Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Cette semaine dans les Nuits, une série Albatros c'est à dire de la poésie. En l'occurrence classique et chinoise. Le reste est prévisible par les habitués des nuits, qui pour éclairer les non-habitués des rediffs du programme de nuit, leur diront ainsi de quoi il retourne :
- Le 6ème numéro d'une série Tchékhov en cours de rediff ces jours-ci dans les nuits. Cela dit, la diffusion a été perturbée, comme expliqué 2 posts plus haut : le 1er épisode n'a pas été programmé tandis que les 4 et 5 ont été remplacés in extremis par autre chose. Dans cet épisode, on nous annonce de l'actualité Tchékhov en 1971, sous forme d'une table ronde. Attendez vous à entendre les souvenirs de Sacha Pitoëff (belle voix) et de la discussion avec Claude Mauriac et aussi Dominique Arban mais sans Starobinski pour cette fois. En invité magnétique, Eugène Ionesco.
- Une séquence de l'Heure de Culture Fançaise : causerie sur la pensée moderne. On ne dit pas de qui est cette causerie mais d'après le titre et la date je mettrais bien une pièce sur Merleau-Ponty (un bon cheval pour l'HCF en novembre 48).
- Un numéro de l'émission de Marianne Oswald "Terre des enfants" (qu'on a présentée en post n°17 )
- Une lecture de Claude Mettra, d'après le titre c'est pas si facile de savoir d'où ça sort, mais enfin à vue de nez ça sera plus de la littérature moderne que de la mythologie ou du conte. Enfin faut voir, ou plutôt faut entendre.

Reste le Jean-Loup Rivière de l'Atelier de création radiophonique, ce soir à 00h30. A l'époque l'ACR durait 2 heures. Jean-Loup Rivière y intervint de 72 à 78. Homme de théâtre, enseignant, traducteur, critique, c'est bien le même que les auditeurs de Joelle Gayot on entendu chroniquer dans "Place au théâtre" jusqu'en juin dernier. A part ça, cet ACR étant en première rediff, je ne trouve rien. Ca sera la surprise du chef.

Mardi 1 décembre
00h31 – 02h31 :
A.C.R. : Toutes et roses (16 fév 76) par Jean-Loup Rivière

Mercredi 2 décembre
00h01 – 01h56 :
Albatros : poésie classique chinoise 1ère partie (13 au 20 mai 79) Prod Gil Jouanard & Jeanine Antoine
01h56 – 02h11 :
L’arche de la nuit : L’enfance retrouvée (19 mai 77) Par Claude Mettra

Jeudi 3 décembre
00h01 – 01h56 :
Albatros : poésie classique chinoise 2e partie (27 mai & 3 juin 79) Prod Gil Jouanard & Jeanine Antoine
01h56 – 02h11 :
Heure de Culture Française : Le développement de la pensée moderne (13 nov 48)

Vendredi 4 novembre
00h31 – 01h56 :
Albatros : poésie classique chinoise 3e partie (10 & 17 juin 79) Prod Gil Jouanard & Jeanine Antoine
01h36 – 02h12 :
Terre des enfants – L’ours blanc d’après Robert Desnos (6 mars 52) Prod Marianne Oswald

Samedi 5 décembre
00h31 – 01h11 :
La leçon de ténèbres : Victor Hugo, La mer (22 mars 72) par Jean-François Noël
01h11 - 02h11 :
Tchekhov connu et méconnu : Actualité (20 nov 71) par Alain Prechac et Bernard Latour

Au programme ce week-end, d’abord la 6ème émission de la série Tchékhov dont la récente rediffusion en nocturne a été l’occasion de quelques malheurs pour les collecteurs : le premier numéro semble avoir échappé aux filets des pêcheurs d’archive. Les 5 suivants sont donc renumérotés de 1 à 5 mais ça n’est pas la fin des ennuis : la semaine dernière, l’émission de jeudi et celle de vendredi ont été remplacées par un bon tour que nous a joué le trickster logé dans la numérotation des fichiers (puisque tout cela est automatisé bien sûr). Résultat les demandeurs du Tchékhov de 1971 se sont vu livrer du Enthoven de l’année. C’est terrible les erreurs de livraison savez-vous : imaginez un peu qu’on vous remplace votre part de moka par une pizza !!! Garbit a rendu hommage au SAMU qui a du rafistoler les plus désespérés des auditeurs parait-il à coups de Cognac et de Pelforth. Mais tout cela sera réparé lors de la prochaine rediffusion en Nuits, prévue dit-il en février (2010, qu’on se rassure) : les impatients devront patienter, et les très impatients iront tenter leur chance sur ANPR.

Et à part ça ma tante, comme disait Voltaire, quoi d’autre ce week-end ? Eh bien comme c’est franchement riche, tout d’abord un documentaire récent produit par Simone Douek (grande signature) dans Surpris par la Nuit, un feuilleton de 1991 par Patrice Galbeau présenté en 2 livraisons, et un Edgar P. Jacobs en 2x1h par Jean Daive et Jean Couturier. Voila 3 affiches qui inspirent confiance. Ensuite, on signalera plus particulièrement :

- Dans la nuit de samedi à dimanche, Julien Gracq interviewé par José Pivin et par Pierre Lhoste, dans la série "Tous les bonheurs du jour sont dans la matinée". Les bonheurs de Gracq c’est une enfance libre et solitaire à Saint-Florent-le-vieil ; ce sont aussi des souvenirs historiques de la Vendée, c’est aussi Wagner et plus précisément Parsifal. Attendez vous à entendre tout cela en 1h et demie avec de la musique et des lectures par quelques grandes voix dont Alain Cuny et Bruno Cremer. Ces 90 minutes sont un bien agréable moment de radio toute de calme et de profondeur, juste ce qui manque maintenant sur FC gagnée par l’hystérie, diront les mécontents qui n’écoutent la station que dans les 80% de son temps d’antenne dévolu aux débats de l’actu.

- La Tribune de Paris, série toujours aussi désuète est présente ce week-end en 2 numéros : l’un de 1946 pour annoncer le Festival de Cannes qui en ce temps là, se passait en septembre. 1946 c’est le premier après le faux départ de 1939. Paul Guimard reçoit 4 des 5 sélectionnés français Daquin, Cocteau, Clément, et Delannoy qui sera au palmarès pour l’une des 11 palmes d’or ex-aequo.
L’autre Tribune de Paris rediffusée dans la nuit de dimanche à lundi est un peu antérieure, datée de mars 46 plutôt que de 2008 comme l’annonce le site de FC : pour un tel exploit il aurait fallu ressusciter Paul Guimard, Merleau-Ponty et le pas encore Cardinal Daniélou. Dans la table ronde qui réunit ces commentateurs, on entendra un tableau d’une jeunesse guettée par l’anomie dans l’immédiat après-guerre. Une jeunesse saturée d’incertitude économique, dégoutée de la comédie politique et sociale, et par là un contrepoint à l’enfance évoquée par Julien Gracq quelques heures plus tôt. Bref, à la fois une dissonance et une concordance des temps qui amuserait Jean-Noël Jeanneney car il y a de quoi raviver la flamme peut-être un peu pâlichonne de son émission du samedi matin.
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Samedi 5 décembre
00h31 – 01h11 :
La leçon de ténèbres : Victor Hugo, La mer (22 mars 72) par Jean-François Noël
01h11 - 02h11 :
Tchekhov connu et méconnu : Actualité (20 nov 71) par Alain Prechac et Bernard Latour

Dimanche 6 décembre
01h00 – 02h45 :
Feuilleton : L’Orientale, de Nine Moati 1ère partie (30 aout au 3 sept. 91) Patrice Galbeau & Anne Lemaître
02h45 – 03h05 :
Tribune de Paris – Le festival de Cannes (20 sept. 46)
03h05 – 04h10 :
Documentaire d’été – Edgar P. Jacobs 1ère partie (1er août 87) Jean Daive & Jean Couturier

Lundi 7 décembre
00h20 – 01h45 :
Feuilleton : L’Orientale, de Nine Moati - 2e partie (4 au 8 sept. 91) Patrice Galbeau & Anne Lemaître
01h45 – 03h10 :
Tous les bonheurs du jour sont dans la matinée – Julien Gracq (2 mai 59) Par José Pivin
03h10 – 04h15 :
Documentaire d’été – Edgar P. Jacobs 2e partie (8 août 87) Jean Daive & Jean Couturier
04h15 – 05h35 :
Surpris par la Nuit : A la Samaritaine (22 févr 07) Prod Simone Douek
05h35 – 06h00 :
Tribune de Paris – Le mal de la jeunesse (29 mars 46)

Cette semaine, une série de classiques pour les Nuitards : poursuite du cycle Cayrol qu'on nous offre depuis 3 mois ; une lecture d'un mythe ou d'un conte par la voix de de Claude Mettra ; évocation de la grâce de Gene Tierney aux Mardi du cinéma ; une causerie philosophique de Merleau-Ponty (peut-être) ; une lecture de Borges par Michel Bouquet (il y a un an on avait eu La loterie à Babylone lu par Pierre Vaneck ; pour cette fois ça sera une surprise).

Et puis la nuit prochaine, un AVoixNue consacré au physicien Etienne Bauer sera l'occasion de réentendre (et pour moi, de découvrir) la voix et le style d'interview radio d'un producteur de la première heure de la RTF : Jean de Beer, né en 1911 et mort en 1995 après avoir fini son parcours radio du côté de la Courtoisie (pour info : il s'agit d'une radio fauchée, lourdement engagée politiquement et pour cela guère sympathique à certains, ses infos d'actu étant tout aussi idéologiquement orientées que sur France Culture quoique dans un autre sens, disons, enfin son programme un peu plus culturel à certaines heures que celui de FC). Jean de Beer aura donc passé une quarantaine d'années à la radio tout en occupant diverses fonctions dans nombre d'institutions à vocation politique ou culturelle, depuis le ministère de l'information en 1944 jusqu'à la SGDL dont il fut vice-président, en passant par la Comédie Française qu'il dirigea dans les années de l'après-guerre et dont il resta administrateur jusqu'en 1974.

A la radio nationale depuis 1945, Jean de Beer fut l'auteur de très nombreuses fictions avec Guy Delaunay et René Jentet et producteur de non moins nombreuses émissions de théâtre. Il laisse aussi un souvenir presque récent avec son émission du samedi matin "Le monde contemporain", émission voulue par Pierre de Boisdeffre, et préfigurant d'une certaine façon l'Esprit Public de Philippe Meyer. Le principe en était le débat contradictoire sur les faits de l'actu (oui, déjà !), débat qui plaçait face à face De Beer et Francis Crémieux. Chacun des deux participants y ferraillait contre l'autre, l'un étant un communiste déclaré, l'autre un gaulliste non moins déclaré, et tous les deux anciens résistants. L'émission vit de 1966 à la rentrée d'automne de 1984 et se conclut en anecdote : supprimée pour laisser la place dit-on à Répliques d'Alain Finkielkraut (merci à qui pourra infirmer ou confirmer), cette suppression suscitant une fronde d'auditeurs dont le résultat sera la naissance de l'Association des Auditeurs de France Culture. Cette dernière existe encore et après quelques années de remous contestataires, elle semble avoir retrouvé sa ligne ancienne, d'échanges fructueux avec la station. Pour découvrir le nouveau site de l'AAFC, clicker ici

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Mardi 8 décembre
00h31 – 02h31 :
A voix nue : Etienne Bauer (Juin 89) par Jean de Beer

Mercredi 9 décembre
00h31 – 01h36 :
La province et mon coeur – En Gironde avec Jean Cayrol (22 mars 61) Par Claude Dupont

Jeudi 10 décembre
00h31 – 01h36 :
Soirées de Paris – Faut-il réussir ? Hommage à Raymond Roussel (26 fév 56) Par Richard Elie
01h36 – 02h11 :
Bonnes nouvelles Grands Comédiens – Michel Bouquet lit Jorge Luis Borges (3 fév 72) Prod Patrice Galbeau. Réal Guy Delaunay

Vendredi 11 novembre
00h31 – 02h01 :
Entretien avec Dominique Rolin (18 au 23 oct 71) par Anouk Edelman
02h01 – 02h11 :
Heure de culture française – Le monde comme volonté et comme représentation (7 nov 49)

Samedi 12 décembre
00h31 – 01h56 :
Mardis du cinéma – Gene Tierney (2 janv 96) Prod Michel Cazenave
01h56 - 02h11 :
L’arche de la nuit – La barque des âmes (10 mai 77) Par Claude Mettra

Le programme des Nuits était un peu approximatif :
on a entendu Etienne Bauer au micro de Georges Léon
pour un seul numéro de A voix nue.

Le reste du programme
c'était une édition presque complète
du "Monde contemporain" datée du 14/9/1968,
consacré au mouvement Pugwash
dont le physicien Etienne Bauer
avait été un participant.

Et pour le reste de la semaine dans les Nuits, rien de changé cf post 73

Ce week-end de nouveau la radio de nuit vise large : de 1953 à 2009. Fidèle au principe qui consiste à passer sur le tout venant et à signaler plutôt la rareté et donc l’ère anté-podcast, on passera logiquement sur le très récent, pour attirer l’attention sur le reste : comme on s’y attendait il y aura la fin du feuilleton de Patrice Galbeau d’après Nine Moati. Plus quelques séries qui font la joie des habitués de la nuit (lundi de l’histoire, mardis du cinéma, lecture Claude Mettra).

Mais c’est pas tout : la nuit de dimanche à lundi sera belle. D’abord avec une « Soirée de Paris », 1h40 consacrée à Robert Desnos en 1953, 8 ans jour pour jour après la mort de Desnos en déportation, vaincu par le typhus dans le camp de Theresin à peine libéré. C’est une belle affiche pour cette soirée radiophonique de 1953 signée Pierre Bergé, avec lectures de Roger Blin, Jean Topart, Michel Bouquet, les voix de quelques témoins comme Georges Neveu, Madeleine Renaud, et des airs de Kurt Weill et Darius Milhaud orchestrés par André Popp. Réalisation Alain Trutat

Toujours entre dimanche et lundi, rediff de deux Surpris par la Nuit pas si récents car antérieurs à l’ère Podcast : d’abord un documentaire d’un genre rare mais toujours spectaculaire, avec la redécouverte et même carrément la renaissance d’un film enfoui dans les placards de l’histoire du cinéma. Jamais distribué, non pour raisons commerciales comme il y en a des tas à dormir ainsi chez les producteurs. Non celui-là, c'est pour raison politique : film militant clandestin tourné dans le port de Marseille en 1954. Saisi par la police dès sa première projection, et considéré comme détruit, retrouvé 50 ans après dans les placards de l’I.N.A. Toute cette histoire vaut la peine d’être raconté et entendue.

Et pour finir le week-end, un autre documentaire un peu plus éloigné dans le temps, juste assez pour que le site de FC n’en ait conservé la moindre mémoire. Heureusement que Monk est là avec son site incomparable, pour nous fournir les infos manquantes : c’est une évocation de Pierre Herbart, sous-titrée « Le grave et le distrait ». Attendons nous à retrouver le voisinage de quelques fantômes, de Gide à Camus en passant par Nizan, Guilloux, Dabit. Mais c’est aussi, probablement, une vie dans le siècle, vie assez remplie d’aventures depuis sa naissance à Dunkerque, vie de déclassé, mais tissée de rencontres notables et d’itinérances, du Maroc de Lyautey à la dèche finale sous perfusion Gallimard. Au micro Béatrix Beck, et les dangereux gauchistes Sorin & Guégan (anciennes victimes des Champ-Libre's Brothers Debord&Lebo). Le documentaire est de 2000, dû à Catherine Soullard c’est-à-dire à une des meilleures signatures de la station, en cette période pas si lointaine, ah si seulement on nous les rendait, ces producteurs-là....

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Samedi 12 décembre
00h31 – 01h56 :
Mardis du cinéma – Gene Tierney (2 janv 96) Prod Michel Cazenave
01h56 - 02h11 :
L’arche de la nuit – La barque des âmes (10 mai 77) Par Claude Mettra

Dimanche 13 décembre
01h00 – 02h20 :
Feuilleton : L’orientale (fin) d’après Nine Moati (9 au 11 septembre 91) Prod Patrice Galbeau
03h05 – 04h30 :
Lundis de l’Histoire – La bureaucratie chinoise (10 mars 69) Par Jacques Le Goff
04h30 – 06h05 :
Un homme une oeuvre – Jean Vilar (26 nov 66) Prod Roger Pillaudin

Lundi 14 décembre
00h20 – 01h50 :
Surpris par la Nuit – Paul Carpita, le rendez-vous des quais (31 mars 05) Prod Pascal Tessaud
01h50 – 03h10 :
Soirées de Paris : Vous avez le bonjour de Robert Desnos (7 juin 53) Alain Trutat
03h35 – 04h25 :
Fiction : La main de papier (9 décembre 06) Par Bertrand Leclair. Réal : Michel Sidoroff.
04h25 – 06h00 :
Surpris par la Nuit – Pierre Herbart, Le grave et le distrait (24 mai 2000) Prod Catherine Soullard

Pris par le temps et par une intolérable panne machine, on recycle ici un précédent billet en prévoyant de livrer ce soir le programme des jours à suivre.

En attendant, qu'on sache que ce soir les Nuits poursuivent leur hommage à Daniel Caux avec un Atelier de Création Radiophonique de 1975(donc durée 2h) co-produit avec Andrew Orr. Daniel Caux c'est un ancien de l’ORTF mais aussi de Combat, de Jazz Hot et de L’Art vivant, passé des Zarza’ et de la peinture, à l’ACR et aux musiques modernes, devenu un compagnon de route d’Alain Trutat et un musicologue de toutes les musiques, fort présent sur France Musique et dans les émissions de création de FC (Nuits magnétiques, ACR, Surpris par la nuit). A Daniel Caux disparu en juillet 2008 l’ACR avait rendu hommage quelques mois plus tard. Décibels fit de même. Les Nuits ont repris le flambeau puisqu'on nous en a déjà proposé un ou deux. En général, un ACR de Daniel Caux c'est plutôt sonore que verbeux et plutôt musical que bruité.

Mardi 15 décembre
00h31 – 02h31 :
Atelier de création radiophonique : Mohamed el Moujahir (28 janv 75) par Andrew Orr et Daniel Caux

Toute la semaine va sembler assez ancienne aux auditeurs de 2009. Divers oldies dont hormis probablement Jules Laforgue (nuit de vendredi) on ne sait pas encore si ce seront vraiment des goodies. Au moins on est déjà certain que ce seront des documents : par exemple 2 fois Jacques Rueff dont une au micro de François le Lionnais ; par exemple la boxe en 1949 dans le 10ème arrondissement parisien. Ambiance d’époque garantie pour les amateurs de voyage dans le temps. On signalera aussi la réunion en série d’une causerie/entretien hebdomadaire de Jacques Lacarrière initialement livrée dans l’Heure de Culture Française dont on a déjà dit un mot ici.

Jacques Lacarrière c’est bien et c’est un classique de la chaîne. Pourtant, le moment saillant dans les Nuits de cette semaine sera bien plus le numéro d’une émission produite par Jean Mitry & Claude Beylie pour le programme de France III National (comme on appelait alors FC) : « Connaître le cinéma », série conçue comme un ciné-club radiophonique. Les auditeurs de Michel Ciment reconnaîtront l’indicatif : musique de Jaubert pour l’Atalante. Qui dit ciné-club dit projection et dit débat ; vous y coupez de la projection mais vous n’échapperez pas au débat, avec présence de Georges Sadoul himself. Certains qui seraient tentés de quitter l’écoute aux premiers commentaires gratinés, gagneront à patienter en se remémorant la célèbre vacherie de Michel Audiard : « celui qui n’a jamais assisté à un débat dans un ciné-club, ne peut pas vraiment dire qu’il s’est marré dans sa vie ».  

Ils en profiteront pour chercher quelques infos sur Jean Mitry, pionnier en diverses matières car présent dès 1935 aux côtés de Franju et Langlois dès les premiers pas de la cinémathèque ; et puis aussi un des premiers historiens du cinéma, très tôt enseignant à l’Idhec ; et encore un des premiers à offrir une référence consistante sur le cinéma expérimental (Mitry lui-même est un expérimentateur discret) avec son livre de 1974 chez Seghers, ouvrage certes imparfait mais qui fut longtemps le seul et donc nous rendit autrefois bien des services ; enfin, un des premiers analystes du langage filmique, précédant la vague des sémiologues structuralistes et de leurs excès d’interprétation à la française.

Quant au film pris pour sujet par ce numéro de « Connaître le cinéma » daté de 1963, c’est « L’île nue », qui avait fait connaître Kaneto Shindo en Europe. On oublie difficilement cette bête à concours destinée aux festivals occidentaux, comme quelques autres films japonais bien connus des années de l’après-guerre, des 7 Samouraïs à Kwaïdan. Il connaîtra une plutôt bonne carrière dans les ciné-clubs catholiques des années 60 dont les ensoutanés organisateurs furent d’affables amateurs du pic de sensiblerie en même temps que diffuseurs de bobines volontiers saturées en bonnes intentions. Et comme il est dit de façon assez furibarde pendant le débat, de bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film. De même que France Culture nous montre plusieurs fois par jour qu’elles peuvent, les bonnes intentions, ne pas suffire à faire de la bonne radio et au contraire charrier finalement plutôt de la caricature. Tout ça on va l'entendre car ils ne se privent pas de le dire les spectateurs de Jean Mitry pourtant lui-même tout sauf niais face à son « beau film ». Dans la salle, la discussion est donc assez bien prise dans le vif, ça veut dire qu’on s’y engueule ferme en même temps qu’on s’en prend aux poncifs du film ; non sans éviter d'ailleurs quelques autres âneries, notamment lors de la comparaison avec Flaherty à l’avantage de ce dernier, pourtant redevable des mêmes reproches.

Alors au premier degré du plaisir radio ou cinéma, on peut regretter que le choix se soit porté sur ce film et non sur un autre Shindo par exemple Les Tueuses (Onibaba). Ou mieux : pourquoi pas un « Projection privée », puisqu’aux dernières nouvelles Shindo quoique né en 1912 tourne toujours, comme la Terre et comme Manoel de Oliveira qu’il talonne de près dans la foule des réalisateurs centenaires ou quasi. Mais passons sur cette relative déception, car c’est pas ça qui est important : en 2eme partie d’émission, la plongée dans le ciné-club de 1963 qui constitue notre programme de radio-club en 2009, nous ramène traîtreusement à nos turpitudes d’auditeurs et de forumeurs. Car le débat mute non sans demeurer aussi nerveux qu’instructif, et passe à la critique de la critique. Cette dernière (suivez bien : la critique et non la C de la C) se voit étrillée à son tour au motif que pour jauger en bien ou en mal de la qualité du travail offert, certains s’exonèrent de la minimale honnêteté intellectuelle que réclame l’exercice. Le débat se clôt dans une ambiance de paix larvée après la baston. C’est par ironie certainement que les Nuits nous offrent ici, en même temps qu’une émission de cinéma, une nouvelle occasion  de mettre en miroir à la fois la radio et la critique radio qui justifie l'existence de "regardsFC", critique jugée par certains vacharde voire injuste, et par d'autres jugée illisible, pourtant elle recueille aussi son lot d’encouragements.

Enfin, on n’oubliera pas tous ceux qui s'efforcent de produire de la critique qui ne soit pas seulement du jugement ou même de l’analyse, mais qui soit aussi de l’ordre de la proposition. Ceux là auront à coeur de ne pas louper la présentation de Marc Floriot qui, comme souvent, est un modèle de proposition.

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Mercredi 16 décembre
00h31 – 01h36 :
Heure de culture française : l’invention du monde 1ère partie (7 & 14 avril 71) par Jacques Lacarrière
01h36 – 02h11 :
Grandes conférences : Jacques Rueff (8 nov 68)

Jeudi 17 décembre
00h31 – 01h36 :
Heure de culture française : l’invention du monde 2è partie (21 & 28 avril 71) par Jacques Lacarrière
01h36 – 02h11 :
Connaitre le cinéma – L’île nue (24 fév 63) par Jean Mitry

Vendredi 18 décembre
00h31 – 02h01 :
Heure de culture française : l’invention du monde 3è partie (5 & 12 mai 71) par Jacques Lacarrière
02h01 – 02h11 :
Plaisir de la lecture – Jules Laforgue (18 juil 61) par Henri Simon

Samedi 19 décembre
00h31 – 00h56 :
100 ans sur les mers, la Compagnie Transatlantique (6 juin 55) par Roland Dhordain
00h51 – 01h51 :
Entretiens avec Jacques Rueff (2 au 9 janv 68) par François Le Lionnais
01h51 - 02h11 :
Boxe à la Grange aux belles : Baby D. contre Georges Royer (18 sept. 49) par Pierre Bourillon