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Accueil / France Culture

Alain Veinstein - Emissions en réécoute avant disparition    Page 10 sur 25

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George Weaver 


91
Répondre en citant  
Re: Alain Veinstein - Emissions en réécoute avant disparition - Jeu 17 Juil 2014, 15:24

Entièrement d'accord avec JJJL, qui comme Viederland sait trouver les mots idoines pour décrire cet OVNI radiophonique.

Marrant que vous parliez de hapax, JJJL, car j'employais justement ce mot dans mon premier billet sur la suppression de DJAL…

1300 signatures sur la pétition au bout d'une semaine, ça fait évaluer l'auditoire régulier de l'émission à environ 5000 personnes, je pense…

Viederland, n'hésitez pas à m'envoyer un mèle à gwf.weaver@free.fr pour correspondre en privé (pardon, Nessie, je ne sais pas où proposer cela ailleurs…) : si vous passez parfois à Paris, je serais content de vous rencontrer.

George Weaver 

George Weaver

92
Répondre en citant  
Retrouver Veinstein après la fin de DJAL - Jeu 17 Juil 2014, 19:04

Rien n'est perdu, au final, puisqu'on peut toujours s'ingénier à poursuivre l'histoire comme par exemple ici

Mouaif. Faible consolation, en fait.

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

93
Répondre en citant  
Re: Alain Veinstein - Emissions en réécoute avant disparition - Jeu 17 Juil 2014, 20:15

Quelques petites références discrètes à la "situation" chez Lebrun sur France Inter, où Thomas Baumgartner est invité :
http://www.franceinter.fr/emission-la-marche-de-l-histoire-les-nuits-de-france-inter-0
"Ah bon, ça coûte si cher les émissions de début de nuit?"
"La nuit, c'est dangereux aussi dans les rues, pas seulement à la radio"
"Quand on est directeur, on a besoin d'être ingénieur en statistiques!"

JJJL 


Invité

94
Répondre en citant  
Alain Veinstein - Ven 18 Juil 2014, 03:32

Vous pouvez aussi envoyer un mail au ministère de la culture comme moi (j'essaye tout et ensuite advienne que pourra ...) :

Audiovisuel :

audiovisuel@culture.gouv.fr

Nessie 

Nessie

95
Répondre en citant  
Un homme pas du tout brisé - Ven 18 Juil 2014, 10:36

Dans un article relayé par Syntone et signalé en page 3 par Yann Sancatorze, un journaliste du Monde a écrit:[...]Pendant les trente-cinq minutes de cet enregistrement, Alain Veinstein se lançait dans un étrange et émouvant monologue : fustigeant la violence du monde de la radio, tout en rendant hommage à ces grands moments de conversations enregistrées.
[...]
C'est un homme brisé qui s'est exprimé, soudain privé de ce rendez-vous de minuit qu'il avait fini par identifier à sa propre vie. Mais, une heure avant la diffusion de cette émission, Alain Veinstein a reçu un mail d'Olivier Poivre d'Arvor, le directeur de France Culture, lui expliquant qu'elle n'aurait finalement pas lieu : " Nous avons écouté l'émission de ce soir, et nous avons décidé de ne pas la diffuser. (…) Outre qu'elle ne correspond en rien à l'objet de ton émission, elle ne te rend pas hommage. Trente-cinq minutes de récits subjectifs, et de discussions internes ne regardent en rien l'auditeur. "

Un homme brisé ? Ce sentimentalisme est absurde. Car ce qu'on entend ça n'est pas la voix d'un homme brisé. Elle est même par moment rieuse, cette voix d'un homme engagé, qui défend une esthétique dans un plaidoyer apparemment pro domo et peut-être tel aneffet, mais seulement partiellement tel. De fait, il n'a guère d'effort à faire pour le parsemer d'un peu d'ironie à son encontre ("l'heure de la confiture, et même de la déconfiture"). Veinstein fait son bilan, mais il le mélange habilement avec une critique acide de la ligne maison.

Discussion interne ? Ah ouiche, on dirait du Laure Adler tiens : non les auditeurs n'ont rien à dire, le Directeur du programme est là pour faire son travail. Tu parles d'une discussion interne ! La qualité radio ne concerne donc pas  l'auditeur, hé hé ça fait 15 ans qu'on vous le dit vous êtes donc sourds ?

Les raisons de la censure sonnent comme du prétexte, et probablement aussi peut-on l'expliquer par l'humiliation : sauf à le faire rédiger par un ghost-writer, Olivier Poivre d'Arvor se sait incapable de signer un propos d'une telle finesse. Au mieux il peut livrer une palinodie rhétorique, des clichés idéologiques ou managériaux,  et professer, professer encore de belles déclarations d'intentions qui ne vont jamais  nulle part ailleurs que dans une future réserve de parler-creux à fins d'alimenter son propre panégyrique. Un peu comme ces Villepin ou ces Plenel, qui sont en représentation permanente. Mais le petit théâtre de Poivre c'est vraiment de la gnognotte à côté de la dernière de Du jour au lendemain.

C'est évidemment là une des principales raisons de la censure : un directeur d'antenne ne peut tolérer l'exposé d'une doctrine radio qui induit un tel désaveu de toute sa ligne de programme, surtout si ce désaveu surclasse en talent tout ce que ce pauvre bonhomme peut produire en littérature, c'est à dire une réflexion sur le bilan de ses couilles vides d'effet.

Nessie 

Nessie

96
Répondre en citant  
140 signes - Ven 18 Juil 2014, 14:07

Plus haut dans ce fil a été évoquée une sorte de rigueur morale peut-être, celle d'un Veinstein qui ne faisait pas sa propre promotion sur France Culture. Hélas c'est un peu optimiste et indulgent, car à cet exercice il s'est prêté et non sans plaisir. Certes pas dans son propre créneau horaire, mais à plusieurs reprises dans le Carnet nomade.

On en trouvera la trace en plusieurs pages du site de FC, dont je distinguerai celle-ci qui renvoie au 14 septembre 2013, l'émission étant toujours disponible au podcast comme à la réécoute. Veinstein y est présent en deuxième partie et ça donne un excellent moment de radio.. Pour une meilleure écoute, j'isolerai d'abord dans le préambule de l'émission cette brève annonce de la séquence : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2013/09/s37/RF_C086B62D-A41A-41A6-98F4-D49D2939185B_GENE.MP3" debut="01:25" fin="02:07"]

Puis, pour écouter le dialogue entre les deux producteurs : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2013/09/s37/RF_C086B62D-A41A-41A6-98F4-D49D2939185B_GENE.MP3" debut="30:27" fin="56:19"]





La présentation du livre :
« Arrivé par hasard sur Twitter, j'ai vite cherché à en faire une voie d'écriture. En m'impliquant à visage découvert, tel que je crois être : un écrivain, auteur de romans et de poèmes, intervieweur d'écrivains à la radio depuis longtemps, arrivé à l'âge où la porte du royaume des souvenirs reste grande ouverte, habitant Malakoff, au sud de Paris, travaillant ou faisant semblant de travailler, aux heures ouvrables, rue de Tournon, dans le sixième arrondissement de la capitale, promeneur de chien à ses heures, homme de la rue, donc, l'oeil et l'oreille aux aguets dans les paysages urbains, usager des transports en commun, voyageur à l'occasion, dormeur, également, se laissant surprendre par ses rêves... Il en est résulté une suite de tweets sautant chaque jour du coq à l'âne jusqu'à ce que se dégagent des motifs, souvent fictionnels, dont je me suis efforcé de tirer les fils quand l'idée du livre - et la tentative d'unification qu'elle exige - s'est imposée. L'autoportrait en miettes a alors cédé le pas à une sorte de roman par tweets où la vie vécue et la vie rêvée du narrateur sont amenées à se rencontrer. »

JJJL 


Invité

97
Répondre en citant  
Elargissement du cadre Vienstein - Sam 19 Juil 2014, 02:48

Dans mon message je disais qu'Alain V. était le doyen en temps de radio actuellement .
Comme je suis quelqu'un de précis et de méticuleux je dois quand même un peu rectifier .
Je suis un écouteur de radios en général et je sais et sens bien ce qui se passe aussi ailleurs .
Excusez-moi donc de sortir juste un peu ici du sujet Veinstein .
Je pense qu'actuellement le doyen en France toutes radios confondues (est-ce possible qu'il y ait la même chose sur des radios locales voire associatives ? - là j'avoue je n'en sais rien mais je pense pas et puis de toute façon on parle ici de radios nationales) , le doyen disais-je est actuellement Georges Lang sur RTL et de la même manière qu'Alain V. était le dernier porteur de l'âme de la vraie France Culture (ou doit-on prendre France Culture comme du masculin et dire : le vrai France Culture ?) G.Lang reste la dernière flamme de cette radio.
Sur Europe 1 à part Jean-Pierre Elkabbach et la voix de Julie , je ne vois rien , pas de continuité etc ...
Sur France Inter vu que Mermet vient de partir aussi je vois pas .
Ce que je veux dire par là c'est ceci : comment quelqu'un qui serait parti sur la lune en 1990 (n'allons pas plus loin) reconnaitrait-il ces chaines si on ne disait pas à l'antenne de quelle radio il s'agit "vous écoutez ...il est 16h05" ?

Le problème général est que les grandes personnalités de radio n'existent plus , les gens qui avaient une réelle présence.
Sur France Culture je ne vois que Raphael Enthoven qui est ce "charisme" là , je veux dire une vraie voix de radio , un voix radiophonique .

Je pense que les époques changent et que toutes ces personnalités (mais alors là pour le coup n'est-ce pas mondial et dans tous les domaines ?) sont arrivés au moment ou tous ces médias étaient nouveaux (qualité de la FM dans les années 70 , 80) et où tout était nouveaux en général et où donc tout était à faire ...
Il y avait une correspondance entre le niveau de ces personnes et le niveau des émissions , une sorte de coincidence .

Espérons un renouveau positif mais de continuité dans l'avenir un peu partout ...

Nessie 

Nessie

98
Répondre en citant  
no comment - Sam 19 Juil 2014, 16:47

Philaunet a écrit:[...] permettez-moi de citer ce post pré-mo-ni-toire... Un peu plus haut, en effet, sous le titre Alain Veinstein, le 16 avril dernier
Philaunet a écrit:Un bel hommage de la productrice Colette Fellous à Alain Veinstein dans Du jour au lendemain du 12 avril.

Les deux producteurs de longue date semblent complices dans cet échange où Alain Veinstein (né en 1942) lance une plaisanterie sur la fin sans doute prochaine de son activité de plus de 30 ans à France Culture . Colette Fellous parle de sa rencontre avec Roland Barthes, puis de Pascal Bruckner avant de témoigner sa reconnaissance à son vis-à-vis :

[son mp3="https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/static/culture/sons/2014/04/s15/RF_E1214005-050E-4538-9155-1D592EDB6F1C_GENE.MP3" debut="12:40" fin="14:00"]
Alors l'effet de surprise, hein...

Sous l'effet d'une lubie à la fois incompréhensible et néanmoins prévisible, ce post tout à fait agréable à écouter a été déposé dans un autre fil ; c'est bien dommage, étant donné qu'il concerne directement  le sujet et les lecteurs de celui-ci, où il aurait pu enrichir leur conscience qu'on a peut-être jugée trop misérable ou trop estimable, bien malin qui pourra le dire mais ça n'a aucune importance.

Pour ma part, je dirais : no comment
Ce qui signifie que je me désintéresse non de la question -tout à fait secondaire par ailleurs- mais des questions qui sont posées de manière à surtout ne faire avancer aucun dialogue.
Quant à l'intention qui est derrière, c'est avec la plus totale indifférence que je dirais de nouveau : no comment.



Dernière édition par Philaunet le Sam 25 Avr 2020, 22:38, édité 1 fois (Raison : Réactivation de la pastille sonore)

Viederland 


Invité

99
Répondre en citant  
Recentrement et disproportions - Dim 20 Juil 2014, 15:25

Ce billet répond à quelques uns avec plus ou moins de précision et propose une nouvelle synthèse de l'affaire Alain Veinstein, dont certains pensent qu'il n'aurait même pas été évincé ... Par manque de temps, je laisse les fautes de style, orthographe et grammaire - même si je m'en mordrai les doigts un peu plus tard. Merci, et bon courage.

Je trouve globalement dégradant qu'il y ait besoin d'explications de textes, d'analyse critique à l'endroit d'une proposition d'un tel niveau, qui plus est étalée sur trente ans - je parle de l'émission feu du Jour au Lendemain. Vu la puissance de la liste des invités, personnellement je ne m'y risquerais même pas. Après, libre à chacun de faire la fine bouche quand on leur sert, à travers une forme respectueuse et si dégagée, à ce point anti-spectaculaire qu'elle en devient précieuse et même vitale, des Bernard Noël, Georges Didi-Huberman, Antonio Lobo Antunes, Peter Handke, Michel Butor, Pierre Guyotat, Hubert Lucot, Jacques Derrida, Clément Rosset, Jacques Rancières, Jean Pierre Faye, Jean-Louis Schefer, Pascal Quignard, Hélène Cixous, J.B Pontalis, Pierre Bergounioux, François Julien, Jean Clair, Alain Fleischer, Jean Yves Jouannais, François Cheng, Michel Deguy, Charles Juliet, Valère Novarina, Philippe Beck, André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Jean-Christophe Bailly, Arnaud Claass, Hubert Damisch, François Bon etc - la liste est juste ahurissante et d'autant plus parce que nous étions assurés de ces rendez-vous chaque jour que dieu fait. Qu'est-ce que vous voulez analyser à partir de là ? Le plus ou moins de pertinence dans telle et telle remarque d'Alain Veinstein ? Oh, faut se détendre ... Encore une fois, la pertinence de l'interviewer est à juger sur l'ensemble or su l'ensemble, Alain Veinstein et son art de l'entretien ont-ils réellement besoin d'être défendus, y a-t-il encore quelque chose à prouver ? J'en doute. Simple question : peut-on seulement rêver mieux ?

Si quelqu'un me dit : je n'aime pas Cecil Taylor, ou je n'aime pas The Hafler Trio, ou je n'aime pas James Ferraro, je me dis : bon ...  Mais si quelqu'un me dit, je n'aime pas Jean Sébastien Bach parce que c'est "mathématique", je n'aime pas Dostoïevski parce que c'est embrouillé ou je n'aime pas Marcel Proust parce que les phrases sont trop longues, je me dis qu'il me faudra bientôt allumer ma cigarette avec des silex et de la paille sèche. En tous cas, cette maladie ne se traite pas avec des explications de textes - encore que ...

Quelle importance si de temps en temps au lieu de l'excellence habituelle je dois "supporter" les confessions d'une romancière sentimentale qui nous raconte qu'elle a "toujours écrit" et ce depuis "l'âge de 10 ans" et que l'écriture lui est "vitale" et autre voyageur prof de lettres à Trifouillis-Les-Oies qui dépeint son amour du "voyage" et sa métaphysique des randonnées en montagne ? Réponse, rien. Inutile de vérifier que la perfection n'est pas de ce monde, on le savait déjà. Si Veinstein radote un peu en déclarant coup sur coup qu'il ne sait pas à quel genre appartient tel ouvrage car celui-ci croise tous les genres - au point que cette distinction si généreusement distribuée (et probablement avec justesse) semble être devenue la règle, ça fait quoi ? Ça gêne qui ? Il y a faute grave ? C'est curieux mais si j'étais tout petit, il ne me viendrait pas à l'idée d'aller tirer la barbe d'un géant. A moins qu'on ne veuille ici rejouer David et Goliath - version fête de fin d'année, entre les gâteaux au yaourt et les sodas à l'orange.

L'occasion de clamer à nouveau que pour certains, Veinstein est un saint auquel personne n'a la droit de toucher ? Ce n'est pas tout à fait ça. Ce qui m’intéresse c'est ce qu'il fait, ce qu'il propose. Il pourrait dévorer ses enfants que ça ne changerait rien à l'affaire. Qu'il y ait eu plus ou moins de pathos dans sa dernière, qu'il aurait pu être plus ceci ou plus cela, ou un peu moins, ou un peu plus à gauche, un peu plus à droite, un peu plus vers le haut, mais du côté opposé à celui dont essaie de parler, m'en contrefiche. Je comprend très bien ce qu'il dit, c'est déjà pas mal (1). Je ne suis pas du genre à donner des indications : plus fort, plus doucement, pas comme ça, continue. Non. Triple non ! Je trouve juste ça dégueulasse et mesquin, et trop facile. Non qu'il faille aimer ce qui est difficile et pénible, mais c'est là précisément une question de gout, de posture, d'inclination générale. C'est une question d’envergure et de finesse - le muscle et l'esprit, si vous voulez. Aussi, pour chercher des noises à une carrière comme celle-ci, il faudrait en avoir au moins autant (on préférerait un peu plus) - à moins de sombrer d'une façon ou d'une autre, dans le "bruit" et l'agitation - fléau à l'encontre duquel cette émission était justement un rempart - doublé d'une proposition exemplaire : quelque chose qui protège et qui sauve, qui ouvre. Et fantastiquement - pour rappeler tout de même la dimension imaginaire à la source de cette affaire, et je parle bien de source, pas les égouts où ça finit (2). Puisqu'il arrive souvent que, dès lors que nous nous concentrons sur quelque chose, nous oublions cette chose même, jusqu'à la trahir.

Bien sûr, moi aussi je suis curieux, je me demande par exemple comment diable pouvait-il s'entendre avec la productrice de Hors Champ ? Non que Hors Champ soit tout à fait déplaisant - avec un choix d'invités un peu plus large, pour le meilleur et pour le pire - mais il serait intéressant de superposer ces deux formes d'entretiens afin de mettre en lumière toutes les erreurs qu'Alain Veinstein n'a jamais commises. Sauf que, par respect pour l'un et l'autre, je ne peux me résoudre à critiquer l'une pour glorifier l'autre. C'est navrant car je ne connais pas d'autres émission France Culture assez proche de la forme Veinstein pour expérimenter la technique du calque. Mais ce n'est pas très grave. D'autant plus que c'est finalement une mauvaise idée que de s'engager dans une bataille d'émissions, car du Jour au Lendemain est beaucoup plus qu'une "émission" de radio, et cela pour des questions de forme. Une forme pure, presque invisible. Très curieusement, à n'avoir rien voulu inventer, Alain Veinstein a inventé quelque chose : un art de la présence, l'art d'embrasser la nuit, l'art de ne toucher à rien, l'art d'un positionnement idéal, à tous les niveaux, sa voix, ses interventions en demi-teinte, sa capacité, sa disponibilité au silence et une programmation musicale de haute qualité. Il faudrait là développer chacun de ces points, mais je risque de tomber à mon tour dans l'analyse au scalpel, à rallonges surtout. Il y aurait plein de choses à dire, par exemple, sur le rôle du silence, qu'on trouvait là, modulé de diverses façons. Sur le soin apporté aux "chutes" dans les entretiens. Sur l'ironie diaphane, le caractère flottant, ou abstrait, des questions posées, etc. Pour le dire autrement - car je le répète, je ne suis pas disposé pour la spéléo - Alain Veinstein aura réussi à marier un tour oriental, au sens de l'épure, d'une position existentielle pétrie de sagesse - aux contenus les plus occidentaux : pâleur cadavérique, conscience plongée dans l'acide, génie narcissique. Il a su trouver une sorte d'équilibre, de symétrie prodigieuse, qui, à se rappeler tout ce que cette seule forme aura su héberger, à mon avis renvoie tout commentaire un peu tatillon, un peu périphérique, dans le registre animal (3). Non que ces commentaires soient nuls mais c'est une question d’échelle : ce qui est mis à l'examen se trouve juste vingt étages plus haut. Donc au delà des émissions de "sens", il y a comme un problème, une incompatibilité dans les proportions.

J'ai donné cette liste énorme tout à l'heure, qui plus est très incomplète, mais dans le projet de la mettre en regard et lui opposer une autre liste, toujours issue du travail d'Alain Veinstein, avec tous les "petits" auteurs je veux dire moins connus ou moins reconnus, dont un très grand nombre m'ont prodigieusement étonné et nourri ou en tous cas fait plaisir. Il faudrait à ce stade une santé littéraire que je n'ai pas pour dépeindre en quelques traits la teneur d'une telle engeance. Ceux qui ont pratiqué cette émission sur des années savent à quel type d'auteurs je me réfère, les autres, ceux pour qui du Jour au Lendemain est juste une émission de radio n'ont sans doute pas besoin de le savoir, étant dotés d'un intérêt très relatif au projets de tels auteurs (4). C'est là un autre tour force d'avoir su à ce point remuer la terre et comme un bulldozer, porter sur le devant de la scène un nombre aussi grand de travailleurs obscurs. D'ailleurs, on ne cesse de citer Veinstein par-ci, Veinstein par là, alors que ce sont principalement tous ces auteurs dont nous sommes désormais privés, ce sont eux qui sont mis à la porte pour un "place aux jeunes" et "les bonnes choses ont une fin" et "tu peux me prêter 10 euros je te les rends le mois prochain." et autres bêtises sorties des cerveaux les plus abrutis - je devrais dire "décadent.s". Puisque ce décret me semble aussi bête, aussi méchant que celui de fermer les écoles, juguler les forces à l’œuvre pour l'éducation, en serrant les cordons de la bourse. Je le redis donc clairement : avec son sens de l’accueil, de l'effacement, ce n'est même pas Alain Veinstein qu'on a décidé de bâillonner, ces sont des centaines et des centaines d'auteurs, écrivains, essayistes, chercheurs, poètes, artistes, critiques.

Le 14 Juillet au soir, toujours au travail dans une chaleur de plomb, je lève le nez de mes schémas à cause des déflagrations dans le ciel de la ville. Je cours chercher l'enregistreur en me prenant les pieds dans les câbles avec le dessein de réaliser sur le tas une capture audio des explosions les plus belles. La bonnette étant réalisée à partir de nounours découpé au cuter, la prise n'est pas gagnée. Sauf que : la tête dans la lucarne, je m'aperçois et je me re-souviens qu'une bande de sinistres andouilles ont eu la super idée de transformer les traditionnels feux d'artifice en son-et-lumière, traduction : démagogie à tous les étages, goût immonde, musique insultée au troisième degré, magie gâchée, bêtise, argent perdu (service public) comme si les billets avaient été enfoncés dans une crotte. Sans penser pour autant que toute l'époque se roule dans la boue avec un rire gras ou des mines paranoïaques, qui n'augurent rien de bon, j'ai juste remarqué que ces petites blessures quotidiennes, il me faudrait désormais les affronter sans la perspective et l'assurance des quarante-cinq minutes de poésie nationale. Ce qui n'est pas tout à fait une perte mince. Sans compter la prise de son, dont on aura deviné qu'elle est inexploitable, elle n'a même pas eu lieu (à cause du rap) ...

Dans le même registre, on fait plus de cent kilomètres hier après-midi pour aller flasher une EEPROM au fin fond de la campagne - l'occasion de vérifier à nouveau, une fois de plus et malgré nous, que la FM est une poubelle ... Ce sont deux choses différentes, que le savoir et être forcé de le vérifier. Et pourquoi cet état de choses : car des centaines de projets pertinents sont impossibles en France. L'équation est la suivante : la daube plaît et rassure, le public est crétin : continuons de l'abrutir et de le flatter. J'ai fait de gros chantiers de bâtiment et j'ai pu le vérifier : plus c'est con, plus ça plait. De toutes façons, on peut le vérifier n'importe où : dans les boutiques de vêtements, dans le car-inter régional, au supermarché, à la banque. Or, à qui devons nous les bases de ce monde enchanté ? Probablement à une petite poignée de décideurs, avec des postes à "responsabilité" - qui ne connaissent bien entendu rien à l'art - et dont la "responsabilité" est en fait, à mes yeux, une série de décisions juste bonnes se se taper la tête contre les murs, une série d'actions plus malpropres que celles dont les effets mènent bien des personnes en prison. En clair : pire que des voyous, et très largement. Dans un tel contexte, dégager Veinstein, c'est juste écœurant, c'est la honte, c'est scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Puisse autant de honte, autant de graisse autour du cerveau, étouffer leurs auteurs, hanter leurs nuits mesquines, et dépeuplées. Il y a quelque chose de pourri, au Royaume de la Radio.



1 - A propos de cet imaginaire à l’œuvre dans les forces créatrices, il faut rappeler la diversité des disciplines traitées par les ouvrages librement commentés : de la psychanalyse à la poésie, du théâtre à l'analyse sociale, du roman à la critique d'art, de la photographie aux ouvrages historiques, aux thèses d'université, de tout poil, devenues des livres. Et là, subterfuge de la production ou génie d'Alain Veinstein, on demeurait toujours dans une belle illusion, un agréable sentiment d'omniscience de la part de l'interviewer. Vrai ou faux : importance zéro.

2 - On va dire qu'il est facile ou peu de choses de placer un bel exergue, n'empêche que la citation de Plutarque, issue de l'Art D’écouter est si belle et surtout, une fois de plus, si nécessaire et si bien placée car à contre-courant de tout ce dont le société meurt à petit feu, qu'à elle seule elle justifie et fait fructifier dans le bon sens tout l'argent du "service public" dont il a été fait mention dans les billets précédents. Si tant est qu'on ait pris le temps de méditer un peu la résonance de cet exergue.

3 - Certains ont même jugé bon de dépasser le commentaire critique pour un questionnement digne d'un interrogatoire : Veinstein aurait menti en décrivant sa dérive nocturne autour des studios, mais que ferait-il à ces heures quand ses émissions sont depuis longtemps enregistrées la journée ?! Déjà, on savoure la puissance de l'angle de vue, dont cette question est le précipité. Là c'est plus de la géométrie, c'est carrément de la 3D, avec lampe dans la gueule, menottes au radiateur et coups de bottins. Que faisiez-vous à minuit autour des studios ? La question qui tue quoi. Toute le monde tremble, l'honneur d'un homme est en péril. Les gens ferment les volets, on se dépêche de rentrer chez soi, c'est la terreur. Tout le quartier est bouclé : on a une remarque pertinente qui vient e tomber sur un forum. Bien, trêve de rhétorique : en guise de réponse à ce commentaire confondant, je vais vous raconter un petit truc. Je fais de la programmation et de la création radiophonique depuis 1997 et ce jour après jours c'est à dire pratiquement sans aucune pause, mais on s'en fiche. Or, quand les conditions ne sont pas réunies pour se permettre un direct, le "direct" a lieu hors-antenne, en prévision d'une diffusion future, avec les commodités que cela suppose, retouches etc ... Aussi, quand le travail est enfin diffusé, non seulement il se révèle à cet instant, mais encore, on se dépêche d'aller l'écouter DEHORS : allongé dans l'herbe, au casque dans un café, en voiture devant le coucher de soleil ou sur la plage, sous les étoiles. En terme de logique pure la description de ce processus n'invalide en rien la super question comme sa super conclusion mais elle vient la troubler par le côté. Cela va sembler tautologique mais le différé se change en "direct" au moment même où il est diffusé. C'est vraiment : la photo qui apparaît dans le bac du révélateur. Quand vous pleurez sur un morceau des Beatles, vous ne vous ne pensez pas à l'aiguille qui grattouille les sillons (à remettre dans le bon sens). Vous ne vous dites pas non plus : ma platine est en train de me mentir. Au pire vous pouvez penser : ma platine est en train de me raconter une drôle d'histoire. Tout cela pour dire qu'on ne sait pas ce que fabrique Alain Veinstein au moment où ses émissions se voient diffusées pour la première fois. Qu'il soit là à rôder ou pleurnicher au pied de la Maison de la Radio, et pourquoi pas ? Et le champagne dans le taxi, vous y avez pensé ? Alain Veinstein peut bien raconter ce qui lui passe par la tête, sans forcément se payer un contrôle d'identité (on pense à Ferré). Alain Veinstein ne vous a pas piqué votre porte-monnaie, votre sac-à-dos, alors quoi ? Il est où le mensonge ? Vous avez-vu ce qu'il en reste de votre mensonge ? Il serait plus utile pour tout le monde de travailler directement sur l'origine du ressentiment, lequel vient tout salir et tout embrouiller. En d'autres termes, il serait plus utile de vous ouvrir - comme a justement fait quelqu'un à qui je pense. Vous devriez savoir que le symptôme n'est pas la maladie. Et si on a tous le droit de se planter, faut éviter de planter les autres avec, pour des raisons obscures.

4 - Je pourrais et je devrais citer quelques auteurs et quelques contenus mais je ne trouve pas le temps d'aller rechercher dans les archives, ayant pourtant plusieurs auteurs précis en tête, dont justement j'ignore totalement les noms, car ce ne sont pas des Pascal Quignard ou autres grandes figures. Hier soir, c'était encore, par exemple, Joël Roussiez. En effet, je profite au compte-gouttes, avec une parcimonie calculée, des derniers podcast que je n'ai pas encore écoutés. On s'arrange comme on peut dans un monde où le trop fameux "spectacle" gagne chaque jour un peu plus du terrain. Naturellement : pour le bonheur de tous.

cellom 


100
Répondre en citant  
Re: Alain Veinstein - Emissions en réécoute avant disparition - Dim 20 Juil 2014, 18:51

Considérons aussi que, de deux choses l'une:
1. Ou bien le producteur d'émission de radio est un artiste, unique et irremplaçable, et donc l'arrêt de son émission est une "petite mort" sur laquelle il convient de geindre ;
2. Ou bien le producteur d'émission de radio est un professionnel, et dans ce cas, on devrait se réjouir de voir un vieux de la vieille laisser sa place à d'autres. On devrait alors être heureux du renouvellement de  génération. Malheureusement, on peut sérieusement  s'interroger sur l'absence de relève. On voit mal en effet, comment un des neuneus jeunes qui occupe la grille à l'heure actuelle ("vous écoutez France Culture, il est 17h12",  "ne pensez-vous pas
que Céline est un grand écrivain malgré qu'il  était antisémite ?"), pourrait ne serait-ce qu'envisager de produire une émission d'un niveau ne serait-ce qu'équivalent.

Viederland 


Invité

101
Répondre en citant  
Surpopulation - Dim 20 Juil 2014, 19:16

D'accord. Il conviendrait aussi de se demander en quel type de lieu la place manquerait.
Le temps manquerait-il d'espace ? La nuit elle-même se serait-elle rétrécie ?
A moins que maints producteurs ne visent précisément le créneau de minuit à une heure ?
Ou que les caisses soient vides ?

Quand on me dit : il y a top d'automobiles, je comprends aisément
Quand on me dit : vous ne pouvez pas entrer, la salle est comble, je comprends aussi.
Mais là .. ça me rappelle les histoires du genre : ah ben y'a plus de place sur la FM.
Ben zut alors.

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Re: Alain Veinstein - Emissions en réécoute avant disparition -

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