Quand le jour meurt sur les canaux de Brugespar Stéphane Pizella
assistante de production Suzanne David
46 émissions de la série « Les nuits du bout du monde » (Inter Variétés, 1968), parties 26 à 28
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1-5,
6-14,
15-17,
18-22,
23-25.
26- À Bruges, un carillon et un piano blanc (08-10-1968)
chef opérateur du son René Cambien
collaboration technique Marcel Grenier
L'histoire reprend là où elle avait été laissée, c'est-à-dire à la toute première partie. Les 25 précédentes étaient un long retour en arrière démarrant après l'arrestation de Vanheim/Hugues Viane. Son meurtre ? Le mobile ? Durant près d'un an d'émission, Stéphane Pizella n'en a presque rien dit. Viane a étranglé une femme, et il garde précieusement une tresse blonde, celle de Maria. Au lieu de rester à Bruges, le récit a, pour suivre le principe de l'émission, parcouru le monde.
Un an plus tard, le récit reprend à zéro, et le carillon qui sonne est le même que celui de la première partie. Nous sommes à Bruges, le même jour, soit le 24 décembre. Et nous sommes partis pour y rester encore un moment.
Pizella fait enfin intervenir la police. Dans le bureau du commissaire, Viane se remémorait son histoire avec Palermo, et ces 25 émissions se déroulaient durant les quelques instants que le meurtrier passaient face au commissaire. Un étirement du temps phénoménal, qui prouve que dans cette émission, la balade importe plus que le point de chute.
Pourtant, dans cette partie, une transition est ménagée : au bout d'une vingtaine de minutes, retour avec Palermo, à Gênes, puis au Portugal. Voyage-souvenir vite interrompu, Pizella superposant plus franchement passé et présent, donnant cette fois-ci une plus grand importance au présent. Le piano, le Soupir de Liszt, accompagne une fois de plus ce voyage dans le temps.
Pizella n'avait que trop peu exploité Bruges, le retour à l'arrestation du pianiste offre une opportunité.
Le meurtre de Jeanne Scott reste inexpliqué, et bien loin d'expliquer son acte, Viane va au contraire épaissir le mystère. Pourquoi a-t-il tué ? Quel lien avec Palermo ?
1968/69 : Pizella, outre "Les nuits...", le mardi soir toujours sur Inter-Variétés, propose en semaine sur France Inter une émission d'une dizaine de minutes "Pour l'inconnue d'un soir" (du 1er septembre 68 au 27 février 69).
27- Le commissaire Van Der Elst (15-10-1968)
chef opérateur du son Jean Pantaloni
collaboration technique Jean-Pierre Junker
Pizella met en avant un nouveau personnage, celui du commissaire, qui seul va servir de confident à Viane / Vanheim. Il exploite enfin la ville du titre, et superpose son ambiance festive (nous sommes toujours le 24 décembre) au drame que vit le personnage à travers le passage du bureau du commissaire au restaurant, puis du restaurant sur le lieu du crime. Ensuite, Pizella va recentrer son histoire sur le pianiste et le commissaire, laissant de côté Palermo qu'il a exploité précédemment jusqu'à plus soif.
Plutôt que de se mettre dans la tête de Viane, ce qui était un passage obligé pour le récit des souvenirs, Pizella passe plus volontiers à un récit à la troisième personne, ou pour être plus précis, omniscient.
Rappelons que l'histoire superpose trois couches temporelles : le présent (meurtre et arrestation de Viane), cinq ans auparavant (la mort de Palermo), et dix ans encore avant (la rencontre avec Palermo).
Cette émission commence par une séquence durant laquelle Pizella répond au courrier reçu. Elle est émouvante à plus d'un titre. Avec beaucoup d'élégance, le conteur remercie ses auditeurs. Dans le courrier, une lettre d'une "pauvre vieille femme", d'un médecin, d'un révérend, et de plusieurs aveugles, qui grâce à lui voyagent dans le monde entier.
Il termine en évoquant sa disparition prochaine... Stéphane Pizella est décédé en effet peu de temps après, le 8 mars 1970. À partir de la fin de l'année 69, "Les nuits du bout du monde" n'étaient déjà plus que des rediffusions.
28- Le commissaire joue sur l'absurde (22-10-1968)
prise de son Sam Niesviski [?]
collaboration technique Pierre Braud
Le commissaire se comporte comme Maigret. Il a senti que la tresse de cheveux est la clé pour comprendre l'origine du meurtre.
Pizella va mêler l'histoire du commissaire et celle de Vanheim. Il n'est pas pressé. Les deux personnages sont tous deux veufs, et cette journée du 24 décembre rappelle la mort des deux femmes. Le récit va superposer les émotions du commissaire, et celles de Vanheim, qui revient encore une fois (la première était dans la première émission, c'est dire si nous ne sommes pas pressés) cinq ans en arrière.
Dans cette histoire, tout se dédouble : Palermo / Jeanne (= Jane) Scott, Vanheim / Viane, Palermo / Marieke, et bien sûr dorénavant Vanheim / Van Der Elst.
Deux bistrots se superposent aussi, celui dans lequel les deux hommes vont se réfugier, à la grande surprise de la propriétaire qui voit un meurtrier en compagnie du commissaire, comme deux amis en promenades, moyen aisé pour Pizella de continuer sa visite de Bruges, et le bistrot de tziganes dans lequel cinq ans plus tôt Vanheim s'est réfugié après son tout dernier récital. La séquence mêle donc violon tzigane, Puccini, et le piano de Liszt.
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