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Accueil / France Culture

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales    Page 12 sur 21

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puck 


111
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Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Dim 04 Aoû 2013, 18:12

désolé de revenir sur ce sujet mais je voulais faire une proposition à Monsieur Machefert.
je me demandais en effet, si le moyen de trouver des réponses à toutes ces questions relatives au "phénomène Onfray" ne serait pas (puisque aucune instances intellectuelles ne semblent vouloir le faire) passer par les voies judiciaires?

il sera évident pour tous que ce cas relève typiquement ce qu'il est coutume d'appeler dans le langage pénale : l'abus de faiblesse.
d'autant que si cette procédure devait arriver à son terme elle pourrait servir de jurisprudence et pousser nos autres philosophes médiatiques à lever le pied.

la désignation d'ennemis (l’université, les puissants appartenant à l’élite intellectuelle, les psychanalystes trop bien payés, Freud, Bergson, Sartre, Kant, Platon, Hegel….) pour souder le groupe de victimes afin d'en faire un délit collectif devrait quelque peu alourdir la peine encourue.

il est évident que Madame Philosophie elle-même avait pu porter plainte cela aurait pu déboucher sur une accusation pour proxénétisme, mais comme elle est bonne pâte je pense qu'elle n'entreprendra rien de son côté.

quant à ceux qui auraient pu être accusés de complicité : Protagoras, Philostrate, Aristipe de Cyrène, Diogène, l’abbée Meillier,, Nietzsche, Dionysos, Camus, Politzer, anarchistes, vitalistes, créateurs de communautés utopiques.............
comme la plupart sont morts il serait difficile de les trainer devant les tribunaux.

bon, voilà, c'est juste un idée....
après on en fait ce qu'on en veut....

bien à vous.

Alain Machefert 


112
Répondre en citant  
Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Lun 05 Aoû 2013, 22:30

puck a écrit:
dans ce contexte Onfray est peut-être bienvenu parce que si ce n'était pas lui ce pourrait être un autre, bien pire que lui.
le fait que cela puisse bêtement flatter son égo, satisfaire son désir de pouvoir et son orgueil n'est peut-être pas en soi une chose très condamnable.
Oui, vous avez bien résumé ma pensée. Il a des défauts, le bougre, mais également  des qualités qui me le font préférer à nos anciens"Nouveaux philosophes", BHL et  Glucksman. Ce dernier ayant fait, d'ailleurs, un parcours politique "intéréssant", de Mao à Sarkozy.  Ils ne m'ont jamais rien appris.

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

113
Répondre en citant  
Onfray souvent contredit avec pertinence - Mar 06 Aoû 2013, 10:23

puck a écrit:(...) le silence des instances universitaires à son égard n'est pas peut-être gênant, après ils se disent peut-être simplement qu'un crétin peut bien faire l'affaire pour éduquer les masses, qu'il n'y a pas lieu d'en faire toute une histoire, ils ont d'autres chats à fouetter.
puck a écrit:(...) le moyen de trouver des réponses à toutes ces questions relatives au "phénomène Onfray" ne serait pas (puisque aucune instances intellectuelles ne semblent vouloir le faire)
Vous insistez sur l'absence de réaction des instances universitaires et intellectuelles vis-à-vis du "phénomène Onfray".

Avez-vous lu l'essai d'Irène Fernandez, agrégée de philosophie, paru en 2005 sous le titre "Dieu avec esprit" avec le sous-titre "Réponse à Michel Onfray" ? Sa lecture est instructive.
http://www.philippe-rey.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=38

Les instances qui méritent le nom que vous leur donnez travaillent et ont autre chose à faire de leur temps que de s'intéresser aux propos du conférencier Onfray.

Regarder la vidéo de BFM TV (ce n'est pas Canal Académie...) que Mitsouko a signalée dans son message Onfray à BFMTV peut permettre de comprendre pourquoi certaines instances n'ont pas envie de perdre leur temps.

antonia 


114
Répondre en citant  
Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Mar 06 Aoû 2013, 10:51

Pas d'accord avec Puck, cela n'a rien de dramatique qu'il commette beaucoup d'inexactitudes sur la pensée de certains philosophes: cela permet le dialogue , cela permet à d'autres de rectifier.
Onfray, je le vois comme un pont.Un pont entre les philosophes ou grands intellectuels et le peuple. Le premier, peut-être de notre époque, qui essaie de faire comprendre que la philosophie nous mène à améliorer notre vie, ou du moins , à réfléchir sur la façon dont nous menons cette vie. Ceci en démystifiant (même s'il fait de grosses erreurs) la philosophie, en en racontant le cheminement.
Il a deux qualités très importantes: il parle une langue que tous comprennent et il a un besoin vital de convaincre. Cette dernière qualité a , bien sûr, son côté négatif: il influence trop les faibles.
Mais il n'est pas un gourou, n'exagérons rien, il n'a pas d'intérêt personnel, hormis le fait que cela le fait sortir de sa névrose.
Personnellement, il m'a beaucoup appris les premières années, maintenant, c'est fini et c'est très bien ainsi.D'autres lui succéderont, tant mieux.
Si vous vouliez établir une totale pureté dans l'enseignement, vous devriez rayer beaucoup d'institureurs et de professeurs qui racontent des tas de sottises....

Nessie 

Nessie

115
Répondre en citant  
Le guignol de Michel, ou bien le bistrot d'Onfray ? - Jeu 15 Aoû 2013, 14:44

Chaque jour ou presque en dépiautant la captation des archives que nous offre le programme des Nuits, je laisse l'enregistrement filer et j'écoute la séquence qui suit, Michel Onfray en multidiffusion. Je dois dire que c'est vraiment affreux à écouter, mais que ça fait réfléchir...

En premier lieu, le personnage est à la fois simplet unique tout d'un bloc dans la naïveté de ces saoulants monologues, mais malgré cela il est multiple. Il y a plusieurs Michel Onfray, qui ne cessent de surgir dans son cours comme dans un petit théâtre de marionnettes, et chacun d'entre eux peut apparaître à chaque instant :
- un homme à l'esprit indépendant, qui pense par lui-même, mais de travers, hélas. L'indépendant est tout autant un enfonceur de portes ouvertes et un tartineur de paralogismes. Et puis, un esprit tellement indépendant qu'il est capable d'enseigner la pensée de Freud pendant 20 ans aux lycéens avant de prendre conscience de tout ce qu'elle contient de faisandé et d'irrecevable ; et pour ça il aura fallu que la presse fasse un buzz énorme sur un livre de critique fait pour le grand public. Pourtant à cette époque, les critiques de la psychanalyse se sont déjà abondamment exprimées, et mis à part dans le ciboulot des producteurs de France Culture qui ont 30 ans de retard -comme le dit Djeorges Steiner- l'affaire est pliée depuis longtemps.  
- un permanent donneur de leçons, mais aussi un homme qui argumente avec force amalgames et à l'occasion aussi des coups bas : tel professeur spécialiste de Heidegger sera -en passant- accusé de pédophilie, sans qu'on voie bien le rapport avec le type ni avec Heidegger. Ca c'est l'exemple même du coup bas, qui disqualifie l'intellectuel Onfray car il montre dans le même temps son incapacité à traiter solidement du fond, d'ailleurs presque tout son démontage de Freud a été raté pour la même raison. En clair, Onfray ne cesse de grimper aux rideaux, mais en tant que polémiste et intellectuel son fond de culotte n'est pas très propre et ça se voit ou plutôt ça s'entend.
- de fait, Onfray c'est un type qui semble avoir beaucoup lu, mais il a lu quoi au fait, des résumés ? Onfray c'est un mec qui découvre Henri Lefebvre à 50 ans et s'en vante ("Personne ne le connait"), alors que Lefebvre est publié depuis 1972 dans les meilleures collections de poche : Idées-Gallimard, Médiations-Denoël, Point-Seuil. Donc désolé de tempérer l'ardeur de celui qui voudrait jouer au happy-few, mais Lefebvre c'est vraiment pas confidentiel il a même signé le Que-sais-je sur le marxisme, alors vous pensez pour le connaitre y'a pas besoin de remonter aux années 50 et à Edgar Morin. Je suis né la même année que Onfray, et ayant découvert Henri Lefebvre à la Fnac au début des 80's j'ai donc quasi toujours eu dans ma bibliothèque ce type que 'personne ne connait" à en croire le bavard de 19h, soit il se fout du monde, soit sa naïveté est confondante.
- un esprit qui se présente comme exigeant, et pourtant on remarque en permanence une bizarre légèreté du raisonnement, remplacé par l'inspiration ou l'intuition. Il faut une sacrée ignorance pour nous envoyer ses intuitions ou ses impressions comme si c'étaient des vérités constatées ou des conclusions . Résultat Onfray, pas différent d'Enthoven pour le coup, ne cesse de balancer sa vision de la société sans avoir apparemment la moindre idée de ce qu'est le respect de la réalité empirique. Et puis sous couvert de connaissance et de savoir (sur le ton "cette année grâce à MOI vous allez apprendre..." ) ce "cours" est au moins autant un prêche, c'est-à-dire l'occasion d'instiller de la pensée obligée, par le recours aux tricks usuels : les biais de présentation, le jugement de valeur implicite, l'ironie, le ricanement, l'attaque sur les personnes plutôt que sur les idées bref en quelques conférences on retrouvera tout le catalogue du militant qui s'essaie à faire le polémiste.
- un gauchiste utopiste aux idées généreuses et peut-être un peu azimutées ; mais en même temps un vaniteux qui souffre de n'être qu'un maître de bistrot, pas considéré à sa juste valeur par ceux qu'il aurait voulu avoir comme pairs et qu'il s'essaie donc à piétiner. Sa rancoeur contre l'intelligentsia officielle, son insistance à se poser en indépendant, un mépris affiché pour les positions auxquelles il n'a tout simplement pas eu accès, pourraient signaler un mec pas seulement vaniteux, mais aussi aigri et assez haineux, en fin de compte.

Résultat : environ à chaque minute on entend, soit :
a) une idée intéressante mais pas très précise, et qui mériterait une discussion peut-être même une réflexion de fond, mais enfin une idée.  
b) une fausseté évidente, factuelle littéraire ou historique, digne des énormités de BHL qui lui inspire par ailleurs une jalousie infinie (de là peut-être cette inconsciente pulsion d'imitation).
c) une bétise, tout simplement. Et là soit c'est une légère soit c'est une ânerie colossale (contresens, amalgame, déni de réalité) qui le ferait recaler instantanément par n'importe quel jury si l'examen oral fonctionnait comme un radio-crochet

Bref c'est à la fois pénible et inquiétant. Pas une seule fois je n'ai réussi à tenir l'heure entière. Et on se dit que malgré ses airs de franc-tireur, ce type est parfaitement à sa place dans l'agence idéologique qui a nom France Culture : gauchisme niais (rappelons que le gauchisme n'est pas la pensée de gauche mais sa caricature), vanité infantile, inculture dissimulée sous un savoir superficiel, et bien sûr la marque de fabrique de la station : une lorgnette tenue à l'envers, où tout est lu à travers les lentilles de notre temps. Donc attendez vous à le voir enfourcher tous les canassons à la mode  : écologisme planétariste, éconophobie basique, stigmatisation de la pédophilie, communisme résurgent.

Cela dit, pour l'auditeur doté d'un certain esprit de contradiction et aussi d'une solide résistance à la connerie, les conférences d'Onfray sont d'un grand bénéfice, en même temps qu'un sérieux signal d'alarme : tout à la fois il est utile de connaitre les arguments des sophistes contemporains, et il est inquiétant de deviner quel succès ils peuvent récolter. C'est qu'après ça il y a des gens qui votent, et ils votent un peu comme ils conduiraient leur bagnole en sortant d'un club de soulôts.

Cela dit, si la philosophie c'est l'art et la pratique des concepts, leur construction, leur élaboration, alors chez Onfray on n'en trouvera rien. Rien de tout ça, malgré quelques mots allemands empruntés à Hegel ou à Kant. On dit que les bistrots sont le parlement du peuple je n'ai jamais vraiment gobé cette expression, mais avec Onfray l'université populaire c'est la pensée du bistrot, avec ses fulgurances dans l'innovation et ses innovations dans la connerie.  Malgré la prétentieuse appellation d'Université populaire, c'est donc bien dans un bistrot que ce cours nous emmène pour y écouter le napoléon des penseurs de bistrots, surexcité derrière sa carafe d'eau ou bien derrière son pastis bien tassé.



Dernière édition par Nessie le Sam 17 Aoû 2013, 10:14, édité 1 fois

antonia 


116
Répondre en citant  
Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Sam 17 Aoû 2013, 10:04

Analyse fine de ces rendez-vous avec Michel Onfray . Cependant, je persiste à leur trouver un intérêt sur France Culture. Mais il faudrait absolument des émissions de contre-culture Onfray: une semaine Onfray, une semaine de débats menés par un animateur aussi neutre que possible.
Par contre, "l'écologisme planétariste" ne me semble pas un "canasson à la mode".On peut galoper sur des canassons d'élevage fermier ou sauvages et non sur les canassons d'élevage industriel des Verts et on  peut ne pas emprunter  leurs chemins balisés .

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

117
Répondre en citant  
Lavage de cerveau - Sam 17 Aoû 2013, 12:28

antonia a écrit:Analyse fine de ces rendez-vous avec Michel Onfray . Cependant, je persiste à leur trouver un intérêt sur France Culture. (...)
Oui, analyse stimulante. Pour ce qui est de l'intérêt, les dix minutes écoutées par hasard hier (19h42-19h52) m'ont amené à me demander si Onfray n'était pas devenu fou.  
http://www.franceculture.fr/emission-contre-histoire-de-la-philosophie-saison-11-questions-reponses-3-2013-08-16

Sa parole m'a rappelé celle du pasteur Jones  entendu dans un exceptionnel  Atelier de Création Radiophonique de 1982 réalisé par Kaye Mortley et intitulé  « La mort de la famille Jones » sur le prédicateur et le suicide collectif (aidé pour certains) de sa secte au Guyana. On espère qu'une chose pareille ne se produira pas à Caen...



Dernière édition par Philaunet le Sam 17 Aoû 2013, 17:14, édité 1 fois

Nessie 

Nessie

118
Répondre en citant  
La philosophie en patins à roulette et les labours en trottinette - Sam 17 Aoû 2013, 17:05

A écouter ces 10 minutes, je vois que j'avais oublié de mentionner le populisme, qui est un des traits les plus saillants  du personnage. L'extrait que vous conseillez est un brillant exercice de populisme de gauche, avec en couronnement une diabolisation du populisme de droite. On se demande ce que l'orateur attend pour se lancer dans la politique.

Cela dit, je n'y trouve pas la folie annoncée. Vous avez écouté en direct, Philaunet, ou bien vous étiez en différé, détail que vous avez oublié quand vous avez noté l'heure ? Chez le "pasteur" Jones, on trouve la disqualification radicale de l'église et de la famille, jugés systèmes de destruction sociale -pas mal, tout de même-  et la préconisation du retour à la terre comme étape nécessaire de destruction du capitalisme. Mais Jones était tellement poly-orienté dans son prêche azimuté, qu'il avait dit un peu tout et n'importe quoi au fil des années.

Par contre dans ces 10 minutes et jusqu'à la fin de la conf', j'entends les sornettes habituelles de Michel Onfray. Vers la fin du parcours nous apprenons que pour éradiquer le fascisme nous devons perdre l'habitude de demander à bobonne si le gigot est cuit. C'est que notre intellectuel de haut niveau a trouvé (chez Foucault parait-il) une théorie généralisée (ou unitaire ?) du pouvoir, qui dit en substance que les micro-fascismes sont omniprésents dans la vie quotidienne par exemple dans la vie de famille, et que le remède à ces micro-fascismes c'est de mettre en oeuvre des micro-résistances. Avec la division du travail en famille comme théorie du fascisme domestique, Michel Onfray touche le fond et réussit à doubler Bourdieu avec sa domination masculine. Il faut dire qu'il double un cercueil arrêté lequel, on le sait, donne l'heure juste deux fois par jour. D'ici quelque temps il se fera jeter par les bourdieusiens, maîtres ès-intolérance, mais anattendant il en fait son miel, sans le dire voyez comme déjà il prend des risques. Et là franchement c'est vraiment super comme philo de haut niveau, lisons bien : l'effort ici préconisé pour transmuter la sauciété, c'est tout simplement de ne plus se conduire en dominant beauf moyen, car le dominant-beauf c'est celui qui laisse madame faire la cuisine. Notez bien que notre as de la morale familiale ne parle même pas des torgnoles dans le couple, mais simplement de la répartition des tâches domestiques. Ce philosophe qui ne réfléchit pas plus loin, ne se demande pas un instant si le même mâle ne s'est pas attribué le boulot de nettoyer les chiottes ; visiblement Onfray est lui-même tellement parfait qu'il n'a même pas besoin d'y mettre les pieds c'est peut-être pour ça que chez lui la question ne se pose pas. Et vous pour en savoir plus sur la division du travail social, vous devrez revenir en 65eme année du cours de Michel Onfray qui considère Freud comme un philosophe mais qui attend 2017 l'année du centenaire pour apprendre l'existence de Durkheim.

Anattendant, par un saut conceptuel sidérant ou sidéral, Onfray a ainsi réunit la violence symbolique à la sauce Bourdieu -qui est avec Derrida le chapitre de sa bible à venir- avec la violence politique. Alors il faut noter qu'en tant que marxiste-non-transcendant comme il dit, Onfray se montre expressément soucieux de ne pas souscrire à la violence révolutionnaire telle que la promeuvent plus ou moins explicitement des Badiou et des Slavoj Zizek. Bon très bien, par ce doublé de bartavelles Onfray se distingue dans le tableau du gauchisme contemporain, et il se met à contre-courant de l'intelligentsia mode. Hélas, il faut voir où ça le mène, et d'ailleurs d'où ça venait : car tout ça est en réponse à la dernière question, celle de la 49eme minute sur Pierre Rabhi. En substance, pour faire la révolution, il faut ne plus conduire sa voiture quand on critique la civilisation de la bagnole, ne plus se chauffer quand on est contre le nucléaire. Misère. Avec le plus grand sérieux, conscient de l'importance de sa mission, il appelle ça "être logique" ou "être cohérent", je ne sais plus et je n'ai pas le courage de me farcir à nouveau plusieurs minutes d'écoute pour retrouver le mot exact. Evidemment il a raison mais nous sommes ici au chapitre des truismes ; à ce moment précis il me fait l'effet d'un curé de village qui, soucieux d'éduquer les ploucs, leur commande de cesser de s'enivrer le samedi soir et de ne plus dérouiller bobonne en rentrant bourré. Comme niveau d'élaboration philosophique, ça pisse exactement aussi loin. Onfray a beau ajouter des formules clinquantes "le pouvoir n'est pas molaire, il est moléculaire" ou "le pouvoir n'est pas entre l'Etat et nous, il est dans la logique intersubjective". Boudiou il a cherché longtemps pour trouver ça ? Le pouvoir n'est pas dans la politique, première nouvelle, au contraire il est partout, ah bon et c'est le même pouvoir ? C'est de l'anti-travail conceptuel, ça. Je me demande ce qu'en aurait pensé Foucault, qui lui-même n'était pas à une connerie près.

De cette régression philosophique, on peut retenir que Michel Onfray met en garde ses ouailles contre la violence, donc admettons bravo très bien mais c'est vraiment de ça qu'on a besoin quand on va écouter un cours de philosophie à Caen ? Ils sont aussi arriérés que ça dans les patelins où Onfray ramasse son public ? Et qui donc va les mettre en garde contre la dégoulinante niaiserie philosophique de tout ce baratin ?

Je reste surpris de voir que l'agrègue de philo peut conduire certains à catéchiser ainsi à grands renforts de "moi je", "je vous dis", "vous devez" et autres "il faut".  A l'entendre balancer sur un ton aussi véhément une telle salade de lieux communs, on a simplement l'impression que ce type a 17 ans d'âge mental, ou bien qu'il improvise en permanence avec un verre de trop dans le cornet, et qu'en réécoutant le tout ensuite une fois dessaoulé et avec un peu de bon sens il n'y a pas grand chose de tout ce baratin qui échappera aux ciseaux. Mais ce qui m'inquiète ou plutôt m'afflige, c'est la chaleur des applaudissements à la fin de la séance. Applaudissement qui sent bon l'assistance confite d'amour et d'admiration pour le leader charismatique, peut-être est-ce cela que Philaunet a reconnu du Pasteur Jones dans notre hédoniste contre-philosopheur.



Dernière édition par Nessie le Dim 18 Aoû 2013, 08:41, édité 4 fois

Nessie 

Nessie

119
Répondre en citant  
Sur les traces de Billy Graham ? - Sam 17 Aoû 2013, 18:51

Voila que finalement je m'essaie à écouter toute la conférence, soucieux et inquiet d'y repérer une préfiguration du pasteur Jones et d'un suicide collectif par l'auto-entartage dans le bistrot universito-populaire de Caen. Ca ferait un scoop terrible ! Seulement, arrivé à la 20eme minute je  ne sais pas si je vais tenir le coup. A défaut de trouver ce que je cherche, au fil des énormités proférées j'extrais deux remarques sur le personnage :

- Un tour extrêmement fréquent chez Onfray, c'est l'auto-valorisation par le schème "Moi seul vous dis que" / "Moi seul je sais que" / "Personne n'a dit avant moi que ...".  On en vient à se demander où il puise son propre savoir (je sais que le mot n'est guère approprié mais je n'en ai pas d'autre). Notons en passant que l'usage récurrent de ce trick révèle un narcissisme impulsif, qui perce de plus en plus à travers la capote du donneur de leçons de morale. Car notre Nietzschéen-de-gôche--qui-n'a-pas-beaucoup-lu Nietzsche, il ne lésine pas sur la moraline.

- Justement, en matière de  culture générale, il y a vraiment quelque chose qui cloche : en cours de confe on apprend qu'il n'existe pas d'ouvrage de synthèse sur la non-violence. Là on se demande s'il connait seulement les auteurs courants (dans les collections de poche là encore, rien que pour la France : Jean-Marie Muller et ce Lanza del Vasto qu'il devrait pourtant chérir). Comment expliquer ce mystère ? Soit par le narcissisme : Onfray se pose en total découvreur de tout et de rien, d'ailleurs sa fin de conférence c'est vraiment le fil-à-couper-le-beurre (pour faire le sien). Soit par l'inculture, hypothèse qui n'est pas à exclure.  Parce que nous entendons là comme une Nième déploration dans ce registre et  sur différents sujets, par le type qui a attendu "Le livre noir de la psychanalyse" pendant 30 ans avant de comprendre ce qu'était la psychanalyse, faute d'avoir lu ou seulement deviné l'existence de ceux qui ont  précédé : Debray-Ritzen, Szasz, Frischer, Van Rillaer, Bouveresse-Quillot et combien d'autres ?

Du coup on en vient à se demander si avant l'existence du web, Onfray a jamais mis les pieds dans une librairie ou une bibliothèque, s'il a jamais chiné de la bouquinaille ou flâné entre les rayons de la B.U. à la recherche d'il ne savait pas trop quoi mais tout de même dans un secteur où, sait-on jamais, on peut trouver quelque chose d'intéressant. Alors, inculture ou auto-glorification ? Ou bien les deux, pourquoi pas ? A moins encore que (troisième hypothèse) l'explication réside dans un mélange de mauvaise foi et de vanité intellectuelle : sur la question, Onfray n'a pas trouvé d'ouvrage philosophique qu'il juge digne de son haut niveau de conceptualisation. Mais on se demande, tonnerre de Brest, pourquoi il ne l'écrit pas lui-même ? Oui, allez, juste pour voir (et qu'on rigole...)

antonia 


120
Répondre en citant  
Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Dim 18 Aoû 2013, 17:27

Impossible de ne pas trouver intéressantes toutes ces analyses et de ne pas se poser les mêmes questions. La séance de vendredi dont j'ai écouté une partie, était particulièrement insupportable par moment, comme le souligne bien Nessie.Michel Onfray appelle ça une séance de réponses à des questions , or, il parle tout le temps et assène ce qui ressemble beaucoup plus à un prêche du haut d'une chaire qu'à une séance de philosophie.
Mais comme il attaque des philosophes  ou écrivains vivants, peut-être ceux-ci vont se réveiller et lui apporter la contradiction ou, du moins, lui répondre  en vrais philosophes.
En ce qui concerne la non-violence, je crois aussi que s'il ne connait pas J.M. Muller, Lanza del Vasto, et aussi Jacques Sémelin, c'est un peu embêtant....
Curieux tout ça...mais il me semble que les applaudissements sont moins nourris qu'il y a quelques années.

Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

121
Répondre en citant  
Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Dim 18 Aoû 2013, 18:00

Nessie a écrit:A écouter ces 10 minutes, je vois que j'avais oublié de mentionner le populisme, qui est un des traits les plus saillants  du personnage. L'extrait que vous conseillez est un brillant exercice de populisme de gauche, avec en couronnement une diabolisation du populisme de droite. On se demande ce que l'orateur attend pour se lancer dans la politique.
Populisme, oui, et lourd ! (Le passage mentionné sur les micro-fascismes à contrer par des micro-résistances avait été écouté en direct.)

Ce qui me rappelle le fou du Guyana, c'est la phrase staccato, la répétition de la même chose assénée avec la même prosodie sous dix formes différentes. Caricature : il faut acheter une livre de tomates, il faut acheter un demi-kilo de tomates, oui deux fois deux demi-livres, je vous dis d'acheter des tomates en barquettes de 500 grammes, etc. Et chacun d'être hypnotisé par la rhétorique....

Le contenu que vous avez la force d'analyser (admirablement, il faut le dire) m'a paru tellement au ras des pâquerettes et si "café de comptoir" que j'en suis resté éberlué. Mais c'est surtout le ton, le verbe d'Onfray  qui laissent l'auditeur (que je suis, ne généralisons pas) plus que perplexe et l'on se demande comment des gens ne quittent pas la salle de conférence petit à petit en le laissant monologuer seul devant un amphi vide.

Nessie a écrit:Par contre dans ces 10 minutes et jusqu'à la fin de la conf', j'entends les sornettes habituelles de Michel Onfray. Vers la fin du parcours nous apprenons que pour éradiquer le fascisme nous devons perdre l'habitude de demander à bobonne si le gigot est cuit. C'est que notre intellectuel de haut niveau a trouvé (chez Foucault parait-il) une théorie généralisée (ou unitaire ?) du pouvoir, qui dit en substance que les micro-fascismes sont omniprésents dans la vie quotidienne par exemple dans la vie de famille, et que le remède à ces micro-fascismes c'est de mettre en oeuvre des micro-résistances. (...)  Et là franchement c'est vraiment super comme philo de haut niveau, lisons bien : l'effort ici préconisé pour transmuter la sauciété, c'est tout simplement de ne plus se conduire en dominant beauf moyen, car le dominant-beauf c'est celui qui laisse madame faire la cuisine. Notez bien que notre as de la morale familiale ne parle même pas des torgnoles dans le couple, mais simplement de la répartition des tâches domestiques. (...)
Oui, c'est de ce niveau. Comment peut-il ne pas sombrer dans le ridicule en ayant conscience de ce qu'il énonce ? Je ne vois pas. Et comment France Culture peut-elle diffuser cela, je ne vois pas non plus. Une sorte de rite, quoi. Ou aucun des programmateurs n'a écouté avant de signer pour l'été, ayant en mémoire (comme moi) des conférences qui tenaient la route.

Nessie a écrit:(...) tout ça est en réponse à la dernière question, celle de la 49eme minute sur Pierre Rabhi. En substance, pour faire la révolution, il faut ne plus conduire sa voiture quand on critique la civilisation de la bagnole, ne plus se chauffer quand on est contre le nucléaire. Misère. Avec le plus grand sérieux, conscient de l'importance de sa mission, il appelle ça "être logique" ou "être cohérent", (...)
Tout ce genre de choses, on peut l'entendre de tout associatif invité,  ce serait son rôle et l'on n'y trouverait rien à redire. Mais de la part d'un prétendu philosophe ? Pierre Rabbhi est passé sur FC je ne sais plus quand. Un niveau de pensée affligeant. C'est beau les utopies, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick d'un pouce.

Nessie a écrit:Je reste surpris de voir que l'agrègue de philo peut conduire certains à catéchiser ainsi à grands renforts de "moi je", "je vous dis", "vous devez" et autres "il faut".  A l'entendre balancer sur un ton aussi véhément une telle salade de lieux communs, on a simplement l'impression que ce type a 17 ans d'âge mental, ou bien qu'il improvise en permanence avec un verre de trop dans le cornet, et qu'en réécoutant le tout ensuite une fois dessaoulé et avec un peu de bon sens il n'y a pas grand chose de tout ce baratin qui échappera aux ciseaux. Mais ce qui m'inquiète ou plutôt m'afflige, c'est la chaleur des applaudissements à la fin de la séance. Applaudissement qui sent bon l'assistance confite d'amour et d'admiration pour le leader charismatique, peut-être est-ce cela que Philaunet a reconnu du Pasteur Jones dans notre hédoniste contre-philosopheur.
« salade de lieux communs », c'est l'expression adéquate. Pour l'âge, d'accord aussi : qu'on s'enthousiasme à moins de vingt ans pour des "il faut" et des « y a qu'à », pas de problème (et encore), mais Onfray aura bientôt 55 ans et son public n'est quand même pas composé que de lycéens, que l'on sache.

« leader charismatique » aussi est juste. L'assistance sait que la parole du messie de Caen sera vendue en CD et qu'il ne faut pas soupirer trop fort durant sa logorrhée. Je suppose que sans cela on entendrait l'équivalent des "yeah, yeah" entonnés en choeur par les adeptes du pasteur Jones après chacune de ses formules.

Remarquez, il semble que l'on soit proche d'une bonne nouvelle (sans majuscules) qui reste à confirmer, car on apprend ceci «  Michel Onfray veut arrêter l'Université populaire de Caen » https://www.youtube.com/watch?v=QV03T-Lib84
À noter cette « intéressante » remarque vers 2'00". En substance : nous payons des impôts, cet argent nous appartient, on en demande la restitution sous forme de subvention. Encore un exemple de populisme ?

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