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L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry)    Page 10 sur 27

Bas de page ↓   

Henry Faÿ 


91
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la plaisir d'écouter Gérard Chaliand - Dim 29 Mai 2011, 16:08

L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Page 10 Chaliand-gerard

leniax a écrit:

Quid des recalés de la première émission, de la disparition de Labarde et des éclipses de Mr T. Pech ?

Probablement ce qu'exprime aujourd'hui Mr Chailland, quand le spécialiste du terrorisme se réfère à ce qu'il a pu observer dans certains pays pour promouvoir la précarité mondialisée.

Avec un nouvel invité le jeu d'équilibriste sur lequel repose l'émission apparaît dans toute sa facticité, prise entre le principe de responsabilité, principale ligne rouge, qui commande à ne jamais compromettre l'ordre public de quelque manière que cela puisse être, et d'autre part les réactions des auditeurs.

Ces contraintes condamnent bien souvent l'émission à un pur verbiage autour de ce qui est, et où nous devons avant toute chose bien assimiler que la réalité nous impose d'accepter notre sort.
Ainsi pour celui qui incarne avec la plus grande perfection le rôle du funambule, grand lecteur de Hannah Arendt, pendant la guerre, être du côté des alliés n'était en rien un choix..."Nous sommes tous des espagnols" mais nous n'avons pas d'autres possibilités que de nous soumettre aux contraintes économiques. Un adepte de la pensée unique qui déclare aujourd'hui que le pacte de stabilité est foutaises.


Sur les points précis abordés dans ce message, je vais me faire le défenseur de Philippe Meyer. Thierry Pech et Labarde sont des intermittents de l'émission, ils sont là, ils ne sont pas là, il n'y a rien à redire. Celui qui est toujours là et qui est vraiment très énervant avec les platitudes dont il nous assomme, c'est l'Académicien, qui n'a pas évité l'autre fois de dire: "une civilisation dans lequel".

La grande faiblesse de l'émission de Philippe Meyer, c'est que les participants ne sont pas toujours calés sur les sujets qu'ils abordent, on a souvent l'impression et parfois la certitude d'en savoir plus qu'eux. C'est pourquoi je ne peux que me réjouir qu'il soit fait appel à un véritable expert et non des moindres. Gérard Chaliand est un esprit vraiment original extrêmement solide et peut-être le seul en France qui ait une expérience de terrain approfondie des mouvements de luttes révolutionnaires et qui apporte des analyses très pénétrantes. Il a tout à fait raison de dire que la France et quelques autres pays vivent au dessus de leurs moyens, c'est une évidence et c'est une donnée fondamentale de la situation économique qui obscurcit l'avenir. Invoquer la pensée unique, c'est un peu court pour refuser des évidences. Voyez les analyses de Christian Saint Etienne dans la rumeur du monde du 16 avril dernier. Quand Gérard Chaliand dit que deux années de précarité au début de la vie professionnelle ça n'a rien de tragique c'est vrai, l'ennui c'est bien souvent, ça dure plus que deux ans. Gérard Chaliand est de ceux qui connaissent très bien les pays pauvres, il sait comment on y vit et il est bien conscient que notre petit confort et nos petites exigences sont en sérieux décalage par rapport à ce qui se passe pas très loin de chez nous.


L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Page 10 0035

PS Jean-Louis Bourlanges: "c'est une situation devant lesquelles".

leniax 


92
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Mr Chaliand - Dim 29 Mai 2011, 18:10

D'accord sur les quelques remarques de Mr Faye, excepté à propos de Mr Gallo qui aujourd'hui a avancé ce que je crois être deux idées dignes d'être relevées:
D'une part l'affirmation que le conflit au Proche orient ne trouvera d'issue qu'avec les Etats Unis et l'Europe, approuvé par le spécialiste en terrorisme.
D'autre part cette idée étrange, non moins intéressante, que pour les autorités israéliennes, retarder de quelque temps la création de l'état palestinien c'est gagner l'éternité.

Langevin 


93
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Re: L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Dim 29 Mai 2011, 19:19

Au moins, on a échappé aujourd'hui à la configuration Le Boucher-Gallo-Bourlanges que je désigne personnellement sous l'appellation "bar de l'Hôtel des Trois Faisans" (référence évidente). Ce triumvirat, dont les individualités -disons plutôt celles qui ne sont pas dotées d'un habit vert- sont pourtant souvent intéressantes et pertinentes, présente une capacité infinie, lorsqu'il est assemblé, à dérouler des truismes bourgeois, des sottises définitives et des raisonnements prudhommesques, le tout avec la tranquille certitude de sa science et de son bon droit qui caractérise les quincaillers en gros au sortir de la grand-messe.

Sur le constat de Chaliand sur la situation depuis longtemps obérée des pays européens, je le trouve exact, et pourtant il m'a irrité, car il était asséné avec un mépris de la jeunesse qui m'a confondu. Car enfin, si nous admettons que l'effort d'austérité s'impose, je constate qu'aucun de nos bedonnants sexagénaires ne se soit bien affligé de ce que la contrainte pèse essentiellement sur la jeunesse, laquelle était, si je comprends bien, gâtée, excessivement ignorante de son sort et inconsciente des défis dde ce vaste monde fort miséreux qui nous porte (la pédagogie de M. Chaliand m'a rapelé ma grand-mère qui, pour me faire manger ma soupe, invoquait rituellement les petits Africains qui meurent de faim...). Ah, non , c'est vrai, on a évoqué ce système bloqué qui protège excessivement les insiders, mais il est bien clair que les insiders dont il convient de mettre à bas les privilèges aberrants, ce sont également des jeunes, et pas la génération de MM. Bourlanges, Chaliand et Gallo.

Je ne sais pas si ces hommes, certes d'une génération qui a connu les derniers soubresauts de la guerre et le défi de la reconstruction, mais dans une période de croissance et de mobilité sociale telle que nous n'en avons presque jamais connu, ont conscience du mépris, et même de la haine que suscite ce discours chez les trentenaires envers les gens de leur âge et de leur caste, égoïstes détenteurs de tous les pouvoirs matériels et symboliques qui, non contents d'avoir à leur profit engagé nos pays vers la faillite, se permettent maintenant de morigéner la jeunesse. Je pourrais dire que je redoute le jour où un populisme générationnel se lèvera et appellera à un monde sorti de la nouvelle "Chasseurs de Vieux" de Buzzati, mais, privilège de la jeunesse, je ne suis pas sûr de le redouter....

Nessie 

Nessie

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Re: L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Lun 30 Mai 2011, 01:38

N'oubliez pas le "Journal de la guerre au cochon", tant que vous y êtes. Il est prévu une lecture en public par la grosse Adrienne de Montherlant.

De Chaliand je n'ai pas entendu de mépris pour la classe d'âge visée, mais un reproche factuel : la soif de sécurité et de tranquillité de la classe jeune a quelque chose d'incompréhensible pour ce papy aventurier-baroudeur. Quant à ses remarques sur l'économie elles sont plutôt propos de bon sens de café du commerce, empreints de l'étonnement de celui qui a vécu. On y trouve aussi une touche de réalisme économique... largement en dehors de la spécialité de Chaliand. Mais est-ce qu'il faut être sociologue et économiste pour dire que :
a) les besoins en sécurité et en confort croissent plus vite que l'offre (effet remarqué par Tocqueville)
b) les pays de l'Europe de l'Ouest vivent au-dessus de leurs moyens depuis 35 ans. Résultat : endettés jusqu'aux épaulettes (de carnaval).

Et au fait, de quels moyens s'agit-il ? Du budget social ? De l'équipement ? Du train de vie de l'état ? De tout cela et du reste (mais lequel, svp) qui nous fait vivre à crédit ?

Une analyse psychologique de la jeunesse qui se trouve à la fois sécurisée et frustrée, c'est pas du ressort de Chaliand. Mais si ça vient d'un Daniel Cohen ou d'un Olivier Galland dans la Rumeur du monde, on va la désavouer parce que Galland par ailleurs en se penchant sur les inégalités avec autre chose qu'une truelle et une chaine d'arpenteur, il conclut que l'inégalité recule en France. Si on entre dans le débat sur les indicateurs invoqués, je vous dis pas la bataille de chiffre et l'oeuf mal cuit Vincent Lemerre va dire "stop messieux ne nous jetons pas des chiffres à la tête" le petit meussieu il en a déjà des vertiges (je renvoie au débat récent dans les matins entre Emmanuel Todd et Slama). Voila comment sur France Culture on évite la question, et on laisse un papy aventurier par ailleurs fort estimable dans sa spécialité, venir juger et leçonner. Le problème c'est que les convaincus d'avance (j'en suis) n'ont rien appris. Et que les rétifs d'avance n'entendront surement pas le message.

Bah, tout le monde peut y rajouter une couche, même moi : à l'époque de cette affaire évoquée par Chaliand, je venais juste de larguer mon statut de fonctionnaire (pour faire un truc pareil à 40 ans, il faut avoir accumulé pas mal de dégoût - je vous jure qu'une fois libéré on respire) et je trainais mes basques dans une Université de province où les gens de 20 piges manifestaient pour avoir ... un CDI ou rien. Un confrère m'a alors raconté l'histoire d'un nommé Gordon Matthew Thomas Sumner qui était instituteur je sais pas où, à Newcastle ou à Manchester, et qui a préféré larguer ce boulot pour jouer de la basse avec des copains. Sa mère lui a conseillé de penser à sa retraite. Il lui a répondu que si à 24 ans il pensait comme ça il était cuit. Comme tout le monde n'a pas les possibilités de Gordon Sumner, on comprend qu'une majorité préfère être cuite.

La responsabilité d'une frilosité généralisée est à chercher dans la norme d'emploi qu'on a voulu instituer en 1981, avec les meilleures intentions du monde : le CDI. Avec les résultat qu'on sait :
- bloquer la rotation sur le marché du travail
- accroitre le chômage
- entrer dans la mentalité de toute une classe d'âge que la sécurité venait de l'immobilité.
30 ans après, l'agence idéologique de France Culture colle à ce credo, relayant tous les mouvements sociaux pour la stabilité de l'emploi, et toujours incapable de comprendre ce qu'est un effet pervers. Pour parler de l'emploi et des jeunes, c'est pas Gallo ou Chaliand qu'il faut convoquer, ni même Louis Chauvel. C'est plutôt un Michel Godet ou un Michel Collin.

Langevin 


95
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Re: L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Lun 30 Mai 2011, 21:53

Et à la fin du second acte, c'est le drame, la sortie de route en Facel-Vega, la mouche tsé-tsé dans le lait de buffle, le pet sonore pendant l'homélie du Père Paudemurge. On a cité Michel Godet.

Je suis au regret de dire ici que je tiens ce monsieur, qui devrait être banni de la confrérie des barbus à laquelle je m'honore d'appartenir, pour un parfait charlatan. Non pour ce qu'il est (car je vois déjà poindre le procès en militantisme gauchiste), mais pour ce qu'il prétend connaître et qu'en fait il connait particulièrement mal. A savoir le modèle économique des Mauges choletaises, que je connais fort bien pour y avoir vécu mes jeunes années et avoir échangé professionnellement avec nombre de ses acteurs.

L'ami Godet (pourtant, on n'en viderait pas un avec lui)nous déroule à longueur d'année, de Mickey Parade à la Revue des Deux Mondes, son exemple du territoire d'entrepreneurs qui-s'est-fait-tout-seul-sans l'Etat-vampire-et-les-règlementations-bolchéviques-qui-tuent-l'envie-d'entreprendre, à savoir les Mauges. Le problème, c'est que son exemple, c'est une supernova. Il brille encore, mais il est mort depuis trente ans.

C'est vrai que, comme un certain nombre de territoires situés à la périphérie géographique ou politique et qui ont été marqués par une culture communautaire forte, les Mauges se caractérisèrent par la puissance et la vigueur de l'entrepreunariat local, et que ce mouvement est d'autant plus remarquable (et digne d'éloges) qu'il s'est construit, sinon contre l'Etat, du moins sans l'Etat, ce qui, dans un pays colbertiste comme le nôtre, est une performance. La correspondance étrangère la plus pertinente serait, à cette égard, le modèle des PME à taille européenne de l'Italie du Nord-Est, mais d'autre régions françaises, qui d'ailleurs ont à peu près les mêmes caractéristiques sociologiques, pourraient être évoquées : la vallée jurassienne de Morez, les vallées savoyardes, etc...

L'amène Michel, donc, de nous vanter les succès fulgurants de ce modèle (et qui furent effectivement fulgurants) en matière de croissance et d'emploi. Passons sur le fait que tout cela ne tenait, non pas par une forme de contrat social entre le patronat issu du local et les ouvriers, mais par la force de l'encadrement communautaire de l'Eglise (qui avait par ailleurs ses bons côtés, et même ses côtés libérateurs et modernistes. je suis suis pas petit-fils de Jaciste pour rien) et par la modération salariale d'autant plus facile à maintenir que le syndicalisme est quasiment absent du territoire, et que ce fut d'ailleurs un "argument de vente" de la CCI jusque tard dans les années 1990. Peu importe. Le vrai problème, c'est que ce modèle meurt. Il reposait sur des industries de transformation qui, à l'exception de l'agroalimentaire, ont toutes sombré ou sont près de le faire (la chaussure, le textile). Plus précisément, les entreprises sont toujours florissantes mais, à part l'administration et la conception, elles ont cédé au mirage de la délocalisation (certaines d'entre elles en reviennent, il est vrai). Une tentative de seconde génération, autour des industries plasturgiques, n'a pas eu l'ampleur, ni la puissance de ses aînées - sauf, il est vrai, Nicoll, mais qui est plus ancienne. Le saut technologique n'a pas été réalisé.

Deuxième transformation : le capitalisme financier s'est installé dans les Mauges. Au soir de leur vie, les capitaines de PME ont prêté l'oreille aux sirènes américaines, allemandes, et plus lointaines encore, et ont fourgué leurs usines après avoir assuré à leurs ouvriers que mais non, jamais, pas eux, pas ca, nous sommes une famille...Poids horrible de la règlementation? Principe de réalité ? Toujours est-il que la race des entrepreneurs laisse à la place à la génération suivante, celle des rentiers. Il est vrai que c'est sous les chênes qu'on trouve les glands....

Troisième transformation, et pas la moindre. Le chômage reste faible. Soit. Mais non parce que l'économie est florissante. Parce que les jeunes, formés, ne trouvent plus de travail, et partent ailleurs. Le territoire est l'un des plus pauvres en cadres de l'Ouest, qu'il s'agisse d'ailleurs de cadres du public ou du privé. Bien formés chez les frères ou les soeurs (et je me flatte d'en être), nul d'entre nous n'avons trouvé à travailler sur place : pas besoin de cadres, d'ingénieurs, de techniciens, rançon de l'absence de projection dans les activités à forte valeur ajoutée de ce temps. Et le cadre communautaire a éclaté : fini, la proximité des entrepreneurs avec leur personnel. Finie, la docilité des locaux qu'entretenait le niveau général d'éducation relativement faible. De ma classe d'il y a trente ans, personne, sauf deux amis qui ont repris les exploitations agricoles de leurs parents, n'est resté "au pays". Nous avons essaimé de Séoul à Buenos-Aires, ou, comme moi, nous sommes devenus des hérétiques (au sens propre en ce qui me concerne, puisque je suis devenu réformé dans ce pays modèle de la catholicité). Créer notre entreprise ? Avec quels moyens, les banques étant dominées par les anciens du vieux modèle industriel à bout de souffle, et si peu désireux de laisser la place, les cadres, si nécessaires, étant éparpillés ? Peut-être dans quinze ans, quand la colère contre l'immobilisme sera tellement forte que la génération de nos pères, désormais fossilisée, partira de gré ou de force et laissera la place à un nouveau modèle que nous, ou plus sûrement nos enfants auront bâti.

Ce post est long et hors sujet, j'en vous prie de m'en excuser. Mais il vient expliquer...j'allais écrire le mépris, mais en fait, c'est l'exécration le mot juste, que je nourris pour ce misérable personnage qui prostitue une image d'Epinal de mon pays au service d'un petit projet idéologique méprisable, un petit réchaud de Déroulède de la dérégulation pour tous (sauf pour les enseignants au CNAM), un petit réchaud d'un petit individu qui jouit, comme un papillon de nuit, non de sa capacité à éclairer les foules, mais d'être attiré par les lumières médiatiques. Un escroc, un gugusse, un Conducator pour lecteurs cacochymes de Voleurs Actuels et autre gazettes qu'un esprit sain ne feuillette que dans la salle d'attente du dentiste. Il est vrai qu'il porte, le Godet, le Bidet, chez les vieux nantis et repus qui pensent qu'il faudrait une bonne guerre aux jeunes. Qu'ils s'inquiètent, ces vieux qui pensent qu'avoir été dégoûté de l'abondance leur donne titre de sagesse (et non, Nessie, je ne pense pas à vous) de l'identité de l'ennemi que ces jeunes pourraient se trouver...

Poufff. Ma femme a raison, je devrais arrêter le porto du soir, ca m'échauffe les sangs.

Nessie 

Nessie

96
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Chez Langevin, costumes sur mesure - Lun 30 Mai 2011, 22:17

Tudieu quelle claque pour le Michou ! Hors-sujet, je ne crois pas non. Et au contraire vous devriez en vider plus fréquemment, des Godet, mais avec lui ça ne suffira jamais car question volume c'est plutôt la taille 'Cuve pour appartement collectif' et question profil c'est plutôt l'entonnoir renversé. Mais foin de la critique esthétique car je sens venir mon procès par Maître Jojo et Maître Pierre, pour cause de délit de sale gueule à l'encontre de notre barbu vendômois de la rue du faubourg St Martin. Alors bon je dis : Gare ! Car je te me vous prépare une réponse en défense de notre homme, mais ça va me prendre un moment. Dans l'intervalle, v'pourriez pas aussi nous dégommer le Collin (atassion, l'est pas froid le gars !) comme ça pour le procès en réhabilitation je vous ferai un prix les deux dans le même présentoir ...

Henry Faÿ 


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Michel Godet, l'anti-bobo - Mar 31 Mai 2011, 07:22

L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Page 10 Godet

Il n'est pas du tout haïssable, Michel Godet. Comme économiste, il ne devrait pas être le dernier des nuls. Qui pourrait dire qu'il n'a pas fondamentalement raison? Il intervient de temps en temps dans l'émission c dans l'air, ce qu'il dit n'est pas furieusement tendance, c'est pas vraiment le bobo parisien, il dit, faut travailler, faut travailler, faut travailler, il est contre les syndicats, leur rhétorique et leurs magouiles, sur le plateau d'Yves Calvi, ça fait des vagues. Il est aussi pour la famille, contre la dénatalité et comme il est père de nombreux enfants, il peut le dire. C'est un peu la bonne vieille droite. Ils sont marrants ces gens qui comme Marcel Gauchet tiennent pour quantité négligeable les impératifs économiques, ont-ils pris la mesure de ce qui attend un pays qui n'est pas compétitif? Michel Godet n'est certainement pas de ceux là, ce qui pourrait lui conférer une certaine légitimité en dépit des aspects rugueux du personnage.

L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Page 10 0035

Langevin 


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Re: L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Lun 06 Juin 2011, 20:49

Mon cher Henry.

D'abord, je vais me moquer.

Ensuite, je vais affiner le portrait à l'eau-forte que j'ai exécuté du matois Michou (Mâtin, cette photo ! Je n'ai connu ce plissement de l'oeil à la fois concupiscent et expert que chez les marchands de bestiaux)pour, peut-être, me montrer plus objectif.

La moquerie d'abord.

A part le déferlement éristique final de mon propos, sponsorisé par l'interprofession des vins de Porto, vous aurez noté que je n'ai pas flétri Godet sur ce qu'il est (un homme de droite ? Ce n'est même pas sûr, ou plutôt c'est plus compliqué), mais sur un point précis et objectif, à savoir le dépassement total de l'un de ses travaux universitaires majeurs, qui n'est plus un objet de réflexion économique mais d'histoire économique, et qui lui sert de vademecum intellectuel pour les trois quarts de ses démonstrations alors même que les prémisses d'icelles qu'il entend illustrer avec le cas des Mauges sont dépassées ou invalidées par l'évolution des choses.

Qu'avons-nous en face ?

Une affirmation, j'allais dire un acte de foi : "Comme économiste, il ne devrait pas être le dernier des nuls."

Je vous le concède, en dessous, il y a Jacques Balutin et Kiri le Clown. Mais on ne peut prétendre sérieusement que M. Godet soit un économiste reconnu, ne serait-ce qu'au travers d'éléments de mesure de performance telles que les publications scientifiques. A une certaine époque, l'économie française pouvait se targuer d'être, à droite, représentée par MM. Rueff et Barre. Je vieux bien que l'affaissement de la pensée soit généralisée, mais enfin, notre brave Godet ne saurait convaincre de la puissance de son propos.

"Qui pourrait dire qu'il n'a pas fondamentalement raison ?"

Une part importante de la communauté scientifique, les jeunes formés qui créent des entreprises en ayant recours à autre chose que l'écrasement du salariat, les fonctionnaires qui ne sont pas des parasites, les gens qui considèrent qu'il est temps de poser la question de la soutenabilité de la croissance, bref les gens qui font de l'économie autrement qu'en digérant le gigot flageolets dominical en feuilletant le Figaro Magazine (qui a bien baissé depuis qu'on y lit plus ce bon De Plunkett). Par ailleurs, ce procédé rhétorique ne démontre rien. j'en ai plein d'autres du même tonneau : "Etes-vous plus français que lui", par exemple, c'était pas mal.

"Il intervient de temps en temps dans l'émission c dans l'air, ce qu'il dit n'est pas furieusement tendance, c'est pas vraiment le bobo parisien, il dit, faut travailler, faut travailler, faut travailler, il est contre les syndicats, leur rhétorique et leurs magouiles, sur le plateau d'Yves Calvi, ça fait des vagues."

Ouah, quel courage, vite, le Panthéon, les Invalides, non, virez Chéops de sa pyramide !

D'abord, ca ne risque pas de faire de vagues sur le plateau d'Yves Calvi, qui est un condensé de la bien-pensance de droite (ce qui en fait au demeurant un contrepoint à la bien-pensance de gauche qui colonise FC comme les moules les bouchots. passons...), un salami industriel de propos de comptoir conservateurs-libéraux à destination des demi-cultivés qui se croient intelligents parce qu'ils lisent Le Point et affranchis parce qu'ils voteront Borloo au premier tour. Le manège enchanté des éditorialistes multicartes et des demi-soldes de M. Sarkozy (tel que l'insuffisant et suffisant M. Bescchizza, secrétaire général d'un syndicat policier sponsorisé par la maison Ricard -je l'invente rien, ils en font la promotion sur leur site internet). Le tout sous l'oeil de M. Calvi, qui fera une belle carrière sur les ondes périphériques car il est servile avec les forts et cruel aux petits.

Je passerai sur l'antienne d'il faut travailler, car peut-être conviendrait-il de dire pour qui et pour quoi, sinon, on joue le rôle de Xerxès flagellant les eaux de l'Hellespont. Quant aux méssants syndicats, il y a du vrai, mais il serait plus crédible si, en même temps, on évoquait les magouilles d'autres syndicats pourtant mieux introduits, à savoir ceux des patrons, ou plus précisément le Medef, car la CGPME n'en est que le harki. Je passe également sur l'allusion au bobo parisien qui est devenu à la droite mue par le seul cerveau reptilien, espèce représentée par le posteur moyen du Figaro.fr, l'équivalent du "Om" chez les Hindous. Michel Godet est autant mis en danger intellectuellement sur le plateau de C dans l'Air qu'un agneau au congrès annuel des végétaliens amateurs de coton.

"Il est aussi pour la famille, contre la dénatalité et comme il est père de nombreux enfants, il peut le dire."

Grand mage, vous pouvez le dire ? Oui. IL PEUT LE DIRE !

Curieux que vous évoquiez la dénatalité qui n'est pourtant pas un problème français, sauf si évidemment, vous cauchemardez toutes les nuits des visions raspaillennes où nos braves filles et filles de France sont submergés par des milliards de loqueteux patibulaires et basanés. Quant à la qualité de père de famille nombreuse, en quoi donne-t-elle une qualité particulière, à part celle, bête et animale, d'exposer la performance de ses gonades ? Ca mérite plusieurs bulletins de vote ? le parrainage du petit dernier par le Président et le Pape ?
En revanche, je remarque qu'il commence à manquer un bout à votre panégyrique godettien où figurent en bonne place le travail et la famille (allez, ca va venir). En revanche, je connais un pays où la dénatalité est un vrai problème et où Godet pourrait user à bon escient de sa science sur le sujet, c'est la Bundesrepublik. Et pour filer la métaphore maréchaliste, je vois déjà les bambins Godet s'exclamer épanouis "Finis les mauvais jours ! Papa gagne de l'argent en Allemagne !".

J'arrête là, d'une part parce que j'ai abusé de votre patience, d'autre part parce que je pense comme vous qu'il convient de se poser la question de la compétitivité et qu'il s'agit souvent d'un impensé.

Venons-en maintenant à la retouche au portrait de Godet. Attachez vos ceintures, je vais en dire un peu autre chose que du mal.

L'homme gâte par ses à-peu-près, sa fatuité, ses approximations crasses et sa défense d'un modèle pourtant bien malade de vraies qualités. Godet est fondamentalement un Girondin doublé d'un catholique social à la sauce dix-neufièmiste : un ami de la décentralisation, des corps intermédiaires, un apôtre de la collaboration de classes, un conservateur éclairé. Tout n'est pas à jeter dans cette pensée, bien au contraire : qui ne saurait défendre, comme lui, un Etat efficace et bon gestionnaire ? Qui ne saurait applaudir à la libération des initiatives locales ? Qui ne saurait constater que la dialogue social est, en France, une utopie? Tout cela, un esprit sans a priori peut l'entendre et, sinon y souscrire, en mesurer le bien-fondé (j'évite de parler de bon sens, le concept masque le plus souvent le trou noir de la bêtise).

Sauf que le problème, justement, c'est que, dans un monde qui change de plus en plus vite, et où les sources de richesses et de développement ne sont plus les mêmes, Godet pense toujours comme au XIXème, avec, soyons juste, un passage par le Comité des Forges de 1936. Godet pense Etat prédateur et non Etat mieux géré, alors même qu'il redevient un acteur essentiel de la vie économique et sociale des nations et que sa présence est appelée à corps et à cris, notamment en zone rurale. Il pense volume et compétitivité-prix alors qu'il faut penser qualité et saut technologique. Il pense rationnement du salariat et abaissement des protections alors qu'il faut poser la question des rapports comparés des rendements du capital (et même de la rente !), du travail et de l'investissement, et diminution graduelle et contractuelle des "privilèges" des insiders (disparition qu'il faudra d'ailleurs payer : Wyplosz, pourtant pas un gauchiste, ne dit pas autre chose). Il pense éradication des syndicats alors qu'au contraire, il faut organiser la généralisation de la syndicalisation, justement pour avoir des interlocuteurs crédibles et enfin sortir l'Etat de la gestion des conflits sociaux. Il pense croissance à la soviétique alors qu'il faut penser gestion dynamique des ressources rares. Je pense sincèrement que Godet a eu la tête tournée par son succès médiatique ; il devient incapable d'asséner autre chose que des slogans, des anathèmes, des railleries, ou des sentences. Face à un adversaire un peu coriace, ca tourne en rond (je l'ai vu sur Public Sénat en difficulté face à Jacques Généreux, qui est pourtant un turlupin). IL se déconsidère en se pensant comme un gourou, alors qu'il n'est qu'un bateleur. Destin comparable en tous points à celui de Jacques Marseille, dont les immenses qualités universitaires et intellectuelles se gâtèrent irrémédiablement au contact corrodant des médias (la liste des derniers ouvrages de Marseille est accablante. Il ne manque plus que les bonnes recettes de tonton Jacquot et 100 mots fléchés de Jacques Marseille pour l'été).



leniax 


99
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problèmes sociaux ou guerre ? - Dim 12 Juin 2011, 18:54

Mis en perspective avec l'émission des retours du dimanche, le réalisme hautement revendiqué de nos deux chroniqueurs du jour éludent étrangement la montée de tension en banlieue , tout occupés semblent ils par la seule question économique et la petite besogne partisane.

Nessie 

Nessie

100
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Quand l'esprit public touche le fond... - Dim 12 Juin 2011, 19:33

Right. Chose que Meyer leur a d'ailleurs reprochée.
Cela dit, le sérieux des "Retours" est lui-même sujet à caution,
étant donné la forte tendance au sensationnel des deux animateurs.

En tous cas, avec le ping-pong Gallo-Bourly, aujourd'hui l'Esprit public a touché le fond. Tout au bout du boyau de l'ennui, c'était le festival du rien. Du commentaire ad infinitum autour de spéculations hasardeuses sur ce dont on ne sait pas exactement ce qu'il en sera ni même si ça pourrait arriver à condition encore qu'on puisse savoir de quoi on parle précisément, ah oui c'est vrai reprenons : du feuilleton pipole qui, en se focalisant sur qui va gagner la super-course 2012, néglige les questions importantes dont d'ailleurs il n'y a plus grand chose à dire puisque toute l'antenne de FC y est déjà dévolue.

Pourtant Meyer avait naguère vigoureusement fustigé la tendance à tartiner sur le tiercé-quarté-quinté-plus de la présidentielle. Et maintenant il nous refile exactement la même soupe. Pitié....

Une Nième émission sur les troubles sécuritaires ne m'eut d'ailleurs guère plus satisfait : le montage à prévoir étant (je le parierais) le suivant : pendant 10 mois, faire monter le sentiment d'insécurité en espérant torpiller Sarko mais finalement laisser le coureur de fond doubler tout le monde au dernier moment en démontrant, indicateurs objectifs à l'appui, que l'insécurité est en recul malgré le gonflement médiatique. De là le candidat saura bien profiter du double effet [Alarmisme + Mensonge des médias révélés au dernier moment = depuis 5 ans je vous ai bien protégés braves gens]. En clair : la France va réélire Sarko grace à la maladresse de ceux qui font tout pour le griller. On parie ?

Mais je m'égare.
Je cède au vice du procès d'intention.
Il sont donc bien contagieux les vices de cette radio pseudo-culturelle.

Langevin 


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Re: L'esprit public (depuis septembre 2017 : Emilie Aubry) - Mar 17 Jan 2012, 20:57

Résurrection d'un vieux fil pour quelques considérations sur ce premier trimestre de l'Esprit Public.

Je m'attendais au pire avec le voisinage de l'élection présidentielle et, pour parler comme nos amis d'Outre-Jura, j'ai été déçu en bien. Est-ce le renouvellement partiel des cadres, est-ce la qualité des sujets abordés (bonne émission de fin d'année sur Astérix, à mon sens) ? Toujours est-il qu'il me semble que les propos sont à la fois plus riches, moins attendus, et que finalement une forme de confrontation, non des idées (n'exagérons rien, on est sur France Culture sous Poivre vert...), mais des opinions se fait enfin jour.

Ainsi de notre bon Bourlanges. Ah, on le croyait définitivement sommeillant d'un bon sommeil tranquille de centriste, notre Bourly, ronronnant matoisement façon chat-chat à sa mémère au coin du radiateur, ne s'éveillant que pour s'étirer paresseusement en deux parties-deux sous-parties-en tant que centriste je suis partagé. Eh bien non, Bourly sort encore ses griffes, et quand il les sort, c'est bien ajusté, comme le révéla l'émission de dimanche dernier sur la Hongrie. La bonne Sylvie Kauffmann, voix MRP-oïde du Monde et donc Meyerocompatible (je suis méchant : Kauffmann ne manque pas de considérations intéressantes, notamment en politique internationale), nous expliquait qu'il ne fallait point trop flétrir le bon Viktor Orbàn, certes point un fasciste, mais enfin, assez proche au physique comme au moral de l'Amiral Horthy, car en somme, le bô Viktor était le fruit d'une belle révolte anti-communiste qu'il n'avait pu mener en son temps à son terme, battu traîtreusement par des socialistes vaguement totalitaires et franchement incompétents en matière économique (ce qui est vrai, mais je me souviens d'un temps où le Monde louait l'ardeur dérégulatrice des socialistes hongrois. Sic transit...). Bref, le cher homme menait un programme de rupture, un peu franche certes, mais qu'il fallait comprendre dans ce pauvre pays victime tant des Communistes que de la méchanceté des Alliés en 1918. Orbàn victime de sa mission historique en quelque sorte.

Ici : une incise. Rien ne fait plus m'esclaffer que de constater la gêne des libéraux à flétrir la dérive d'Orbàn, qui fut, mais n'est plus, le prototype du héros "Mitteleuropa" de 1989 combattant pour la démocratie de marché. Grand moment la semaine précédente chez Colombani, où, après un épisode de colère sacrée dudit Colombani contre les menées constitutionnelles de la Fidesz, M. Casanova, qui a pourtant généralement un avis sur tout et même sur ce qu'il connaît mal, s'est piteusement, voire péteusement, contenté d'un "je ne connais pas la question, que je ne commenterai donc pas...". Je comprends bien qu'il est difficile pour M. Casanova de dire du mal d'un monsieur avec qui il a dîné dans le cadre des rencontres du groupe Bilderberg et à qui on a tressé des couronnes dans Commentaire mais enfin, je ne comprends guère pourquoi on ne pourrait pas, dans un même mouvement , flétrir le Caudillo de Caracas et l'Ubu Danubien. Bref.

Mon Bourly de s'ébrouer alors et de rappeler quelques vérités bien senties dont on retenait, sous mes applaudissements :

-que le Traité de Trianon n'était que la conséquence de la folie des Hongrois eux-mêmes, qui n'eurent de cesse de combattre pour leur liberté avant que d'asservir plus étroitement encore les peuples qui leur étaient soumis dans les pays de la Couronne de Saint-Etienne.

-qu'Orbàn et son mouvement avaient désormais autant de rapports avec le centre-droit qu'une carotte avec un autobus.

-que l'anticommunisme de façade n'était qu'un instrument de légitimation d'un gloubi-boulga nationaliste-dirigiste qui, d'ailleurs, n'est pas sans évoquer le programme actuel du FN, avec d'ailleurs les mêmes succès économiques probables.

-qu'on peut apprécier le talent du jeune Alain Delon et considérer que le vieil Alain Delon est devenu un histrion pathétique et insupportable.

Trois minutes de démonstration claire et nerveuse. Pas entendu chez Meyer depuis au moins deux ans. Mais, là encore, tout reverdit. Pech a parfois d'intéressants développements, Le Boucher a cessé d'employer ce pénible ton condescendant de parvenu au Rotary, même Max Gallo réussit de temps en temps à émettre une idée originale qui ne soit pas un tract à la gloire de Népoléon IV ou une resucée de revue de presse -ou plutôt de revue de presque.

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