Dans Médialogues en décembre dernier, un débat radio en 3 épisodes a mis aux prises deux débatteurs : le premier est
Jean Staune, qui publie "la science en otage". Staune est un auteur et éditeur français , anciennement directeur de collection chez Fayard (Le temps des sciences), dans les 90’s il a su se rendre assez visible en promoteur d’une pensée interdisciplinaire. Il est ici face au second débatteur :
Dominique Bourg, philosophe et enseignant à Lausanne, que j’ai trouvé plutôt caricatural comme un militant du précautionnisme. Assez agressif comme le sont certains militants (mais pas tous : il paraît même qu’en Nouvelle-Zélande c’est une espèce rare), cela dit c’est pas facile de discerner ce qu’il y a de sincère et de simulé dans son attitude, notamment quand il calomnie son adversaire, quand il prend des airs supérieurs, quand il se fait ronfler de la formule c’est un peu énorme. En tous cas dans ce débat il ne défend pas vraiment la liberté d’expression. Si on y ajoute la culpabilisation et le sensationnalisme, il est donc assez proche du profil du militant agressif. Enfin c’est mon impression, mais ceux qui écouteront le sujet et seront en désaccord avec cette étiquette sont invités à réagir ci-après ou même on peut ouvrir un fil esspécial sur le sujet.
Au fait, le sujet de leur controverse ? La façon dont les médias informent le public sur ce qu’on sait vraiment du réchauffement à venir. Dans les faits : on ne sait pas grand chose dit Staune, mais on fait semblant du contraire. C’est de lui que part le débat, puisqu’il publie son livre sur le sujet. Résumer ainsi son point de vue serait caricatural, mais l’intérêt de sa thèse est surement de ne pas s’enliser dans le débat sous la forme du "qui a raison", mais plutôt "qui est vraiment sérieux et fiable parmi tous ceux qui la ramènent ?". Mais son opposant ne semble pas le comprendre. Et, ça aussi, c’est à la fois intéressant et révélateur.
De fait, le climatoscepticisme de Staune n’en est pas un : de même qu’il y a des gens qui ne sont ni de droite ni de gauche mais qui relèvent les âneries qu’ils entendent (et s’ils ne fréquentent que des médias de gauche, ils auront du mal à critiquer les excès de la pensée de droite), Jean Staune relève les inexactitudes ou carrément les faussetés du débat. Il se montre avant tout soucieux de désembrouiller la pelote de manipes soigneusement emmêlée par les différents lobbies à l’oeuvre : lobbies industriels, lobbies idéologiques, lobbies scientifiques. Quand un type comme Staune cherche la vérité, en face tout le monde en prend pour son grade : les fabriquants d’idées reçues, les fabriquants de trouille, les Docteur Knock de tout poil, mais aussi les Docteurs du Tout-va-bien.
Voici les 4 étapes de cet échange :
- le débat initial est à la page du
lundi 6 décembre 2010 - Sujet à clicker :
Comment parler du climat ?- en deux sujets distincts on redonne la parole à l’écolo du premier débat, mais aussi à un tiers qui commente l’échange (Marc Lits). Vous trouvez tout ça à la page du
vendredi 10 décembre, ça fait donc plusieurs sujets à clicker et comme il y a en plus la réaction de quelques d’auditeurs, là on peut aussi bien écouter la totalité du numéro.
- enfin le dernier chapitre se trouve à la page du
lundi 13 décembre. Par souci d’équité, puisque Médialogues avait laissé la parole à Bourg sans lui opposer de contradicteur, on bouclera avec les derniers mots laissés à Staune. Le titre du sujet à clicker est :
L’obscurantisme des débats publics.
Cette composition du débat réparti sur 3 émissions est exemplaire sinon de ce qu’il faudrait faire dans les médias honnêtes (ça je n’en sais rien, je me contente d’apprécier la façon dont ça a été traité), du moins de la façon dont Médialogues traite d’une controverse.
La dite controverse peut sembler archi-usée, mais ici le sujet dépasse la question du réchauffement climatique : c’est bien de l’organisation de la recherche scientifique qu’il s’agissait. C’est pour cette raison que vous êtes peut-être arrivé ici à partir de
notre page sur le Salon noir, où Marcel Hotte soulève à sa façon quasi la même question, sur un sujet disons moins brûlant et moins connoté "urgent".