Bonjour à vous -
Mon enthousiasme pour les "Passagers de la Nuit" est relatif, mais réel et sincère. Et constant, même.
Après 4 soirées, je maintiens mon jugement, quoique sans guère d'arguments à l'appui : c'est que contrairement aux magazines et aux documentaires, pour lesquels je sais exactement ce que je demande, ce que j'apprécie, et ce que je ne tolère pas, eh bien pour ce qui est de la radio de création je n'ai pas tellement de critères précis. En y réfléchissant et ça c'est grâce à vous, je me reporte à quelque vieux Clairs de Nuit, et là je vous dirais que je me contente d'une ambiance, d'un peu d'inspiration et d'un minimum d'intimité dans le ton, à condition toutefois :
- qu'on n'écorche pas mes oreilles par un mauvais goût sonore (ce critère est subjectif je l'admets)
- que ça ne dégouline pas de vanité intellectuelle ou de lourdeur politico-moralisante
- que je n'aie pas le sentiment d'entendre une andouille qui fait joujou avec des bobineaux.
Ces critères, je m'en rends bien compte, sont sujets à quelque approfondissement, ce à quoi je vais m'employer durant les prochaines soirées devant ma cheminée. Mais enfin, en ce qui concerne feu "Surpris par la nuit", j'ai en mémoire divers documentaires, ainsi que nombre des émissions créatives (celles de Christian Rosset), et des évocations littéraires (par exemple un Fernando Pessoa par Véronique Puchala, et dernièrement 3 soirées Kérouac) qui correspondent à la définition ci-dessus. Bref j'apprécie que, quitte à faire de la création, on ne cherche pas à envahir mes esgourdes ou mon ciboulot. A cette condition je puis ouvrir les trois, et ainsi me laisser porter. Avec Baumgartner ça marche.
Cela dit, vous avez bien fait de mentionner Farabet, car ça me permet de rectifier une imprécision de mon post initial : je n'étais pas mais alors pas du tout client de ses ACR, à Farabet, pour cause précisément de vanité assez creuse dans bon nombre de cas. Donc ma mention de l'autre soir voulait plutôt faire référence à certains ACR "de la période" Farabet, et pas tant à ceux de ce maitre-ès-hermétisme qui donnait la parole à tout un tas de fumistes de l'intelligentsia parisienne triomphante, par exemple des Derrida ou Deleuze (ce dernier en a tout de même réussi un ou deux d'excellents, ça je l'admets). Ah non sous la signature de Farabet justement, oui que ça sentait les bruits de casseroles et tonitruants encore, et aussi la poésie hermétique et puis le mayssââje, alors tout ça justement je dis "non merci". Disons qu'il y avait plusieurs Farabet. D'une part celui du coup de tonnerre et du bruit d'aile ; d'autre part celui de Tchernobyl. Le premier je lui tire mon chapeau. Le second m'emmerdait furieusement. Et les deux qui l'ont remplacé s'y entendent pour activer la veine "art contemporain" et donc pour refiler console micro et nagra à des emmerdeurs immémoriaux. A eux aussi je dis (souvent mais pas toujours) : "Non merci".
J'apprécie l'ambiance créée par Thomas Baumgartner, son évident manque de prétention oiseuse, le ton quasi chuchoté qui nous repose après certains gueulards à gros sabots qui ont envahi la station (disons celle des 45' qui précèdent, tiens) et surtout, je le répète, l'absence de message idéologique. On peut se laisser porter. Je n'en demande pas plus.
J'espère que vous aurez à coeur de me montrer en quoi je me trompe sur Farabet (j'aimerais bien changer d'avis, mais malgré de sincères efforts je n'y parviens point).