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Quelle est la vocation de France Culture ? Page 2 sur 31
Bas de page ↓Yann Sancatorze
11Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Mar 07 Sep 2010, 17:31
La comparaison avec la presse papier est très juste : on a l'impression, à l'image d'un magazine, que France Culture propose des pages "société", "multimédia", "sorties, "politique", "monde" etc. Et on observe, de fait, que le mot "culture" pour nombre de producteurs, ne signifie plus qu'un vague catalogue évenementiel mal commenté, comme ce que nous propose le ReNdEz-VoUs de Laurent Goumarre...
Lola
12Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Mar 07 Sep 2010, 17:35
Voire le "Guide" comme dans "Libé" mais dans Libé, le fait qu'il y ait une mise-en-page tangible, visible rend la différence de but, de propos évidente. Sur FC, tout est mis à la même enseigne a-t-on l'impression.
Frédéric / masterkey
Admin
13Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Mer 08 Sep 2010, 10:46
On a un peu la même distinction en ayant à l'esprit la boutade de Sagan sur la culture, et la définition qu'on en attribue à Herriot : la culture-confiture, qu'étalent les Goumarre, les chroniques type "journal de la culture" (de l'a-culture?); et la culture-opposition à la nature : celle qui reste quand on a tout oublié, celle qui vous déforme, ou plutôt qui vous informe au creuset du fonds commun des savoirs, des acquis de l'homme. Cultivé : ce qui n'est pas à l'état de nature, et quand France Culture entendait vous cultiver, c'était bien, on s'en rend compte l'oreille dans les archives, d'ensemencement qu'il s'agissait.
Chez Goumarre'n co, quand j'entends le mot "culture" je sors mon dictionnaire... histoire de vérifier ce dont on parle.
Chez Goumarre'n co, quand j'entends le mot "culture" je sors mon dictionnaire... histoire de vérifier ce dont on parle.
Lola
14Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Mer 08 Sep 2010, 21:04
Je crois que ce qui rend moult émissions parfaitement ennuyeuses et inutiles ( et ce qu'elles aient ou pas à voir avec l'actualité), c'est qu'elles n'ont pas de propos défini. Ce sont des émissions de pur et simple commentaire, d'où le fort sentiment de bla bla. Après, somme tote, que le commentaire porte sur les roms, les chiens ou les livres, c'est la même chose. Le même creux.
Nessie
15Ou est passée la culture sur France Culture ? - Ven 17 Sep 2010, 07:28
La culture c'est pas "ce qui reste quand on a tout oublié".
La culture c'est "ce qui reste", tout court, et basta.
L'information et l'actu, c'est exactement le contraire : c'est ce qui ne reste pas, par définition parce que c'est incomplet, à la traine immédiate du présent qui lui aussi est toujours en cours de fabrication. Ca ne veut pas dire que c'est sans intérêt, au contraire. Mais c'est autre chose.
Pour cette raison, rien n'est plus antinomique de la culture, que l'activité de journalisme. Même si pour faire un bon journaliste il faut une vaste culture générale, mais dans sa tronche à lui, pas dans ce qu'il livre au lecteur. Autre distinction : on peut imaginer qu'il existe une actualité culturelle, sujette à renouvellement constant. Il me semble que celle-là est normalement présente sur France Culture, et que c'est bien le rôle de cette radio en effet. N'en déplaise aux pisse-froids éconophobes et marketophobes. Et à condition aussi de ne pas se laisser bouffer par le harcèlement éditorial ; difficulté dont il faut tenir compte.
Ce que l'auditeur peut déplorer au bout de 10 ans de constante réduction, c'est de voir maintenant asséchée en quasi-totalité la production de documentaires culturels, et leur remplacement par des reportages sur la réalité sociale. La vie quotidienne des gens, qu'on me dise en quoi c'est culturel ? Un coup les misères sociales, un coup le mal de vivre, un coup la minorité du bout de la rue X, un coup le groupe exploité dans la maison Y. Où est la culture dans tout ça ? Réponse : de la culture il n'y en a pas. C'est autre chose. Et c'est surement pas ça la vocation de la radio culturelle. Pourtant c'est bien ça qui s'est imposé sur la fréquence de FC en 10 ans.
D'ailleurs ces reportages sociaux, je ne dis pas qu'ils ne sont pas intéressants, ni qu'ils sont mal fait. Du moins si on passe sur leurs vices intrinsèques (réductionnisme idéologique, orientation unilatérale, misérabilisme à 2 balles, hypocrisie et moralisation).
Je pense même que malgré leur caractère franchement manipulatoire, ils peuvent remplir une fonction d'information.
Mais qu'on me dise en quoi de tels reportages sont culturels ?
C'est du parfum de l'air du temps. Au mieux ça servira aux historiens.
Et ce quotidien des années 2000, en quoi peut-il rester dans les mémoires, plus que les polaroïds des années 70 ? (en mieux fait, admettons).
Or si la culture c'est ce qui reste, point-barre,
eh bien ces reportages évanescents
condamnés à l'effacement rapide,
c'est tout ce qu'on veut mais ça n'est pas de la culture.
./...
La culture c'est "ce qui reste", tout court, et basta.
L'information et l'actu, c'est exactement le contraire : c'est ce qui ne reste pas, par définition parce que c'est incomplet, à la traine immédiate du présent qui lui aussi est toujours en cours de fabrication. Ca ne veut pas dire que c'est sans intérêt, au contraire. Mais c'est autre chose.
Pour cette raison, rien n'est plus antinomique de la culture, que l'activité de journalisme. Même si pour faire un bon journaliste il faut une vaste culture générale, mais dans sa tronche à lui, pas dans ce qu'il livre au lecteur. Autre distinction : on peut imaginer qu'il existe une actualité culturelle, sujette à renouvellement constant. Il me semble que celle-là est normalement présente sur France Culture, et que c'est bien le rôle de cette radio en effet. N'en déplaise aux pisse-froids éconophobes et marketophobes. Et à condition aussi de ne pas se laisser bouffer par le harcèlement éditorial ; difficulté dont il faut tenir compte.
Ce que l'auditeur peut déplorer au bout de 10 ans de constante réduction, c'est de voir maintenant asséchée en quasi-totalité la production de documentaires culturels, et leur remplacement par des reportages sur la réalité sociale. La vie quotidienne des gens, qu'on me dise en quoi c'est culturel ? Un coup les misères sociales, un coup le mal de vivre, un coup la minorité du bout de la rue X, un coup le groupe exploité dans la maison Y. Où est la culture dans tout ça ? Réponse : de la culture il n'y en a pas. C'est autre chose. Et c'est surement pas ça la vocation de la radio culturelle. Pourtant c'est bien ça qui s'est imposé sur la fréquence de FC en 10 ans.
D'ailleurs ces reportages sociaux, je ne dis pas qu'ils ne sont pas intéressants, ni qu'ils sont mal fait. Du moins si on passe sur leurs vices intrinsèques (réductionnisme idéologique, orientation unilatérale, misérabilisme à 2 balles, hypocrisie et moralisation).
Je pense même que malgré leur caractère franchement manipulatoire, ils peuvent remplir une fonction d'information.
Mais qu'on me dise en quoi de tels reportages sont culturels ?
C'est du parfum de l'air du temps. Au mieux ça servira aux historiens.
Et ce quotidien des années 2000, en quoi peut-il rester dans les mémoires, plus que les polaroïds des années 70 ? (en mieux fait, admettons).
Or si la culture c'est ce qui reste, point-barre,
eh bien ces reportages évanescents
condamnés à l'effacement rapide,
c'est tout ce qu'on veut mais ça n'est pas de la culture.
./...
Dernière édition par Nessie le Sam 18 Fév 2012, 12:23, édité 6 fois
Nessie
16De 4h quotidiennes à 1h hebdodmadaire ! Où donc est passé le documentaire ? - Ven 17 Sep 2010, 07:49
.../.
Avant la rentrée de septembre 1999, le bilan quotidien était d'environ 4h de documentaires chaque jour. Qu'en reste-t-il ?
En matière de documentaires culturels, le programme de France Culture nous offrait, en émissions hebdomadaires ou quotidiennes : Profils perdus - La matinée des autres - Une vie une oeuvre - Lieux de mémoire - Le pays d'ici - Bouche à oreille - Les chemins de la connaissance (2 séries chaque jour) - Les chemins de la musique - Intermezzo - Les mardis du cinéma - Grand angle - Radio-archives - Mémoires du siècle - Le bon plaisir - Tire ta langue - Nuits magnétiques, devenues Surpris par la nuit. Et combien d'autres ? Car c'est une liste partielle, qui sera complétée.
Qu'on me comprenne bien : il ne s'agit pas ici de regrets, mais de bilans comparés. Ces émissions traitaient de sujets variés. La culture apportait à ce programme un renouvellement constant, avec des efforts peut-être, car il fallait aller les chercher les sujets. Certaines ont vécu quelques années et ont donné ce qu'elles avaient à donner. D'autres, par leur principe, étaient inépuisables. Pourtant depuis 1999 toutes ces émissions ont disparu, ou ont perdu leur forme et en même temps leur qualité soignée. Une seule a survécu dans sa forme documentaire impeccable et dans son esprit, mais se trouve réduite d'un tiers en durée : Une vie une oeuvre. Résultat : on est passé de 4h par jour à une heure par semaine ! Et la culture ne subsiste plus dans le programme que par des magazines qui sont plutôt bien faits (tous les jours entre 14h et 16h) ou mal torchés (je ne cite personne dans ce post ; les fils du forum abondent en critiques). Mais le documentaire a disparu. Pourquoi ? Pour des raisons de budget ? Pas seulement : qu'on me dise en quoi les 90' quotidiennes de reportage saucial des Pieds sur terre & Sur les docks coûteraient moins que du documentaire culturel ? Or même ces 90 minutes on ne veut plus nous les donner ; à la place il faut se farcir la misère du monde orchestrée par Sonia Kronlund et Jean Lebrun. Pourquoi ?
C'est un choix de programme, tout simplement.
Il s'est imposé lentement depuis 1999, progressivement.
Qui peut dire les vraies raisons (et sans mouiller les 5 ou 6 gouvernements de tous bords qui se sont succédés depuis 1999 svp) ?? Est-ce une perte d'inspiration ? La fin d'une ambition ? La conséquence d'un choix de gestion du personnel ? Ou bien d'un choix managérial ? Le résultat de conflits insolubles ? Ou bien plutôt le choix de la facilité ? Aux premiers temps de la programmation Adler, les auditeurs se sont plaints d'un changement d'ambiance, d'un relâchement verbal et de l'irruption d'un ton négligé imité des adolescents pas sortis de l'âge bête. A mon sens, ces défaut sont maintenant quelque peu compensés. Malgré les tics horripilants des uns ou les défauts des autres, malgré l'alignement sur le style télé qui est très perceptible aux heures-carrefour de la matinale, de la tranche de midi, et de 19h, malgré tout cela et quelques autres incroyables erreurs de casting, l'ambiance de France Culture a retrouvé une ambiance à-peu-près adulte. Mais dans le même temps, la part culturelle du programme a continué à se fondre.
Bien sûr, les auditeurs qui demandent de la culture n'ont pas tout perdu. Il serait injuste de ne pas signaler ce qui a survécu ou a resurgi après une éclipse. Comme avant 1999, nous avons :
- des magazines littéraires, historiques, scientifiques, qui ne sont pas toujours systématiquement en prise sur l'événement de la semaine ou du mois.
- une part appréciable reste donnée à la vie des idées, mais là encore, l'actualité chaude reste un peu lourdement présente.
- l'actualité culturelle est toujours là, certes plus ou moins sérieusement traitée.
- la fiction est sauvée alors qu'on avait sérieusement redouté sa disparition.
N'empêche qu'un double choix de programme s'est imposé en 10 ans :
- Au plan de la forme : remplacer la production montée par des émissions en direct, plus ou moins bien préparées, plus ou moins bien menées. Et là il y a du meilleur et du pire, du sérieux et du navrant.
- Au plan des contenus : sur nombre de créneaux de la grille, remplacer la culture par une lorgnette braquée sur le temps présent, avec une prédilection étonnante pour quelques thématiques sensationnelles branchy ressassées ad libitum (crises, épidémies, guerres, génocides, remous dans le marigot politique). Rien de culturel là-dedans.
C'est ce double choix qui continue à défigurer l'antenne de France Culture.
Post-scriptum du 5 novembre : depuis ce post, la suite des débats dans plusieurs endroits du forum a finalement induit l'ouverture d'un fil spécial, pour continuer la discussion sur le sujet.
Avant la rentrée de septembre 1999, le bilan quotidien était d'environ 4h de documentaires chaque jour. Qu'en reste-t-il ?
En matière de documentaires culturels, le programme de France Culture nous offrait, en émissions hebdomadaires ou quotidiennes : Profils perdus - La matinée des autres - Une vie une oeuvre - Lieux de mémoire - Le pays d'ici - Bouche à oreille - Les chemins de la connaissance (2 séries chaque jour) - Les chemins de la musique - Intermezzo - Les mardis du cinéma - Grand angle - Radio-archives - Mémoires du siècle - Le bon plaisir - Tire ta langue - Nuits magnétiques, devenues Surpris par la nuit. Et combien d'autres ? Car c'est une liste partielle, qui sera complétée.
Qu'on me comprenne bien : il ne s'agit pas ici de regrets, mais de bilans comparés. Ces émissions traitaient de sujets variés. La culture apportait à ce programme un renouvellement constant, avec des efforts peut-être, car il fallait aller les chercher les sujets. Certaines ont vécu quelques années et ont donné ce qu'elles avaient à donner. D'autres, par leur principe, étaient inépuisables. Pourtant depuis 1999 toutes ces émissions ont disparu, ou ont perdu leur forme et en même temps leur qualité soignée. Une seule a survécu dans sa forme documentaire impeccable et dans son esprit, mais se trouve réduite d'un tiers en durée : Une vie une oeuvre. Résultat : on est passé de 4h par jour à une heure par semaine ! Et la culture ne subsiste plus dans le programme que par des magazines qui sont plutôt bien faits (tous les jours entre 14h et 16h) ou mal torchés (je ne cite personne dans ce post ; les fils du forum abondent en critiques). Mais le documentaire a disparu. Pourquoi ? Pour des raisons de budget ? Pas seulement : qu'on me dise en quoi les 90' quotidiennes de reportage saucial des Pieds sur terre & Sur les docks coûteraient moins que du documentaire culturel ? Or même ces 90 minutes on ne veut plus nous les donner ; à la place il faut se farcir la misère du monde orchestrée par Sonia Kronlund et Jean Lebrun. Pourquoi ?
C'est un choix de programme, tout simplement.
Il s'est imposé lentement depuis 1999, progressivement.
Qui peut dire les vraies raisons (et sans mouiller les 5 ou 6 gouvernements de tous bords qui se sont succédés depuis 1999 svp) ?? Est-ce une perte d'inspiration ? La fin d'une ambition ? La conséquence d'un choix de gestion du personnel ? Ou bien d'un choix managérial ? Le résultat de conflits insolubles ? Ou bien plutôt le choix de la facilité ? Aux premiers temps de la programmation Adler, les auditeurs se sont plaints d'un changement d'ambiance, d'un relâchement verbal et de l'irruption d'un ton négligé imité des adolescents pas sortis de l'âge bête. A mon sens, ces défaut sont maintenant quelque peu compensés. Malgré les tics horripilants des uns ou les défauts des autres, malgré l'alignement sur le style télé qui est très perceptible aux heures-carrefour de la matinale, de la tranche de midi, et de 19h, malgré tout cela et quelques autres incroyables erreurs de casting, l'ambiance de France Culture a retrouvé une ambiance à-peu-près adulte. Mais dans le même temps, la part culturelle du programme a continué à se fondre.
Bien sûr, les auditeurs qui demandent de la culture n'ont pas tout perdu. Il serait injuste de ne pas signaler ce qui a survécu ou a resurgi après une éclipse. Comme avant 1999, nous avons :
- des magazines littéraires, historiques, scientifiques, qui ne sont pas toujours systématiquement en prise sur l'événement de la semaine ou du mois.
- une part appréciable reste donnée à la vie des idées, mais là encore, l'actualité chaude reste un peu lourdement présente.
- l'actualité culturelle est toujours là, certes plus ou moins sérieusement traitée.
- la fiction est sauvée alors qu'on avait sérieusement redouté sa disparition.
N'empêche qu'un double choix de programme s'est imposé en 10 ans :
- Au plan de la forme : remplacer la production montée par des émissions en direct, plus ou moins bien préparées, plus ou moins bien menées. Et là il y a du meilleur et du pire, du sérieux et du navrant.
- Au plan des contenus : sur nombre de créneaux de la grille, remplacer la culture par une lorgnette braquée sur le temps présent, avec une prédilection étonnante pour quelques thématiques sensationnelles branchy ressassées ad libitum (crises, épidémies, guerres, génocides, remous dans le marigot politique). Rien de culturel là-dedans.
C'est ce double choix qui continue à défigurer l'antenne de France Culture.
Post-scriptum du 5 novembre : depuis ce post, la suite des débats dans plusieurs endroits du forum a finalement induit l'ouverture d'un fil spécial, pour continuer la discussion sur le sujet.
Dernière édition par Nessie le Sam 06 Nov 2010, 06:06, édité 2 fois
Lola
17Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Ven 17 Sep 2010, 09:32
Eh bien, justement ! Cette question de ce que peut être "la culture" aussi connue dans le temps sous le nom de "les Humanités" était abordée sur FC hier soir ! Et ça donne des pistes de réflexion :
http://www.franceculture.com/emission-la-fabrique-de-l-humain-la-fabrique-de-l-humain-2010-09-16.html
http://www.franceculture.com/emission-la-fabrique-de-l-humain-la-fabrique-de-l-humain-2010-09-16.html
Lola
18Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Mer 22 Sep 2010, 13:27
Considérer aussi que cette idée de "culture" a sans doute quelque-chose de très propre à la France. A savoir que la culture regroupe plein de champs divers, ce qui dans le monde anglo-saxon ne se fait pas de façon aussi globale. La culture, c'est une sorte de mélange entre ce qu'on apelle "Humanities", "Fine Arts", "Drama" etc ...
La culture, en ce sens, est peut-être une sorte d'utopie sociale (dans le meilleur des cas), un marqueur social (dans le pire des cas). Quant à être cultivé, je dirais que c'est la capacité à établir des ponts, à faire entrer en dialogue des champs du savoir.
La culture, en ce sens, est peut-être une sorte d'utopie sociale (dans le meilleur des cas), un marqueur social (dans le pire des cas). Quant à être cultivé, je dirais que c'est la capacité à établir des ponts, à faire entrer en dialogue des champs du savoir.
Nessie
19Economiser, rentabiliser - Dim 03 Oct 2010, 14:29
Le fait que le service public se rentabilise ou s'économise, ça veut dire aussi qu'on lui demande d'être mieux géré. A première vue c'est une bonne chose, encore faut-il que ça soit fait intelligemment pour l'auditeur, intelligemment quant aux messages qu'on lui propose. Il y a certainement une fonction non remplie de coordination : qui a utilisé quoi, combien de fois cette image ou ce mp3 a été déjà utilisée par quelqu'un de chez nous, qui travaille déjà sur tel ou tel doc pris dans une base d'info, enfin ce genre de questions qui ne devraient même pas se poser parce que ça devrait apparaître automatiquement. A la télé, les banques d'image ont certainement permis d'informer davantage tout en réduisant les coûts... à condition encore que les images soient bien utilisées. Dans les premiers temps d' "Arrêts sur image", quand Daniel Schneiderman avait encore une action profitable de désembuage avant de se mettre à son tour à manipuler comme tout le monde, on a appris à discerner grâce à lui diverses causes de la mal-information.dans un autre fil, Dhénin a écrit:[...] D'une manière générale, l'actualité brulante, n'était traitée que dans les journaux. Le reste traitait les thèmes à froid; c'était de la réflexion, pas de la réaction. Je n'ai jamais entendu le même bobino sur FC et sur France Inter. Aujourd'hui, on change de station, F-Inter, F-Info, F-Culture diffusent les mêmes commentaires, les mêmes interviews. Ils se rentabilisent, s'économisent, s'uniformisent.
A la radio comme à la télé (je dis ça mais je n'en ai plus depuis 2004) la question devrait se poser en permanence. Mais si on ne peut pas le faire pour tout un tas de raison, notamment parce qu'on a la tête dans le guidon, parce qu'il y a une pression du temps réduit pour la production et un délire né de l'esprit concurrentiel aligné sur l'imitation plutôt que sur l'originalité, alors c'est à la direction d'imposer un cadre à la mission : un cadre c'est à dire un objectif et des conditions de qualité ou de rapport qualité/coût, si on veut.
Le problème n'est donc pas tant de vouloir ou non gérer, mais plutôt de le faire d'abord en conscience de ce qu'on fait, et ensuite en ayant des objectifs clairs. Or je ne doute pas qu'ils en aient, des objectifs clairs, et pas seulement de gestion. Le problème est que sur France Culture ces objectifs ne semblent pas franchement culturels, ou de moins en moins.
Lola
20Re: Quelle est la vocation de France Culture ? - Lun 04 Oct 2010, 08:55
Tentons un peu de politique fiction ... Pourquoi pas ? Il est juste qu'on a le sentiment d'une réduction de la diversité et, du coup, qu'est-ce qu'on s'ennuie !
Il est juste qu'on a aussi le sentiment que plus ça va, plus toutes les stations du groupe Radio France se ressemblent.
Si on revient à cette radio publique, elle est créée dans les années trente, la fameuse ORTF (si je ne dis pas de bêtises) et connais son expansion sous les années du gaullisme.
Pour ce qui est de la télé, on se souvient que la France a, bien plus longtemps que ses voisins européens, eu un nombre de chaînes limitées et a rechigné à s'ouvrir à une offre plurielle.
Cette même pluralité qui existait au sein de Radio France qui semble devoir se réduire comme une peau de chagrin.
Dès lors, on peut se demander si cet effet peau de chagrin ne vise pas à proposer un discours plus univoque par crainte, justement, d'un éclatement de l'information et à travers celle-ci d'un éclatement de l'idéologie jacobine, centraliste.
Ce que je veux dire, c'est que les élites françaises ne savent pas trop comment faire avec les divisions qui se font jour au sein de la "nation". Il se peut qu'il y ait une crainte que ces divisions ne s'expriment dans la demande de médias.
La télé, désormais, en donne un bonne illustration avec les chaînes pour les footeux, celles pour les musulmans, celles pour les cinéphiles, celles pour les turfistes, celles pour les végétariens, etc.
Bref, autant de chaînes qui fragmentent l'opinion et la possibilité d'un référent républicain commun, grande obsession du pays.
D'où l'hypothèse suivante : solidifier le discours commun au coeur de la radio publique dans l'espoir d'éviter ou de ralentir cet effritement.
A mon tour de vous demander : qu'en pensez-vous ?
Il est juste qu'on a aussi le sentiment que plus ça va, plus toutes les stations du groupe Radio France se ressemblent.
Si on revient à cette radio publique, elle est créée dans les années trente, la fameuse ORTF (si je ne dis pas de bêtises) et connais son expansion sous les années du gaullisme.
Pour ce qui est de la télé, on se souvient que la France a, bien plus longtemps que ses voisins européens, eu un nombre de chaînes limitées et a rechigné à s'ouvrir à une offre plurielle.
Cette même pluralité qui existait au sein de Radio France qui semble devoir se réduire comme une peau de chagrin.
Dès lors, on peut se demander si cet effet peau de chagrin ne vise pas à proposer un discours plus univoque par crainte, justement, d'un éclatement de l'information et à travers celle-ci d'un éclatement de l'idéologie jacobine, centraliste.
Ce que je veux dire, c'est que les élites françaises ne savent pas trop comment faire avec les divisions qui se font jour au sein de la "nation". Il se peut qu'il y ait une crainte que ces divisions ne s'expriment dans la demande de médias.
La télé, désormais, en donne un bonne illustration avec les chaînes pour les footeux, celles pour les musulmans, celles pour les cinéphiles, celles pour les turfistes, celles pour les végétariens, etc.
Bref, autant de chaînes qui fragmentent l'opinion et la possibilité d'un référent républicain commun, grande obsession du pays.
D'où l'hypothèse suivante : solidifier le discours commun au coeur de la radio publique dans l'espoir d'éviter ou de ralentir cet effritement.
A mon tour de vous demander : qu'en pensez-vous ?
Nessie
21Y a-t-il une réflexion sur les pratiques radio ? - Dim 10 Oct 2010, 11:46
Entièrement d'accord avec toi pour la description et la critique de la tendance.fanch a écrit:belle utopie que de croire alors qu'existait au meilleur des années 60 & 70 une analyse des pratiques, il en serait de même aujourd'hui pour l'audio et le visuel !!! Le forum-parodie (27 mars 2009, in grand auditorium de RF, j'y étais) de Cluzel avant son départ montre bien que ce sont d'autres stratégies qui élaborent les orientations audio de la radio !! Il n'y a plus de penseurs pour la radio (les panseurs sont plutôt du côté de Kronlund et Sur les Docks) et s'ils existent ils pensent dans le désert car personne ne leur tend plus le micro. Les directeurs se suivent et inventent des émissions et empilent leur égo ou leur prétendu objectif de service public.
Ya pas de hasard ni Jaigu, ni Borzeix (ex-dir de FC de 1975 à 1996) n'étaient connu du grand public ils officiaient avec des convictions chevillées au corps (et j'oserai dire au cœur). La société du spectacle ayant fini par s'immiscer dans le service public (cf franceinter), après le passage terne (et destructeur) de Gélinet (qui ne restera même pas dans l'Histoire !!!!sic), la nomination de L.A. (Laure Adler pour les intimes) allait sonner la charge du vedettariat et du petit cercle des intellectuels "en prise". Et là plus aucune critique ne fut possible elle fit FC à sa main et à son pied tant elle fut prompte à mettre dehors les empêcheurs de tourner en rond dans sa tour d'ivoire.
Mais pas d'accord du tout sur l'idée qu'il n'y aurait pas de réflexion. Tout ce à quoi nous assistons dans la dégradation du programme de FC nous emmène vers l'idée contraire : pour en arriver à un tel choix, il ne peut qu'y avoir une analyse interne des pratiques. Mais comme tu l'as remarqué avec cette consultation bidon, de cette analyse l'auditeur est exclu. Exemple ou preuve : dans le si fameux "Pot-au-feu" sanglant de décembre 1999 au Bouillon Racine, où Laure Adler montrait son vrai visage, Lebrun lui avait posé la question de la voix des auditeurs dans la demande de programme. Ce à quoi elle avait répondu avec un mélange de candeur nunuche et d'autoritarisme benet "nan, les directeurs de programme sont là pour ça".
Alors l'auditeur qui exprime une demande, il a beau envoyer des courriers, dans le meilleur des cas ça tombe chez un producteur soucieux de qualité (évidemment il y en a et pas qu'un peu), mais dans bon nombre de cas on pisse dans un violon. Et il faut aussi admettre que si la direction ou un service esspécial veut se mettre à l'écoute des auditeurs, tous les auditeurs, et tenir compte de leur demande... c'est la bouteille à l'encre. Ca ne veut pas dire "mission impossible", mais ça veut dire un difficile travail d'analyse, une réflexion sur la mission et la vocation oubliées (le syndrôme de Biddle), une connaissance de ce qu'est la culture, et ça oui c'est une question difficile, on fait tous les gros malins ici mais on n'est pas si sûrs de nous.
Déjà, communiquer en direct ou en sujets élaborées, livrer chaque jour 24h de programme, eh bien c'est aussi un travail difficile. Pour faire celui-là, on liquide l'autre, celui qui consiste à se pencher sur la demande de culture et non celle d'info, sur la demande de qualité et non celle de direct-qui-donne-un-sentiment-de-vie. Bizarre d'ailleurs, car moi je me sens pas vivre davantage quand j'entends des gens vivre à ma place parce que je les écoute faire leur numéro en direct ; par contre je me sens vivre quand je m'instruis et en écoutant leur direct, c'est pas souvent le cas. Donc à FC on laisse tomber ce travail là pour celui de la quête quantitative : l'audience. Pourtant, au moins au plan de l'analyse, il n'y a aucune incompatibilité entre les deux. Et au plan des objectifs ? Aïe, c'est là que ça frotte : après Borzeix, la station a misé sur la quantité sans se dire que le but pouvait aussi être atteint en renforçant le qualité culturelle. Bref ce travail là, de connaitre la demande de culture, à FC on ne veut plus le faire, parce qu'on préfère l'autre : fabriquer du direct flashy. Soyons clairs, en écoutant FC à certaines heures, on ne peut qu'être convaincu que la seule question qui compte, c'est : "comment faire pour qu'on nous écoute encore plus ? Ah il faut racoler, bah alors ça sera facile : racolons, racolons, et le client va venir". Résultat : Lebrun fait le ventilateur d'estrade, Kronlund la marchande de mouchoirs, Alberganti vend de la trouille, Voinchet fourgue du bon mot imité de Pivot, Goumarre imite Ruquier et Laporte oui bon il a son fil à lui déjà, ne faisons pas dévier celui-ci.
On sait déjà que de façon générale, les entreprises ne sont pas des démocraties, sinon du type de celles où l'on vote avec les pieds (à condition d'en avoir les moyens). Ce qu'on voit avec FC, c'est que les Medias ne sont pas non plus des démocraties, sinon de celles où l'on vote en tournant le bouton. Alors restons démocrate, puisque j'ai pris ce chemin le temps d'un post : le problème, c'est que la culture est une dimension essentielle des démocraties, tout comme l'information d'ailleurs. France Culture feint de faire le choix de la seconde, au détriment de la première. Ce faisant, on, donne un pouvoir et une influence à la Rédaction qui livre de l'info biaisée, dans la pure tradition du media d'opinion. Et dans le même temps, progressivement on relègue la culture. Tout ça pour viser un auditeur statistique, défini non pas qualitativement, mais uniquement en réponse à une question simple : "a écouté France Culture une fois cette semaine / aujourd'hui / hier / demain compte écouter FC ".
Et, basta... !
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