Samedi 23 octobre à midi le site internet de FC merveilleux et moderne réussit à offrir à ses auditeurs le seul programme des deux prochaines nuits. Assurément il y a là un exploit, mais lequel ? D'autant que personne ne peut dire quand tombera la suite bien qu'elle soit "entièrement automatisée" : le cas particulier de cette automatisation, c'est que rien ne s'y passe, et que le résultat est, encore et toujours, le non-renouvellement du programme affiché. Il n'y a rien là qui doive choquer sinon l'esprit vulgaire. Car après tout l'immobilité est un cas du mouvement, c'est un cas particulier parmi d'autres et voila tout.
Ici nous proposons en un seul écran le programme des rediffusions nocturnes pour les 7 nuits de rediffusions à venir. Comme attendu il y aura la fin du feuilleton Hammett commencé lors du week-end dernier. Et aussi pour le goût de certains un peu trop de radio récente, mais rappelons que les Nuits c'est un panachage de radio ancienne et moins ancienne. Il y aura donc de la chronique d'été par Meryl Moneghetti c'est quand même Mauriac donc c'est culturel, non ?. Et puis en deux livraisons un feuilleton de 2010 sur Beaumarchais. Enfin en deux livraisons encore une Tentative Première de l'été 2007 par Laetitia Cordonnier. Malgré son thème usé jusqu'à la corde cette mémoire de la révolution russe a un indéniable parfum d'histoire et un nom moins indéniable parfum de travail radiophonique qui place l'émission à quelques IGH de qualité et de sérieux au-dessus de la piètre "Tentative première" que désorganise Ali Baddou chaque samedi pour le désespoir de l'auditeur aux oreilles sensibles et à l'esprit gourmand de qualité, forcé de rester sur sa faim.
Passons à la véritable offre de ces nuits pour faire chauffer le timer des Univacs. Cette offre est belle, où l'on retrouve des séries classiques avec notamment en première rediff les deux épisodes du
Profil perdu d'Hervé Bazin par Jean-Pierre Pagliano, et aussi une
Matinée des Autres de 1980 par Jacqueline Kelen (ce sont là 2 très bonnes signatures aussi bien pour ces deux séries que pour quelques autres). Un numéro de
Un livre des voix consacré à Henri Thomas. Et un "Parti-pris" de Jacques Paugam avec Henri Vincenot en 1975. 1975 c'est l'année de la parution de sa Vie quotidienne dans les chemins de fer au XIXème. Enfin toujours en première rediff mais là c'est du récent : encore un numéro de
Reconnaissance, produit par Matthieu Bénézet dans Surpris par la nuit. C'est un très bon numéro consacré à Rémy de Gourmont. Le personnage est bien recouvert par le temps, exhumé ici pour le plus grand bien de l'auditeur, avec son art du discernement et de la dissociation d'idées, ce qui nous changera un peu de l'organisation des idées reçues comme FC nous en gave dans le programme de la journée. Pour qui veut pratiquer la double comparaison, il y aura aussi cette semaine en dernière rediff un portrait de Picabia par Hubert Juin. C'est l'occasion de mettre en regard deux inventeurs atypiques, mais aussi à 30 ans d'écart deux excellentes séries de documentaires-portraits comme FC ne veut plus en faire, ou vraiment très peu et dans un créneau unique le dimanche. La portion congrue, quoi.
Toujours en première rediffusion mais en séries plus anciennes, un peu oubliées peut-être, mais méritant l'attention autant que le plaisir nostalgique, on signale dans ces Nuits la poursuite d'une rediff en série : Entre chien et loup, de
Roger Pillaudin, dont on nous offre quelques épisodes probablement regroupés en 2 livraisons mardi et mercredi, sur le thème de la littérature interdite. Et puis un
Bureau des rêves perdus de Riéra et Mollion : Tristan Tzara en 1957.
Restent à signaler les inattendus qui sont parfois des découvertes inespérées, parfois des chefs d'oeuvre de désuétude, parfois encore la seule consolation possible pour Ali Baddou ou peut-être son désespoir qui sait oui Ali de la radio loufoque on en a fait avant votre arrivée à France Culture c'était moins gueulant voila tout, mais en matière de "faisons rire l'auditeur malgré nous" Ali avait des prédécesseurs. Donc parmi ces désuèteries parfois charmantes, parfois exotiques, notons un hommage à Gaston Baty par
Beatrix Dussane, qui a toutes les chances de sonner désuet. De même le numéro de "Plaisir de la lecture" qui en 1962 vous invite chez Charles Perrault le temps d'une causerie avec lectures et commentaires par Jean Babelon dans le cabinet des médailles sur la longueur d'ondes 312m par le service des émissions culturelles. Désuet oui, là encore ; mais mérite l'écoute. Et puis il y aura aussi une bonne occasion d'évaluer les progrès radiophoniques de Catherine Clément entre 1975 et 2010 : pour cette dernière année merci on a tout ce qu'il nous faut avec le corpus de ses remarques pète-sec dans l'émission du mercredi à 21h. Mais grâce aux nuits on verra ou plutôt on entendra ce que ça donnait en 1975, avec un sujet très Lauradlair : Cosette et Gavroche. D'avance j'en ai le coeur tout retourné. En revanche, c'est tout à fait volontairement comique qu'était en 1956 la "Foire aux monologues" d'André Veinstein, avec Jacqueline Maillan, Hubert Deschamps, et Olivier Hussenot. Enfin, concluons sur l'énigme du programme : un sketch dû, nous dit-on, à l'équipe française de la BBC. L'énigme c'est bien sûr la date annoncée : 1943. On ne sait pas encore si c'est une archive inestimable ou un document reconstitué. On en frémit.
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