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Curly 


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Bolling arrangeur - Lun 19 Aoû 2024, 10:52

Philaunet(https://regardfc.1fr1.net/t818p100-les-emissions-estivales-de-france-musique#39785) a écrit:

Il semble que Claude Bolling, à qui est attribué l'indicatif du Pop Club, n'ait pas été non plus insensible aux arrangements de Neal Hefti : JOSE ARTUR Pop Club - indicatif légendaire Générique interprété par "Les Parisiennes" sur une musique de Claude Bolling.


Concernant ce générique du Pop, une citation musicale s'est perdue au fil du temps. L'introduction (orgue / trompette à 3'56 ↓) est un arrangement de Bolling de l'indicatif de France Inter de l'époque, premier indicatif de la station.

L'indicatif (une de ses déclinaisons) original durant les huit premières secondes de la vidéo (à 40'', Bouteiller & His Girl Talk) :

                                                         

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L'opération Tupeutla (Pierre Dac, Louis Rognoni, France Inter, 1966) -1- - Mar 22 Oct 2024, 10:36

Bons baisers de partout – L'opération Tupeutla (première diffusion : 17 janvier / 30 septembre 1966)
une émission secrète de Pierre Dac et Louis Rognoni
avec Héléna Bossis, Anne Caprile, Nell Reymond, Roger Carel, Georges Carmier, Maurice Chevit, Pierre Dac, Claude Dasset, André Le Gall, Jean Patrick, Jean Piat, Paul Préboist, Jacques Provins, Lawrence Riesner, Jean Servais, Alain Roland
bruitages Jean-Jacques Noël
décryptage et mise en code Jean-Wilfrid Garrett


L'INA a mis à disposition du public une version quasi-intégrale de la série. Incomparablement plus complète que la version en 15 CD d'environ une heure, chaque CD présentant des épisodes redécoupés pour n'en faire qu'un seul.
Cette version INA podcast dure pas moins de 27h40. Elle présente néanmoins quelques inconvénients, dont un inhérent à sa qualité de feuilleton quasi-quotidien truffé de digressions : les répétitions, ou les longueurs. Sans doute étaient-elles un peu moins criantes pour les premiers auditeurs, qui n'écoutaient, pour les plus fidèles, qu'un épisode par jour. En écouter plusieurs à la file change la donne, la construction d'ensemble apparaît au grand jour, elle est en fait simple, et permet toutes les circonvolutions tarabiscotées. Les plans du Biglotron (ex-Schmilblick) sont laissés à un agent secret afin de tenter les agents du monde entier. À partir de là, les auteurs peuvent broder comme ils le souhaitent.
Ce plan laissé en pâture au premier agent venu est censé être le vrai, ce dont on peut à un moment douter. Or, une ultime pirouette révèlera qu'il était en fait vraiment le vrai, et que le faux, finalement volé par l'ignoble Zorbec le Gras et son acolyte l'affreux Wilhelm Fermtag, était dans le coffre des services secrets français dirigés par le Colonel Hubert de Guerlasse. Révéler ces retournements ne gâche en rien le plaisir que l'on peut prendre à l'écoute.
Autre inconvénient : ce n'est pas une version intégrale. La dernière ligne droite, apparemment à partir du 140ème épisode environ, est tronquée. L'INA répertorie 176 épisodes. Sept épisodes sont passés à la trappe. Certaines parties sont clairement identifiables, comme l'épisode 147 ("La caille et la croûte"), dont il ne reste qu'une seule scène de 4mn entre Fermtag et Le Gras. Les résumés et relances d'Alain Roland ont été coupés. Il est fait par ailleurs référence à certaines scènes qui ont été écrites, enregistrées, diffusées, mais coupées ici. Deux exemples : la visite de Théodule Létendard, le traitre qui veut prendre la place de l'auguste chef, chez les frères Fauderche afin de les embarquer dans son complot, ou, scène importante qui ne doit pas manquer de piquant, le cambriolage du SDUC par Fermtag et Le Gras, qui est mentionnée à plusieurs reprises dans les derniers épisodes, pour souligner surtout que Fermtag a eu maille à partir avec le coffre, jusqu'à laisser un morceau de son monocle à l'intérieur, signant ainsi lamentablement son forfait.
Pourquoi de telles coupes ? L'INAthèque répertorie ces épisodes, ils existent donc. La chaîne YouTube a entamé depuis l'aventure suivante "Psychose toujours", diffusée début 1967 (ces épisodes ne datent pas de février 66, comme il est écrit sur la chaîne). Sont annoncés 46 épisodes. Il y en a en réalité 60.

La série présente bien sûr des similitudes avec "Signé Furax", mais comme nous sommes dans les années 60, nous sommes passés de Fantômas à James Bond. Honneur aux services secrets, aux agents simples, ou doubles. Comme dans Furax, les auteurs créent une mythologie parallèle à celle admise officiellement. Quelle que soit la péripétie, surtout la plus invraisemblable, quel que soit le personnage, même le plus improbable, le plus caricatural, l'auditeur y croit, car il est là pour qu'on lui raconte une histoire folle avec des personnages incroyables.                                                                                                                                                                                                                                 .../...



Dernière édition par Curly le Mer 23 Oct 2024, 09:19, édité 1 fois

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L'opération Tupeutla (Pierre Dac, Louis Rognoni, France Inter, 1966) -2- - Mer 23 Oct 2024, 09:16

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t921p30-radio-memoire#39943) a écrit:Bons baisers de partout – L'opération Tupeutla (première diffusion : 17 janvier / 30 septembre 1966)
une émission secrète de Pierre Dac et Louis Rognoni
avec Héléna Bossis, Anne Caprile, Nell Reymond, Roger Carel, Georges Carmier, Maurice Chevit, Pierre Dac, Claude Dasset, André Le Gall, Jean Patrick, Jean Piat, Paul Préboist, Jacques Provins, Lawrence Riesner, Jean Servais, Alain Roland
bruitages Jean-Jacques Noël
décryptage et mise en code Jean-Wilfrid Garrett


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L'agent secret doué, recrue de choix du colonel, sera un enclumier incarné par Paul Préboist, sublime contre-emploi. Mais les acteurs qui s'en donnent le plus à cœur joie sont Roger Carel et Claude Dasset. Ils sont multifonctions, et il n'est pas impossible que quelques improvisations de leur cru aient été ajoutées par-ci par-là.
L'aventure commence toutefois péniblement. La présentation d'une foule de personnages, dont certains seront abandonnés par la suite, et la recherche du nouvel agent secret, manquent totalement de rythme. Les auteurs semblent se chercher. Le feuilleton décolle lors d'une première mission, celle durant laquelle Nicolas Leroidec (Préboist) doit mettre la main sur un des deux Fauderche. Premier exploit : la séquence de la "trappouze infernale", une invention de l'agent Moïse Asphodèle. Le feuilleton a alors une vingtaine d'épisodes au compteur, c'est dire s'il faut être patient.
Ensuite, l'histoire nous emmène en Suisse, à Venise, en Grèce, puis au Moyen-Orient. La partie à Athènes est longue, très longue, parce qu'une digression importante nous fait visiter l'ensemble de la ville, avec des joyeusetés comme l'hôtel Krados, ou, plus imposant, le recueillement sur la tombe du philosophe dont Pierre Dac est un disciple fervent, Mordicus d'Athènes, chef de file de l’École Éthylique.
Le feuilleton utilise des idées farfelues pour faire avancer l'intrigue, comme l'impayable marine auvergnate, et d'autres purement verbales, qui surchargent les répliques de jeux de mots et homophonies approximatives, la tendance aux calembours foireux de Pierre Dac / De Guerlasse contaminant tous les personnages. Les agents du SDUC ne manquent jamais de rire à gorge déployée à chaque saillie du chef, avant tout pour lui cirer les pompes.
Le jeu des homophonies approximatives autour d'expressions idiomatiques reste associé aux personnages de Zorbec le Gras et Wilhelm Fermtag. C'est une des attractions importantes du feuilleton. Or, il faut attendre pas moins que le 91ème épisode pour que Dac ait le déclic. Et c'est dans la dernière ligne droite (en gros les 40 derniers épisodes) que ce jeu est systématisé de manière efficace.
Outre les jeux de mots, qui peuvent fuser à une allure folle dans certaines scènes, les personnages et les acteurs qui les incarnent peuvent être à eux seuls de véritables réjouissances. Roger Carel incarne Zorbec le Gras, et quelques autres personnages pas nets, voire une ou deux fois Monsieur Maurice, personnage joué par différents acteurs au cours de l'aventure, sans que cela soit choquant, puisque le personnage n'a qu'une phrase à son répertoire lorsqu'on le salue respectueusement, lui demande de ses nouvelles, et se met sans hésiter à son service : "Rien, je passais".
Comme Zorbec lui-même use, avec son partenaire Wilhelm Fermtag, de plusieurs déguisements, tous aussi improbables les uns que les autres, l'acteur peut partir sans problème en roue libre. Le sommet est sans doute sa transformation en Chinois. À l'inverse, Claude Dasset, alias Fermtag (pour équilibrer, il joue aussi l'adjudant Tifrisse de la Guadeloupe et pas de la Martinique), malgré ses déguisements, ne parvient jamais à prendre un autre accent que teutonique.
Dac et Rognoni ont créé avec Fermtag et Tifrisse deux personnages opposés, qui se rejoignent en un point malgré les apparences : leur racisme. Fermtag est ouvertement un nostalgique du 3ème Reich, et sa passion demeure la torture sous toutes ses formes. La stupidité du personnage le rend hautement distrayant. Au cours de l'aventure, il se livre au supplice de la baignoire, mais la scène passe dans une ellipse.
Il tente aussi, mais sans succès, de torturer physiquement Leroidec (mais il se prend une enclume dans la gueule), avant de se rabattre sur de la torture psychologique classique : passer en boucle pendant des heures des spots de publicités d'époque, comme "On a toujours besoin de petits pois chez soi", ou "C'est normal, c'est normand". Un des grands moments de Tupeutla, qui arrive dans les tous derniers épisodes.
Autre rôle de Dasset, celui de l'adjudant Tifrisse, guadeloupéen qui ne supporte aucune remarque, se transformant illico en victime du racisme anti-noir. Il n'en est pas moins un des hommes de confiance les plus sûrs du colonel De Guerlasse. Dac et Rognoni le ridiculisent en l'affublant d'un gros défaut. L'adjudant est lui-même raciste, envers à peu près le monde entier, mais surtout le peuple martiniquais, dont il n'oublie jamais de souligner la nullité, surtout comparée à l'excellence guadeloupéenne.

                                                                                                                                                                                                                                                            .../...

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L'opération Tupeutla (Pierre Dac, Louis Rognoni, France Inter, 1966) -3- - Ven 25 Oct 2024, 10:17

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t921p30-radio-memoire#39945) a écrit:Bons baisers de partout – L'opération Tupeutla (première diffusion : 17 janvier / 30 septembre 1966)
une émission secrète de Pierre Dac et Louis Rognoni
avec Héléna Bossis, Anne Caprile, Nell Reymond, Roger Carel, Georges Carmier, Maurice Chevit, Pierre Dac, Claude Dasset, André Le Gall, Jean Patrick, Jean Piat, Paul Préboist, Jacques Provins, Lawrence Riesner, Jean Servais, Alain Roland
bruitages Jean-Jacques Noël
décryptage et mise en code Jean-Wilfrid Garrett


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Dans la distribution aussi, deux invités, Jean Piat et Jean Servais. Piat joue le fameux savant Slalom Jérémie Ménerlache, inventeur du non moins fameux Biglotron. Il apparaît fort peu, et c'est lui qui débite la description du fonctionnement de la machine, texte connu de Dac, écrit pour le Schmilblick et recasé ici. Fort difficile à prononcer, surtout à la vitesse de croisière choisie, ce discours est donné en pâture à Jean Piat, qui ne s'en sort pas trop mal. On sent qu'il a moyennement répété, Préboist le ressort partiellement quelques épisodes plus tard, et avec plus de naturel.
Comme ces invités sont très occupés par ailleurs, leur présence se limite à quelques épisodes, et encore, Jean Servais, alias Giorgio Loffismodi, le chaperon de Leroidec dans Venise, disparaît en cours de route. Le truc trouvé par les auteurs pour s'en sortir : le personnage est victime d'une extinction de voix, et n'a plus d'autre choix que le chuchotement pour se faire entendre.
Le coup de l'extinction est réutilisé pour le révérend père Peaudemurge (Lawrence Riesner).
Alain Roland, le speaker du feuilleton, est lui-même remplacé durant plusieurs épisodes, les auteurs inventant un prétexte certainement bidon. Roland, dont la partie a largement été supprimée pour la parution en CD, résume les épisodes précédents et assure les transitions. Pourtant, il y là une quantité de gags, qui font de Roland plus qu'un speaker, un personnage à part entière du feuilleton. Sa suppression supprimait les redites, mais c'était bien dommage.
Il commence systématiquement son résumé par la même conjonction de coordination, même dans le premier épisode. Les adresses aux auteurs (Roland s'en plaint régulièrement), l'intervention des personnages dans le résumé, tout cela ne fait pas avancer l'histoire, mais quelle importance. Le fait d'avoir enlevé presque toutes les interventions de Roland dans la version CD a fait beaucoup perdre au feuilleton.
Ce qui se perd par contre, se sont les références à l'époque. Que l'auditeur ne comprenne pas tout n'est pas essentiel, parce que le temps de se dire que l'on n'a pas compris une référence, un autre gag ou jeu de mots a pris sa place.
Pourtant, au fil du temps, et comme les références elles-mêmes sont tombées dans l'oubli, une contextualisation pourrait être utile.
Quelques petits exemples : le paquebot la Reine de Sabbagh, vient du présentateur tévé Pierre Sabbagh, ce qui vaut un courrier (bidon évidemment) de protestation du rival Léon Zitrone, le nom de code de l'agent Leroidec est Inter 18-29, nom de la fréquence de France Inter (1829m grandes ondes, référence que signale la fiche Wiki de l'émission), la mère Kouri, l'hôtel Filippachi, Zorbec le Gras, contrepèterie à partir d'un film récent à succès (« Zorba le Grec », 1964, de Michael Cocoyannis, avec Anthony Quinn)  voire une autoréférence, le fameux Lawrence d'Arabie, devenu bien sûr Riesner d'Arabie, que n'interprète évidemment pas Lawrence Riesner.
Concernant le réalisateur, Jean-Wilfrid Garrett, peu d'informations à son sujet sont disponibles. Dès l'après-guerre on retrouve sa trace radiophonique, mais pas en tant que réalisateur. Au départ, il est compositeur, et sa musique sert parfois de générique aux feuilletons qu'il réalise (cf « Notre-Dame de Paris » en 1957). C'est le cas aussi dans « Bons baisers de partout ». Il est certain que la musique très emphatique, donc tout à fait à sa place ici, provient de son œuvre (« La symphonie lorraine »), qui écoutée au premier degré ne doit pas valoir tripette. Quant aux séquences à la Spike Jones qui émaillent le feuilleton, et qui servent de contrepoint à la grandiloquence de la musique symphonique, il n'est pas impossible non plus que Garrett en soit aussi responsable (mais cela reste à prouver...), lui qui a travaillé avec Pierre Schaeffer à la fin des années 40.  Il participe aussi à la première expérience de stéréophonie menée par la Radiodiffusion française en 1950, et fut l'un des promoteurs des spectacles sons et lumières dès 1952.
Garrett réalise des fictions dès la fin des années 40 pour la Radiodiffusion française, pour France Inter, puis France Culture, jusqu'en juin 1984.

Jean Bardin, l'honorable producteur de l'émission, est alors sur France Inter animateur des soirées en semaine (« Les 400 coups »).
L'année précédente, Bardin co-produisait avec Bernard Hubrenne sur la même chaîne « Détectives en pantoufles » (avec sa version estivale « Détectives en espadrilles »), émission policière  interactive sur le modèle des « Cinq dernières minutes ». La fiction était coupée avant le dénouement et les auditeurs devaient terminer le travail du détective. Un des auteurs de cette émission était Louis Rognoni.

Passés les longs errements du début, les idées commencent à fuser, en voici une ou deux en passant : l'excitante stripteaseuse « à l'envers pour camp de nudiste », le déguisement de l'adjudant Tifrisse en penseur de Rodin, l'impitoyable séductrice Comtesse Wanda Vodkamilkevich dont il est souligné systématiquement qu'elle est « née Catherine Legrumeau », Mémaine, la femme de Leroidec, qui comme son surnom l'indique s'appelle Antoinette (nom de jeune fille Duglandier) ...
Au moment de la difficile transaction du Biglotron (ép. 164), Zorbec le Gras propose à De Guerlasse une somme tellement astronomique que le colonel se voit obligé de refuser car « tout le budget est parti sur France Culture ».

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Quand le jour meurt sur les canaux de Bruges, par Stéphane Pizella (26-28, 1968) - Mer 30 Oct 2024, 09:36

Quand le jour meurt sur les canaux de Bruges
par Stéphane Pizella
assistante de production Suzanne David
46 émissions de la série « Les nuits du bout du monde » (Inter Variétés, 1968), parties 26 à 28

Suivre les liens pour les parties 1-5, 6-14, 15-17, 18-22, 23-25.

26- À Bruges, un carillon et un piano blanc (08-10-1968)
chef opérateur du son René Cambien
collaboration technique Marcel Grenier
L'histoire reprend là où elle avait été laissée, c'est-à-dire à la toute première partie. Les 25 précédentes étaient un long retour en arrière démarrant après l'arrestation de Vanheim/Hugues Viane. Son meurtre ? Le mobile ? Durant près d'un an d'émission, Stéphane Pizella n'en a presque rien dit. Viane a étranglé une femme, et il garde précieusement une tresse blonde, celle de Maria. Au lieu de rester à Bruges, le récit a, pour suivre le principe de l'émission, parcouru le monde.
Un an plus tard, le récit reprend à zéro, et le carillon qui sonne est le même que celui de la première partie. Nous sommes à Bruges, le même jour, soit le 24 décembre. Et nous sommes partis pour y rester encore un moment.
Pizella fait enfin intervenir la police. Dans le bureau du commissaire, Viane se remémorait son histoire avec Palermo, et ces 25 émissions se déroulaient durant les quelques instants que le meurtrier passaient face au commissaire. Un étirement du temps phénoménal, qui prouve que dans cette émission, la balade importe plus que le point de chute.
Pourtant, dans cette partie, une transition est ménagée : au bout d'une vingtaine de minutes, retour avec Palermo, à Gênes, puis au Portugal. Voyage-souvenir vite interrompu, Pizella superposant plus franchement passé et présent, donnant cette fois-ci une plus grand importance au présent. Le piano, le Soupir de Liszt, accompagne une fois de plus ce voyage dans le temps.
Pizella n'avait que trop peu exploité Bruges, le retour à l'arrestation du pianiste offre une opportunité.
Le meurtre de Jeanne Scott reste inexpliqué, et bien loin d'expliquer son acte, Viane va au contraire épaissir le mystère. Pourquoi a-t-il tué ? Quel lien avec Palermo ?

1968/69 : Pizella, outre "Les nuits...", le mardi soir toujours sur Inter-Variétés, propose en semaine sur France Inter une émission d'une dizaine de minutes "Pour l'inconnue d'un soir" (du 1er septembre 68 au 27 février 69).

27- Le commissaire Van Der Elst (15-10-1968)
chef opérateur du son Jean Pantaloni
collaboration technique Jean-Pierre Junker
Pizella met en avant un nouveau personnage, celui du commissaire, qui seul va servir de confident à Viane / Vanheim. Il exploite enfin la ville du titre, et superpose son ambiance festive (nous sommes toujours le 24 décembre) au drame que vit le personnage à travers le passage du bureau du commissaire au restaurant, puis du restaurant sur le lieu du crime. Ensuite, Pizella va recentrer son histoire sur le pianiste et le commissaire, laissant de côté Palermo qu'il a exploité précédemment jusqu'à plus soif.
Plutôt que de se mettre dans la tête de Viane, ce qui était un passage obligé pour le récit des souvenirs, Pizella passe plus volontiers à un récit à la troisième personne, ou pour être plus précis, omniscient.
Rappelons que l'histoire superpose trois couches temporelles : le présent (meurtre et arrestation de Viane), cinq ans auparavant (la mort de Palermo), et dix ans encore avant (la rencontre avec Palermo).
Cette émission commence par une séquence durant laquelle Pizella répond au courrier reçu. Elle est émouvante à plus d'un titre. Avec beaucoup d'élégance, le conteur remercie ses auditeurs. Dans le courrier, une lettre d'une "pauvre vieille femme", d'un médecin, d'un révérend, et de plusieurs aveugles, qui grâce à lui voyagent dans le monde entier.
Il termine en évoquant sa disparition prochaine... Stéphane Pizella est décédé en effet peu de temps après, le 8 mars 1970. À partir de la fin de l'année 69, "Les nuits du bout du monde" n'étaient déjà plus que des rediffusions.

28- Le commissaire joue sur l'absurde (22-10-1968)
prise de son Sam Niesviski [?]
collaboration technique Pierre Braud
Le commissaire se comporte comme Maigret. Il a senti que la tresse de cheveux est la clé pour comprendre l'origine du meurtre.
Pizella va mêler l'histoire du commissaire et celle de Vanheim. Il n'est pas pressé. Les deux personnages sont tous deux veufs, et cette journée du 24 décembre rappelle la mort des deux femmes. Le récit va superposer les émotions du commissaire, et celles de Vanheim, qui revient encore une fois (la première était dans la première émission, c'est dire si nous ne sommes pas pressés) cinq ans en arrière.
Dans cette histoire, tout se dédouble : Palermo / Jeanne (= Jane) Scott, Vanheim / Viane, Palermo / Marieke, et bien sûr dorénavant Vanheim / Van Der Elst.
Deux bistrots se superposent aussi, celui dans lequel les deux hommes vont se réfugier, à la grande surprise de la propriétaire qui voit un meurtrier en compagnie du commissaire, comme deux amis en promenades, moyen aisé pour Pizella de continuer sa visite de Bruges, et le bistrot de tziganes dans lequel cinq ans plus tôt Vanheim s'est réfugié après son tout dernier récital. La séquence mêle donc violon tzigane, Puccini, et le piano de Liszt.

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Quand le jour meurt sur les canaux de Bruges, par Stéphane Pizella (29-31, 1968) - Ven 08 Nov 2024, 08:43

Quand le jour meurt sur les canaux de Bruges
par Stéphane Pizella
assistante de production Suzanne David
46 émissions de la série « Les nuits du bout du monde » (Inter Variétés, 1968), parties 29 à 31

Suivre les liens pour les parties 1-5, 6-14, 15-17, 18-22, 23-25, 26-28.

29- Il parlera avant l'aube (29-10-1968)
prise de son René Cambien
Après avoir relancé sa machine, Stéphane Pizella peut se permettre de faire à nouveau du surplace, flâner, ressasser, et créer de nouveaux tableaux sonores très simples mais aussi très évocateurs.
"Il parlera avant l'aube", c'est bien possible, mais l'aube est loin de se lever. La soirée de Noël mérite que l'on s'y arrête, et nous nous y arrêtons. Du bistrot de la précédente partie, la balade nous emmène vers l'église, et par-dessus la messe, la narration mêle les turpitudes de Vanheim à celles du commissaire, nouveau personnage que Pizella compte bien exploiter plus avant. Donc, sur l'orgue apparait une fois de plus Lizst et Puccini, qui laissent place à la fin au fameux carillon. Du ressassement jusqu'à plus soif, et en même temps une nouvelle séquence, la soirée de Noël dans Bruges. En fin de parcours, l'arrivée chez le commissaire. Le narrateur recrée cette ambiance de fête de Noël avec messe, carillon, huîtres et boudins, et bistrot que l'on se hâte de fermer pour aller réveillonner, mais tout est triste, sinistre. De voir le commissaire en compagnie d'un criminel qu'il laisse totalement libre à ses côté crée une vive inquiétude autour d'eux.
En plus d'avoir perdu un être cher, nos deux hommes sont dans une situation où d'ordinaire l'affrontement s'impose, puisque l'un veut avoir l'explication du crime de l'autre.
Pizella semble fort bien installé avec ces deux personnages, et l'on sent qu'il n'est pas près de les quitter.

30- Le commissaire ne réveillonne pas seul (05-11-1968)
prise de son René Cambien
collaboration technique Arlette Lehambre [?]

La présentation n'est pas de Claude Herval, remplacée pour l'occasion par son homologue masculin.
Cette partie colle bout à bout, sans que les coutures soit trop audibles, à moins de se souvenir des précédentes émissions, une scène chez le commissaire, personnage qui a pris une grande importance dans notre histoire, et des textes déjà utilisés dans les seconde et troisième parties, ce qui nous renvoie au 2 et 16 janvier de la même année.
Cette partie n'apporte pas vraiment à l'histoire, mais prolonge la soirée entre les deux hommes seuls que sont Vanheim et Van Der Elst. Est-ce sincère, ou est-ce de la malice de la part du commissaire ? Il possède le disque de son invité, l'inévitable Soupir de Liszt, que sa femme, Marieke, adorait, et qui se trouve comme par hasard sur le pick-up. Autre hasard, la passion de la même pour la musique tzigane, qui favorise la remontée des souvenirs, et, pour dire plus crument, le replâtrage de textes déjà mis en onde il y a peu dans la même émission. Pizella reprend des bouts de la partie à l'Opéra Comique, celle durant laquelle Vanheim est ému par la prestation de Maria dans "La bohème", et de la partie au cabaret russe, avec Maria et Reynaldo Hahn. La présence de Nathalie Nerval n'est toujours pas précisée au générique. D'ailleurs, est-ce un remontage de ces émissions, ou bien Pizella et Nerval ont-ils réenregistré les passages repris ? La prestation est identique dans les deux versions, mais ce n'est pas une raison suffisante, il est possible de reproduire à l'identique les passages concernés, Pizella a un jeu égal à lui-même d'une émission à l'autre, de même pour Nerval.

31- Le réveillon des souvenirs (12-11-1968)
prise de son René Cambien
Pizella n'est pas complexé par les redites. Les répétitions, il en use comme il l'entend. Ce qu'il commença dans la précédente partie est continué dans celle-ci. Donc, après une nouvelle scène dans laquelle il a à nouveau planté l'ambiance : réveillon chez le commissaire, fête à tous les étages sauf chez lui, où les aveux viennent mollement.
Van Der Elst utilise le coup de l'identification avec le coupable. Lui aussi a perdu sa femme il y a cinq ans, et il ne s'empêche pas de raconter sa vie, afin que l'autre, tout naturellement, lui offre la sienne.
Le replâtrage se fait ensuite avec une partie de l'émission "Dans Cordoue un soir" (05 mars) durant laquelle la promenade hispanique qui d'abord mettait totalement en retrait l'objet de l'histoire, Maria Palermo, et nous offrait une visite, ici accélérée (Pizella ne reprend qu'un petit bout) de la ville. Ce qui compte dans cette reprise est d'abord de recréer un climat fort différent de celui de Bruges un 24 décembre, et aussi, progressivement, de relier le personnage de Maria à ses racines gitanes, ce qui va expliquer bien des choses par la suite.
Les auditeurs des émissions du premier semestre 68 savent très bien où le récit va aboutir, mais le meurtre de Vanheim n'est pas expliqué pour autant.

                                                                                                                                                                                                                                                                .../...

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Quand le jour meurt sur les canaux de Bruges, par Stéphane Pizella (32-34, 1968) - Hier à 09:16

Quand le jour meurt sur les canaux de Bruges
par Stéphane Pizella
assistante de production Suzanne David
46 émissions de la série « Les nuits du bout du monde » (Inter Variétés, 1968), parties 32 à 34

Suivre les liens pour les parties 1-5, 6-14, 15-17, 18-22, 23-25, 26-28, 29-31.

32- Dix années qui meurent en vingt-quatre heures (19-11-1968)
prise de son René Cambien
collaboration technique Guy Testa [?]

Comme ça commence à se voir un peu trop, Claude Herval précise dans une introduction que depuis quelque temps l'histoire patine, mais pour la bonne cause. En effet, des auditeurs n'ayant pas suivi, ou pas pu suivre (mai 68 = programmes perturbés) les émissions de l'année précédente, souhaiteraient se mettre à la page.
Au lieu de livrer un rapide résumé, Pizella a préféré insérer ses retours en arrière, qui étaient déjà des retours en arrière !, dans la trame du récit en cours, ce qui convient bien au moment de la rencontre entre le commissaire et Vanheim.
Il nous est promis qu'il s'agit là de la dernière émission récapitulative, la semaine prochaine, nous aurons du neuf.
En réalité, cette émission combine, comme les deux précédentes, le repas de réveillon chez Van der Elst avec les souvenirs de Vanheim, qui servent à l'enquête du policier. Or, ce procédé en lui-même implique des redites. Le conteur est coincé.
Entremêlant Bruges un soir de réveillon et l'histoire de Maria, Pizella se donne pour objectif de boucler un résumé d'environ vingt émissions. La promesse ne sera évidemment pas tenue.
Dans un premier temps, le récit reprend des bribes de l'émission du 12 mars. Pizella flâne à nouveau avec les Abencérages, et l'on ne peut pas dire que cette histoire soit indispensable à la compréhension de l'ensemble. Le dialogue entre Maria (retour d'Evelyn Séléna) ne nous amène qu'à pas de fourmi vers la sinistre malédiction. Donc, dix minutes environ avant la fin, Pizella fait exactement l'inverse de ce qui est annoncé dans l'introduction : un résumé synthétique de la vie de Maria. C'est fait posément, l'essentiel y est. Cela nous amène à sa mort mystérieuse, survenant dix ans après son mariage avec Vanheim, qui soupçonne un coup des tziganes derrière cette mort brutale. Pas de musique, Pizella n'a pas le temps de flâner, il faut boucler dans les temps. Mission accomplie, à la semaine prochaine.

33- Un soir qu'il pleuvait sur Bruges (26-11-1968) (117)
prise de son Jean Pantaloni
collaboration technique Bernard Denonin  [?]

Dans le résumé, le conteur a bien pris conscience que les souvenirs de Vanheim racontés au commissaire n'étaient pas essentiel à la compréhension de l'histoire. Comme il faut justifier leur présence, disons que Vanheim flânait dans le cours de ses pensées sans tenir compte de son interlocuteur.
Stéphane Pizella va suivre enfin le roman de Rodenbach  afin de faire avancer son récit. Après un rapide rappel de la situation, le commissaire part en arrière-plan pour laisser place à d'autres souvenirs, ceux des cinq dernières années de Vanheim. Entre le mariage de Vanheim et la mort de Maria, il s'est écoulé dix ans sur lesquels le récit glisse complètement.
Vanheim, redevenu Hugues Viane, est plongé dans un deuil dont il ne sortira manifestement pas. La promenade dans Bruges reflète l'état d'esprit du personnage (retour au roman, donc) : le quai du rosaire, l'église, les canaux... et le béguinage où a grandi Maria, expliquant l'installation de Viane dans cette ville.
Sur fond d'un arrangement rococo du "Lac des cygnes" (qui l'est déjà un peu dans sa version originale, mais passons), la promenade suit son cours jusqu'à la vision hallucinée d'une femme. Maria est-elle revenue d'entre les morts ? La ressemblance est troublante.
Pizella suit le roman avec un peu plus de fidélité, laissant de côté ses grandes digressions cosmopolites.
La ressemblance avec le "Vertigo" d'Hitchcock, pourtant adapté d'un roman de Boileau-Narcejac, n'est pas une coïncidence.


34- Les fantômes s'évanouissent avec la danse (03-12-1968) (118)
prise de son René Cambien
collaboration technique Nicole Clermont Dalmar [?]

Nous sommes au petit matin, le commissaire prépare le café, le procureur et le légiste débarquent, et après avoir planté l'ambiance, Stéphane Pizella enchaîne deux séquences. Comme toujours, l'enchaînement est brumeux, l'auditeur n'a pas à se rendre compte de ces collages, mais à se laisser glisser dans le récit.
La première prend la suite de l'émission précédente. Pizella suit le roman. Beau passage, sans musique. Viane suit l'inconnue dans les rues de Bruges, cela devient une obsession. Puis, seconde séquence, l'arrivée au théâtre et la représentation de "Gisèle". Pizella se met à raconter le ballet, et pour ne pas oublier que les auditeurs ne sont pas seulement derrière leur poste, mais aussi dans le salon du commissaire, Viane propose de mettre un disque. Pourquoi pas celui du ballet, que, comme par hasard, le commissaire possède.
Le récit du ballet, qui termine l'émission, va être parasité par la voix de Mimi, puisque sur scène, Gisèle est pour Viane devenue Mimi.
Le conte merveilleux du ballet va donc se greffer à l'histoire de la résurrection de Maria.

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