SamVa(https://regardfc.1fr1.net/t163p630-au-fil-de-l-ecoute#29182) a écrit: Yann Sancatorze(https://regardfc.1fr1.net/t163p630-au-fil-de-l-ecoute#29180) a écrit:C'est curieux, ce qui vous paraît "bon" pour France Culture, France Inter le fait déjà, et ces compétences sont dans le cahier des charges de cette station. A vous lire, on croirait presque qu'il y a une volonté assumée de voir le programme culturel disparaître. (...) Pourriez-vous nous expliquer pourquoi France Inter devrait annexer France Culture ? Et pourquoi vous l'appelez de vos vœux ?
Je ne pense pas que la différence des cahier des charges de France Culture et de France Inter porte sur les domaines ou les thèmes traités : après tout, FI fait aussi des émissions sur le théâtre, les sciences, la littérature, la musique...
La différence entre ces deux stations porte, à mon sens, sur la façon dont les thèmes sont traités, et l'approfondissement attendu. Il suffit d'écouter par exemple les émissions scientifiques de FI et de FC pour "entendre" la différence, mais c'est vrai (et cela devrait le rester) pour tous les domaines de connaissance.
Je regrette ainsi la tendance de FC à adopter parfois des formes proches de FI : chroniqueurs (qui réduisent le temps utile), extraits de films "illustratifs", interruption des invités après quelques secondes (pour "dynamiser" !) etc... Et l'appellation "Invité Actu" dénote cette tendance.
Cependant la distance entre les deux stations reste significative : le problème ce matin des "travailleurs détachés" aurait été moins approfondi sur FI ; le livre sur la pédagogie du 19°s (
Concordance des temps) n'aurait pas fait 1 heure sur FI, qui se serait probablement contenté de commenter quelques pages d'accroche, mentionnées dans le dossier de presse par l'éditeur, sans la contextualisation historique et culturelle qu'en a fait FC ; quant à FKT, je ne l'imagine simplement pas sur FI.
J'ai remarqué, ayant entendu à plusieurs reprises des hommes politiques, ou des écrivains, intervenir sur les deux stations pour un même sujet, que les invités ne disent pas les choses de la même manière, et utilisent spontanément des registres différents pour s'exprimer selon l'une ou l'autre. C'est normal et finalement rassurant, et je suis ainsi persuadé que le maire de Sevran a été plus "culturel" sur FC.
On ne sait jamais trop par où commencer lorsqu'il faut vous répondre car vos contributions vont vraiment dans tous les sens, avec cet aspect frustrant qui consiste à ne jamais préciser ce que vos généralités veulent dire (l'internet, la mondialisation et l'embourgeoisement resteront un mystère tant que vous ne m'aurez pas confié ce que vous vouliez dire).
Vous dites que le rôle de France Culture est de proposer ce que fait France Inter, mais avec un côté un peu plus intello. C'est la stratégie des années Kessler (disons, fin Adler, et reprise et développée par David Kessler). C'est l'idée de remplacer un projet culturel radiophonique riche et diversifié par du contenu d'info, d'actu économique, sociale et politique tels que traités par la presse généraliste dans ses grandes largeurs, mais attention : *avec un angle*. L'angle intello et distancié qui est aussi flou que vos contributions. Le but avoué de ce remplacement de programmation est double :
- faire de l'audience
- coûter moins cher
C'est ce qui m'étonne chez vous. Si encore vous étiez un ultralibéral capitaliste embourgeoisé, un telle détestation du service public se comprendrait : vous accepteriez qu'un service public culturel fonctionne avec moins de moyens. Et les taux d'audience, les parts de marché, c'est terriblement libéral, non ? Je ne vous suis pas, pourriez-vous préciser votre pensée, car votre insoumission prend l'eau !
Et vous prônez donc un modèle où des stations de radio de service public se feraient concurrence l'une l'autre : France Inter et France Culture, et même France Culture et France Musique (cette dernière palliant au renoncement culturel de sa voisine). A l'heure où les budgets de l'audiovisuel sont réduits, pourquoi voudriez-vous que des stations consacrent des budgets à couvrir les mêmes champs d'action? Vous ne voyez pas le gaspillage? Je suis étonné que vous soyez en faveur d'une paupérisation de notre service public. Ce n'est pas très citoyen de votre part.
Comme nous parlons de la programmation du samedi, prenez la tranche de 18h-19h. France Culture propose une émission politique sur les populismes (Trump et Lénine). France Inter diffuse "Ça ne peut pas faire de mal", l'émission littéraire de la station, qui a bien des égards est plus substantielle littérairement que bien des rendez-vous de France Culture sur le même champ. Vous trouvez cela normal ? Une gestion raisonnée et intelligente consisterait à renforcer l'identité de France Inter comme radio de l'actualité politique, sociale, économique et culturelle (pour les sorties du moment, les tournées promotionnelles) et renforcer l'identité de France Culture comme radio libre, culturelle, diverse et ouverte à tous les champs culturels, sans pollution présentiste, sans morale, sans angle politique, sans complaisances idéologiques. Non seulement le succès serait garanti, mais on ferait des économies, pour satisfaire vos lubies ultralibérales.
Et vous parlez du maire de Sevran, en tournée (entendu un peu partout, pourquoi donc souhaiter à ce point le radotage et la répétition?). Il n'est pas "culturel", ce n'est pas ce qu'on lui demande. Il est "politique et social". Et l'un des problèmes actuels de France Culture, c'est que non content de concentrer l'essentiel des ressources de la station sur des sujet socio-politiques, on le fait mal car on ne se prépare pas assez, et on ne veut pas porter la contradiction à des invités qui sont sympathiques politiquement. Par exemple (vous voyez, on peut être précis) : on entend parler de politique de la ville, avec "1 million versé sous Hollande"). On n'en saura guère plus : combien en tout, pour quoi faire ? Est-ce que ce gouffre financier a pu servir à quelque chose ? Est-il justifié de dépenser des fortunes en argent public si on ne sait pas si ces programmes marchent réellement ? Ces dépenses peuvent-elles être faites de façon plus raisonnée ? On ne le saura pas, car Caroline Broué ne posera aucune question en ce sens. Vous trouvez cela normal?
Si cela vous satisfait, tant mieux. D'autres auditeurs à plus longues mémoires et à des horizons un peu plus étendus se disent qu'on peut mieux faire, avec autant de moyens. Si vous n'êtes pas très attaché à la qualité et à la diversité de notre service public, c'est votre droit, mais comprenez tout de même ceux qui trouvent que votre vision des choses est bien limitée, dispendieuse et étriquée. Mais le fond du fond, c'est que vous acceptez cela car ces émissions d'actualité ont le grand, l'immense mérite de relayer vos idées politiques, et cela, c'est bien ce qui est le plus important, n'est-ce pas ? Que notre service public culturel pour tous devienne votre service politique privé. Pour un apôtre de la redistribution généreuse, insoumise et solidaire, je vous trouve bien égoïste. Le service public nous appartient à tous vous savez. L'avantage de vos contributions qui n'ont ni queue ni tête, c'est que les têtes pensantes de Radio France nous lisent et peut-être, espérons-le, comprennent qu'un service public peut encore faire de grandes choses pour ses usagers. Il n'est pas trop tard pour qu'ils se ressaisissent !