Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Cet après-midi, on allume France Culture au petit bonheur la chance et c'est le grand malheur de la malchance, car on tombe de nouveau sur une m***. Recherche sur le site et l'on trouve ce texte impayable et désolant de M. Richeux que l'on n'orne pas des "sic" de rigueur après les fautes de grammaire et de style, tant elles sont nombreuses (la langue, c'est le cadet des soucis des gens de pauvre culture qui écrivent les descriptifs sur ce site).

Dunque Marie Richeux :
"On pourrait directement les faire dialoguer tous les deux, s’ils ne dialoguaient pas déjà tous seuls, et avec tout le reste de la musique, de la matière, des étendues, des horizons crées depuis vingt ans. Les chansons comme les phrases sont des destinations, et s’il y a urgence à partir c’est qu’il y a parfois impossibilité d’être avec. Ce qui n’empêche pas de réclamer en musique, quelque lumière seulement, que cet amour reste, qu’on nous rende la beauté, ou que cet ami nous reconnaisse.
Le texte Y revenir fait le chemin non pas vers l’enfance, ni vers un âge d’or que regretterait trop facilement toute nostalgie passagère, c’est un chemin vers un territoire de vérité, où il s’agit de faire le tri entre la triste boue de la ville que l’on a fuie, et l’autre sorte de boue de soi-même que l’on ne peut que difficilement fuir.
Peut-être Dominique Ané ne sait-il toujours pas viser, mais il sait écrire et fabriquer de la musique. Son livre Y revenir a paru aux éditions Stock, tandis que l’album Vers les lueurs est sorti chez Naive."
http://www.franceculture.fr/emission-pas-la-peine-de-crier-l-etendue-%C2%AB-a-%C2%BB-rediffusion-du-4-05-2012-2012-12-28

Boue (ou bouillie ?) textuelle dans laquelle on s'enlise dès les premiers pas... Soupir.

En allumant France Culture, on se serait cru chez Patricia Martin d'autrefois sur France Inter à 10h du matin. Le soir, c'est plutôt l'ex-Lenoir d'Inter qu'on croit entendre si on se risque à quitter ses podcasts ou les archives de nuit de France Culture.

Quand on pense qu'il y a des créateurs d'ambiances sonores élaborées pour des expositions dans des musées ou des "sculpteurs de son" tels qu'on peut les entendre sur silenceradio.org ou ailleurs et que l'on donne du temps de la radio culturelle ( ?) à des vedettes de variété que l'on entend sur des radios généralistes publiques et privées, on se dit qu'il y a vraiment un problème. Le problème de l'identité de France Culture, maintes fois évoqué dans divers fils de RFC, et sur lequel il ne faut pas se lasser de s'interroger et d'interroger.

"Si vous revenez demain jeudi, on sera toujours en 2013" En voilà une fin d'une drôlerie originale... Marie Richeux déjà élue humoriste de l'année.

Les cinq dernières minutes de Pas la peine : Poème de Victor Hugo "Demain dès l'aube" dont la dernière syllabe est enchaînée à un titre du groupe américain de hip hop, "Public Enemy".

Tout ce qu'aime Finkielkraut...

Et il faut entendre la raison du choix de l'invitée ! Non, on ne met pas le lien.

Trés bon début d'année 2013 pour l'émission. J'ai beaucoup apprécié les deux premiers thèmes (Insoumission, hasard) et surtout les lectures choisies et lues par Georges Claisse. De plus, j'adore la programmation musicale.
De bon augure, donc.
En tout cas, cette émission a bien sa place sur France Culture. Pour répondre aux critiques de Marie Richeux, je dirais, avec Voltaire, que "Le mieux est l'ennemi du bien."

"avoir un rapport d'oralité avec le texte"

Passons sur l'usage déplacé du verbe passe-partout 'avoir'.
Cette formule pourrait aussi bien être piquée au mot près dans le manuel d'Hexagonal de Robert Beauvais : "L'Hexagonal tel qu'on le parle".


Pendant le seul passage que j'aurai fait cette semaine dans cette bonbonnière radiophonique, je n'ai pas pensé à noter la raison qui m'a fait couper immédiatement. La désolation de Georges Claisse était plus que plausible.

Tout autant piégé qu' au retour, j'ai entendu des bribes de la Marie à l'aller, en me disant qu'il y avait là matière à décortiquage. Cette sorte de langue à la con pourrait hâtivement être affilée au vaste registre de la langue de bois. Mais ça n'en est pas. Ca se rapprocherait plutôt du baratin de l'art contemporain qui, contrairement à la langue de bois peaufinée pour embourber son prochain, cultive une sorte de jargon de l'entre-soi destiné à se faire connaitre de son semblable. Une manie détestable pour l'auditeur.

Baptiste a écrit: (...) Cette sorte de langue (...) . Ca se rapprocherait plutôt du baratin de l'art contemporain qui (...) cultive une sorte de jargon de l'entre-soi destiné à se faire connaitre de son semblable.

Très juste. La revue bimestrielle "Artension, magazine de l'art vivant" en dénonce régulièrement l'imposture, voir par exemple le numéro 117 de jan-fev 2013, p.10.

Nessie a écrit:La désolation de Georges Claisse était plus que plausible.

Georges Claisse, Jean Starobinski, sont des philosophes. Quand ils entendent une question qui ne veut rien dire, une relance vide, ils nourrissent eux-mêmes l'entretien. Le grand art ce des sommités étant de faire croire, par leur "réponse" intelligente, que leur vis-à-vis leur a posé une question pertinente.

On admire alors la générosité et le tact de ces gens de qualité qui, l'air de rien, tirent d'embarras les médiocres en face d'eux (Colette Fellous n'en est pas une, mais elle ne peut remplacer quelqu'un qui partage en partie la connaissance du domaine de l'interviewé, idem pour Alain Veinstein dont la question d'ouverture dans "Surpris par" en 2001 - cf fin du fil "Carnet nomade" - laisse Starobinski totalement coi ; c'est là le problème des généralistes maintes fois évoqué).

Reste que ce genre d'interview au-dessus du précipice laisse l'auditeur tendu (l'interviewé aura-t-il assez de ressource pour rester sur le fil face à une parole qui vous tire dans le vide ?)

Oulah, détricoter la langue arty avec la grille Artension, c'est un peu surcompliquer l'affaire...

Pas si compliqué : Il suffit de "Causer la France" et d'écrire en démotique

Il faudrait faire une sorte de dictionnaire (ou plutôt une liste, parce que le sens est difficile à donner) de toutes ces expressions :

On a donc déjà, grâce à Marie Richeux :
- « Rapport d’oralité avec le texte »

On pourrait y ajouter, avec Broué, Goumarre, Gardette et Cie :
- Le verbe « interroger » ou « questionner » : « il interroge les rapports entre hommes et femmes… », « il interroge la place du corps… ». La plupart du temps, on ne sait pas ce qu’ « il » apporte en guise réponse, mais c'est pas grave, il interroge...
- « Proposition » pour « œuvre » artistique. « Œuvre » est sans doute trop clos, impératif, définitif. « Proposition » est plus ouvert.
- Justement : « ouvert », « ouverture ». Dans les cas les plus niais : « ouverture au monde », et encore plus niais : « permet une ouverture au monde ».
- « Corps », « corporel », « corporéité », « la dimension corporelle »
- « Faire violence »
- « Déplacer le regard », « déranger le spectateur», avatar du « faire bouger les lignes » en politique.
- « regard » : « déplacer le regard », « changer le regard »
- « Travail sur la langue ». Caroline Broué découvre à chaque grande table qu’un texte (littéraire) est un « véritable » « travail sur la langue ».
- « En mouvement » : un œuvre en mouvement, une pensée (toujours) en mouvement, etc.
- « Se confronter à… »,
- « Mettre en jeu », « remettre en jeu »
- « Prendre en charge, prendre en charge la question de....prendre en charge la dimension corporelle...
- « Mettre des mots sur… » et Broué souvent d’ajouter « des maux », et de préciser «M-A-U-X »
- «votre proposition ….est une manière de (re)mettre en jeu…. la place du corps dans…. et de déplacer le regard…. du spectateur…….en interrogeant…. dans le cadre d’une pensée toujours en mouvement… et d’un travail sur la langue qui prend en charge…. la dimension corporelle etc.».