Bonsoir,
La chronique de Julie Clarini sur les classes moyennes, où elle nous explique en gros qu’il y a un risque de populisme nécessairement nauséabond dans ces « classes moyennes classes dangereuses » est amusante à plusieurs égards. D’abord par ses approximations, mais c’est un peu la loi du genre… Ensuite parce qu’il serait amusant (mais fastidieux) de montrer en quoi Julie, elle même promue au dessus de ces classes moyennes, en quelque sorte, par la grâce commentante et journalistique, se comporte vis-à-vis d’elles comme elle dit que ces classes moyennes se comportent vis-à-vis des classes populaires (il faudrait d’ailleurs qu’elle nous précise ce qu’elle entend au juste par là) : méfiance, retournement presque hargneux... on est toujours le petit bourgeois « médiocre » de quelqu’un ou de quelqu’une.
Mais je préfère citer un texte d’une personnalité qui semble en plein accord avec Julie Clarini, qui nous explique de manière vivante et vécue comment le petit-bourgeois médiocre regarde le peuple d’un peu haut, entre peur d’y replonger et répugnance à s’y commettre. Et qui comme Julie le fait pour le déplorer et souligner les dangers d’une telle attitude :
Comme on le voit, Julie Clarini n’a pas inventé grand chose par rapport à ce texte, qui date de la décennie 1920, et qui semble dénoncer exactement les mêmes dangers dont nous parle Julie pour nous conscientiser, nous démontrer que nos oeillères de petit-bourgeois, de médiocres inquiétants que nous sommes tous un peu semble-t-il, doivent tomber. Ainsi sans doute, je suppose que c’est le point informulé du propos de Julie Clarini, aurions-nous, ou du moins aurions nous une chance d’avoir une société meilleure, plus juste, plus harmonieuse, mieux régulée comme semble le dire son appel à Montesquieu. Loin de l’égoïsme petit-médiocre-milieu toujours prêt à oublier ou mépriser le peuple d’en bas.
L’ennui c’est que la personnalité, à laquelle j’emprunte cette citation si conforme en apparence à ce que dit Julie, l’a écrite dans le tome premier d’un ouvrage titré « Mon Combat » (chapitre 2 de la première partie) et qu’il s’appelait Adolf Hitler.
Non que je veuille atteindre plus vite que quiconque le point Godwin. Mais quand la conscientisée et faraudement de gauche Julie Clarini, claironnant la conscience universelle et l’humanisme d’élite, en vient à dire des mots qui recoupent à ce point une citation du moustachu chancelier d’Allemagne, c’est ou que les idées de Julie sont particulièrement suspectes, ou, ce que je crois plus probable, qu’elles sont si vagues et le reflet d’une pensée automatique, obligatoire peut-être, si paresseuse, convenue, attendue et pré-mâchée que ça en devient exactement n’importe quoi ; une pensée susceptible de se voir appuyée aussi bien par une citation de Marc Bloch ou d’Adolf Hitler que par un apophtegme tiré des oeuvres complètes de Casimir.
Mais ça aussi c’est peut-être une loi du genre chroniqueux ?
La chronique de Julie Clarini sur les classes moyennes, où elle nous explique en gros qu’il y a un risque de populisme nécessairement nauséabond dans ces « classes moyennes classes dangereuses » est amusante à plusieurs égards. D’abord par ses approximations, mais c’est un peu la loi du genre… Ensuite parce qu’il serait amusant (mais fastidieux) de montrer en quoi Julie, elle même promue au dessus de ces classes moyennes, en quelque sorte, par la grâce commentante et journalistique, se comporte vis-à-vis d’elles comme elle dit que ces classes moyennes se comportent vis-à-vis des classes populaires (il faudrait d’ailleurs qu’elle nous précise ce qu’elle entend au juste par là) : méfiance, retournement presque hargneux... on est toujours le petit bourgeois « médiocre » de quelqu’un ou de quelqu’une.
Mais je préfère citer un texte d’une personnalité qui semble en plein accord avec Julie Clarini, qui nous explique de manière vivante et vécue comment le petit-bourgeois médiocre regarde le peuple d’un peu haut, entre peur d’y replonger et répugnance à s’y commettre. Et qui comme Julie le fait pour le déplorer et souligner les dangers d’une telle attitude :
L’entourage de ma jeunesse se composait de petits bourgeois, c’est-à-dire d’un monde ayant fort peu de relations avec celui des véritables travailleurs manuels. Car, si étonnant que cela puisse paraître à première vue, le fossé qui sépare cette classe économiquement peu favorisée de celle des travailleurs manuels est souvent plus profond qu’on ne le pense. Il y a presque inimitié - et la raison en est que des gens qui se sont élevés de fraîche date au-dessus du niveau des travailleurs manuels, redoutent de retomber dans un ancien milieu qu’ils méprisent un peu, ou tout au moins de paraître encore en faire partie. Ajoutez à cela tout ce qu’il y a de repoussant dans le souvenir de la grossièreté des relations avec ces basses classes, et de leur absence de toute culture : pour les gens de condition même modeste qui ont une fois dépassé ce niveau social, c’est une obligation insupportable que d’y retomber pour quelques instants. (...) À ce point de vue mon destin me favorisa. Obligé de revenir dans le monde de misère et d’insécurité matérielle que mon père avait déjà connu, je perdis les œillères de ma trop étroite éducation de « petit bourgeois ». J’appris alors à connaître les hommes et à distinguer entre une apparence creuse ou bien un dehors brutal, et leur véritable nature.
Comme on le voit, Julie Clarini n’a pas inventé grand chose par rapport à ce texte, qui date de la décennie 1920, et qui semble dénoncer exactement les mêmes dangers dont nous parle Julie pour nous conscientiser, nous démontrer que nos oeillères de petit-bourgeois, de médiocres inquiétants que nous sommes tous un peu semble-t-il, doivent tomber. Ainsi sans doute, je suppose que c’est le point informulé du propos de Julie Clarini, aurions-nous, ou du moins aurions nous une chance d’avoir une société meilleure, plus juste, plus harmonieuse, mieux régulée comme semble le dire son appel à Montesquieu. Loin de l’égoïsme petit-médiocre-milieu toujours prêt à oublier ou mépriser le peuple d’en bas.
L’ennui c’est que la personnalité, à laquelle j’emprunte cette citation si conforme en apparence à ce que dit Julie, l’a écrite dans le tome premier d’un ouvrage titré « Mon Combat » (chapitre 2 de la première partie) et qu’il s’appelait Adolf Hitler.
Non que je veuille atteindre plus vite que quiconque le point Godwin. Mais quand la conscientisée et faraudement de gauche Julie Clarini, claironnant la conscience universelle et l’humanisme d’élite, en vient à dire des mots qui recoupent à ce point une citation du moustachu chancelier d’Allemagne, c’est ou que les idées de Julie sont particulièrement suspectes, ou, ce que je crois plus probable, qu’elles sont si vagues et le reflet d’une pensée automatique, obligatoire peut-être, si paresseuse, convenue, attendue et pré-mâchée que ça en devient exactement n’importe quoi ; une pensée susceptible de se voir appuyée aussi bien par une citation de Marc Bloch ou d’Adolf Hitler que par un apophtegme tiré des oeuvres complètes de Casimir.
Mais ça aussi c’est peut-être une loi du genre chroniqueux ?