Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

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Samedi 06 février
00h31 – 01h36 :
Tchékhov connu et méconnu – Actualité de Tchékhov (20 nov 71) par Alain Préchac
01h36 – 02h11 :
Un livre des voix - Jean Cayrol, Histoire de ciel (29 janv 79)

Dimanche 07 février
01h00 – 02h20 :
Feuilleton : Monsieur du Paur, homme public – 1 - D’après Paul-Jean Toulet (du 30 janv au 2 fév 06) Adapt. Pierre-Robert Leclercq ; Réal Myron Meerson
03h35 – 04h40 :
Feuilleton : Pages arrachées au journal de Mireille Havet - 1 (7 au 9 mai 07) Par Jean Couturier
04h40 – 06h10 :
Mardis du cinéma – Jacques Tourneur (9 avr 96) Prod Yves Builly

Lundi 08 février
00h20 – 01h20 :
Feuilleton : Monsieur du Paur, homme public – 2- D’après Paul-Jean Toulet (du 3 au 5 fév 06) Adapt. Pierre-Robert Leclercq ; Réal Myron Meerson
01h20 – 02h15 :
De la nuit – Voyage initiatique (8 juin 77) Prod Gilbert–Maurice Duprez
02h15 – 03h50 :
Fiction : Goupi mains rouges ; d’après Pierre Véry, adapté par Serge Douay (28 juil 56) Production Anita Soler, réalisation Gilles Ange
03h50 – 04h35 :
Feuilleton : Pages arrachées au journal de Mireille Havet – 2 (10 et 11 mai 07) par Jean Couturier
04h35 – 06h00 :
Panorama – Poésie Yiddish (13 mai 93) par Nadine Vasseur

La semaine à venir est bien dosée en connu et en inconnus. On y remarque sans surprise quelques items supplémentaires pour les séries en cours : de nouveau il y a 2 fois Jean Cayrol ; chez Patrice Galbeau le grand Raymond Jérôme lit une Chronique martienne de Bradbury ; quand à l’aventure mythique de l’humanité telle que Jacques Lacarrière nous la raconte, ne loupons pas les deux épisodes servis vendredi. Et puis, pour l’histoire et pour les amateurs de rareté, de culture, et de radio, il faut signaler :

- vendredi, Molière enregistré au TNP en 1956. C’est un petit peu rare sur les ondes, mais enfin, pas si rare quand même.

- ceux qui se désolaient le 21 décembre de n'avoir pu entendre Un livre des voix avec Robert Mallet (le si fameux interviewer de Léautaud) pourront retrouver sa poésie dans Un livre des voix. Dans ce genre d’occasion, il y a toujours quelqu’un pour signaler que personne ne peut avoir reçu tous les talents, mais on ne sait pas encore si la remarque visera le poète Mallet, ou bien l’auditeur, ou encore le lecteur surpris par la poésie...

- la bonne surprise et l’inattendu, pour cette semaine, c’est la série des entretiens de Pat Arma par Martine Cadieu qui fut productrice à F-Musique, F-Culture, et RFI. Paul Arma est hongrois d’origine et de son vrai nom Imre Weisshaus, pianiste concertiste et homme de radio dont le parcours pas si atypique pour le siècle s’initie avec Bartok, passe par le Bauhaus où Arma enseigne avant de se réfugier en France, ça se poursuit avec Darius Milhaud. L’intermède de la clandestinité oriente Paul Arma vers l’ethnomusicologie et l’étude des chants populaires, d’abord en Ile-de-France puis sur le Negro Spiritual que lui révèlent des soldats américains basés en France. Par ailleurs co-auteur d’un dictionnaire musical avec Yvonne Tiénot, mais enfin et surtout compositeur dans les années 50 Paul Arma entre en musique électromagnétique où il restera désormais. Tous thèmes qu’on peut espérer voir aborder au micro de Martine Cadieu dans les trois larges livraisons de lundi, mardi et mercredi, où on peut discerner quelque chose comme une dizaine d’entretiens hebdomadaires de 20 minutes chacun.

Mardi 09 février
00h31 – 01h56 :
Entretiens avec Paul Arma – 1 (8 au 29 mai 72) par Martine Cadieu
01h56 – 02h31 :
Paradoxes – Jean Cayrol (21 mai 70) réal Guy Delaunay

Mercredi 10 février
00h31 – 01h31 :
Entretiens avec Paul Arma – 2 (5 au 19 juin 72) par Martine Cadieu
01h31 – 02h11 :
Domaine du roman : Jean Cayrol (27 février 61) par Georges Charbonnier

Jeudi 11 février
00h31 – 01h36 :
Entretiens avec Paul Arma – fin (26 juin au 10 juillet 72) par Martine Cadieu
01h36 – 02h11 :
Bonnes nouvelles et grands comédiens – Raymond Jérôme lit « Ils avaient la peau brune et les yeux dorés » de Ray Bradbury (9 juil 70) prod Patrice Galbeau

Vendredi 12 février
00h31 – 01h31 :
L’aventure mythique de l’humanité – Les dragons et les hommes – Les fruits de l’immortalité (17 & 24 mai 72) par Jacques Lacarrière
01h31 – 02h11 :
Un livre des voix – Robert Mallet : Silex éclaté (14 fév 77) par Pierre Sipriot

Samedi 13 février
00h31 – 02h11 :
Théâtre – Molière : Dom Juan au T.N.P (29 fév 56) Présentation Philippe Dechartre

Ce week-end, encore un peu trop de rediff d’émissions très récentes,hélas. Mais le reste n’est pas mal du tout, même si les nuitards ont déjà presque tout entendu. Ane pas louper, la troisième et dernière livraison du feuilleton d’après Paul-Jean Toulet. Ne loupez pas non plus la Poésie ininterrompue de Bryon Gysin, bon camarade de Burroughs à qui dit-on il aurait inspiré la pratique du cut-up.
Enfin, ne ratez surtout pas dans la nuit de samedi à dimanche le théâtre de Véra Feyder dans une proposition du Nouveau répertoire dramatique de Lucien Attoun : « Emballage perdu » est une pièce à la Pinter, dont l’emballage radiophonique est emballant.

Samedi 13 février
00h31 – 02h11 :
Théâtre – Molière : Dom Juan au T.N.P (29 fév 56) Présentation Philippe Dechartre

Dimanche 14 février
01h00 – 02h00 :
Feuilleton – Paul-Jean Toulet : Monsieur du Paur, homme public - fin (8 au 10 février 06) Adaptation de Pierre-Robert Leclercq. Réal Michel Sidoroff
02h00 – 02h35 :
Poésie ininterompue – Bryon Gysin (19 déc. 76) Prod Claude Royer-Journoud
02h35 – 04h40 :
Nouveau répertoire dramatique – « Emballage perdu » de Vera Feyder (29 janvier 76) proposé par Lucien Attoun. Réal Evelyne Fremy

Lundi 15 février
02h45 – 03h25 :
Un livre des voix – Zoé Oldenbourg : Visages d’un autoportrait (1 mars 77) prod Pierre Sipriot
03h25 – 04h55 :
La radio à l’oeuvre – Entretiens avec Michel de Ghelderolde (10 aout 98) par Claire Chancel
04h55 – 06h00 :
Lecture du soir – La légende de St Julien l’Hospitalier (11 juin 56) par Gérard Herzog

Allons bon, le programme de samedi à dimanche, tel que détaillé ci-dessus, contient une double erreur doublement dommageable : la pièce de Véra Feyder était placée entre 4h et 6h, tandis que sur la tranche de 2h35 à 4h00, c'était un des Dialogues qu'on doit à Roger Pillaudin, en l'occurrence "Langue, puissance, et totalitarisme", avec Jacques Roubaud et Jean-Pierre Faye.

Doublement dommageable car la pièce de Véra Feyder était en seconde rediff donc probablement elle retourne aux archives inécoutables pour longtemps. Quant au Dialogue sur le totalitarisme et le langage, en écoutant en ce moment même ds remarques de Roubaud sur l'alexandrin, suivies de la réponse de Faye, et je me dis que c'est de plus en plus rare que France Culture nous propose une telle concentration d'intelligence, même dans ses meilleurs débats les mieux préparés entre spécialistes les mieux choisis.

Le pire serait que certains, confiants dans le programme du post précédent et ayant loupé ces deux raretés, méditent maintenant sur les moyens de rétorsion : faut-il envoyer au rédacteur du post fautif un huissier ou une charge de chevrotine ? Soucieux de les décharger de ce douloureux dilemme, je leur propose sur Mediafire ces saisies de la nuit :
- Emballage perdu (Véra Feyder) est ici.
- Le Dialogue sur la langue et le totalitarisme (Roger Pillaudin-14 mai 74) on le trouvera là .
Les deux émissions sont placées dans un répertoire Oldies but goodies, à l'intention de ceux qui veulent savoir ce qu'est la radio préhistorique qu'on nous reproche régulièrement de comparer à l'actuel France Culture.
Pour les débutants en chargement RFC propose un mode d'emploi Mediafire.

(en revanche vous pouvez me donner les coordonnées de votre huissier car j'en cherche un bon ; quant aux chevrotines gardez-les pour la prochaine erreur. ça m'incitera à resserrer les boulons de ma gazinière à programmes nocturnes).

Voici une semaine riche et variée en documents de la radio d’avant 99, même si dans presque tous les cas c’est en seconde rediff. Tout de même, il faut signaler encore quelques épisodes du portrait de Camus coordonné par Pierre Minet. Et puis dans les Bonnes nouvelles lues par une grande comédienne, en l’occurrence Edwige Feuillère, il y a Jean Giono ça on connait déjà, mais pour Obaldia et Giraudoux soit c’est de la première rediff, soit il faut remonter à 2004 pour retrouver trace de la dernière. Cela dit, si on connait déjà le Saint-Cyr en 2 volets de Philippe Barthellet, attention à ceux qui l’ont loupé, car probablement celui-là on ne le réentendra plus. Même chose pour le Nuit Magnétique de mardi et pour le savoureux Une vie une oeuvre de ce soir. Mais en fin de compte, quoi de bien neuf (si on peut dire) dans cette brochette des nuits ?
- En plus d’Obaldia-Giraudoux par Edwige Feuillère, et de Camus par Minet, compter une causerie non renseignée, celle du 11 aout 48, probablement Pius Servien.
- André Maurois ou plutôt ses silences par Anouk Adelmann en 1978
Voila les nouveautés sur le créneau des Nuits. C’est un peu maigre pour les collectionneurs déjà anciens, me direz-vous. Oui. Mais pour les plus récents arrivés, avec tout le reste il y a de la belle livraison en perspective.

Mardi 16 février
00h31 – 01h06 :
Bonnes nouvelles Grands Comédiens – Edwige Feuillère lit « Le poète de la famille » de Jean Giono (28 aout 70) prod Patrice Galbeau
01h06 – 02h31 :
Une vie une oeuvre – Gavarni (9 sept. 93) prod Laurence Théault

Mercredi 17 février
00h31 – 00h46 :
Portrait Camus : L’homme politique (23 juin 72) par Pierre Minet
00h46 – 02h11 :
Nuits magnétiques : Lure, le vert paradis (28 sept. 93) Prod Philippe Royer & Marie-France Thivot

Jeudi 18 février
00h31 – 01h31 :
Lieux de mémoire – Saint-Cyr 1 (11 fév 99) prod Philippe Barthellet
01h31 – 02h01 :
70 ans de machine parlante – L’utilisation du disque à la radio (15 aout 47) par Jean Thévenot
02h01 – 02h11 :
Horizon ouverts aux vers classiques – Causerie de Pius Servient dans l’heure de culture française (4 aout 48)

Vendredi 19 février
00h31 – 01h31 :
Lieux de mémoire – Saint-Cyr 2 (12 fév 99) prod Philippe Barthellet
01h31 – 02h01 :
Bonnes nouvelles & Grands comédiens – Edwige Feuillère lit Giraudoux et Obaldia (6 juillet 70) prod Patrice Galbeau
02h01 – 02h11 :
Les chemins nouveaux de la poésie (11 aout 48)

Samedi 20 février
00h31 – 00h46 :
Portrait Camus : l’homme de théâtre (22 juin 72) par Pierre Minet
00h46 – 02h11 :
Les silences d’André Maurois (6 oct 78) par Anouk Adelmann

Au programme ce week-end, en plus de quelques trucs récents qu'on ne signale pas, à saisir encore une bonne variété puisée aux archives. On ne s'en lasse pas :
- un item supplémentaire de la série de portraits d'Albert Camus, série coordonnée par Pierre Minet (attention dans le lien en renvoi il y a encore un lien en renvoi)
- un Surpris par la nuit plutôt récent mais on l'indique quand même (proposé par Simone Douek le 22 février 2007.
- en deux livraisons les 7 premiers épisodes d'un feuilleton de 1993 signé Gérard de Cortanze.
- le retour des poètes polonais déjà diffusé il y a quelques semaines. Attention c'est de la radio d'avant l'époque du temps passé. Du brutal. Réservé aux amateurs et à ceux qui veulent absolument apprendre quelque chose sur un sujet dont ils ignorent tout.

En plus mystérieux et non moins alléchant mais comment savoir :
- Les silences d'André Maurois par Anouk Adelmann. C'est en 1978 soit assez longtemps après sa disparition. Sur cette émission on n'a pu trouver aucune info. Ca sera une surprise.
- une fiction de 94 par Luis Mizon et Etienne Vallès. Avec France Culture la fiction c'est un peu toujours une loterie : la réalisation est toujours impeccable, mais pour le sujet lui-même et l'écriture, ça va du plus raffiné au plus lourdingue. Et comment en irait-il autrement puisque c'est chaque fois un auteur différent. Pareil pour le jeu des acteurs, qui va du plus sobre au pire histrion qui se la pète. Comment savoir d'avance ? Réponse : on n'a pas encore trouvé de moyen pour ça. Donc il faut tenter, alors on tente, en tirant d'abord et en réfléchissant après : capturer l'émission au passage puis écouter. De toutes façons avec le programme actuel que nous propose FC, saturé en élections et en crise éco, on manque pas de temps pour écouter les archives.

Alors dans les Nuits du week-end même si c'est un peu inégal il y a presque toujours un morceau de choix. Cette semaine ce morceau c'est un Bon Plaisir qui date des premières années : Frédéric Pottecher au micro de Jacques Fayet en 1986. En cette époque l'émission durait 3h30. Avec Pottecher ça s'annonce savoureux, autant ou plus que d'autres numéros qu'on avait remarqués en ces temps-là : Jean-Claude Carrière par Colette Fellous, Paul Auster par Jaqueline Kelen, Jacques Attali par Francesca Piolot, Edgar Morin par Antoine Spire. Je me souviens qu'on ne restait pas toujours accroché à l'émission pendant ses 3h ou 3h30. Comme il fallait bien sortir parfois, on quittait l'écoute non sans mettre en route le magnéto, histoire d'écouter la fin de l'émission en rentrant. En ces temps lointains on n'en était pas encore à les capter en intégralité, sûrs que nous étions que ça ne pouvait que durer toujours, et incapables d'imaginer qu'un jour ces émissions allaient nous manquer. On a de ces naïvetés...

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Samedi 20 février
00h31 – 00h46 :
Portrait Camus : l’homme de théâtre (22 juin 72) par Pierre Minet
00h46 – 02h11 :
Les silences d’André Maurois (6 oct 78) par Anouk Adelmann

Dimanche 21 février
01h00 – 04h25 :
Le bon plaisir de Frédéric Pottecher (19 avril 86) prod Jacques Fayet
04h50 – 06h10 :
Feuillleton : L’amour dans la ville 1 (8 au 11 nov 93) Gérard de Cortanze, Réal Christine Bernard-Sugy

Lundi 22 février
01h50 – 03h20 :
Fiction : Le naufragé de Valparaiso (22 janv 94) Luis Mizon, réal Etienne vallès
03h20 – 04h40 :
Surpris par la nuit – La Samaritaine (22 fév 07) prod Simone Douek
04h40 – 05h00 :
Poêtes polonais : Ladislas Broniski, Sophie Navroka, Kristof Grouchinsky (13 aout 48) par Jacques Reynier
05h00 – 06h00 :
Feuillleton : L’amour dans la ville 2 (12 au 16 nov 93) Gérard de Cortanze, Réal Christine Bernard-Sugy

Philippe Garbit parle de sa radio hier au micro de Thomas Baumgartner. On entend des extraits de sa première Nuit Magnétique en 1983 avec en intro un solo de guitare récupéré chez Manset, et ensuite la voix de Suzy Mante-Proust. Les commentaires de Garbit sur la façon dont il avait été mettre en boîte ces souvenirs de la nièce de Marcel Proust. Ensuite un morceau d'archive gratiné des 60's, l'émission "Aux 4 vents" dont la page des Passagers offre l'intégralité pour qui voudra l'écouter à la demande. Et puis des considérations sur le programme des Nuits et l'auditeur des mêmes. On apprend que l'auditeur, passé 23h, est à la fois plus attentif et plus exigeant. Mais surtout, pendant toute l'émission, on entend quelqu'un qui a été formé à la création radio dans les années 80.

Alors il y a un certain sérieux dans cette voix entendue hier chez Baumgartner, voix que l'auditeur des Nuits connait bien. Oui du sérieux comme dans celles des deux autres microteurs nocturnes Marc-Hubert Floriot et Geneviève Huttin. Avec ces gens on est vraiment à des kilomètres du style et du ton que prend FC pendant les heures de journée, un ton saturé en tics vocaux et en énergies mal gérées : ça part des accents d'intensité superflus en imitation du JT de 20h ou du style publicitaire ; ça va jusqu'au ton de stentor-camelot que prend Lebrun quand il passe du studio à l'estrade ; et ça passe, hélas de hélas, par les embrouillaminis phrastiques de Laurentin , les musiquettes vocales répétitives, les hésitations simulées de Clarini ou pire celles pas du tout simulées de Bourmeau et Munier jusqu'à la bouillie verbale. Bref toute cette non-qualité orale qui fait que France Culture est de plus en plus torchonnée en même temps qu'elle est de plus en plus racoleuse et de moins en moins culturelle. Comme si "Culture" et "Qualité" étaient devenues antinomiques du credo de la chaine, qui doit être quelque chose comme "Réactivité + Facilité". Heureusement il y a des exceptions, et sur ce forum on ne se fait pas faute de leur rendre hommage. C'est le cas avec Baumgartner et Garbit. Et puis Veinstein aussi bien sûr. Sacré trio qui rassure l'auditeur "exigeant". Et tout ça serait parce qu'on est plus exigeant quand on réveille sa radio à 22h59 ? Misère...

Riche semaine culturelle en perspective dans nos Nuits de FC. Certes un peu marquée par l’ancien puisque presque tout date d’avant nos années favorites, les 80’s et 90’s. L’exception tout de même venue de ces grandes années, ça sera le Profil Perdu de Maurice-Edgar Coindreau mis en boite en 1992 par Dominique Rousset. Vu ce qu’on connait du style impeccable de la productrice, vu l’ambiance radio de cette époque et la qualité de calme sérieux qui caractérise la série Profils perdus, enfin étant donné le peu qu’on sait du sujet càd l’homme à la fois traducteur, éditeur, préfacier, qui introduisit en France Faulkner Dos Passos Hemingway & Steinbeck, eh bien on se permet d’attendre 2 h de radio à la fois instructive et vivante, loin du bruit furieux de l’actu dont FC nous gave en journée.

Pour le reste ça sera un peu plus ancien et c’est pas mal du tout : un numéro de De la nuit consacré à Watteau ; Colette Garrigues en Chine mais le temps et la place manquent aujourd’hui pour en dire plus donc ça sera pour une autre fois ; il y aura encore deux émissions de Pierre Sipriot « Un livre des voix », dont une avec Gisèle Prassinos attention c’est surement la dernière rediff de ce numéro très réussi ne le loupez pas sinon c’est direct la case ANPR ; on nous repasse le portrait de Camus par lui-même en 1955 (production Jean Mongin) déjà proposé le 10 janvier ; et puis encore une causerie de Merleau-Ponty en 1948 celui-là c’est comme Pius Servient il y en a une tripotée tant pis pour ceux que ça fait souffrir de se râcler le ciboulot en avalant cette pilule d’intelligence certes un peu expédiée de la chaire (rappel : on est en 1948), mais après tout ça ne dure que 10 minutes serrez les dents vous verrez ça fait quand même du bien.

Et enfin, encore mieux que tout, il y aura en 2 livraisons les 9 numéros d'une lecture de Rilke dans la série de Jean-Vincent Bréchignac "Le livre de chevet". En l'occurrence, lecture des "Carnets de Malte Laurids Briggs", car c'est le livre que de chevet que pour la circonstance s'est choisi parmi d'autres (il explique pourquoi il a finalement préféré Rilke à Hugo) un lecteur à voix : Roland Dubillard

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On hésite à dire qui est ce personnage typique de l’atypique, parfaitement classable oui mais dans tellement de boites qu’on ne sait pas laquelle ouvrir en premier : la plus essentielle ou la moins principale ? Théâtre, probablement, mais ça serait reléguer injustement tout le reste. Alors disons acteur, auteur, homme de théâtre et pour tout ça homme de radio, et encore poète, showman du monologue, qui mèle la dérision, l’humour noir, le désespoir ? D’abord acteur Roland Dubillard a commencé dans l’après-guerre à trainer son impassible fantaisie, de salles d’auditions en studios un peu partout où il pouvait placer son humour si personnel. Il était flanqué à cette époque de ses deux amis François Billetdoux et Pierre Dumayet, le second raconte que quand ils annonçaient à la suite leurs trois noms ça sonnait comme une blague alors qu’il n’y avait pas un seul pseudonyme sur les trois. Quoique la plus grande partie de son activité sera théâtrale, on le verra passer au cinéma notamment plusieurs fois chez Mocky, au total dans une cinquantaine de films où il introduit son personnage toujours décalé, à l’image de son rôle de concierge dans une cité de transit, sorte de Diogène de l’urbanisme moderne qui ponctue et conclut d’un petit morceau de bravoure le film de Jacques Baratier, « La ville-bidon ».

Il y en aura des sommets dans le parcours de Roland Dubillard : des succès au théâtre qui en feront de son vivant certes un classique de l’absurde, un absurde plus proche de Pirandello que de Ionesco, moins chargé du délire abstrait que de l’humble tragédie quotidienne de l’homme. Un classique de l’humour aussi, humour loufoque et nonsensique comme un Pierre Dac grinçant qui voudrait surtout ne pas faire hurler rire, mais peut-on faire de l’humour pour ne pas faire hurler de rire ? Dubillard visait autre chose que le gros rire. Et il savait s’y prendre, comme le montrent ses Diablogues qui furent fort bien servis par quelques grands comédiens tels Henri Courseau, Claude Piéplu, André Dussollier, Jacques Seiler.

Par chance pour nous, Roland Dubillard, c’est aussi de la radio. France Culture nous en offre périodiquement, avec par exemple un hommage spécial des Papous en 2 émissions (novembre 1998) ; et puis de Théâtre ou de fictions rediffusées, en entretiens Mémorables ; de Diablogues en Chemins de la connaissance dont il eut les honneurs en 2003 pendant une semaine complète (série « La maison des mots ») ; enfin, une chance pour nous, cette semaine dans les nuits avec cette lecture de Rilke. L’homme (Dubillard, pas Rilke) avait fréquenté le Club d’Essai de Jean Tardieu, un jardin-laboratoire qu’aujourd’hui à FC on ne cesse de nous présenter comme le modèle des modèles alors que la station s’échine à faire tout le contraire. Sur Inter quelques années plus tard, vint la série-feuilleton Grégoire et Amédée produite et écrite avec Philippe De Cherisey, qui préfigure les diablogues. A France Culture il y aura de la fiction et du théâtre. Encore plus tard, Dubillard sera l’un des esprits tutélaires planant par l'intermédiaire de son ami Bertrand Jérôme au-dessus de l’esprit des Décraqués, peut-être bien sans même le savoir tant sa façon d’être présent prenait parfois la forme d’une étonnante absence. Allons l’absurde serait-ce contagieux ? Figurez-vous ça : quand on connait Dubillard depuis toujours parce qu’on l’a toujours vu et remarqué (il faut dire que sa dégaine est à la fois excessivement normale et impossible à ne pas remarquer), quand on s’essaye à le croquer en seulement quelques lignes, on se surprend à lâcher de la formule nonsensique : « un homme grandement présent et pourtant toujours absent ». Et si justement c’était tout sauf de la formule ? Un cliché de la conversation dit que les hommes sont tous différents, seulement il y en a qui sont vraiment différents, plus différents que les autres ajoutera celui qui voudrait remettre droit un vieux trick de Georges Orwell que des gens cultivés attribuent à Coluche. Eh bien Dubillard n’aura cessé de devenir avec le temps un de ces gens « différemment différents » parce que tellement autre, il semble ailleurs à chaque instant.

Reste sa présence enregistrée ou imprimée. Quand on n’a pas la chance de l’avoir encassetté, que ce soit avec sa mise en scène de « Naïves hirondelles » pour la télé française (mais ça on peut l’attendre en DVD lors de temps meilleurs), ou bien par sa voix radiophonée, alors un bon moyen d’entrer dans le monde de Roland Dubillard, c’est d’ouvrir le gros volume de ses « Carnets en marge » édité par Diane Henneton chez Gallimard en 1998. 54 carnets de 1947 à 1997, où l’on voit l’artisan à l’oeuvre. D’ici jeudi et même après on en trouvera des extraits ici-même.

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Mardi 23 février
00h31 – 02h06 :
Du doute à la révélation- La Chine pour le monde occidental (14 avril 76) par Colette Garrigues
02h06 – 02h31 :
Albert Camus par lui-même (19 mai 55) Prod Jean Mongin

Mercredi 24 février
00h31 – 00h46 :
Causerie de Maurice Merleau-Ponty sur l’espace, dans l’heure de Culture Française (16 oct 48)
00h46 – 02h11 :
Le livre de chevet – Roland Dubillard lit Rilke : Carnets de Malte Laurids Briggs. 1^ère partie (28 nov au 6 déc 66) Prod Jean-Vincent Bréchignac

Jeudi 25 février
00h31 – 01h31 :
Profils perdus – Maurice Edgar Coindreau, 1ere partie (14 mai 92)
01h31– 02h11 :
Le livre de chevet de Roland Dubillard 2^e partie (7 au 9 déc 66) Prod Jean-Vincent Bréchignac

Vendredi 26 février
00h31 – 01h31 :
Profils perdus – Maurice Edgar Coindreau, 2e partie (21 mai 92)
01h31 – 02h11 :
Un livre des voix : L’idiot (9 sept 77) par Pierre Sipriot

Samedi 27 février
00h31 – 01h26 :
De la nuit - Watteau (29 sept 77) Prod Gilbert-Maurice Duprez
01h26 – 02h11 :
Un livre des voix : Trouver sans chercher, de Gisèle Prassinos (21 fév 77) par Pierre Sipriot