Alors, Nessie,
Voyons voir… Examinons ce déclin de l’Europe, cette haine de l’économie et cet esprit anti-économique du monde catholique. Première question à se poser avant de pousser des cris effrayés : sur quoi cela est il fondé et y a t il des fondements qui soient faux ?
Je ne répondrais pas à cette question dans ce message, c’est une question ouverte. Mais pour s’approcher de cette question de votre point de vue, Nessie, une petite constatation… Je ne comprends pas comment s’étonner du pessimisme véhiculé par France Culture : la « haute culture » littéraire, dans les faits, est anti culturel… Un peu à l’identique du christianisme d’ailleurs. Apres, il est vrai, on peut s’étonner d’un pessimisme « naïf » qui peut pointé sur France Culture aujourd’hui quand on a pris de front la lame de fond du pessimisme des classiques.
Ne trouvez vous pas qu’il suffit de lire, ou même juste écouter les excellentes archives des nuits de France Culture, en prenant au sérieux n’importe quel pilier de la littérature pour s’en rendre compte ? Des exemples : Proust, dénonciation massive de la fausseté du désir en société ; Baudelaire, expert devant l’éternel de l’ambigüité du désir ; Dostoïevski, du nihilisme occidental et de la pente glissante vers la folie. Et nous n’avons pas manqué de voir tout cela à l’œuvre dans la seconde guerre mondiale.
De tout temps, les hommes cherchent l’aval de leurs pairs pour savoir ce qui est désirable. Si je dis que l’économie capitaliste c’est l’économie du désir manipulé, c’est qu’il me suffit d’ouvrir les yeux pour voir les panneaux publicitaires conçus pour que chacun puisse tomber dedans, tout en étant prévenu de leur fausseté et même de la nuisance du produit vendu. Si je dis que le capitalisme c’est savoir comment transformer le désir des autres, que l’on a éventuellement préalablement distillé, en argent pour soi, c’est qu’il suffit de quelques notions d’économie, et voir comment sont construit les marchés: soutenir et augmenter le désir en organisant la rivalité. Et faire cela c’est le falsifier, c’est jouer le toréador qui agite sa cap rouge sous le nez de la multitude, ou encore tapiner le couillon en bas de la rue, jouer la coquette « vous savez comme je suis désirable ? ».
Alors la « culture » capitaliste n’a t elle pas pour objectif (conscient ou inconscient, peu m’importe) de susciter le désir et par cette volonté, en rassemblant massivement le maximum de personne, de le tuer dans l’œuf et dans les pleurs ? Pour jargonner avec les économistes : Formation de bulle spéculative et éclatement. Qu’il le veuille ou non, le capitalisme travaille à tuer le désir, en se donnant pour but le susciter.
Pensez vous que le capitalisme soit parvenu à tuer le désir des Français ? Le Français a t il retenu quelque chose de son histoire et de sa culture littéraire ? Le Français est il lucide dans son pessimisme, ou est il juste pessimiste sans savoir pourquoi ? Personnellement, je suis assez optimiste de ce coté, je le crois lucide, même si la résistance se fait vraiment rude face au totalitarisme des institutions économiques.
Et vous dans tout ca ? J’aimerais bien comprendre votre position ? Je vous vois lucide mais cependant optimiste… Quelle est votre interprétation de ces classiques littéraires qui pourrait être très différente de la mienne ?