Bonjour, et bienvenue à vous sur RFC,
Je ne crois pas non, qu'aucun des deux ait travaillé précisément sur la question. Mais leur "Dictionnaire de l'ethnologie" édité chez Payot est de façon générale une référence précieuse. C'est que, bien qu'un peu ancien (1973), cet ouvrage qui fut le premier de la sorte en langue française, était et reste clair et précis. En la matière, l'entrée "Amok" est limpide, au point qu'il est tentant de s'en inspirer pour aller remanier de fond en comble la page Wikipedia correspondante. On n'en trouvera guère plus dans la référence la plus connue, celle de Marcel Mauss (injectée à la fin du chapitre "définition de la suggestion collective de l'idée de mort" dans "Sociologie et Anthropologie"), et pas plus encore je le crains, dans les écrits du même en 3 gros volumes chez Minuit ; j'ai encore à inspecter le volume 2.
Pourtant il y a des choses et des gens à lire. Voici 2 références importantes : Baechler "Les suicides", et Devereux avec les "Essais d'ethnopsychiatrie générale". Mais non sans quelque difficulté ni piège conceptuel : le mécanisme de base est plutôt simple, mais ses implications sociologiques et notamment la ritualisation, contribuent à embrouiller le tableau. Ainsi on trouve chez Jean Baechler des remarques très éclairantes mais un peu contradictoires. Pour les rendre de nouveau conciliables, il faut se déplacer hors de l'angle choisi par l'auteur. Autre difficulté : la lecture de Devereux est elle aussi enrichissante, mais on ne peut se contenter de chercher les occurrences du mot, car le propos de Devereux dépasse de loin ses micro-sujets. Néanmoins, il me semble que ces deux livres sont d'assez bonnes références à partager (là je souscris à votre formule).
A part ça, puisque le Dictionnaire de Panoff et Perrin est depuis longtemps retiré du commerce, on peut chercher (et ne rien trouver) dans le dictionnaire actuellement en usage (Bonte & Izard). Pour finir cet inventaire superficiel des sources en ethnologie, il me reste à chercher en bibliothèque quelques références connues mais incertaines, notamment un des trois volumes de Mauss.
Tout de même pour changer un peu de secteur, on peut y ajouter l'extrait fort connu de Stefan Zweig dans "Amok", à prendre comme un récit de témoin rehaussé par l'écrivain. Et puis certains témoignages de guerre qui présentent des faits ayant indubitablement une parenté même lointaine avec l'Amok, par exemple dans les souvenirs d'un médecin des tranchées "Carnets de l'aspirant Laby". Enfin je manque de motivation pour explorer sérieusement les littératures criminologique et psychiatrique, que je pratique peu et pour lesquelles j'ai une certaine méfiance. Méfiance qui, je le précise, n'est pas due à l'affaire de Fort Hood, Texas (Major Nidal Hasan, psychiatre américain ayant tué 13 personnes sur un terrain militaire - sujet du portrait quotidien de Marc Kravetz le 16 novembre dernier). Mais dans les deux cas, aussi bien criminologie que psychiatrie, je reste à la recherche d'un bon texte de synthèse, qui ne mélange pas les actes de criminels ayant des antécédents, ou ceux des serial killers, avec les courses meurtrières d'individus ordinaires passant le cap de la décompensation.
Sur le web où les recherches sont rendues difficiles par la forte présence de Zweig, je retiens cette page tirée d'un site consacré à l'ethnopsychiatrie, intitulée :
la folie ailleurs.