Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

masterkey(https://regardfc.1fr1.net/t748p10-la-conversation-scientifique#30727) a écrit:Une bien belle émission que cette dernière Conversation Scientifique : Que fait-on lorsque l'on pense (...)

Joëlle Proust est une philosophe, non une scientifique, mais une philosophe de l'esprit, et dans une veine issue du courant analytique, elle est avec la science en dialogue permanent (...)

Sur le sujet difficile de l'étude de l'action qui consiste à penser, parfois - rarement - avec l'appui de la conscience, mais le plus souvent à des degrés plus ou moins infra-conscients, Joëlle Proust est d'une clarté remarquable. (...)

Il y est question de façon récurrente d'éducation, car Joëlle Proust fait partie du Conseil chapeauté par Stanislas Dehaene, mais ce n'est pas l'aspect de l'émission qui a le plus retenu mon attention.

A 28:40[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13957-09.06.2018-ITEMA_21706526-0.mp3" debut="28:30" fin="30:30"], on entend l'invitée expliquer que l'individu, dans ses estimations, utilise même les mimiques faciales que nous faisons lorsque nous savons ou ne savons pas. (...)

Elle a peut-être lu Proust (Marcel) ?

Cela m'a rappelé une ancienne théorie, la théorie périphérique des sentiments de Pierre Janet, proche il me semble de William James, qui faisait l'hypothèse que les émotions (ou les sentiments) naissent des perceptions du corps, dont les modifications sont premières, et non l'inverse. Que nous sommes en colère parce que nous crions.

Cette théorie a le vent en poupe ou est réactualisée en ce moment. Tous les tenants du divin corrrrrrrrps disent que celui-ci est premier.

Par extension, l'organe cerveau prendrait des décisions avant notre conscience, voir (attention*) : Brain makes decisions before consciousness steps in – leading neuroscientist Tatyana Chernigovskaya.

Il faut aussi, tant qu'on y est, signaler l'émission de la semaine dernière, très bonne également :  Qu'est-ce qui se cache dans le néant, avec la philosophe spécialiste de Heidegger cette fois, Françoise Dastur.

* site RT 'Russia Today' j'ai reçu ce lien il y a six mois. Concernant ce média, voir Paris Match.

Là aussi, pas très difficile de quitter l'écoute de l'émission ou la rédaction d'un billet dans ce fil, vu que je ne suis pas amateur de l'heure hebdomadaire d'Étienne Klein : il n'y est pour rien, mais sa corde vocale abîmée me le rend désagréable à écouter ; par ailleurs les généralités diluées sur une heure peuvent satisfaire un certain public, pas celui qui cherche de la matière et une densité de savoir. Le numéro d'hier ne déroge pas à ce style de la conversation qui se prélasse où le nombre de mots dits et redits semble combler un manque de fond.

En tous les cas, le début de Qui a inventé la guerre ? du 06/10/2018, donnait envie de poursuivre, mais après 20 minutes... Comme c'était ma dernière, je suis allé au bout.

L'invitée est une sacrée pointure : Anne Lehoërff, professeur des universités en Protohistoire européenne à Lille, présidente du Conseil National de la recherche archéologique, vient de publier « Par les armes, le jour où l’homme inventa la guerre ».

Le sujet, trop peu souvent abordé (la polémologie n'inspire pas France Culture) :« Un jour, les hommes inventèrent la guerre, Était-ce un lundi d’avril, au milieu d’une belle matinée ensoleillée ? Pourquoi pas. Mais à quelle date ? De quelle manière ? Et comment les historiens peuvent-ils le savoir ? Toute enquête débute avec les traces du passé, celles qui sont écrites bien sûr quand elles existent, mais également avec toutes les archives laissées par l’homme au cours de son histoire. Se pencher sur l’invention de la guerre, c’est s’aventurer sur le territoire périlleux des origines. C’est également se risquer à analyser cette naissance de la guerre dans des sociétés orales disparues, accessibles uniquement grâce à des documents matériels, ceux de l’archéologie ».
Que nous disent ces documents ? Permettent-ils de savoir quand, où et comment sont apparues les première guerres ?

Étienne Klein est bien préparé, mais au bout du compte on en apprend moins qu'en 30 minutes de Vincent Charpentier. C'est une "conversation", j'accepte.

Anne Lehoërff ne m'a pas seulement étonné par le nombre de fois où elle utilise l'expression très à la mode "on est sur" ("on est sur une réalité importante"), elle a choisi un deuxième extrait musical pour entonner un refrain apocalyptique qui jure avec sa vision de préhistorienne, donc habituée à considérer l'histoire de l'homme sur le temps long, celui des conflits armés qui n'ont jamais cessé et dont l'effort actuel des organisations internationales et de la diplomatie ne peut que ralentir les échéances et les dégâts, ce qui est déjà un progrès.

Explication du choix de l'Adagio pour cordes de Samuel Barber (les interprètes ne sont pas mentionnés, peut-être cela vaut-il mieux ici, vu la version) + un résumé de l'émission en deux points par Klein : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13957-06.10.2018-ITEMA_21839825-0.mp3" debut="49:41" fin="51:23"]

On écoutera avec beaucoup de profit au moins les dix premières minutes de ce numéro titré à la franceculture Après la transition écologique, que restera-t-il du "monde d’avant" ? (Le 19/12/2020).

L'introduction d'Étienne Klein (caricaturale, il le reconnaît) est à lire sur le site, notamment  les formes bien tranchées "Qui croire ? Quel camp choisir ?" que l'invité, Marc Fontecave, chimiste, professeur au collège de France, auteur de "Halte au catastrophisme" (Flammarion, 2020), va démonter autour de la 10e minute.

Pour "détendre" l'atmosphère, Étienne Klein sort son joker "anagramme". On ne sait s'il est affublé d'une cape de magicien en studio : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13957-19.12.2020-ITEMA_22519349-2020C22785S0354.mp3" debut="10:28" fin="10:59"]

Puis, très vite, il se fait le contradicteur insistant de Marc Fontecave sur un point de détail qui relève du procès d'intention. L'interview se passant au téléphone et Marc Fontecave n'ayant pas une extraordinaire éloquence, l'auditeur assiste à un moment gênant de tension où le producteur accuse quasiment son invité de douter de la responsabilité humaine dans "le réchauffement climatique".

Le ricanement, une certaine idée de la "classe" : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13957-19.12.2020-ITEMA_22519349-2020C22785S0354.mp3" debut="19:01" fin="19:55"]

Silence. Pas très habile, tout ça, et surtout ennuyeux de la part de quelqu'un dont un des livres a été ausculté avec les résultats que l'on sait qui l'ont mené à  se voir démettre d'une prestigieuse fonction (cf. Sciences et Avenir du 28-04-2017).

On appréciera (ou non) le choix de la toile du peintre russe Karl Brioullov, "Le Dernier Jour de Pompéi", pour illustrer le sujet. Sa reproduction occupe presque une fois et demi l'espace dévolu à l'écrit. Un pur hasard.

Exceptionnellement, aucune citation de Marc Fontecave n'est reproduite sur la page au contraire de ce qui se fait avec tous les invités qui recommandent d'acheter d'urgence un équipement de survivaliste. Non, ce n'est pas un parti pris, pas du tout. Un manque de temps, simplement.