Basil a écrit:
Cependant, dans la cadre de la relativité restreinte, affirmer à la fois l'invariance de la vitesse de la lumière et des lois de la physique dans tous les référentiels galiléen, conduit aux transformations de Lorentz qui relient bien la notion d'espace celle du temps. Et cela sans parler de la relativité générale qui sauf erreur ajoute les référentiels en accélération.
Elle y conduit (sauf bien sûr que ces transformations la précède historiquement), mais qu'est-ce que ça a à voir avec le relativisme en matière de connaissance?
Rien, à part le fait le terme relativité, qui dans la théorie physique en question, réussit à inclure la théorie électromagnétique dans la vieille mais riche idée galiléenne que tous les référentiels non accélérés se valent quand il s'agit de faire une mesure, autrement dit que les lois de la physiques sont
indépendantes de ces référentiels.
Que dans une capsule aux fenêtres closes qui se déplace dans l'espace, avec un laboratoire de physique dedans, on retrouverait exactement les mêmes lois que dans un labo resté sur terre (gravité et accélération de la terre mises à part, bien sûr).
C'est à l'exact opposé des idées relativistes que tout ça mène, d'ailleurs Einstein là-dessus est tout sauf un relativiste!
Que le temps et l'espace se révèlent être des dimensions non indépendantes, qu'il y ait des effets dilatation dans les mesures de l'un quand il y a un déplacement dans l'autre (ce qui n'est rien d'autre qu'un effet de perspective, le même que celui qui fait qu'un bâton que vous regardez tourné de 3/4 est plus court, projeté sur le plan vos yeux que le même regardé de face), que tout cela, qui échappe de très loin au sens commun, ait pu être exhibé par la science, cela ne me parait pas cautionner la moindre idée relativiste.
Il faut une sacrée résistance de la réalité qu'essayent de mimer les théories pour que celles-ci soient aussi décalées du sens commun. De tous les points de vue, ceux dégagés par la science, s'ils n'étaient pas infiniment mieux prédictifs de la réalité, auraient toutes les raisons d'être rejetés par la communauté !
Basil a écrit:
J'ai utilisé la notion d'intrication dans le sens d'enchevêtrement de ces deux notions, et ce terme me semble approprié. Est ce cela qui vous choque ?
Je ne vois pas ce qui pourrait choquer. L'intrication en physique à un sens bien particulier, on réserve en général ce mot à l'état corrélé dans lequel se trouvent deux ou plusieurs particules ayant interagit à un moment dans le passé, et avant qu'une mesure n'ait été faite dessus. Pas la dualité onde-corpuscule, qui d'ailleurs, comme la notion de "relativité", est un héritage mal nommé qui utilisé les mots de physique du XIXème siècle, plutôt que d'en forger de nouveaux, plus appropriés. A nouveau, Levy-Leblond propose la notion de quanton, pour en finir avec ces particules mi-corpuscules, mi-ondes, mi-là, mi-ailleurs.
Sur les allusions que vous faites à la physique quantique, c'est sans doute là un meilleur terrain pour vos idées, car bien sûr, la réduction du paquet d'onde, à soi seul, pose encore bien des problème, même si des théories comme la décohérence issue des travaux de Zeh apportent quelques lumières dessus (quoique d'après D'Espagnat, ça ne réduise pas vraiment le problème de la mesure).
Cependant, c'est plus l'idéalisme qui peut trouver de quoi mettre un pied dans la porte que le relativisme. Cela fait belle lurette qu'on a réintroduit le sujet dans toutes les théories et dans toutes les épistémologies. Et l'objectivité, quand elle ne peut pas être atteinte de façon forte, quand on renonce, comme on l'a fait depuis Galilée au moins, à atteindre l'objet en soi, elle désigne simplement l'accord intersubjectif : ce sur quoi toute la communauté des observateurs est d'accord.
Dans ce cadre, postuler qu'il y a bien une réalité indépendante de nous est naturel, et me parait l'emporter au rasoir d'Ockham sur la position inverse, qui tient que le réel est dépendant de l'observateur (et pourquoi pas que le monde n'existait pas avant l'homme, ou disons le premier être conscient... l'australopithèque ? Le premier mammifère? Le premier vertébré ? Le premier être doté d'un système nerveux ? ).
Car comment se débrouille celui-ci pour expliquer une situation des plus simple : quand plusieurs observateurs indépendant mettent par écrit, ou dessinent, sans communiquer entre, une scène qu'ils regardent tous en même temps, on peut facilement exhiber des corrélations entre toutes ces descriptions. Comment le relativiste explique-t-il ces corrélations ? Pour celui qui fait le pari qu'il existe une réalité indépendante des êtres connaissant et dessinant, rien de plus simple.
Autre détail que négligent toutes les critiques relativistes de la science (donc les Kuhn, Feyerabend...) : comment expliquer que les théories scientifiques, au cours des âges, acquièrent un pouvoir prédictif de plus en plus important, en progrès continu ?
Pour finir, une question : qu'est-ce que le cerveau, selon vous ? Etes-vous dualistes, ou pensez-vous que tout ne tient que d'une seule substance, pensée comprise ? Si non, qu'est-ce que c'est qu'un cerveau ? Votre position m'intéresse honnêtement.