cher et qu'il travaillait trop longtemps avec beaucoup de personnel pour un public restreint alors que le Tour de France, sur lequel on a redéployé les moyens techniques, intéressait davantage de gens.  

http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-france-culture-a-50-ans-14-%C2%AB-rene-jentet-une-vie-de-radio-%C2%BB-2013-09-02

F. a écrit:

alors que  le Mar 10 Sep 2013

xxxx a écrit:(...) Mlle Adler (...) Jolie femme, très libérée, assumant sa féminité, un sex-appeal qui ne laisse ni homme ni femme indifférent….

Moi cette image ne me laisse pas du tout indifférent.

On a envie de lui proposer un rôle dans un film de vampires ultra-cheap, pour L'étrange festival

Philaunet a écrit:Votre question n'est pas provocatrice, elle est purement dans l'esprit dominant du moment et reprend la logique qui sous-tend en permanence le discours de la direction de FC ou d'autres établissements.

Philaunet, l'esprit dominant du moment a un nom: c'est le nouveau management public, qui voit dans les citoyens des usagers consommateurs à satisfaire, et dans les politiques publiques des produits qu'on met sur le marché comme n'importe quel autre produit. La télévision, l'hôpital, l'école, la police, toutes les institutions publiques sont touchées par cette nouvelle forme d'"accountability". Et sur ce plan, gauche et droite de gouvernement sont d'accord depuis une bonne quinzaine d'années. Il aurait été étrange que la radio y échappe.
"Satisfaire", qu'est-ce à dire? C'est renoncer à définir en premier lieu un contenu idéal à proposer, voire imposer, pour ne plus voir que des ratios de satisfaction, des pourcentages de fréquentation, des "catégories cibles", à la fois ridiculement précises, eu égard à ce que devrait être une politique publique digne de ce nom, c'est-à-dire s'adressant à tous les citoyens, et étrangement large, voire lâche (vous citiez "les jeunes"), ce qui permet de justifier tous les abaissements. Et vous trouverez toujours un M. Machefert facétieux (je ne pense pas qu'il défende ce genre de position) ou des chroniqueurs de FC à la pelle pour répondre à vos arguments qu'un sou est un sou et que le citoyen qui paie des impôts dans notre pays pressuré par le fisc a le droit d'en voir la couleur. Au nom de l'égalité bien sûr.

Contractuellement, il devrait être obligatoire de diffuser de la musique de thérémine chaque fois que LA prend la parole :

https://www.youtube.com/watch?v=JzRb1OVpat0&t=0m15s
(je mets le lien sans intégrer la vidéo car je la fais commencer un peu plus tard, à 15s)
(essayez de passer cette vidéo pendant la réponse de LA, c'est saisissant, et assez terrifiant).

Laure Adler tire Nessie vers le bas et lui met le cerveau dans les chaussettes et cela il y a de quoi.
Pour revenir à la vidéo de LA donnons un point au cadreur qui lui fait sortir France Culture par la bouche.
Vous en avez connu vous des qui s'interdisaient d'écouter FC?
France Culture a passé la barre des 2 % (de matière grise) et la chute a dépassé toutes nos espérances.

Chanson pour Marixxxx

"je suis une poupée de cire , une poupée du son
je vis  ma vie au fil des ondes
et France Culture c'est pour tout le monde"

 NB : ce smileys n'a aucun rapport avec le sujet traité et ne vaut même pas un Euro symbolique.

Fontaine a écrit:Laure Adler tire Nessie vers le bas

Très bien vos remarques Fontaine, je les trouve drôles, fines, bien tombées.

Mais pour celle à laquelle je réponds, je me permets d'exprimer un désaccord : je ne me sens absolument pas tiré vers le bas. Cette vidéo est objectivement une agression visuelle : avec le gros plan sur un visage délibérément laissé à l'abandon, l'éclairage violet qui parvient à faire pire que du glauque, nous avons là un nouvel exemple du renversement des valeurs, tel que le met en oeuvre chaque jour le paradigme idéologique de la chaine. Paradigme que Laure Adler y a elle-même instauré comme ligne idéologique en 1999 et qui est depuis immanquablement reconduit, confirmé, par chaque nouveau directeur du programme.

Connaissez-vous ces propos entendus dans une histoire que raconte Elia Kazan : quand vous naissez, puis quand vous êtes jeune, vous n'êtes pas encore responsable de votre visage, que la nature vous a donné ; quand vous parvenez à la maturité, votre visage est ce que vous en avez fait, c'est votre création. En fait c'est pas tout à fait de lui ces paroles, c'est ce qu'un producteur lui avait envoyé dans les dents quand il disait que la comédienne chaipluki ne pouvait pas jouer correctement une scène de larmes mais que c'était pas de sa faute si son visage ne s'y prétait pas (je vous passe les détails). D'où la réponse du producteur.

Quand on a été aussi pleine de charme et aussi belle que Laure Adler l'a été dans les années 90, il faut vraiment jouer à fond la caisse le renversement des valeurs pour se transformer ainsi en fruit pourri. Je dis bien  : dans les années 90. Avant c'était une jeune conne sans style, avec le physique que la nature lui avait donné, avec des rouges à lèvres débordants et un sourire con. J'ai sur des bandes VHS quelques unes de ses participations à Droit de réponse (notamment avec (Edgar Morin vers 1988) et franchement c'est pas terrible. Vinrent les années 90, où certainement mieux conseillée, avec un bon visagiste, Laure Adler devient une créature pleine de charme, au point que même quand elle dit une connerie on n'a pas envie de couper illico et croyez moi, pour ça, vu le taux de conneries qu'elle balançait au Cercle de Minuit, il fallait que le physique soit au point.

Ensuite vint la déchéance : les années de direction à France Culture l'ont minée, preuve qu'on ne peut pas à la fois maltraiter des centaines d'employés + des milliers d'auditeurs, sans que la noirceur de l'âme ne finisse par apparaître. Maintenant, cette image fait de Laure Adler une ruine vivante, et c'est une nouvelle façon d'agresser l'auditeur. A-t-on pensé que des enfants peuvent tomber sur cette image ? A-t-on prévu une cellule de soutien psychologique pour tous les candidats au suicide qui sont en train de brâmer "main-maiiiin ! jeuveupa devenir comme eeeeeeeelle !".

Il y a de belles ruines, comme il y a de beaux édifices bien ordonnés. Ici, nous avons une auto-entreprise de démolition. En farouche défenseur de la liberté, je n'ai aucune pitié à manifester envers les conduites d'auto-destruction. Laure Alder, je continue à apprécier à l'occasion son travail radio, de plus en plus rarement il est vrai. Ca ne me donne aucune obligation à l'indulgence quand je vois ce numéro de Dracula. J'imagine le couple avec le Frankenstein qui vient de passer à la trappe (Albert Jacquard). Honnêtement, je trouve Merrick plus noble et plus beau que ces deux là.

Hello Nessie .   Argumentant ainsi vous pouvez forcer sur la pompe à vélo car vous ne donnez pas dans la baudruche.

Je suis dans une passe chanson actuellement
et avec ce dernier couplet de Ferré (20 ans)
nul besoin se faire tendre la couenne...

"Pour tout bagage on a sa gueul´
Devant la glac´ quand on est seul
Qu´on ait été chouette ou tordu
Avec les ans tout est foutu
Alors on maquill´ le problème
On s´dit qu´y a pas d´âg´ pour qui s´aime
Et en cherchant son cœur d´enfant
On dit qu´on a toujours vingt ans..."

et de rajouter : "est-ce ainsi que les femmes vivent
                                    et leur beauté au loin les suit"

et pour finir : "Quand j'écoute Laure du Rien
                                 J'ai envie d'envahir la Pologne"
                                                                               Woody Woodpecker

Bon c'est pas l' tout mais  j'vais ressortir mon pull Jacquard
il fait frisquet sur France Culture.

Yann Sancatorze a écrit:Contractuellement, il devrait être obligatoire de diffuser de la musique de thérémine chaque fois que LA prend la parole :

https://www.youtube.com/watch?v=JzRb1OVpat0&t=0m15s
(je mets le lien sans intégrer la vidéo car je la fais commencer un peu plus tard, à 15s)
(essayez de passer cette vidéo pendant la réponse de LA, c'est saisissant, et assez terrifiant).

Yann Sancatorze, vos mises en relation inattendues entre France Culture et des sons ou des clips vidéo sont éclairantes et ouvrent de riches perspectives.

Ainsi du thérémine que je n'ai pas fait passer sous ou sur LA, mais écouté plusieurs fois dans son dialogue avec le violoncelle qu'a construit Bernard Hermann (formidable compositeur de musique contemporaine pour le cinéma) pour le film de science-fiction "The Day The Earth Stood Still" de 1951. Cette session d'enregistrement est fascinante et la musique lancinante vous glace.

France Musique avait, autrefois, dans une émission du facétieux et très cultivé Renaud Machart, fait passer une pièce de Saint-Saens avec ces références : CD – Camille Saint-Saëns - Le cygne - Clara Rockmore, Theremin ; Nadia Reisenberg, piano DELOS (1987). Une découverte ! Qu'on peut entendre ici : https://www.youtube.com/watch?v=pSzTPGlNa5U

Mais pour en revenir à la pièce de Bernard Hermann jouée sur l'instrument inventé par le savant russe Léon Thérémine (1896-1993, voir sa biographie), lequel ne figure hélas pas entre Taylorisme et Tilbury dans le livre de J. D. Lesay « Les personnages devenus mots » (on digresse, on digresse, mais l'onomastique est un domaine fascinant, n'est-ce pas MM. Poubelle, Boycott et Rustin ?), pour en revenir à cette pièce donc, quelle n'a pas été ma surprise de découvrir dans une émission récente de France Musique, écoutée juste après votre mise en ligne, une pièce contenant ce thème lancinant presque note pour note dans une composition écrite une quinzaine d'années auparavant (en 1938) par un musicien bien connu évoqué ici dans le fil France Musique de la rubrique « Médias et Diffusion ». Attention on va y faire des louanges (mais pas pour le site, vrai bazar depuis sa refonte) !

Merci pour cet enregistrement de Saint Saëns au thérémine, que je ne connaissais pas. Quel drôle d'expérience! Le thérémine fait partie de ces instruments réduits à un ou deux contextes, et l'effet de mise à distance est saisissante quand on l'en détourne. Pour un amateur de cinéma, le son du thérémine renvoie souvent à deux choses : l'effroi d'un inconnaissable des années 50 venu d'ailleurs (The Day the Earth, The Thing from Another World), ou l'illustration de tourments psychologiques irrationnels (Spellbound, très beau, et The Lost Weekend). Ici, on l'impression qu'on vient de domestiquer une créature pour lui faire chanter du Saint Saëns.
Pour The Day the Earth Stood Still, je recommande la BO entière car on y entend d'autres essais, et il est toujours curieux d'entendre un instrument aussi étrange que le thérémine se soumettre aux injonctions d'un simple technicien du son.