Votre conseil d'écoute fait vraiment plaisir à recevoir et est un bonheur pour qui en profite :
Yann Sancatorze a écrit:Signalons une courte série d'émissions qui s'écoute fort bien, le
Book of the Week de cette semaine :
http://www.bbc.co.uk/programmes/b006qftk/episodes/playerIl s'agit de lectures par l'auteur, Julian Barnes, de sa collection d'essais parue récemment sous le titre de "Keeping an Eye Open". Cet article du Guardian en rend bien mieux compte que je ne pourrais le faire moi-même :
http://www.theguardian.com/books/2015/may/10/keeping-an-eye-open-essays-art-review-julian-barnes-great-painters-afreshIl s'agit donc de 5 épisodes de 15 minutes, traversant les oeuvres de Manet, Cézanne, Freud, Braque, avec une langue et un style d'une vivacité et d'une précision rarement entendues lorsqu'il s'agit de parler de peinture à la radio. Impossible de décrocher. Nous sommes loin des Regardeurs ou de la pauvre Dispute d'Arnaud Laporte, des artistes flous, des rapports par rapport aux rapports indéfinis et indistincts, des propos interchangeables, des ambiances de profond ennui, ou de la fragilité de producteurs généralistes, qui savent une seule chose sur tout mais rien en profondeur... Nous avons ici la recette idéale : un auteur qui connait son sujet, sait adapter son travail pour la radio, et possède le talent vocal pour en faire la lecture. Tristement, plus près de chez nous, certains et certaines, dont c'est le métier, ne savent même pas qu'il faut une certaine discipline et une certaine lorsqu'on prend la parole au micro... Et ici, on a soin de transmettre l'idée de beauté dans l'art, chose qui parait obsolète et ridicule à France Culture, où il faut avant tout rester politique et subversif:
http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-culturelle-d-antoine-guillot-la-france-sale-coin-pour-l-art-contemporain-20
Votre comparaison finale est aussi très valide. La lecture de cette revue de presse à FC (fallait-il choisir et monter en épingle ce thème ? Ce choix est en soi une opinion - ou une paresse - d'Antoine Guillot) montre bien l'aspect politique qui travaille et traverse la Rédaction et la plupart des producteurs qui regardent tout sujet à travers ce prisme.
À propos de "Keeping an eye open" lu par Julian Barnes, évoquons rapidement deux problèmes de BBC 4 ici : pas de podcast, pas de téléchargement (because future commercialisation ?) et pas de description du numéro dans la page descriptive de chacune des émissions.
Julian Barnes, dans le premier numéro de 14 minutes, commence par se moquer gentiment des gens qui font écouter de la musique aux enfants à naître ou qui emmènent leur très jeune progéniture dans tous les musées possibles. Lui, a découvert l'art tout seul, au musée Gustave Moreau à Paris (très belle description) en 1964, entre la fin du lycée et son entrée à l'université. Il explique à cette occasion le type d'art qui peut fasciner un adolescent, celui qui contient une part de fantastique, un élément de transformation radicale de ce qui est représenté, d'où son intérêt initial pour Bosch, Breughel, mais aussi pour El Greco (l'allongement des silhouettes) et d'autres.
L'émission (n°1) est intéressante de bout en bout et (eh, oh, France Culture, vous êtes là ?), c'est un monologue. Oui, un monologue présentant une expérience personnelle de l'art et les réflexions consécutives. Pas un débat plus ou moins improvisé à 2, 3 ou 4 intervenants durant une heure sur un tableau, non c'est un mo-no-lo-gue. Un monologue de 14 à 15 minutes d'une série de cinq. Une lecture dense, préparée sur le fond comme sur la forme.
L'inconvénient pour la direction de France Culture devant ce format de production radiophonique est qu'elle est du type qui requiert l'écoute. Et l'écoute n'est pas exactement ce que souhaite encourager le directeur. Ce qu'il a en tête, c'est la perception d'un brouhaha sympa (donc rires en boîtes, cf. la Dispute, et bientôt l'humoriste du matin) pour distraire la personne tombée par hasard sur FC en réglant son autoradio ou pour faire passer les corvées de ménage (le meilleur France Culture étant celui que l'on peut écouter en passant l'aspirateur).
Merci Yann Sancatorze de nous donner la preuve que faire de la bonne radio culturelle est toujours possible en 2015.