Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

J'ai bien écrit "démonter", plus au sens mécanique qu'en vocabulaire emprunté au lexique des frimeurs. Tout mettre à plat, allumer une grosse torche dans la grotte obscure.
J'adore les monstres, les araignées géantes, tout ça.
Donc oui, cette histoire de "mensonge", j'adorerais mettre un peu ça à plat, mais je trouve plus classe de différer.
Quand c'est trop facile, c'est presque déloyal, je sens ça comme ça.
De plus, pour dire le contexte, je découpe du métal depuis deux jours pour réparer du matériel radio pas très bien fait, je ne suis pas au mieux en terme de disponibilité.

Quant aux émissions, malheureusement je n'ai rien que ne possède déjà les ANPR, à part deux ou trois bouts de cassettes.
Du moins ai-je tout, depuis l'époque des podcast, en tous cas depuis 2007, plus tout un tas de choses glanées ici et là, avec beaucoup d'horribles fichiers Real Media - qu'on rêverait de pouvoir récupérer en qualité analogique issue de la FM. J'ai pourtant enregistré beaucoup de choses dans ma vie mais je me suis focalisé sur des sources uniques, des choses sans trace aucune. En revanche, je peux fournir divers moyens de (re) production : platines cassettes, magnétos à bandes et toute maintenance sur le matériel audio, cartes son, ordinateurs, et dans le pire des cas, récupération de données, premiers soins et enchantements divers. En somme, je propose de monter un serveur, avec deux fonctions-clefs, c'est déjà pas mal de travail.

L'attachement à cette émission est venu graduellement mais aussi par effet de contraste avec certains changements dans la société, notamment dans la sphère médiatique. J'ai dit déjà ce que j'en pensais ailleurs, je renvoie aux liens cités plus haut. La qualité de la programmation jazz m'est aussi apparue petit à petit, n'y voyant quand j'étais plus jeune qu'une sorte d'argument "bourgeois" en décalage avec les propos. Plus tard, j'ai trouvé génial ce décalage même, participant là encore d'un vaste phénomène de respiration - pour ne pas dire, une voie ouverte vers l'abstraction.

Des émissions à conseiller ? Sans doute, mais il me faudrait d'abord replonger dans ce matériel abondant.
Ceci dit, étonnant que vous parliez de Christian Bobin : il se trouve justement que j'ai un souvenir mémorable d'un soir de Noël où il était invité.
C'était l’époque où les émissions ne restaient que quelques jours, et je ne l'ai jamais retrouvée.
Par la suite, il y a eu d'autres entretiens avec lui mais sa mystique n'avait plus la même forme, cette odeur de buisson ardent, cet aspect brûlant.

Il y a toujours ceci, avec un invité pour le moins "habité" : Guy Lardreau.
Lien ici : http://helvetunderground.free.fr/LSK_Jour/djal%201998%2001%2014%20Guy%20Lardreau,%20Pr%e9sentation%20criminelle%20de%20qqes%20concepts%20majeurs%20de%20la%20philosophie.mp3

En plus, il a menti en disant qu'il avait jeté son chronomètre dans la Seine.
Que le vieil homme fournisse des preuves !

Le créateur est pessimiste, la création ambitieuse, donc optimiste.
La rotation de la créature se conforme à leurs prescriptions adverses.

René Char
(L'Âge Cassant, José Corti, Mars 1966)

Je n'appréciais guère le style d'interview d'Olivier Germain-Thomas, mais j'aurais apprécié qu'il s'exprime sur la fin de For-Intérieur. OGT avait créé, ne l'oublions pas, Agora, Rétro, et Tire ta langue. Pour  avaler la pilule amère qu'est la mise à la retraite sèche, il avait la carrure spirituelle je pense, et la capacité à en tirer une vision personnelle. En l'occurrence, je me demande même si le silence n'est pas une faute, quand on est comme lui doué de profondeur et capable d'une pensée et d'une parole vraiment personnelles. Alors, partir sans un mot, faire son deuil fissa : il faut avoir soit de l'estomac, soit beaucoup d'activité ailleurs. Encore que : Veinstein se serait à ce point identifié à cette émission, alors qu'il a d'autres occupations ?

Et puis, il est tout de même permis de dire adieu à son public non ? Ca doit tout de même être possible de le faire sans esprit de revanche, sans acrimonie, sans amertume, sans larmoyance. Qu'on se souvienne du honteux et ridicule dernier numéro de Tire-ta-lange en 2006, d'ailleurs OGT en était. Barthelet était catastrophé. Antoine Perraud lui, qui conservait sa gamelle à la cantoche, pouvait encaisser le coup d'ailleurs ça faisait  2 ou 3 ans que l'émission était dénaturée : Perraud avait déjà dit quelques années plus tôt ce qu'il avait sur le coeur quand la Direction l'avait contraint à faire TTL en direct, et donc adieu au documentaire.

Jean Daive fut à la fois digne, sérieux, juste dans le ton et économe dans le temps : "Peinture Fraîche s'arrête, sur une décision de France Culture. Je n'ai pas trouvé les mots d'une survie de quelques années, ni même d'un an. Peut-être vaut-il mieux être aujourd'hui un résistant et résister ailleurs, qu'un survivant et survivre ici." J'aurais bien voulu lire un commentaire de Germain-Thomas, non pas dans ce genre-là mais dans l'analyse. Car dans le journal de Christian Giudicelli, on trouve trace d'échanges entre les deux camarades, déplorant la baisse du niveau à France Culture, et cela dès l'année 1998.

Et sinon, j'insiste et je tique vraiment sur la notion de mensonge, dont je maintiens qu'elle n'est pas adéquate pour qualifier ce détail de l'enregistrement nocturne. Alain Veinstein a-t-il prononcé sa dernière depuis un studio ou depuis une salle de tribunal ? Je connais des directeurs de conscience qui qualifient de mensonge les erreurs, les oublis, les approximations, et quand on ne ment pas aux autres on ment à soi-même. Pour vider de son sens le mot de mensonge c'est parfait. Et pour dissoudre le discernement sur ce qu'est la sincérité, alors là c'est l'acide sulfurique du jugement de vérité. On n'est pas sous l'inquisition que diable, un peu d'indulgence ! Oui Veinstein mélange plusieurs époques, c'est un arrangement, quoi. On ne sait pas trop s'il divague sous le coup de l'émotion, s'il brode un peu, s'il opère délibérément un raccourci un peu gonflé, ou si très sincèrement il mélange ses impressions. Son fort n'a jamais été la rigueur de l'esprit analytique, tout de même. Et il n'invente pas complètement son histoire de pont et d'étoiles. Donc mensonge, je trouve le mot insultant. Au pire disons un demi-mensonge, il n'y a pas de quoi lui infliger un blâme ou une pénitence.

D'ailleurs, quand il veut être maladroit jusqu'au pathétique il y parvient très bien sans ça. Je cite approximativement, car de mémoire : "J'ai fait un cauchemar affreux : Surpris par la nuit était supprimé. Puis je me suis réveillé et là encore pire : ça n'était pas un cauchemar mais la réalité". Cette mise en récit est du niveau pré-ado. Elle ouvre la dernière semaine de Surpris par la nuit, à la mi-juillet 2009. 4 soir plus tard le vendredi 24, Jean Daive annonçait le dernier numéro de Peinture fraîche dans les termes cités dans le post précédent. Ca vous avait tout de même une autre gueule.

Cela dit, concernant "L'intervieweur", il a dit à plusieurs reprises que c'était un roman. Certes il l'a nourri de son expérience, mais il s'est défendu d'avoir livré dans ce roman une auto-biographie ou un auto-portrait. Donc prudence : ne pas prendre au premier degré ses propos sur les invités. Et puis concernant ces invités, j'ai un doute aussi, et une petite hypothèse à glisser : au fil des années j'ai été de moins en moins certain qu'il choisît lui-même tous les invités de Du jour au lendemain. Laure Adler, très dirigiste, n'a peut-être pas eu la moelle d'intimer à son Jules qui inviter et quand. On sait, par des confidences de producteurs (Francesca Piolot par exemple) qu'elle a infligé ce traitement à d'autres. A lui ? On ne sait pas. Par contre, quand on voit certains invités de sa liste, on se dit que soit Veinstein cédait parfois à quelques amicales pressions de certains éditeurs, soit il n'a pas pu se défiler quand la Direction lui a imposé, par exemple disons Christine Angot.

Nessie a écrit: Et puis concernant ces invités, j'ai un doute aussi, et une petite hypothèse à glisser : au fil des années j'ai été de moins en moins certain qu'il choisissait lui-même tous les invités de Du jour au lendemain. Laure Adler, très dirigiste, n'a peut-être pas eu la moelle d'intimer à son Jules qui elle devait inviter et quand. On sait, par des confidences de producteurs (Francesca Piolot par exemple) qu'elle a infligé ce traitement à d'autres. A lui ? On ne sait pas. Par contre, quand on voit certains invités de sa liste, on se dit que soit Veinstein cédait parfois à quelques amicales pressions de certains éditeurs, soit il n'a pas pu se défiler quand la Direction lui a imposé, par exemple disons Christine Angot.

Je confirme, j'en fus également persuadé, j'ai d'ailleurs supprimé ces émissions de mes archives. Les invités étaient mauvais - chose assez rare dans ces Jours au Lendemain. Je n'ose pas vraiment le dire mais c'étaient souvent des femmes, à 80 pour cent. Sauf justement (entre beaucoup d'autres femmes de grand talent !!!) Christine Angot, dont j'ai un bon souvenir  : agressive, dans le bon sens. Je sais depuis longtemps - à côtoyer des artistes - que pas mal d'entre eux sont bien meilleurs dans leur parole de tous les jours, disons dans leur discours que sur le plan de l’œuvre elle-même, rien de vraiment surprenant pour moi. Mais n'ayant pas lu Christine Angot, je ne saurais me prononcer à son égard. En tous cas j'ai souvenir qu'elle a très bien défendu ce qui a tant été décrié comme "auto-fiction" - et bien souvent, entre autres, par les invités d'Alain Veinstein.

Quant à la sortie de Veinstein, c'est vrai qu'il aurait pu faire autrement. Il aurait pu faire plus, il aurait pu faire moins, il aurait pu faire autrement. Cela paraît sans doute creux mais il y a tellement de réactions possibles.

Enfin, publier sur un site, continuer autrement, oui et non.
Passer d'une grosse machine type Radio France à des émissions diffusées sur Internet, ce n'est pas du tout le même frisson.
La magie de la radio - qui se perdra sans doute dans les années à venir - consiste aussi à pouvoir toucher n'importe qui sans préparation.
Si le butinage sur internet peut aussi permettre ce genre de rencontres - comme moi avec Fred Deux, via le blog Lexomaniaque - j'étais quand même assis sur une chaise ...
La radio, ça peut arriver vraiment n'importe où, cette seule dimension est capitale.

Amendé par l'auteur.

Ah oui ? C'est quoi un Angot ?
Et pourquoi tout le monde en veut à cette Marie Richeux ?
Elle est jeune et jolie, son rapport à la poésie en serait suspect ?

Écoutons Alain Veinstein trente secondes. La Direction de France Culture (qui ?) a dû se rendre compte qu'en ne la diffusant pas immédiatement, elle se privait d'un bénéfice :

[son mp3="https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/static/culture/sons/2014/07/s28/_DU_JOUR_AU_LENDEMAIN_%2C_DERNIERE_EMISSION.ITE_00068108_RSCE.MP3" debut="05:24" fin="05:55"]

« J'ai pourtant l'impression très forte de ne jamais avoir pris cette décision qu'on m'attribue aujourd'hui. »

Allez convaincre quiconque en disant que vous avez « l'impression très forte de ne jamais avoir pris [telle] décision »...

Quant aux aveux qu'on arrrrrrache, no comment. Non plus que sur l'expression « l'heure la plus sombre » que le producteur emploie.

Enfin, on pourra continuer à faire entendre des morceaux choisis de la dernière émission d'Alain Veinstein à l'occasion. À propos, Nessie, savez-vous si Alain Veinstein s'est exprimé (on n'ose pas dire "a exprimé sa solidarité") à l'époque de l'arrêt de l'émission hebdomadaire d'Olivier Germain-Thomas ?

Non cela je n'en sais rien et pis encore je n'en crois rien. Je m'imagine plutôt Veinstein devenu sur le tard comme un potentat local, de plus en plus coupé de la maison que sa bourgeoise avait dévastée, puis après 2006 perdant l'appui interne qu'elle lui avait assuré. Mais.... et après ? Que voulez-vous dire avec cette question ? Suggérer quoi ? Que n'ayant pas soutenu OGT il n'a qu'à crever à son tour ?

Je me demande bien plus s'il a soutenu Jean Daive et Chaslin quand leurs émissions ont été arrêtées. Car il avait introduit les deux sur la chaîne, à l'époque des nuits magnétiques. Aussi pouvait-il se sentir quelque peu lié à eux ?

Mais enfin on peut lui faire tous les mauvais procès qu'on veut, le fait est que son émission en disparaissant, va créer un vide, et qu'on a toutes les raisons de redouter que rien n'apparaîtra pour compenser cette perte. Ni sur sa case horaire, ni ailleurs. Faut-il s'acharner sur ce cadavre radiophonique, ou bien souligner tout ce qu'il a apporté de son vivant à cette radio ?

Pour moi la réponse est sans hésitation ni ambiguïté la 2eme attitude.