La dérive du documentaire en reportage saucial a donc fini par l'emporter ? Ce "Sur les docks" créé par Pierre Chevalier dans un esprit résolument Kronlundien, proche de Daniel Mermet, a continué à s'enfoncer dans le misérabilisme et dans la caricature sociale : la France des exclus, le courage des opprimés, la lutte et la résistance enfin à condition d'être d'un certain côté de l'échiquier politique.
2 années sans un seul post dans ce fil, pourtant il y a eu quelques exceptions, quelques documentaires de grande qualité, ornés parfois de grandes signatures. Mais en fin de compte assez peu : j'ai retenu moins de 10 numéros chaque année, et encore, plus d'un d'entre eux était un charcutage d'une ancienne Nuit magnétique ou un documentaire d'une autre de nos séries de jadis (Lieux de mémoire, ou Matinée des autres) retaillé pour entrer dans les 55 minutes de Sur les docks.
Justement, en parlant de signatures connues : Anne Pastor, qui avait signé quelques Matinées des autres, et qui depuis quelques années a été plutôt présente sur France Inter où d'ailleurs elle a continué à l'occasion avec des productions de la même veine, vient de nous proposer dans Sur les docks 3 numéros ethnologiques qui rappelleront les bonnes années de la chaine. Sujet : les Kichwa de Sarayaku. Cela dit, ne rêvons pas : on n'échappera pas au paradigme maison, car pour ce peuple d'Amazonie équatorienne qui résiste depuis plusieurs dizaines d'années à l'avancée de la déforestation des infâmes trust mégalocapitalolibéropétroliers, 2013 est l'année où leur célébration annuelle (la fête de la lance) a reçu Anne Pastor. Faut-il se demander à quel point la fête est folklorisée et instrumentalisée, puisque c'est toujours l'occasion de recevoir des équipes des médias donc l'affaire est bien rôdée, encore faut-il être invité. Cette année Anne Pastor ramène peut-être un véritable documentaire ethnographique mais surement une émission de circonstance. Enfin, c'est tout de même moins lourd que du Kronlund, je veux dire que l'ambiance de ce triptyque rappelle La matinée des autres, et aussi qu'avec un poil de méfiance et une goutte préalable d'initiation au genre et donc de discernement pour ne pas se laisser embarquer derrière les clichés, eh bien on peut s'y instruire. Et puis après tout la distinction entre l'ethnographie et le reportage de circonstance n'est pas neuve puisqu'on a déjà les mêmes regrets (directement exprimés par l'auteur) en lisant Tristes tropiques.
Voici les liens vers les 3 volets de l'émission :
- Mardi 25 juin : Le peuple du midi
- Mercredi 26 : Un peuple en résistance
- Jeudi 27 : A la croisée des chemins
Dernière édition par Nessie le Mar 01 Avr 2014, 23:05, édité 3 fois